Syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse
Médicament | Prednisolone |
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Spécialité | Immunologie et dermatologie |
CIM-10 | T88.7 |
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CIM-9 | 977.9 |
MeSH | D063926 |
Le syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse en anglais : DRESS Syndrome pour Drug Reaction (ou Rash) with Eosinophilia and Systemic Symptoms ou DiHS pour Drug-induced Hypersensitivity Syndrome, peut rassembler une éruption cutanée généralisée, une fièvre élevée, des troubles hématologiques (éosinophilie, lymphocytose), une atteinte viscérale (hépatite, néphrite, pneumonie, péricardite et myocardite) et, chez certains patients, une réactivation du virus humain de l'herpès de type 6 dans les semaines qui suivent le début d'un traitement médicamenteux.
Terminologie
[modifier | modifier le code]L'acronyme médical a été créé dans une description de cas clinique en 1996 avec l'objectif de simplifier la dénomination terminologique d'un syndrome initialement décrit en 1959[1],[2],[3].
Le syndrome DRESS est un des nombreux termes utilisés pour décrire une réaction idiosyncrasique grave à un médicament, caractérisée par une longue période de latence après l'exposition au médicament incriminé, une éruption cutanée, l'implication des organes internes, des anomalies hématologiques et des atteintes systémiques. Des synonymes et acronymes sont parfois employés : « syndrome d'hypersensibilité » (SH), en anglais : Hypersensitivity Syndrome (HHS), « syndrome d'hypersensibilité aux anticonvulsivants » (SHA), en anglais : Anticonvulsant Hypersensitivity Syndrome (AHS), « syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse », en anglais : Drug-Induced Hypersensitivity Syndrome (DIHS), « syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse retardée multiviscérale », en anglais : Drug-Induced Delayed Multiorgan Hypersensitivity Syndrome (DIDMOHS) et « pseudolymphome médicamenteux »[4].
Description
[modifier | modifier le code]Ce syndrome est déclenché par l'exposition à certains médicaments, à l'origine d'un rash, une fièvre, une inflammation de certains organes internes, une lymphadénopathie et des anomalies hématologiques telles qu'une éosinophilie, une thrombopénie et une lymphocytose avec des cellules atypiques. Le taux de létalité de ce syndrome s'élève à 10 %[4],[5].
Habituellement les symptômes du syndrome DRESS apparaissent plusieurs semaines après l'exposition au médicament incriminé. Il n'existe aucun Gold Standard pour porter le diagnostic ; au moins deux listes de critères diagnostiques ont été proposées : les critères RegiSCAR[6] et les critères du groupe japonais de consensus[7] sont détaillés dans le tableau :
Critères RegiSCAR d'inclusion pour le syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse. Trois critères sur les quatre marqués d'une étoile sont nécessaires pour poser le diagnostic. | Critères du groupe japonais de consensus sur le syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse. Sept critères sont nécessaires pour poser le diagnostic (ou les cinq premiers pour le diagnostic de syndrome atypique). |
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Hospitalisation | Rash maculopapuleux apparaissant plus de 3 semaines après le début du traitement médicamenteux incriminé |
Suspicion de lien entre la réaction et un médicament | Persistance des symptômes 2 semaines après l'arrêt du traitement médicamenteux incriminé |
Rash aigu* | Fièvre > 38 °C |
Fièvre > 38 °C* | métabolisme hépatique perturbé (ALAT > 100 U/L) ou toute autre défaillance d'organe |
Adénopathie dans au moins 2 sites distincts* | anomalies leucocytaires |
Défaillance d'au moins un organe viscéral* | Leucocytose ( > 11 x 109/L) |
Anomalies de la formule sanguine (lymphopénie ou lymphocytose*, éosinophilie*, thrombocytopénie*) | Lymphocytes atypiques (> 5 %) |
Lymphadénopathie | |
Réactivation de l'Herpèsvirus humain type 6 |
Les symptômes peuvent être graves et impliquer différents organes[8] de manière très variable d'un individu à l'autre[9] :
Incidence des atteintes d'organe en cas de syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse[4] | |
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Organe | Pourcentage de patients présentant une atteinte d'organe |
Foie | 80 % |
Reins | 40 % |
Poumons | 33 % |
Cœur/myocarde | 15 % |
Pancréas | 5 % |
Incidence des anomalies hématologiques au cours du syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse[4] | |
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Anomalie | Pourcentage de patients présentant cette anomalie |
Lymphocytes atypiques | 63 % |
Éosinophilie | 52 % |
Lymphocytopénie | 45 % |
Thrombocytopénie | 25 % |
Lymphocytose | 25 % |
la biopsie de peau peut être faite pour éliminer d'autres causes. Elle retrouve des lésions proches de celles d'une dermatite médicamenteuse. L'hyperéosinophilie cutanée est rare[10].
