Intifada
Une intifada ([intifada][1], de l'arabe انتفاضة [intifaːdˁa][2] litt. « soulèvement ») désigne un soulèvement ou une révolte populaire non-armée[3].
Le terme est initialement utilisé pour désigner deux forts mouvements palestiniens de révolte populaire non-armée contre l'armée israélienne, aussi bien dans les territoires occupés et dans certaines zones dévolues à l'Autorité palestinienne (bande de Gaza et Cisjordanie).
Le terme a par la suite été employé au Liban et également en Irak, en Algérie, en Tunisie (lors de la révolution tunisienne de 2010-2011 notamment), au Sénégal[4],[5], en Guinée[6], au Sahara occidental (les camps de Gdeim Izik[7] en 2010), ou au Maroc.
Le terme intifada a aussi été employé à partir de 2005, par des chercheurs tels qu'Andrew Hussey, pour qualifier des révoltes dans les banlieues en France faisant écho à la cause palestinienne ou au passé colonial français[8],[9],[10],[11].
Le mouvement de solidarité avec la Palestine sur les campus des universités américaines et européennes en 2024, se concrétisant sous forme d'occupation ou de campement, est qualifié d'Intifada étudiante[12],[13].
La première et la seconde Intifada palestinienne
[modifier | modifier le code]Dans son contexte originel palestinien, elle désigne :
- La première intifada, appelée « Guerre des pierres »[14], qui a débuté le et a fini en 1993. Elle fut déclenchée dans la bande de Gaza, puis s'est étendue à la Cisjordanie.
- La seconde intifada palestinienne, également appelée « Intifada Al-Aqsa », commence le , au lendemain de la visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
L'intifada dans la culture et l'art
[modifier | modifier le code]L'intifada est le plus souvent représentée visuellement par « l’image de jeunes hommes, au visage recouvert par un keffieh à carreaux et qui jettent une pierre au loin sur les soldats avant de se cacher »[15].
L'intifada a donné lieu à des déclinaisons culturelles telles que dans le théâtre palestinien et les graffitis[16],[17]. Un théâtre dans le camp de réfugiés de Jénine est ainsi appelé le Théâtre des Pierres en référence aux enfants lanceurs de pierre de l'intifada. Toujours à Jénine, le Théâtre de la Liberté invente l'expression « intifada culturelle » pour désigner la « résistance culturelle » [18].
Dans le monde littéraire, l’œuvre de Salman Rushdie a été qualifiée d'« intifada de l'imagination » par l'intellectuel américano-palestinien Edward Saïd. Et à son tour, l'œuvre d'Edward Saïd a été qualifiée, dans une monographie, d'« intifada de la culture »[19],[20].
Internet
[modifier | modifier le code]- L'intifada électronique désigne le militantisme pro-palestinien sur Internet. Ces groupes pro-palestiniens lancent des campagnes de piratages contre des sites web et des internautes.
- L'expression TikTok Intifada a été inventée pour désigner le buzz en faveur de la cause palestinienne sur la plateforme de réseau social de vidéos courtes, TikTok, suite à la campagne d'expulsion et de colonisation du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est en 2021[21].
- Electronic Intifada est un site web d'opinions anglophone en faveur de la « cause palestinienne » consacré à la colonisation « illégale » de la Palestine par Israël.
Musique
[modifier | modifier le code]- Intifada est la sixième chanson de l'album ¡¡Que corra la voz!! de Ska-P, sorti en 2002.
