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Empire mongol

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Empire mongol
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12061243/1294

Drapeau
Süld (ou tug süld)
Blason
Sceau (1246)
Description de cette image, également commentée ci-après
L'Empire mongol à son extension maximale en 1279 sous Kubilai Khan.
Informations générales
Statut Empire nomade
Capitale Avarga ()
Karakorum ()
Cambaluc ()
Langue(s) Langues mongoliques
Religion Tengrisme, chamanisme, puis islam, bouddhisme et nestorianisme
Monnaie Balych (d)

Démographie
Population  
• 1237 env. 60 000 000 habitants
• 1263 env. 110 000 000 habitants

Superficie
Superficie  
• 1206 4 000 000 km2[1]
• 1227 13 500 000 km2[1]
• 1270 24 000 000 km2[2]
• 1279 33 200 000 km2
• 1294 23 500 000 km2[1]
Histoire et événements
Années 1190 Temüdjin est proclamé khan
1206 Il soumet l'ensemble du territoire mongol et est proclamé khagan
1209 Ralliement des Ouïghours
1218 Soumission du khanat des Kara-Khitans
1227 Soumission définitive du royaume des Xia occidentaux
1231 Soumission de l'Empire khwarezmien
1234 Fin de la dynastie Jin : soumission de la Chine du Nord
1241 Soumission des Coumans
1258 Disparition du califat abbasside de Bagdad
1260 Avènement de Kubilai Khan et division de facto de l'empire
1279 Fin de la dynastie Song : soumission du sud de la Chine
1294 Mort de Kubilai Khan
Khagans
Gengis Khan
Ögödei
Töregene (régence)
Güyük
Oghul Qaïmich (régence)
Möngke
Kubilai Khan

L’Empire mongol, ou ikh mongol ulus (ᠶᠡᠬᠡ
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, litt. « Grand État mongol ») est le nom donné au plus grand empire de l'histoire en termes de superficie fondé au début du XIIIe siècle par le souverain Gengis Khan et dirigé par ses descendants. Il recouvre, à son apogée, environ 23,5 millions de km2, ce qui fait de lui le plus grand empire contigu de l'histoire. Ces conquêtes n'abolissent d'ailleurs pas toujours les formes antérieures d'administration mises en place par les États vaincus de part et d'autre de l'Eurasie, ce qui pose la question de la nature originale de l'Empire mongol sur le plan de son unité politique, linguistique, religieuse et économique. De plus, sa géographie, mêlant vastes territoires désertiques peu peuplés (steppes d'Asie centrale) et zones de peuplement denses (littoraux chinois et confins occidentaux), son rapide éclatement, ainsi que l'impossible gestion d'une telle superficie avec les moyens techniques et humains de l'époque soulèvent des questions de définition sur la nature précise de l'État mongol médiéval.

À la fin du XIIIe siècle, il s'étend de la rive orientale de la Méditerranée à l'océan Pacifique sur une large bande incluant l'Europe extrême orientale, le Proche-Orient, le Moyen-Orient, l'Asie centrale, les steppes russes et une partie de la Sibérie jusqu'à la mer Baltique, le nord de l'Inde, la Mongolie, toute la Chine.

À partir de 1260, il se divise en quatre régions, gérées par quatre dynasties issues des descendants directs de Genghis Khan. Ces régions sont appelées ulus (mongol bitchig : ᠤᠯᠤᠰ, translittération : ulus ou mongol cyrillique : улс ; translittération : uls, littéralement : pays, région) :

L'Empire mongol voit rapidement son unité voler en éclats sous le règne de Kubilai Khan, petit-fils de Gengis Khan, dont le pouvoir se concentre sur la Chine - dont il a été fait empereur - tandis que les trois autres dynasties principales créent des États indépendants, chacune sur son ulus respectif. Après la disparition de l'empire unifié sous l'égide d'un même chef, le rêve de tous les dirigeants centre-asiatiques fut régulièrement de tenter de reconstituer l'empire mongol, sans jamais cependant pouvoir le réaliser, à l'image de la tentative de Tamerlan à la tête de l'Empire timouride. D'autres souverains asiatiques reprirent par la suite le nom même d'Empire mongol et revendiquèrent une ascendance mongole, comme les grands Moghols qui règnent sur l'Inde du nord de 1526 à 1857, d'origine turcique (turcs d’Asie centrale) et non mongole. Certaines principautés (khanats) maintinrent une continuité dynastique jusque dans les années 1920.

