Bataille d'Antietam
par Thure de Thulstrup
Date | |
---|---|
Lieu | Sharpsburg, dans le Maryland |
Issue |
Statu quo tactique[1] Victoire stratégique de l'Union |
États-Unis | États confédérés |
George B. McClellan | Robert E. Lee |
87 164 hommes (dont 53 632 engagés) |
38 000 hommes[note 1] |
2 108 morts 9 540 blessés 753 prisonniers ou disparus |
1 546 morts 7 752 blessés 1 018 prisonniers ou disparus |
Batailles
- Virginie-occidentale
- Manassas
- 1re Virginie Septentrionale
- Burnside Expedition
- Péninsule
- Sept Jours
- 1re Shenandoah valley
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- 2de Wilmington
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- Atlanta
- Franklin-Nashville
- Savannah
- Carolines
- Raid de Wilson
Coordonnées | 39° 28′ 24″ nord, 77° 44′ 41″ ouest | |
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La bataille d’Antietam (également connue dans l’historiographie sudiste comme la bataille de Sharpsburg[note 2]) est le premier grand affrontement armé de la guerre de Sécession à se produire sur le territoire de l’Union.
Après plusieurs victoires en Virginie (vallée de Shenandoah, Péninsule, 2nde Bull Run), l'armée de Virginie du Nord de Robert E. Lee envahit l'État du Maryland dans le Nord. Après quelques batailles, les deux armées se rencontrent durant la journée du , aux alentours de Sharpsburg et de l’Antietam Creek, dans le comté de Washington (État du Maryland) aux États-Unis. L'armée du Potomac, commandée par le major-général George B. McClellan, finit par l'emporter puisque l'armée confédérée bat en retraite. Cependant, ce dernier n'engagea pas de poursuite ce qui conduisit par la suite à son limogeage.
Cette bataille de la campagne du Maryland reste à ce jour la plus sanglante de l’histoire des États-Unis (à se dérouler en une journée) avec près de 23 000 morts, blessés, prisonniers ou disparus[2].
Contexte
[modifier | modifier le code]L'armée confédérée dite armée de Virginie du Nord, forte de 40 000 hommes avec une artillerie relativement ancienne, commandée par le général Robert E. Lee, envahit le Maryland en deux colonnes. La première, sous ses ordres, avance en occupant les lieux stratégiques comme les cols de Blue Ridge tandis que la seconde, sous le commandement de Stonewall Jackson, attaque et prend Harpers Ferry et sa garnison. Bien qu'ayant 10 000 hommes pour la défendre, la ville est facilement conquise[3]. Jackson place une division sous les ordres d'Ambrose P. Hill pour rassembler les prisonniers et fait marcher le reste pour rejoindre son chef.
Deux soldats de l'Union[note 3] découvrent, par hasard, les plans de bataille sudistes dans une boîte de cigares abandonnée dans une prairie[note 4], apprenant ainsi à l'état-major nordiste que la Confédération a divisé ses forces[4]. George McClellan exulte :
« Si avec ce papier, je n'arrive pas à corriger Bobby Lee, je serais prêt à rentrer à la maison[5]. »
Cependant, ce dernier ne prend aucune initiative pendant les 18 heures qui suivent et laisse ainsi passer sa chance d'affronter une armée confédérée divisée[6].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]L'armée du Potomac, commandée par le major général George B. McClellan est composée de 7 corps d'infanterie, groupant 54 brigades, 47 batteries d'artillerie[note 5] et 5 brigades de cavalerie, avec 4 batteries d'artillerie montée.
- Ier corps de Joseph Hooker puis George G. Meade
- IIe corps d'Edwin V. Sumner
- IVe corps (1re division de Darius N. Couch)
- Ve corps de Fitz John Porter
- VIe corps de William B. Franklin
- IXe corps d'Ambrose E. Burnside puis Jesse L. Reno (†) puis Jacob D. Cox
- XIIe corps de Joseph K.F. Mansfied (†) puis Alpheus S. Williams
L'armée de Virginie du Nord commandée par le général Robert E. Lee composée de 44 brigades d'infanterie groupées en deux ailes, gauche et droite, 52 batteries d'artillerie[note 6] et 3 brigades de cavalerie avec 3 batteries d'artillerie montée.
