- Noël pour Pauvreville
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Noël pour Pauvreville est une histoire en bande dessinée de trente-deux planches, scénarisée et dessinée par Carl Barks, écrite le 15 mars 1951 et publiée pour la première fois en janvier 1952, simultanément en Italie et aux États-Unis. Elle met en scène Donald Duck, Riri, Fifi et Loulou Duck, Daisy Duck, Balthazar Picsou et Gontran Bonheur, ainsi que les Castors Juniors et, aussi, l'oncle Jack McPicsou en photographie. Elle se déroule à Donaldville, pendant la période de Noël.
Synopsis[]
Riri, Fifi et Loulou traversent le quartier de Pauvreville et se disent qu'il est injuste qu'ils aient des cadeaux à Noël alors que les enfants de cette partie misérable de la ville n'en auront pas. Ils croisent Daisy qui décide de lancer son club dans une opération de charité pour organiser un grand repas de Noël à Pauvreville.
Pour trouver l'argent nécessaire (et faire bonne impression devant Daisy et ses neveux), Donald va montrer l'exemple en contraignant l'oncle Picsou à se montrer généreux.
Résumé complet[]
Riri, Fifi et Loulou Duck, voulant alors simplement rentrer à l'école, passent par la ville de Pauvreville, dans laquelle ils rencontrent de nombreux enfants vivant dans une pauvreté extrême. Les neveux de Donald Duck, en voyant ces enfants, ont l'impression d'être des privilégiés, au vu de la misère qu'ils observent dans la ville. Les canetons supposent que les enfants de cette ville n'ont ni cadeaux, ni sapins, ce qui les préoccupent.
Plus tard, ils croisent leur tante Daisy, et cette dernière remarque le visage bouleversé des trois frères... Riri, Fifi et Loulou expliquent donc qu'ils sont passés par Pauvreville, et sont consternés de voir que les enfants de la ville n'auront pas de Noël. Daisy comprend, et propose d'agir pour ces pauvres enfants.
Ailleurs, Donald, resté chez lui, n'arrive pas à trouver plus que cinq dollars pour pouvoir financer les cadeaux de ses neveux... Le canard en vareuse ne voit pas de solution. C'est alors que Daisy arrive chez lui pour lui demander cinquante dollars, que Donald est loin de posséder. Cependant, le canard « se sent insulté » que Daisy ne lui demande pas directement cet argent. C'est le club auquel Daisy appartient qui a fait de généreux dons, mais il manque cinquante dollars pour acheter des dindes et un petit train. Les neveux de Donald pensent immédiatement à Balthazar Picsou pour le financement, mais Donald ne pense pas qu'il va accepter, surtout si un petit train doit être acheté... Mais Donald, pas vraiment optimiste, va tout de même tenter le coup.
Donald arrive chez Picsou, en pleine résolution de ses problèmes de stockage d'argent. Après avoir failli gaspiller un boulet, car Picsou ne savait pas que ce visiteur était son neveu, le milliardaire apprend que Donald, intraitable, veut cinquante dollars pour le Noël de Pauvreville. Picsou, après avoir appris que vingt-cinq dollars serviront à l'achat d'un petit train, accepte de donner vingt-cinq dollars pour les dindes, et seulement après avoir vu que les vingt-cinq dollars pour le petit train soient possédés par Donald.
En apprenant la nouvelle, les canetons sont déterminés à trouver l'argent. Ils sacrifient les cinq dollars qu'ils voulaient dépenser pour le cadeau de Donald, et demandent à leur oncle de faire de même : quinze dollars sont à retrouver. Daisy et les neveux partent alors chacun de leur côté gagner cinq autres dollars, et c'est à Donald de gagner les cinq derniers dollars manquants.
Donald ne sait pas quoi faire. Il demande de l'argent à des passants en ville, mais personne n'a de quoi l'aider. Il a alors l'idée de soutirer l'argent par la honte à Picsou, en se déguisant en Jack McPicsou, oncle de Balthazar. Donald se rend au coffre, et est accueilli les bras ouverts par l'homme d'affaires. Cependant, Donald ignorait que Jack devait de l'argent à son neveu, et ce dernier le réclame... Donald, toujours déguisé, doit donc fuir.
Maintenant, le canard au béret doit utiliser la peur pour soutirer les cinq dollars à son oncle. Il pense alors à un rat apprivoisé : il se rend donc au coffre, et introduit un rat, prêt à dévorer tous les billets du dépôt de Picsou... Le multi-milliardaire est prêt à tout pour s'en débarrasser, et Donald, donnant un simple fromage au rat, reçoit cinq dollars en récompense ! L'argent est réuni.