Épidémiologie
[modifier | modifier le code]L'incidence du syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse est estimée à un cas pour 5 000 à 10,000 expositions, notamment à la phénytoïne, à la carbamazépine ou au phénobarbital[11],[12].
Causes
[modifier | modifier le code]La cause exacte est inconnue, très probablement polyfactorielle.
Les médicaments incriminés dans un syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse sont principalement des anticonvulsivants : phénobarbital, carbamazépine, phénytoïne[13], lamotrigine, certains antibiotiques : minocycline[14], sulfamides et dapsone[15], mais aussi l'allopurinol[16], le modafinil, etc.
Ce syndrome a été associé à l'Herpèsvirus humain type 6[17],[18],[19],[20].
Il est décrit une prédisposition génétique, l'atteinte étant plus fréquente chez les porteurs de certains groupes HLA[21].
Traitement
[modifier | modifier le code]La Société française de dermatologie a publié des recommandations en 2010 sur la prise en charge de la maladie[22].
Le traitement consiste à arrêter le traitement en cause[5],[23] et à assurer des soins de soutien : une corticothérapie par voie générale est habituellement administrée[23] sans qu'aucun essai clinique n'ait évalué son efficacité[24].
La combinaison de corticoïdes-valganciclovir (à visée antivirale contre l'herpèsvirus humain type 6) et d'acétylcystéine pourrait avoir un intérêt[25].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « DRESS syndrome » (voir la liste des auteurs).
- (en) Saltzstein SL, Ackerman LV, « Lymphadenopathy induced by anticonvulsant drugs and mimicking clinically pathologically malignant lymphomas », Cancer, vol. 12, no 1, , p. 164–82 (PMID 13618867, lire en ligne [PDF])
- (en) F. Haruda, « Phenytoin hypersensitivity: 38 cases », Neurology, vol. 29, no 11, , p. 1480-1485. (PMID 574201)
- (en) Bocquet H, Bagot M, Roujeau JC, « Drug-induced pseudolymphoma and drug hypersensitivity syndrome (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms: DRESS) », Semin Cutan Med Surg, vol. 15, no 4, , p. 250–7 (PMID 9069593, DOI 10.1016/S1085-5629(96)80038-1)
- (en) Walsh SA, Creamer D, « Drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms (DRESS): a clinical update and review of current thinking », Clinical and Experimental Dermatology, vol. 36, no 1, , p. 6–11 (PMID 21143513, DOI 10.1111/j.1365-2230.2010.03967.x)
- Werner J. Pichler, Thomas Wendland, Oliver Hausmann, Benno Schnyder, Michael Fricker, Christiane Pichler et Arthur Helbling, « Syndrome DRESS (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms) Une allergie médicamenteuse grave souvent méconnue », Forum Med Suisse, vol. 11, no 48, , p. 879–884 (lire en ligne [PDF])
- (en) Kardaun SH, Sidoroff A, Valeyrie-Allanore L. et al., « Variability in the clinical pattern of cutaneous side-effects of drugs with systemic symptoms: does a DRESS syndrome really exist? », Response Br J Dermatol, vol. 156, no 3, , p. 609–610 (PMID 17300272, DOI 10.1111/j.1365-2133.2006.07704.x)
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- Peyrière H, Dereure O, Breton H et al. Variability in the clinical pattern of cutaneous side-effects of drugs with systemic symptoms: does a DRESS syndrome really exist?, Br J Dermatol, 2006;155:422-428
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- (en) Moling O, Tappeiner L, Piccin A et al. « Treatment of DIHS/DRESS syndrome with combined N-acetylcysteine, prednisone and valganciclovir—a hypothesis » Med Sci Monit, 2012;18:CS57-62
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Effet indésirable
- Événement indésirable grave
- Hypersensibilité (immunologie)
- Intoxication médicamenteuse
- Pharmacovigilance
- Syndrome de réponse inflammatoire systémique
- Toxidermie