Bataille
[modifier | modifier le code]Lee déploie son armée, 50 000 hommes[7], au nord et à l'est de Sharpsburg. Son flanc droit (à l'est) est ancré sur la rivière Antietam, tandis que sa gauche (au nord), perpendiculaire au ruisseau, défend les approches au Nord de la ville dont la route de Hagerstown. McClellan a 87 000 soldats à sa disposition ; il estime que son adversaire dispose de plus de 110 000 combattants[7],[8]. Il arrive en face le [3]. Le lendemain Jackson rejoint Lee[3].
À l'aube, sur l'aile droite de l'Union, l'artillerie du major général Joseph Hooker ouvre le feu sur les confédérés de Jackson[9]. Ces derniers attaquent mais sont repoussés par le Corps du major général Joseph Mansfield. Les combats ont notamment lieu dans un champ de maïs et des bosquets. Les hommes de l'Union enfoncent à chaque fois les lignes sudistes mais finissent toujours repoussés par les troupes du Sud[10].
Au centre, les hommes du major général Edwin Sumner subissent des pertes élevées, en particulier les Irlandais, en attaquant les confédérés du major général Daniel H. Hill retranchés dans une route encaissée[10].
Sur l'aile gauche, au sud est de la ville, les troupes du major général Ambrose Burnside, 10 000 hommes, sont décimées par les 500 franc-tireurs de la Géorgie de la brigade de Toombs au passage du pont qu'ils franchissent à 13 heures, après avoir avancé lentement pendant toute la matinée[10]. À la fin de l'après-midi, elles menacent de prendre Sharpsburg et les forces de Lee à revers. C'est à ce moment que la division légère d'A. P. Hill les prend de flanc, arrêtant leur progression puis les repoussant de l'autre côté du ruisseau[10]. Si les troupes de Burnside avaient avancé plus rapidement, elles n'auraient pas été bloquées par celles de Hill, ce qui aurait donné la victoire à L'Union.
Plus de trois mille six cents hommes meurent sur le champ de bataille ; les unionistes eurent 12 410 soldats mis hors de combat, tandis que les confédérés subissent 10 700 pertes[11],[note 7].
En dépit de la supériorité numérique de l'armée de l'Union, le général en chef George McClellan fait preuve une fois de plus de son tempérament temporisateur en n'engageant pas le gros de ses troupes dans la bataille, ce qui permet à Robert Lee de réaliser une retraite en bon ordre et de ramener en territoire confédéré son armée durement éprouvée par la bataille (proportionnellement, les pertes sudistes ont été beaucoup plus élevées).
Bilan humain détaillé
[modifier | modifier le code]Avec un total de 3 654 morts, la bataille d'Antietam fait du 17 septembre 1862 le jour le plus meurtrier de l'histoire des États-Unis, devant Pearl Harbor le 7 décembre 1941 (2 400 morts), le D-Day le 6 juin 1944 (2 500 morts) et même les attentats du 11 septembre 2001 (3 000 morts)[12].
Armée du Potomac | Armée de Virginie du Nord | Total | |
---|---|---|---|
Morts au combat (†) | 2 108 (2%) | 1 546 (4%) | 3 654 (3%) |
Blessés au combat (b) | 9 540 (11%) | 7 752 (20%) | 17 292 (13%) |
Prisonniers (PDG) ou disparus | 753 (1%) | 1 018 (3%) | 1771 (1%) |
Total | 12 401 (14%) | 10 316 (27%) | 22 717 (18%) |
Conséquences
[modifier | modifier le code]Lee fait retraite en Virginie poursuivi par le nouveau général de l'armée du Potomac, Burnside. Lee inflige à ce dernier une cinglante défaite à la bataille de Fredericksburg, en décembre 1862.
Le président Lincoln annonce l'abolition de l'esclavage. Il voulait le faire plus tôt mais attendait une victoire pour ne pas paraître agir en position de faiblesse[13],[14].
Les puissances européennes sont confortées dans leur opinion que le Sud ne gagnera pas la guerre et s'abstiennent d'intervenir. Par ailleurs, la proclamation entraîne un vif soutien de la population européenne vis-à-vis de l'Union, dissuadant encore plus les gouvernements européens d'intervenir[15],[16].
Au cinéma
[modifier | modifier le code]- Le film Glory d'Edward Zwick s'ouvre sur la bataille d'Antietam.
- Le film Gods and Generals de Ronald F. Maxwell dans sa version longue retrace la bataille d'Antietam.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- La valeur 38 000 hommes exclue les brigades Pender et Field. Les chiffres varient de 30 646 à 51 800.