L'Empire mongol fut appelé de son temps ᠶᠡᠬᠡ
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(ikh mongol ulus, « Grand État mongol »).

Les conquêtes de Gengis Khan

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Asie vers 800.
Eurasie vers 1200.
Évolution de l'empire mongol
  • Empire mongol

  • De 1243 à 1294, l'empire a été scindé en :
  • Horde d'or

  • Khanat de Djaghataï

  • Ilkhanat

  • Dynastie Yuan
  • Avant l’avènement de Gengis Khan, les différents peuples mongols se font régulièrement la guerre. Une première tentative d’unification échoue en 1161.

    Les campagnes de Gengis Khan.

    Temüdjin, qui allait devenir Gengis Khan était un arrière-petit-fils de Qabul Khan, fils d’un chef du clan des Bordjiguines. Il est donc de bonne famille mais sa naissance ne le place pas d’emblée dans la classe des hauts dirigeants de la société mongole. On ne sait pas en quelle année se situe sa naissance : ce peut être 1155, 1162 ou 1167.

    À la suite de l’assassinat de son père pour des raisons politiques, sa famille est exclue du clan et condamnée à mener une existence errante.

    Temüdjin se rend auprès du puissant khan des Kereit, Toghril, ami de son père, et devient son vassal.

    Carte de la Mongolie (907-1125).
    Carte de l’Empire mongol (c. 1207).

    Entre 1187 et 1196, Gengis Khan est proclamé khan (c'est-à-dire roi). Il défait les Tayitchi'out, qui vivent au sud de l'actuelle Bouriatie, en Sibérie, puis les Tatars, ce qui lui permet de contrôler la Mongolie orientale. En 1203, il rompt avec Toghril, qui est tué. Les Kereit se rallient. L'année suivante, il soumet les Merkit et les Naïmans, à l'ouest de l'actuelle Mongolie[3]. Dès lors, Gengis Khan contrôle presque tout le territoire mongol. En 1205, il commence la conquête du royaume Tangout des Xixia[4], qui résistent dans leurs villes fortifiées jusqu'en 1209. Une grande assemblée en 1206 (qurultay) le nomme khan universel (Tchingis Qaghan). L'année suivante, son fils aîné Djötchi soumet les Kirghiz tandis que les Ongüt de l’Ordos et les Karlouks de l’Ili se rallient spontanément à l’empire[5].

    Gengis Khan met en place un service postal, le Ortoo ou yam, qui sera sans aucun doute un des facteurs décisifs des victoires foudroyantes de ses armées[6].

    Les Ouïgours se rallient en 1209[3]. Ils sont à l'origine de l'écriture mongole. Cette même année, Gengis Khan achève la soumission du royaume des Xia Occidentaux[7], tremplin contre la Chine. Au printemps 1211, il lance l'assaut contre les Jin, une dynastie fondée en 1115 par les Jürchen, peuple apparenté aux Mandchous[8]. La ville de Pékin, capitale des Jin, est prise et pillée en 1215, mais le souverain Jin se réfugie à Kaifeng. Cette dynastie ne s'effondre définitivement qu'en 1234, sous l'action conjuguée des Mongols et des Chinois du Sud, qui se sont alors alliés.

    En 1218, Gengis Khan se tourne vers l'ouest : le chah du Khwarezm Ala ad-Din Muhammad, arrivé au sommet de sa puissance, en porte la responsabilité. Soucieux d'étendre ses possessions vers l'ouest, il avait conclu en 1218 un accord avec Gengis Khan : Ala al-Din Muhammad serait maître de l'Occident, Gengis Khan maître de l'Orient. Or, en cette même année 1218, l'accord à peine conclu, une immense caravane venant de Mongolie est arrêtée à Otrar aux frontières du Khwarezm et ses hommes sont massacrés. Gengis Khan envoie trois ambassadeurs pour demander réparation : l'un est mis à mort, les deux autres renvoyés avec le crâne rasé. Gengis Khan ne peut supporter ni ce défi ni cette humiliation et rassemble une immense armée de cavaliers[9].