Alors que Daisy, Riri, Fifi, Loulou et Donald réunissent l'argent, Donald se rend compte que ces cinq dollars ont été dévorés par le rat... Il semble impossible d'en trouver cinq autres, désormais. Donald, furieux, se pose sur un banc et met son béret par terre, tel un mendiant. Un passant le prend justement pour un mendiant, et lui donne un dollar ! Donald croit en ses chances de gagner les quatre derniers dollars.
Cinq minutes plus tard, Picsou, sortant après avoir réussi à fermer la porte de son coffre, voit son neveu mendier. Donald lui explique les raisons, et Picsou, cupide, prend sa place et mendie également. Donald doit encore trouver quatre dollars. Il croise alors son veinard de cousin, Gontran Bonheur, et lui explique la cause qu'il sert. Gontran accepte d'user de sa chance pour une bonne cause, et se place, avec son cousin, devant un grand hôtel. Une pièce de dix cents atterrît dans la neige, et indique l'emplacement d'un portefeuille rempli de billets, avec une récompense à la clé ! Gontran va donc au commissariat et récupère une grande récompense, et donne quatre dollars à Donald. L'argent est définitivement réuni : Daisy, Donald et les neveux sont donc prêts à aller voir Picsou et leur demander les vingt-cinq dollars de dinde.
En chemin, Donald donne la pièce de dix cents que Gontran a récupérée à son oncle, pour qu'il ne ramasse pas rien de sa mendiance. Le richissime canard retourne à son coffre, et dépose la pièce de dix centimes... qui fait écrouler la totalité des fondations du dépôt ! Picsou est totalement ruiné, et juste au moment où Daisy et Donald arrivent pour lui demander les vingt-cinq dollars de dinde... Picsou refuse d'accepter un tel sort, et convoque les meilleurs experts du monde pour élucider l'affaire et retrouver ses milliards.
Les scientifiques ne trouvent aucune solution, car l'argent, trop lourd, est tombé dans une caverne natirelle et inconnue, sur laquelle le coffre repose... L'argent est trop profond, et il est proche de sables mouvants. À la première vibration, l'argent tombera dans les sables mouvants et sera perdu pour toujours. Il ne semble avoir aucune solution...
Le canard ruiné part donc habiter chez ses neveux. Daisy est réduite à ne pas acheter de petit train, tandis que Donald, Riri, Fifi et Loulou sont désespérés. Le lendemain, la veille de Noël, les neveux ont une idée : ils avaient vu, en dessous de Pauvreville, une caverne sous la ville, probablement la caverne dont les scientifiques parlaient ! L'espoir renaît.
Dans la caverne, Picsou sent rapidement l'odeur d'argent omniprésente, et en trouve sa source, dans un terrier de blaireau. Cela semble être une impasse, car ils ne peuvent pas agrandir ce terrier... Les canetons ne désespèrent pas : ils vont demander de l'aide aux Castors Juniors, et, plusieurs heures plus tard, ils reviennent... avec un petit train. Ce petit train est une idée de génie : en traversant le terrier, il est assez petit et silencieux pour ramasser de l'argent dans les minis-wagons. Pour cet acte héroïque, Donald incite son oncle à donner la première fournée d'argent qui sortira du terrier, et le canard aux favoris accepte. Cette fournée est composée de milliers de dollars : tous les problèmes financiers des neveux de Picsou sont alors réglés ! Ils vont pouvoir offrir un Noël extraordinaire à Pauvreville.
Le lendemain, Pauvreville passa un Noël inoubliable, avec tout ce qu'il faut pour un Noël : des dizaines de sapins, de gâteaux, de dindes, et de petits trains remplissent la ville de Pauvreville. Balthazar Picsou, quant à lui, récupère son argent progressivement, mais il lui faudrait « deux cents soixante-douze ans, onze mois, trois semaines et quatre jours » pour tout récupérer...
En coulisses[]
- Cette partie contient du texte paru dans « La Dynastie Donald Duck » (© Éditions Glénat)
Apparu dans une histoire de Noël (Noël sur le mont Ours dans Four Color Comics n°178 en décembre 1947), Picsou trouve, quatre ans plus tard, dans Noël pour Pauvreville, un rôle à sa mesure. Il préfigure ce qu'il va devenir dans les mois qui suivent. C'est dans cette histoire qu'apparaît pour la seconde fois son coffre gigantesque (après ses débuts en décembre 1951 dans l'histoire Un coffre trop fort !) baptisé money bin (silo à argent) à une notable différence près : il le remplit par le bas et ne prend pas de bain dedans. D'ailleurs, on se demande bien comment il pourrait le faire : le coffre est tellement plein comme un œuf qu'il doit ajouter la pièce de dix cents qu'il reçoit de Donald par le toit... avec un résultat catastrophique.