Chansons en français faisant référence à l'Intifada
[modifier | modifier le code]- Tout le monde y pense de Francis Cabrel, sortie sur l'album Sarbacane (1989)
- Marchand de cailloux de Renaud sur l'album éponyme (1991)
- Pousse au milieu des cactus ma rancœur par Akhenaton (1995)
- Mappe-monde par Svinkels (1999)
- Jetlag de Simony (2000)
- Sales babtous d’négros de Guizmo (2001)
- Gemmes par Akhenaton (2001)
- On a Enfoncé Des Portes par Kool Shen (2004)
- Un Flingue Et Des Roses par Oxmo Puccino (2004)
- Rachid System par Rim'K (2004)
- Résistance par Loco Locass (2004)
- Premier sur le ghetto par Rohff (2005)
- A L'abordage par M.A.P (Ministère des Affaires Populaires) (2009)
- Avec le Cœur et la Raison par Kery James, sortie sur l'album Réel (2009)
- Le syndrome du petit Beur par Ridan (2012)
- Requiem pour un massacre par VII (2013)
- Perles d'Insta par Médine (2013)
- Le coup du patron par Dosseh (2014)
- Public Enemy par Youssoupha (2015)
- Bloody Mary par Dinos et Youssoupha (2018)
- Dégradé par Freeze Corleone et ASHE 22 (2022)
- Le joueur de CORNEMUSE par Vîrus (2024)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
- Prononciation en arabe standard moderne retranscrite selon la norme API.
- Bernard Ravenel, « La modernité gandhienne de l'Intifada arabe », Confluences Méditerranée, vol. 77, no 2, , p. 119–129 (ISSN 1148-2664, DOI 10.3917/come.077.0119, lire en ligne, consulté le )
- OG, « Intifada au centre-ville et plusieurs quartiers, hier : Dakar, ville morte ! », sur Sud Quotidien, (consulté le )
- Issa Ndiaye, « Macky à Pikine: la bataille de la banlieue a bien eu lieu », sur PRESSAFRIK.COM, Premier média certifié JTI au Sénégal (consulté le )
- Nouhou Baldé, « Fin de « l’intifada » à Bambéto : « rentrez vous reposer… », dixit Hadja Halimatou Dalein », sur Guinée Matin, (consulté le )
- Claudia Barona Castañeda, « Mémoires d'une résistance, l'autre histoire du Sahara occidental : L'intifada comme modèle de résistance », Les Cahiers d'EMAM, (lire en ligne, consulté le ).
- Marc Hecker, Intifada Française ? De l'importation du conflit isréalo-palestinien, Paris, Ellipses Marketing, , 648 p. (ISBN 978-2-7298-7259-5, lire en ligne)
- Mathieu Rigouste, « 7. La guerre à l'intérieur: la militarisation du contrôle des quartiers populaires. », dans La frénésie sécuritaire, La Découverte, , p. 88-98
- (en) Alana Lentin, « The intifada of the banlieues », sur OpenDemocracy,
- « Andrew Hussey: «Le vent de la révolte demeure» », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- « « Intifada étudiante » : tags et sabotages sur les campus de l’ULB et la VUB », sur Bruxelles Dévie, (consulté le )
- « À New York, « l'intifada étudiante » pour la Palestine en ébullition », sur www.blast-info.fr, (consulté le )
- « Expliquez-nous … l’Intifada », sur Franceinfo, (consulté le )
- Les débuts de la première Intifada | Lumni Enseignement, consulté le
- Peteet, J. (1996). The Writing on the Walls: The Graffiti of the Intifada. Cultural Anthropology, 11(2), 139–159. http://www.jstor.org/stable/656446
- Varghese, G. (2020). Cultural Intifada, Beautiful Resistance. In: Palestinian Theatre in the West Bank. Palgrave Macmillan, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-30247-4_2
- « En Palestine, le Théâtre de la Liberté sous le coup de menaces multiples », sur thaêtre, (consulté le )
- Edward Said dans Pour Rushdie : cent intellectuels arabes et musulmans pour la liberté d’expression, Paris, La Découverte, 1993, cité par D. Grant, p. 26.
- CLAVARON, Yves. Edward Said. L’ « Intifada » de la culture. Paris, Éditions Kimé. « Détours littéraires », p.140. DOI : 10.3917/kime.clava.2013.01. URL : https://shs.cairn.info/edward-said-l-intifada-de-la-culture--9782841746323?lang=fr.
- Abbas, Laila, Fahmy, Shahira S., Ayad, Sherry, Ibrahim, Mirna and Ali, Abdelmoneim Hany. "TikTok Intifada: Analyzing Social Media Activism Among Youth" Online Media and Global Communication, vol. 1, no. 2, 2022, pp. 287-314. https://doi.org/10.1515/omgc-2022-0014
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Intifada - The free dictionary