    Son général Djebé prend possession du Kara Khitaï[10]. En septembre 1219, Gengis Khan attaque l'empire turc à domination musulmane du Khwarezm, centré sur l'actuel Ouzbékistan[3]. Sa campagne, ponctuée par de terribles massacres, le conduit jusqu'au nord-ouest de l'Inde en 1222, mais ses troupes se retirent, gênées par le climat[11]. Un détachement de 10 000 hommes, conduit par Subötai et Djebé, s'aventure jusqu'en Russie (1221-1223). La conquête du Khwarezm s'achève en 1224 et Gengis Khan rentre en Mongolie au printemps 1225[3]. Il meurt en 1227 à Qingshui dans l'actuel Gansu au cours d'une campagne contre le royaume Xixia révolté. L'empire mongol contrôle alors une bande de terre de 2 500 km (distance nord-sud) qui s’étend de la mer Caspienne à la mer de Chine méridionale.

    Soldats mongols, miniature de l’Histoire du monde, de Rashid al-Din, 1305.

    Quand Temüjin impose son autorité à l’ensemble des Mongols, il se retrouve à la tête d'une puissante machine de guerre. Il fonde l’ordre des darkhans (forgerons), chevaliers exemptés d’impôts et jouissant de l’impunité pour leurs neuf premiers délits. Il organise sa garde personnelle (kechiktens) et en porte l'effectif à 10 000 hommes.

    L’armée de Gengis Khan, bien qu’elle ne soit pas particulièrement grande pour l’époque (95 chiliarchies, soit 95 000 hommes), se distingue par ses formidables cavaliers, ses habiles archers et cavaliers archers mais aussi par le contrôle et la discipline de ses chefs, et par la stratégie et la tactique militaires du khan lui-même.

    À partir de 1211, devant les places fortes chinoises, les Mongols utilisent avant tout la guerre de siège. Après 1219, les victoires face aux armées organisées du Khârezm s’expliquent par le démembrement féodal de ce dernier, ainsi que par la terreur qu’inspirent les envahisseurs auprès des populations. Pour prendre les villes, les Mongols utilisent les prisonniers. Ils contraignent les populations soumises à démolir les murs et à combler les fossés des forteresses. Ils les utilisent pour combler les fossés et les pièges creusés par les défenseurs ; ils les chassent devant les armes des Khârezmiens, jusqu’à ce que les corps tombés aient rempli les fossés. Un autre stratagème consiste à habiller les prisonniers en vêtements mongols et de les contraindre à participer au siège des villes et des forteresses. Enfin, depuis les campagnes contre la Chine, l’armée mongole dispose de béliers et de catapultes[12].

    L'organisation de l'empire

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    De son vivant, Gengis Khan partage son empire entre ses quatre fils, Djötchi, Djaghataï, Ögödei et Tolui, qui administraient leurs provinces (oulous) en tant que gouverneurs du pouvoir central. Les grandes villes situées sur le territoire des oulous, comme Boukhara et Samarkand, sont gouvernées, par l’intermédiaire de gouverneurs spéciaux, directement par le grand khan. Les oulous sont administrés par des commandants de place (darougatchi) et leurs subordonnés (tamagatchi). Plus tard, ils assureront le pouvoir avec l'aide de l'aristocratie locale et des dignitaires religieux musulmans. Ils succéderont aux anciens propriétaires en partie chassés, en adoptant les rapports féodaux et en s’assimilant à la société des territoires conquis. Ils envoient régulièrement le tribut (la dîme des produits) à la cour du grand khan et veillent à l’unité de l’empire[3].

    Les conquêtes amènent le dépeuplement de la Mongolie et ralentissent son évolution intérieure. Si l’activité des artisans ramenés d’Asie centrale contribue à l’essor de l’artisanat, le manque d’hommes, utilisés pour la guerre, ralentit le développement de la société. Dans les pays sédentaires conquis, les Mongols massacrent les populations et détruisent les canaux d’irrigation des cultures, dans le but de transformer en pâturages les terres cultivées du Turkestan et de Chine du Nord[3].

    Les conquêtes des successeurs de Gengis Khan

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    Les Mongols assiégeant une ville, XIIIe siècle.

    Durant les 30 années qui suivent, les trois successeurs de Gengis Khan sont des diplomates et des guerriers habiles. Ils complètent les conquêtes de la Chine, de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie, de l’Anatolie et de l’Europe orientale.

    Deux ans après la mort de Gengis Khan, en 1227, son troisième fils Ögödei lui succède[13]. C'est sous son règne que se déroule la grande campagne d'Europe, entre 1236 et 1242. Les armées des principautés russes, puis polonaises et hongroises sont balayées, et les Mongols poussent jusqu'aux rives de l'Adriatique. À l'annonce de la mort d'Ögödei, les troupes mongoles se retirent, ce qui sauva vraisemblablement l'Europe[14]. Mais leurs armées ne cessent pas de razzier l'Europe centrale. En 1259, après avoir dévasté la Lituanie, 20 000 Mongols attaquent de nouveau la Pologne et la pillent ; le pape Alexandre IV projette une croisade contre eux. En 1265, attaque contre la Grèce ; la Thrace est dévastée ; l'empereur byzantin envoie des cadeaux et marie deux de ses filles à des khans. En 1271 et 1274, des raids sont lancés contre la Bulgarie. En 1275 et 1277, nouveau raid contre la Lituanie. En 1284, nouvelle invasion de la Hongrie, les villes de Transylvanie sont ravagées. En 1287, pillage de la Pologne, Cracovie est de nouveau dévastée. En 1293, attaque contre la Serbie, qui doit reconnaître la suzeraineté mongole. La Russie ne sera libérée du joug de la Horde d'or qu'en 1480 par Ivan III de Russie lors de la Grande halte sur la rivière Ougra.

    Gengis Khan avait en 1203 pris Karakorum, la capitale du khan des Kereit, située à 320 km à l'ouest d'Oulan-Bator, Ögödei la fortifie en 1235 et elle reste la capitale mongole jusqu'en 1260, à l'avènement de Kubilaï qui déplace le centre de l'empire mongol au sud-est, en Mongolie intérieure, à Shangdu (près de l'actuelle Chao-naimen-sumu, 42°22-116°11).

    Le siège de Bagdad par les Mongols en 1258.

    Möngke est le dernier des Grands Khans à conserver la tradition nomade. Après lui, son successeur, Kubilai Khan, est absorbé par la civilisation chinoise, et les Ilkhans du Moyen-orient par la civilisation perse. Seule la Horde d'or sur la Volga, et les apanages sur le Turkestan (Qaidu) restent attachés aux traditions de la steppe, mais se sédentarisent également, en partie du moins. Pendant son règne, la féodalisation connaît un vif essor tant en Mongolie que sur les territoires conquis, où les chefs mongols succèdent aux seigneurs locaux qui deviennent leurs vassaux.

    À la mort d'Ögödei en 1241, le pouvoir est détenu par son épouse, la régente Töregene. Güyük, fils de l'empereur défunt, accède au trône en 1246, mais meurt deux ans plus tard, sans doute empoisonné par un complot qui met au pouvoir la branche du plus jeune fils de Gengis Khan. En Möngke devient Grand Khan des Mongols. Sous son règne la conquête mongole reprend en direction de l'Iran et de l'Irak, puis du Sichuan et du Tibet. Elle échoue cependant contre la Chine du Sud des Song. Son frère Hülegü est nommé vice-roi d'Iran (Il-khan) en 1253 et prend Bagdad le , mettant un terme au Califat abbasside que les Türks Seljoukides maintenaient. Le calife Al-Musta'sim est exécuté.

    En 1259, à la mort de Möngke, l’empire se scinde en quatre parties : la Chine des Yuan à l’est, le Djaghataï au centre, l’Ilkhan au sud-ouest (Iran, Irak et Syrie) et la Horde d'or au nord-ouest (Russie et Europe orientale). L'année suivante, l’empire mongol perd sa première bataille à Aïn Djalout, lorsque l’Égypte mamelouk s’empare de la Syrie devant une petite armée mongole de 15 000 hommes, le gros des troupes ayant été rappelé par Hülegü en vue de la succession de Möngke. Les quatre parties de l’empire ne coopèrent plus et entrent en conflit entre elles… Les seigneurs mongols s’assimilent aux sociétés locales, s’appuyant sur les seigneurs féodaux, le clergé musulman et les riches commerçants.

    Les grands khans

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    Kubilai Khan lors d'une partie de chasse
    1. Gengis Khan, premier dirigeant (Khan) mongol et empereur (Khagan) de l'Empire mongol de 1205 à 1227,
    2. Ögödei, troisième fils de Gengis Khan devient le 2e Khan de 1227 à 1241,
      sa veuve Töregene assume la régence jusqu’en 1246 et l'élection de leur fils Güyük.
    3. Güyük, fils d’Ögödei, 3e Khan de 1246 à 1248,
      sa veuve Oghul Qaïmich assume la régence jusqu'en 1251 et l'élection de Möngke.
    4. Möngke (ou Mangu Khan), fils aîné de Tolui, 4e Khan de 1251 à 1259,
    5. Kubilai Khan, quatrième fils de Tolui, 5e Khan de 1260 à 1279, il conquiert la Chine dont il devient empereur, instituant la Dynastie Yuan de 1279 à 1294[15].

    L'apogée de l'empire

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    L'empire mongol à son apogée en 1300. L'empire timuride en 1405.

    Kubilaï, un frère de Möngke, lui succède le , à l'issue d'un coup de force : les souverains se faisaient normalement élire lors d'une assemblée, le qurultay, mais Khubilaï ne convoque pratiquement aucun parent et se fait élire à Shangdu, et prend pour capitale Khanbalik (Pékin), et non plus Karakorum, contrôlé par Ariq Boqa. Plusieurs des descendants de Genghis Khan contestent sa légitimité, et commence alors la guerre civile toluid, mais il a toujours su s'imposer.

    Son mérite est d'avoir achevé la conquête de la Chine. Dès son avènement il fait de Khanbalik la capitale et adopte l'étiquette chinoise. Il fait rebâtir Pékin qui devint sa nouvelle capitale en 1272. En 1271, il prend un titre dynastique à la manière chinoise : celui des Yuan, mais ce n'est qu'après la reddition des Song du Sud, en , qu'il tient le sceau de l'empire de Chine. Quoique les Mongols restent toujours un corps étranger aux yeux des Chinois, pratiquant une politique de discrimination comme leurs prédécesseurs Khitans et Jurchen, Khubilaï fait de nombreuses avances aux Chinois et il peut finalement être regardé comme l'un des plus grands Fils du Ciel[16].

    Sur une grande partie de l'Eurasie, après le temps de la guerre et de ses atrocités, était venu celui de la Pax Mongolica. C'est la sécurité des voies de communication qui permet à beaucoup d'hommes du Proche-Orient, et même d'Europe, de découvrir la Chine, notamment Marco Polo, des Génois, et les premiers missionnaires et évêques catholiques romains. Mais dans le même temps, Khubilaï envoie ses armées tenter de conquérir le sud-est asiatique, et dans l'océan Indien jusqu'à Madagascar.

    Sous Kubilaï l'empire mongol atteignit son apogée. Jamais empire ne fut si vaste. De la Turquie à la Corée en passant par l'Irak, le Koweït, les Émirats arabes, l'Iran et l'Afghanistan ; et du Vietnam jusqu'à l'Ukraine et à Moscou en passant par tous les Turkestan et toute la Sibérie, même jusqu'en Serbie, partout les peuples sont tributaires, paient l'impôt pour éviter les ravages de la guerre.

    L'évolution des quatre régions de l'empire

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    Les invasions mongoles du Japon (1274 et 1281).

    Cependant, les campagnes maritimes lancées par Kubilaï contre le Japon et contre Java sont des échecs. L'expédition maritime vers le Japon de 1281 connait une déroute à la suite d'un typhon qui met à mal la flotte mongole[17]. Toutes les tentatives des Ilkhans d'Iran contre la Syrie et l'Égypte des Mamelouks également. Bientôt aussi les peuples du sud-est asiatique secouent le joug : ainsi les Vietnamiens et les Birmans, tandis que les sultans de Delhi résistent à toutes les tentatives contre le Penjab, contre le Bengale, et en direction du Tamil Nadu.

    Samouraï

    D'autre part l'unité de l'empire se lézarde. Quoique formellement suzeraine, la dynastie Yuan qui règne en Chine voit les apanages mongols s'émanciper et bientôt s'affirmer indépendants : ainsi le khanat de Djaghataï (1227-1338) en Asie centrale, celui des Ilkhans (1259-1411) en Iran et en Afghanistan et celui de la Horde d'or (1243-1502) en Russie. Vers 1360, après la perte de l'Iran, de la Transoxiane et de la Chine, les Mongols ne contrôlent en Asie que la Mongolie et le Mogholistan.

    La Chine et la Mongolie

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    La Chine des Yuan en 1294.

    La Chine était un pays vassal de l'Empire mongol, tout comme la Mandchourie, la Corée, une partie du Xinjiang et maints États d'Asie du Sud-Est. En ce qui concerne le Tibet, le degré de vassalité par rapport à l'empire mongol reste très discuté : dans cette partie du monde, il existait une relation Maître spirituel-Protecteur pouvant s'appliquer entre individus mais aussi comme base de relation diplomatique entre États. Les documents d'époque, pris objectivement, montrent que la relation diplomatique entre le Tibet et l'empire mongol fut officiellement de ce type là (d'où l'instauration du bouddhisme tibétain comme religion d'État dans l'empire mongol après la visite du 3e dalaï-lama, Sonam Gyatso). Il y eut quelques contingents de l'armée mongole stationnés au Tibet mais dans un but de protection du gouvernement tibétain des dalaï-lamas[18].