La fin de l'histoire posait aux lecteurs à l'esprit logique un problème : puisqu'il allait falloir « deux cent soixante-douze ans, onze mois, trois semaines et quatre jours » pour récupérer tout son argent, comment pouvait t-il être en possession de son argent à peine quelques mois plus tard dans Juste un pauvre vieil homme pauvre..., publié pour la première fois dans Four Color Comics n°386 en 1952 ? C'est Don Rosa qui proposa une réponse un demi-siècle plus tard, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la création de Géo Trouvetou. Dans son histoire La Première Invention de Géo Trouvetou, publié dans Picsou Magazine n°373 de février 2003, il montre l'inventeur génial utilisant un super-gaz hélium qui se solidifie autour de l'argent de Picsou, formant un immense ballon.
Analyse et commentaires[]
Cette histoire dans l'œuvre de Carl Barks[]
Les histoires de Noël par Carl Barks placent souvent les neveux de Donald au centre de l'intrigue à cause des cadeaux qu'ils demandent, de la nécessité de Donald d'en appeler à la solidarité de la famille puisqu'il est le plus souvent fauché. Cette histoire se distingue par les états d'âme de Riri, Fifi et Loulou après leur traversée d'un bidonville fait de cabanes en bois (d'où le nom anglais de Shacktown, que l'on peut traduire par Cabaneville en français). Il est vrai qu'ils sont membres des Castors Juniors depuis 1950 et les idéaux de cette organisation ont commencé à les marquer.
La première partie montre Donald faisant appel à toutes les ressources possibles pour cette opération de charité à la fois par générosité, pour plaire à Daisy et prouver qu'il est quelqu'un à ses neveux. Il harcèle Picsou, et s'associe avec son cousin Gontran à la chance insolente.
La deuxième partie de cette longue histoire est lancée par un événement inattendu et qui la recentre sur Picsou. Celui-ci se montre d'abord comme l'Ebenezer Scrooge dont il est issu, ce personnage avare et misanthrope mis en scène par Charles Dickens dans Un Chant de Noël. Néanmoins, il est suffisamment sensible pour promettre à Donald l'argent de la dinde si le neveu rassemble celui du cadeau pour les enfants de Pauvreville. C'est lorsque Donald vient conclure ce contrat que le malheur est arrivé : la fortune entassée de Picsou a provoqué l'éboulement du sous-sol et l'argent est désormais inaccessible. Barks fait alors appel à l'ingéniosité des jeunes neveux et des Castors Juniors pour sauver la fête.
Cette longue histoire de Noël, de trente-deux planches, permet d'illustrer la complexité des personnages de Donald et de Picsou lorsque se présente le défi de la générosité : le premier parce qu'il n'en a pas les moyens financiers, le second parce qu'il n'en a pas (encore ?) les moyens moraux.
Le destin dans une pièce de monnaie[]
- Cette partie contient du texte paru dans « La Dynastie Donald Duck » (© Éditions Glénat)
Toutes les catastrophes ne sont pas néfastes, comme nous l'apprend Carl Barks et nous l'explique Giulio Giorello, philosophe des sciences et passionné de bandes-dessinées.
« | Conte de Noël, apologue du destin et parabole scientifique : Noël pour Pauvreville est tout cela, et bien plus encore. Créée par Carl Barks en 1952, l'histoire est parue en France dans trois versions et sous trois titres différents. L'un d'eux était Donald et le p'tit sou. En réalité, dans la version originale, il s'agit d'une dime, c'est-à-dire une pièce de 10 cents, exactement comme le sou numéro un de Picsou, plus connu sous le nom de sou fétiche, la première pièce qu'il a gagnée en travaillant et qui symbolise toute la fortune de l'homme le plus riche du monde. Les deux autres titres français sont : Oncle Picsou généreux malgré lui et Noël pour Pauvreville.