- Pour les nordistes, la bataille est nommée d'après la rivière la plus proche ; pour les sudistes, elle est nommée d'après la ville la plus proche.
- D'après David J Eicher, il s'agit du sergent John M Bloss et du caporal Barton W Mitchell
- Si toutes les sources s'accordent sur l'existence de cette péripétie, les détails divergent. On parle d'une boîte, ou d'une enveloppe (Eicher), ou juste des cigares enroulés dans la copie des ordres confédérés (McPherson), etc.
- Une batterie d'artillerie de campagne nordiste aligne, en théorie, 6 canons. Au total, 60% des canons sont des canons rayés.
- Une batterie d'artillerie de campagne sudiste aligne, en théorie, 4 canons. Sur le nombre de batteries, 30 sont regroupées dans une « réserve d'artillerie ». Du total, 40% sont des canons rayés et un bon nombre des autres sont des pièces de 6 livres, obsolètes, car datant de l'époque de la guerre avec le Mexique.
- C'est-à-dire que les pertes de cette journée furent plus élevées que celles dues, pour les américains, au débarquement en Normandie.
Références
[modifier | modifier le code]- Vincent Bernard, Robert E. Lee : La légende sudiste, Perrin, (ISBN 978-2-262-04098-7), p. 229
- McPherson, p. 3.
- McPherson, 1991, p.587.
- McPherson, 1991, pp.585-586.
- Vincent Bernard, Robert E. Lee, Perrin, (ISBN 978-2-262-04098-7), p. 221
- McPherson, 1991, pp.586-588.
- McPherson, 1991, p.585.
- Eicher, 2001, p. 340.
- McPherson, 1991, p.592.
- McPherson, 1991, pp.592-594.
- Stevens, 1994, p. 85.
- Vincent Bernard, La guerre de Sécession, Passés composés, , p. 211-212
- Stevens, 1994, pp. 87-88.
- McPherson, 1991, pp. 608-609.
- McPherson, 1991, pp. 599-608.
- Eicher, 2001, p. 381.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ouvrages en français
- Frédéric Naulet, Antietam: Le jour le plus sanglant de la guerre de Sécession, Economica, 2005.
- James M. McPherson, La Guerre de Sécession, 1861-1865", 1991, Robert Laffont, Bouquins, 1056 pages, (ISBN 978-2221067420).
- Ouvrages en anglais
- Bailey, Ronald H., and the Editors of Time-Life Books, The Bloodiest Day: The Battle of Antietam, Time-Life Books, 1984, (ISBN 0-8094-4740-1).
- Eicher, David J., The Longest Night: A Military History of the Civil War, Simon & Schuster, 2001, (ISBN 0-684-84944-5).
- Esposito, Vincent J., West Point Atlas of American Wars, Frederick A. Praeger, 1959.
- Jamieson, Perry D., Death in September: The Antietam Campaign, McWhiney Foundation Press, 1999, (ISBN 1-893114-07-4).
- Kennedy, Frances H., Ed., The Civil War Battlefield Guide, 2nd ed., Houghton Mifflin Co., 1998, (ISBN 0-395-74012-6).
- McPherson, James M., Crossroads of Freedom: Antietam, The Battle That Changed the Course of the Civil War, Oxford University Press, 2002, (ISBN 0-19-513521-0).
- Sears, Stephen W., Landscape Turned Red: The Battle of Antietam, Houghton Mifflin, 1983, (ISBN 0-89919-172-X).
- Norman S Stevens, Antietam 1862, the civil war's bloodiest day, 1994, Osprey, Campaign 32, 96 pages, (ISBN 9781855323704).
- Tucker, Phillip Thomas, Burnside's Bridge: The Climactic Struggle of the 2nd and 20th Georgia at Antietam Creek, Stackpole Books, 2000, (ISBN 0-8117-0199-9).
- Wolff, Robert S., "The Antietam Campaign", Encyclopedia of the American Civil War: A Political, Social, and Military History, Heidler, David S., and Heidler, Jeanne T., eds., W. W. Norton & Company, 2000, (ISBN 0-393-04758-X).
- Articles en anglais
- Cole, J. R., History of Washington and Kent Counties, Rhode Island, W.W. Preston & Co., 1889.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Description par le National Park Service
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :