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Hombres (Verlaine)

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Hombres
Image illustrative de l’article Hombres (Verlaine)
Page de garde (n°4) de l'édition originale

Auteur Paul Verlaine
Pays France
Genre Recueil de poèmes

Poésie érotique

Version originale
Langue Français
Éditeur Albert Messein
Date de parution 1903 ou 1904
Version française
Date de parution 1903/1904
Chronologie

Hombres (Hommes, en espagnol) est le vingt-deuxième et dernier recueil poétique en vers de Paul Verlaine, publié clandestinement à titre posthume, en 1903, par Albert Messein.

Dernier des trois recueils érotiques de l'auteur après Les Amies (1868)[1] et Femmes (1890)[1], qui traitaient autant de relations homosexuelles qu'hétérosexuelles, celui-ci, écrit à différentes périodes, entre 1868 et 1891[2],[3],[4], ne vise que l'homosexualité masculine. La première publication de Hombres date de 1903.

Contexte et publication

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Abordant sa vie intime, Verlaine détaille sans détour ses ébats avec des partenaires exclusivement masculins. Les poèmes qu’il écrit sont enracinés dans sa biographie : dans l’ombre de chacun d’eux, il y a un fait, un tourment, un aveu ou une feinte. Cette citation introduit la préface et éclaire sur la nature de l'œuvre. Jugée provocante, cette franchise entraînera la mise à l'index du recueil, qui restera longtemps occulté.

Œuvres érotiques précédentes

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Filles (1886-1888)

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De septembre 1883 à mars 1885, Verlaine vit en province avec sa mère. Cette période se teinte d’abus : il boit, dépense beaucoup d'argent et brutalise sa mère. Il s’acoquine, au hasard de rencontres, avec des femmes telles Marie Gambier, Suzanne Villoni, Rita ou Philomène Boudin, évoquées implicitement dans le recueil.

Sa mère meurt en 1886.

Femmes (1888-1890)

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L'existence de Verlaine reste troublée. Alcoolique et souffrant d'un genou, il est hospitalisé à plusieurs reprises à l'hôpital Broussais. Après deux séjours, son médecin lui préconise une cure à Aix-les-Bains. Il s’y rend le 18 août 1889 mais retourne à l’hôpital de Broussais en 1890.

Il se prend de passion pour l'artiste-peintre Frédéric-Auguste Cazals, rencontré en 1886. De cet homme marié, il fera son unique héritier. Mais en juin 1890, il se brouille avec lui et sombre dans une période de frénésie sexuelle qui inspire le recueil Femmes.

Hombres (1891)

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Après sa passion pour Cazals, Verlaine tombe sous la coupe d'Eugénie Krantz, une prostituée. Bien qu'elle lui mène la vie dure, il partage sa vie à l'étonnement de ses proches. Elle sera sa dernière compagne.

Si les écrits de Verlaine s'inspirent de sa vie, ce n’est pas le vécu actuel qui laboure le poème, mais le déjà vécu. Dans une œuvre à valeur d'expérience, il ressuscite des fantômes à travers un érotisme nostalgique peuplé d'hommes autant que de femmes.

Relation avec Rimbaud

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Le recueil Hombres s'inspire explicitement de la relation amoureuse que Verlaine a entretenue vingt ans plus tôt avec Arthur Rimbaud.

Fin septembre 1871, l'adolescent de 17 ans quitte Charleville, où l'ennui le ronge, pour Paris encore bouleversé par la Commune. Dès 1870, il a émis le souhait d’intégrer le monde littéraire. Verlaine l’introduit dans l'univers sérieux du Parnasse mais aussi dans l'équivoque Cercle des poètes zutiques.

Subjugué, Verlaine quitte son épouse Mathilde et leur fils Georges pour Rimbaud. En s'affichant auprès de lui, il suscite les sarcasmes des cercles littéraires. Selon le journaliste Frédéric Martel, « leur intimité est le lieu d’une expérimentation poétique phénoménale ». En effet, Verlaine et Rimbaud écrivent ensemble, pour l'irrévérentieux Album zutique, des poèmes parodiques tel le Le Balai, ou érotiques comme le Sonnet du Trou du Cul, Jeune goinfre ou Remembrances, qui ne cachent rien de la sodomie. Mais leur passion devient destructrice. L'agressivité de Rimbaud isole Verlaine de son entourage. Rimbaud écrit, dans Vierge folle : « Je suis esclave de l’Époux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. C’est bien ce démon-là ».

Après un séjour commun à Londres en 1872, Verlaine rentre à Paris pour tenter de renouer avec son épouse. Rimbaud le rappelle, Verlaine est tiraillé entre son devoir et sa passion. Leur relation atteint son paroxysme le 10 juillet 1873 à Bruxelles, où Verlaine éméché tire deux coups de revolver sur son ami. Ils n'entretiendront plus qu'un lien épistolaire, avant une dernière entrevue, assez orageuse, à Stuttgart en mars 1875.

Rimbaud meurt à Marseille le 10 novembre 1891.

Hombres comprend 15 poèmes :

Édition illustrée

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Bibliographie

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Éditions modernes de référence

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Notes et variantes

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  1. a et b Paul Verlaine, Œuvres libres (éd. : Au verger des amours, 1949). Cette édition de référence permet de dater les recueils. Voir "Essai de bibliographie", pp. 127-132.
  2. « Chronologie », ibid., p. XLII.
  3. Notice de Parallèlement, ibid., p. 475.
  4. Des incertitudes demeurent sur la date de composition du recueil Hombres. Certains poèmes dateraient de 1868 (puisqu'ils figurent dans le recueil Oeuvres libres de 1868). Mais les quatre derniers quatrains de Balanide I n'y figurent pas et seraient eux bien postérieurs. Enfin, la présence dans Hombres du "Sonnet du trou du cul", co-écrit avec Rimbaud, confirme qu'il date de la période de l'album zutique, soit 1871.