Comme nous l'avons dit, c'est une histoire que l'on peut lire sous plusieurs angles, et cela justifie la diversité de sa présentation. Quand je l'ai lue enfant dans les pages de Topolino (Le Journal de Mickey italien), j'ai été frappé de manière presque douloureuse par le regard triste des petits habitants de Pauvreville, le quartier pauvre de Donaldville. Plus tard, j'ai compris qu'on appelle ça un appel à la justice sociale. Mais c'est seulement le hasard qui a fait passer Riri, Fifi et Loulou par le quartier des taudis et leur a fait rencontrer Daisy. Et c'est par hasard que notre activiste du Club féminin de Donaldville découvre qu'il manque 50 dollars dans la caisse de l'association pour acheter une dinde et un petit train pour les enfants de Pauvreville. Cependant ce n'est pas par hasard si Donald, l'éternel fiancé vers lequel elle se tourne, n'a pas le sou, mais c'est certainement un pied de nez du destin si quasiment chaque truc imaginé par ce dernier pour soutirer des dollars à Picsou se retourne contre lui. L'oncle terrible est encore le capitaliste inflexible que Barks mettait en scène depuis l'histoire où il avait fait ses débuts, Noël sur le mont Ours, héritier à plein titre de cette éthique calviniste si chère à un grand sociologue comme Max Weber : le riche peut aussi dépenser son argent pour faire le bien (c'est le signe, après tout, de son état de grâce), mais seulement pour des choses utiles. Débourser 25 dollars pour l'achat d'une dinde, cela pourrait à la rigueur se justifier, mais pas question de donner, ne serait-ce qu'un centime, pour un objet aussi futile qu'un jouet ! N'oublions pas que l'archimultimilliardaire a été conçu par Barks en s'inspirant de l'Ebenezer Scrooge de Dickens, dont il porte le nom de famille comme prénom. Et voilà que sur son chemin apparaît celui qui est, dans toute la saga des canards, la personnification du caractère arbitraire du destin, contre lequel il n'y a ni éthique, ni travail ni esprit du capitalisme qui tienne. Dans ses représentations traditionnelles en Occident, la déesse Fortune est une femme aux yeux bandés. Chez Barks, elle s'est métamorphosée en Gontran Bonheur, le gandin vaniteux, le cousin toujours gagnant sans aucun mérite, qui arrive ici comme un avertissement venu rappeler ses faiblesses au pauvre Donald. Un dicton italien dit que « la chance est aveugle mais que la malchance voit très bien ». Gontran aussi puisque c'est lui, grâce à une pièce de monnaie (le fameux « p'tit sou ») plus ou moins tombé du ciel, qui complète les 25 dollars que le maladroit Donald s'efforçait de réunir. Tout est bien qui finit bien, pour une fois ? Le hasard réapparaît (ou le destin, comme vous voulez). Même si ce n'est pas par hasard mais par dépit que Donald ne résiste pas à la tentation de se moquer de son vieil oncle et lui donne comme une aumône la pièce de monnaie qu'il a reçue de Gontran. Quelle imprudence ! Donald semble ignorer les vicissitudes auxquelles sont soumises toutes les choses de ce monde : comme l'avait prévenu son veinard de cousin, ce qui est favorable à l'un peut être désastreux pour un autre. Et c'est bien ce qui se passe. Ce « p'tit sou », ajouté au faramineux patrimoine de Picsou, est la classique goutte qui fait déborder le vase : dépassant ce qu'un physicien appellerait le seuil critique, l'argent de l'homme le plus riche du monde semble englouti dans les entrailles de la terre... Abasourdis, les protagonistes de l'aventure ne se doutent pas que Carl Barks les forcent à rendre hommage à l'un des plus importants constats de la pensée scientifique. Moins de cent ans avant le « p'tit sou », plus précisément en 1876, le grand physicien James Clerk Maxwell, découvreur de l'électromagnétisme, notait que nous avons affaire, dans la vie quotidienne comme dans les observations de laboratoire, non seulement à des systèmes stables (c'est-à-dire qu'« une minuscule variation de l'état présent ne modifiera que d'une quantité elle aussi minuscule l'état du système à un moment futur du temps »), mais aussi à des systèmes instables (c'est-à-dire, à l'opposé, qu'« une variation minuscule de l'état présent peut causer une différence notable dans l'état du système après un certain laps de temps »), ce qui, ajoutait-il, « rend impossible la prédiction des événements futurs, si notre connaissance de l'état présent est seulement approximative et imprécise ». Et Donald est véritablement un exemple de regrettable de connaissance approximative et imprécise ! Plutarque, Leibniz et Shakespeare