    En tout état de cause, la Chine n'est pas assimilable à l'empire mongol, elle n'en fut qu'une partie soumise. L'empire mongol n'est pas non plus assimilable à la Chine.

    Après la mort de Kubilaï en 1294, les Yuan s'affaiblissent progressivement. Des révoltes se produisent et les Chinois finissent par chasser les Mongols. Le Grand Khan Toghan Temür, arrivé au pouvoir en 1333, doit quitter Pékin dans la nuit du et meurt sur la terre de ses ancêtres quatre ans plus tard.

    Il est remplacé par Ming Hongwu, fondateur de la dynastie Ming. Ses tentatives pour restaurer la dynastie Yuan sont infructueuses, les Mongols retournèrent dans leur patrie et Karakorum redevint le centre politique de la Mongolie, qui était alors dans un état pitoyable. Les meilleurs de ses fils étaient partis à la conquête du monde et ce pays n'en avait que peu profité. Plus encore, il avait souffert des conflits entre princes rivaux.

    L'empire des Ilkhans

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    L'empire des Ilkhans (Iran, Irak et Syrie)

    Après 1282, la pression musulmane est très forte dans l’État, les véritables mongols n'étant plus représentatifs des cercles du pouvoir et demeurant une véritable minorité comparé aux musulmans. Le vizir perse Rashid al-Din écrit Jami al-tawarikh ou Histoire universelle qui constitue la source historique encyclopédique la plus importante en ce qui concerne la période ilkhanide et l’empire mongol dans son ensemble[19].

    À partir de 1317, l’État est plus musulman que mongol, au sens où malgré la présence de dirigeants mongols (ceux-ci demeurent païens), le véritable pouvoir est aux mains de dirigeants musulmans.

    Sous Abu Saïd le musulman (1317-1336), le roi fainéant, la société et l’État se décomposent. Lorsqu’il meurt en 1336 sans héritier direct, le pays sombre dans l’anarchie.

    Le Djaghataï et l’Empire timuride

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    Cet État est aussi dominé par les musulmans. Il est difficile à gouverner car instable : le nord est majoritairement nomade, païen et pauvre alors que le sud est surtout musulman, sédentaire et riche. En 1334, la Sogdiane (aujourd’hui l’Ouzbékistan) fait sécession. Pour la reconquérir, Tughluk Timur (en) se fait musulman et la reconquiert en 1360.

    Son successeur, Timur le Boiteux – Tamerlan – sème la terreur de l’Inde à la Russie et à la Méditerranée et crée l’Empire timuride.

    Il survit jusqu’en 1500 à l'arrivée des Ouzbeks qui le scindent en trois khanats : Kokand, Khiva, Boukhara. Les derniers descendants de Gengis Khan, les Djanides, règnent sur le khanat de Boukhara, qui est toléré par les puissances régionales voisines jusqu’en 1920 parce qu’il constitue une zone tampon bienvenue entre l’Inde, la Russie et l’Iran. En 1920, ce territoire est finalement conquis par la Russie et le dernier descendant de Gengis Khan tire enfin sa révérence.

    La Horde d'or (Russie et Europe orientale)

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    Le territoire de la Horde d'Or à son apogée territoriale

    La Horde d'Or échoit à la branche des Djöchides, issue du premier fils de Genghis Khan, Djöchi. Son territoire s'étend au début du Kazakhstan à l'actuelle Moldavie. Son pouvoir reste nomade jusqu'à sa fin[20],[21].

    Les Russes remportent une première victoire contre les Mongols en 1380 à la bataille de Koulikovo.

    À partir de 1430, la Horde d’or commence à se morceler, avec la création du khanat de Crimée.

    Chronologie de la Mongolie après l’empire

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    Société Mongole

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    Peinture d'un bâtiment stylisé, montrant Ghazan agenouillé et acceptant la conversion
    Miniature persane représentant la conversion de Ghazan du bouddhisme à l'Islam.

    À l'époque de Gengis Khan, pratiquement toutes les religions avaient des fidèles mongols, du bouddhisme au christianisme, du manichéisme à l'islam. Pour éviter les conflits, Gengis Khan a créé une institution qui garantissait une totale liberté religieuse, bien qu'il soit lui-même un chamaniste. Sous son administration, tous les chefs religieux étaient exonérés d'impôts et de service public.[22]

    Au départ, il y avait peu de lieux de culte formels en raison du mode de vie nomade. Cependant, sous Ögedei (1186-1241), plusieurs projets de construction furent entrepris dans la capitale mongole. En plus des palais, Ögedei a construit des lieux de culte pour les adeptes bouddhistes, musulmans, chrétiens et Taoïste. Les religions dominantes à cette époque étaient le Tengrisme et le bouddhisme, bien que la femme d'Ögedei soit une chrétienne nestorienne.[23]

    Finalement, chacun des États successeurs a adopté la religion dominante des populations locales : la dynastie chinoise Yuan dirigée par les Mongols à l'Est (à l'origine le domaine du Grand Khan) a embrassé le bouddhisme et le chamanisme, tandis que les trois khanats occidentaux ont adopté l'islam.

    Postérité

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    Selon le sinologue canadien Timothy Brook, l'expression de « Grand État » désigne une conception du pouvoir que l'Empire mongol diffuse à partir du XIIIe siècle dans l'ensemble de l'Asie. Au départ traduction du Yeke Ulus des Mongols, on retrouve symptomatiquement des expressions similaires dans d'autres langues asiatiques et notamment Da Guo en chinois : la dynastie mongole des Yuan est ainsi la première à se désigner comme Da Yuan, le « Grand État Yuan » et les dynasties suivantes ne manquent pas de se faire appeler Da Ming, puis Da Qing. Au cœur du Grand État se trouve l'idée de pouvoir absolu, universel : il a vocation à s'étendre sans limite sur les territoires avoisinants, et son dirigeant à recevoir l'allégeance des puissants du monde entier. C'est cette conception du pouvoir, héritée des Mongols, qui détermine la conquête des actuelles Mongolie-Intérieure et Mongolie extérieure par les Qing, et qui, aujourd'hui encore, déterminerait les ambitions hégémoniques de la Chine dans le monde, ainsi que son refus de laisser ses minorités nationales s'émanciper du Grand État chinois[24],[25]. Cette thèse, exposée en 2019 par Timothy Brook dans son ouvrage Great State. China and the World, traduit en français la même année sous le titre Le léopard de Kubilai Khan. Une histoire mondiale de la Chine a été discutée notamment par Edward Luttwak[26], Isabel Hilton (en)[27], Tanner Greer [28], Henrietta Harrison[29], Zachary A. Scarlett [30], Stephen R. Platt (en) [31]. On[Qui ?] lui objecte notamment que 13 occurrences sur 7 siècles ne sont pas significatives.

