Péon troisième
Le péon troisième (grec ancien παιών Γʹ ou τρίτος, forme ionienne-attique de παιάν, « péan », et ordinal ; il est dit « troisième » parce que la troisième syllabe y est lourde ; latin tertius paeon) est un pied tétrasyllabique de la métrique antique et notamment de la métrique grecque et latine. Il se compose, comme les trois autres péons, d’une syllabe longue et de trois syllabes brèves, la syllabe longue étant, dans le cas présent du péon troisième, précédée de deux syllabes brèves et suivie d'une brève. Il contient cinq mores et son schéma métrique pur est | ∪ ∪ — ∪ | (♪♪♩♪), mais il peut être résolu en | ∪ ∪ ∪ ∪ ∪ | ou devenir un antibacchée : | — — ∪ |. On peut le décomposer théoriquement en un pyrrhique | ∪ ∪ | suivi d’un trochée | — ∪ |. Il est du genre sesquialtère. Pour les métriciens anglosaxons, son symbole est 3p.
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le nom du pied est lié aux chants Péan, compositions religieuses en l'honneur d'Apollon et d'Artémis mais aussi reliées au dieu grec Péan (ou Péon).
Un pied rare en métrique antique
[modifier | modifier le code]Le péon troisième est bien plus rare dans les hymnes grecques que le péon premier ou que le péon quatrième[1].
Certains estiment même que ce sont des métriciens systématiques, sans doute par souci de symétrie, qui auraient donné ce nom à un pied inexistant[2]. Mais linguistes et poètes se sont emparé de la chose et en ont fait un véritable pied métrique.
Mots latins qui sont des péons troisièmes : communicant, exemple latin cité dans L'Encyclopédie (1751) ; animatus, manifestus, menedemus, moriamur, nemorensis, oriente, sine fraude, sociare.
Mot grec : πεφίληκε.
Exemples en métrique syllabo-tonique
[modifier | modifier le code]En russe, Daniel Andreiev a utilisé le péon troisième dans ses «Новые метро-строфы», dans des trimètres hypercatalectiques et catalectiques :
| ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | X
Над рекою, в невидимом предвечерии,
| ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — |
Уж потрескивал задумчивый костер,
| ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | X
И туманы, голубые как поверия,
| ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — ∪ | ∪ ∪ — |
Поднимались с зарастающих озёр…
Une forme de strophe nommée « Double Seven », créée par Lisa La Grange, contient des péons troisièmes. Il s'agit d'une strophe composée d'un nombre quelconque de quatrains, chaque quatrain étant isosyllabique et ayant son propre modèle de rimes a'ba'b, et chaque ligne comptant sept syllabes et deux pieds (le premier pied étant tétrasyllabique et le second trisyllabique). Les lignes de rimes a' consistent en un péon deuxième suivi d'un amphibraque (schéma da DUM da da / da DUM da), les lignes b consistent en un péon troisième suivi d'un anapeste (schéma da da DUM da / da da DUM).
Ex.
I wonder if the bridegroom
has accepted yet the fact
that access to the bathroom
will be science, inexact.
I she wants to go shopping
and he’s planned a poker game,
I think that he’ll be copping
friends a plea they’ll know is lame.
(Lisa La Grange, « Just-Married », site Allpoetry)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Пеон » (voir la liste des auteurs).
- Annie Bélis, « Esthétique musicale du péan à travers l’exemple des Hymnes delphiques à Apollon », dans Pierre Brulé et Christophe Vendries, Chanter les dieux. Musique et religion dans l'Antiquité grecque et romaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001, pp. 97-113 ; http://books.openedition.org/pur/23698.
- Médéric Dufour, dans Aristote, Rhétorique, Société d'édition « Les Belles lettres », 1973, p. 110.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Grundriss der griechischen Versgeschichte, Heidelberg, Winter, 1930, p. 65 et suiv.
- Alphonse Dain, Traité de métrique grecque, Paris, Klincksieck, 1965.
- Otto Schröder, Nomenclator metricus, Heidelberg, Winter, 1929, p. 34.
- Jozef Veremans, « De παιών τρίτος in het 2e hemistichon van de pentameter. Metrisch onderzoek bij Catullus, Tibullus, Propertius en Ovidius », dans Anamnesis. Gedenkboek Prof Dr. E. A. Leemans, Bruges, De Tempel, 1970, pp. 401-412.
- Ulrich von Wilamowitz-Möllendorff, Griechische Verskunst, Berlin, Weidmann, 1921, p. 330 et suiv.