l'avaient déjà compris : si le nez de Cléopâtre avait été plus court, c'est la face du monde qui aurait été changée. Aujourd'hui, nous présenterions les choses d'une autre manière : si, par exemple, Giulio Giorello éternue à Milan, cela pourrait déclencher un typhon dans les Caraïbes. Qu'y a t-il de plus instable que le climat ? D'ailleurs, c'est ce que disent les experts, et aussi les journalistes. Mais c'est toujours la même vieille histoire : le diable, on le sait, se niche dans les détails. Et nous pourrions soupçonner (en adaptant à nos objectifs Shakespeare, Hamlet, acte II, scène 2) que le fantomatique personnage qui lance la pièce de monnaie à Gontran pourrait bien être le démon, car celui-ci « a le pouvoir de prendre une forme agréable » et, à cause de la « faiblesse » et de la « mélancolie », arrive à « tromper pour damner ». Mais ce qui est tombé dans le piège, cette fois, c'est l'âme de... Picsou, c'est-à-dire son argent parce que, pour cette épique personnification du Grand Capital, la richesse est ce qui donne du goût à l'existence. De nos jours, nous disposons de surcroît d'une technique mathématique des changements dans laquelle des variations même infimes des variables qui contrôlent un système provoquent de brusques sauts dans les caractéristiques du système lui-même. On appelle cela la « théorie des catastrophes ». Les experts de cette discipline sont annoncés par les « grosses têtes » technico-scientifiques que Picsou, à son époque, convoque pour comprendre ce qui s'est passé, et surtout pour savoir quelles mesures prendre. Et c'est ainsi que l'on constate que la science n'est pas toujours... omnipotente. Il y a bien une explication scientifique, mais il semble impossible de l'utiliser pour mettre en chantier une quelconque intervention technique efficace de rattrapage. Au contraire de Donald et Picsou, les savants consultés ont probablement lu Maxwell, ou un autre auteur (Poincaré, Hadamard ou Thom : n'importe quel mathématicien expert en instabilité), et se limitent à conseiller à Picsou de laisser tomber... Mais là où la prédiction scientifique n'arrive à rien d'autre qu'à sanctionner l'impuissance, l'intuition cherche des voies non orthodoxes. Ainsi c'est le talent de Riri, Fifi et Loulou qui résout le problème : à situation sensible, technologie délicate. Et c'est également ironique, car l'instrument qui permet de récupérer la fortune de Picsou est le même petit train que le milliardaire avait qualifié de stupide et inutile. Si je puis me permettre un souvenir personnel, quand j'étudiais la théorie des catastrophes avec le grand maître René Thom, celui-ci nous disait que le terme n'avait pas toujours un sens négatif mais aussi indiquer quelque chose de positif, qui émerge de notre capacité à combiner notre bonne volonté avec le cours des évènements. Dans l'histoire du « p'tit sou », non seulement Pauvreville a vécu une catastrophe pour le meilleur, mais la chose la plus importante est que la disgrâce de Picsou s'est transformée en un nouvel état de grâce, et qu'« Uncle Scrooge » a compris la valeur des petites choses inutiles qui rendent la vie agréable. La catastrophe la plus profonde est celle qui est advenue en son for intérieur. Le vieil avare commence à comprendre que l'on ne peut pas se passer d'audace, d'intelligence et de générosité si l'on veut véritablement vivre. Formidable Carl Barks qui nous a fait grandir avec ses héros et qui les a fait grandir avec nous ! |
» |
— Giulio Giorello
Publications françaises[]
Cette histoire, en raison de son caractère « culte », a été publiée pas moins de neuf fois en France, dans :
- Le Journal de Mickey n°291 du 22 décembre 1957, sous le titre Oncle Picsou généreux malgré lui ! ;
- Les aventures explosives de Donald n°4 du premier trimestre 1976, sous le titre Donald et le p'tit sous ;
- Picsou Magazine n°239 de décembre 1991, sous le titre Un Noël à Pauvreville ;
- Picsou Magazine n°347 du 6 décembre 2000, sous le titre Noël pour Pauvreville ;
- La Dynastie Donald Duck n°2 du 6 avril 2011, sous le titre Noël pour Pauvreville ;
- Mes plus belles histoires n°3 du 13 avril 2011, sous le titre Noël pour Pauvreville ;
- Picsou Magazine n°507 du 2 décembre 2014, sous le titre Un Noël pour Pauvreville ;
- Les Trésors de Donald n°3 du 17 novembre 2015, sous le titre Un Noël pour Pauvreville ;
- Les Trésors de Picsou n°58 du 16 mars 2022, sous le titre Un Noël pour Pauvreville.
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1re parution : janvier-février 1952 |