    Notes et références

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    1. a b et c (en) Rein Taagepera (en), « Expansion and Contraction Patterns of Large Polities: Context for Russia », International Studies Quarterly (en), vol. 41, no 3,‎ , p. 475–504 (DOI 10.1111/0020-8833.00053, JSTOR 2600793, lire en ligne).
    2. (en) Peter Turchin, Jonathan M. Adams et Thomas D. Hall, « East-West Orientation of Historical Empires », Journal of world-systems research, vol. 12, no 2,‎ , p. 222–223 (ISSN 1076-156X, lire en ligne, consulté le ).
    3. a b c d e et f Histoire de la Mongolie, par László Lőrincz Publié par Akadémiai Kiadó, 1984 (ISBN 963-05-3381-2 et 978-963-05-3381-2).
    4. (en) Genghis Khan & the Mongol Conquests 1190-1400, par Stephen R. Turnbull.
    5. Genghis Khan, par Leo de Hartog Publié par Tauris Parke Paperbacks, 2004 (ISBN 1-86064-972-6 et 978-1-86064-972-1).
    6. Didier Gazagnadou, « Les postes à relais de chevaux chinoises, mongoles et mamelouks au XIIIe siècle, un cas de diffusion institutionnelle ? », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 1993, p. 243-250, lire en ligne
    7. (en) Chinggis Qan and the Conquest of Eurasia, a Biography, par Doeke Eisma.
    8. (en) Genghis Khan : Life, Death, and Resurrection, par John Man Publié par Macmillan, 2007 (ISBN 0-312-36624-8 et 978-0-312-36624-7).
    9. Jean-Paul Roux 2006, p. 335-336.
    10. Avant les grandes découvertes: une image de la terre au XIVe siècle : le voyage de Mandeville, par John Mandeville, Xavier Walter Publié par Alban, 1997 (ISBN 2-911751-01-9 et 978-2-911751-01-1).
    11. (en) Mediaeval Researches from Eastern Asiatic Sources - Geography and History of Central and Western Asia from the 13th to the 17th Century, par E. Bretschneider Publié par READ BOOKS, 2008 (ISBN 1-4437-2240-5 et 978-1-4437-2240-7).
    12. René Grousset, Le Conquérant du monde : Vie de Gengis-Khan, Paris, Albin Michel, , (version .pdf) 436 (présentation en ligne, lire en ligne).
    13. Marie Favereau Doumenjou, La Horde: comment les Mongols ont changé le monde, Perrin, (ISBN 978-2-262-09955-8)
    14. Encyclopædia Universalis, « Biographie d'ÖGÖDEÏ (1185-1241) grand-khan des Mongols (1229-1241) », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
    15. (en) Clifford Edmund Bosworth, The New Islamic Dynasties : A Chronological and Genealogical Manual, Edinburgh University Press, , 389 p. (ISBN 978-0-7486-2137-8, présentation en ligne), « The Mongol great Khans, descendants of Ögedey and Toluy, later The Yüan dynasty of China », p. 246.
    16. Grousset : « Des petits-fils de Gengis-khan c'était de beaucoup le plus remarquable. Homme d'État né, bon capitaine et politique avisé, il joignait aux solides qualités de sa race l'avantage de s'être rallié à la civilisation chinoise. Jamais Fils du Ciel ne prit son rôle plus à cœur. Son administration réparatrice pansa les maux d'un siècle de guerre. Son plus grand titre de gloire n'est peut-être pas d'avoir, le premier dans l'histoire, conquis la Chine entière, mais de l'avoir pacifiée ».
    17. Stephen R. Turnbull et Richard Hook, The Mongol invasions of Japan, 1274 and 1281, Osprey Pub, coll. « Campaign », (ISBN 978-1-84603-456-5 et 978-1-84908-250-1)
    18. China under Mongol rule, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-10110-1 et 978-0-691-03127-9)
    19. Françoise Aubin, « RASHID AL-DIN », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
    20. Marie Favereau (trad. de l'anglais), La Horde : comment les Mongols ont changé le monde, Éditions Perrin, , 432 p. (ISBN 978-2262099558)
    21. (fr-fr) Marie Favereau - La horde : comment les Mongols ont changé le monde, consulté le
    22. Weatherford 2005, p. 69.
    23. Weatherford 2005, p. 135.
    24. Timothy Brook, « Un empereur chinois ? », L'Histoire, N° 483, mai 2021, p. 56-59
    25. Timothy Brook, Great States: a Contribution to the Morphology of Asian Empires, conférence au Collège de France, 7 juin 2017
    26. Edward Luttwak (trad. Jean-Louis de Montesquiou), « Aux origines du « grand État » chinois », Books, vol. 112, no 11,‎ , p. 54-55 (DOI 10.3917/books.112.0054).
    27. Isabel Hilton (en), The myth of China’s “Great State“, New Statesman, 18 septembre 2019
    28. Tanner Greer, The view from Beijing, Washington Examiner, 30 avril 2020
    29. Henrietta Harrison East meets rest. Chinese encounters with other countries, The Times Literary Supplement, 31 janvier 2021
    30. Zachary A. Scarlett, From Great State to Revolutionary State: China and the World - Great State: China and the World. By Timothy Brook. New York: Harper-Collins, 2020. 442 pp. (ISBN 9780062950987) (cloth). - China's Revolutions in the Modern World: A Brief Interpretive History. By Rebecca E. Karl. New York: Verso, 2020. 230 pp. (ISBN 9781788735599) (cloth). DOI 10.1017/S0021911820003708, The Journal of Asian Studies, Volume 80 , Issue 1 , February 2021 , pp. 167 - 170
    31. Stephen R. Platt, ‘Great State’ Review: Rising and Setting in the East, Wall Street Journal, 1er mai 2020

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    Bibliographie

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    Sources primaires

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    • Yasushi Inoue, Le Loup Bleu, Picquier Poche, 1960, 1990-1994 pour la traduction française et 2002 pour la dernière édition

    Filmographie

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    Articles connexes

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    Liens externes

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