A Frozen Woman Quotes

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A Frozen Woman A Frozen Woman by Annie Ernaux
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A Frozen Woman Quotes Showing 1-17 of 17
“Poétise, poétise, fais-toi le grand cinéma de la liberté passée. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans désespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai réellement prononcé des propos désabusés sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines étudiantes, une connerie, la mort, rien qu'à voir la trombine des couples mariés au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiés. Quand Hélène, licence de philo, concluait que c'était tout de même un mal nécessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drôles d'idées, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternité avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas être seulement intellectuelles, ma fierté devant une mousse au chocolat réussie avait disparu en même temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la même manière qu'un garçon de mon âge, étudiant qui se débrouille avec l'argent de l'État, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquêtes, va au cinéma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idée bouffonne.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Mais les signes de ce qui m'attendait réellement, je les ai tous négligés. Je travaille mon diplôme sur le surréalisme à la bibliothèque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-être mes dernières semaines de fille seule, libre d'aller où je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans être dérangée. Je vais perdre définitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublé, à deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drôle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idées de fille unique, égocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal élevée au fond. Un jour, il a du travail, il est fatigué, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se précipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hésitation, comme si elles avaient dans la tête toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-être, pour quatre personnes ou plus aux goûts différents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmée par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarché. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il était en train d'écouter de la musique. Il a tout déballé avec un plaisir de gamin. Les poires étaient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournés au restau universitaire, j'ai oublié. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai étouffés. Sublimés. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de liberté, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du ménage, un peu. Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout "concilier", sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libérée de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'équilibre. L'homme, l'épaule solide, anti-métaphysique, dissipateur d'idées tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons même disparaîtront, je ris forcément, obscurément j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est égoïste et qu'il ne s'intéresse guère à ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient à mon secours : "Tous les hommes sont égoïstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altérité", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Yo también caí en la trampa de la mujer total, orgullosa de ser por fin capaz de conciliarlo todo, la subsistencia, un hijo y tres cursos de lengua francesa, guardiana del hogar y dispensadora del saber, superwoman, no solo intelectualmente hablando, en resumidas cuentas, armónica. Vía libre al lirismo cuando lo demás, la reflexión en particular, ha desaparecido.”
Annie Ernaux, La femme gelée
“Papa-bobo précipité avec inquiétude sur mon genou saignant, qui va chercher les médicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bête qu'elle", dit-elle. Toujours prêt à m'emmener à la foire, aux films de Fernandel, à me fabriquer une paire d'échasses et à m'initier à l'argot d'avant la guerre, pépédéristal et autres cezigue pâteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire à l'école et m'attendre midi et soir, le vélo à la main, un peu à l'écart de la cohue des mères, les jambes de son pantalon resserrées en bas par des pinces en fer. Affolé par le moindre retard. Après, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un père déjà vieux émerveillé d'avoir une fille. Lumière jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tête baissée à cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend à enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans réplique, grandes gueules domestiques, héros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai été la fille de cet homme-là.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Avant le chariot du supermarché, le qu'est-ce qu'on va manger ce soir, les économies pour s'acheter un canapé, une chaîne hi-fi, un appart. Avant les couches, le petit seau et la pelle sur la plage, les hommes que je ne vois plus, les revues de consommateurs pour ne pas se faire entuber, le gigot qu'il aime par-dessus tout et le calcul réciproque des libertés perdues. Une période où l'on peut dîner d'un yaourt, faire sa valise en une demi-heure pour un week-end impromptu, parler toute une nuit. Lire un dimanche entier sous les couvertures. S'amollir dans un café, regarder les gens entrer et sortir, se sentir flotter entre ces existences anonymes. Faire la fête sans scrupule quand on a le cafard. Une période où les conversations des adultes installés paraissent venir d'un univers futile, presque ridicule, on se fiche des embouteillages, des morts de la Pentecôte, du prix du bifteck et de la météo. Personne ne vous colle aux semelles encore. Toutes les filles l'ont connue, cette période, plus ou moins longue, plus ou moins intense, mais défendu de s'en souvenir avec nostalgie. Quelle honte ! Oser regretter ce temps égoïste, où l'on n'était responsable que de soi, douteux, infantile. La vie de jeune fille, ça ne s'enterre pas, ni chanson ni folklore là-dessus, ça n'existe pas. Une période inutile.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La désolation de mes parents devant une situation incertaine, "on aimerait bien savoir où ça va te mener tout ça". Obligé que l'amour mène quelque part. Leur peine sourde aussi. Ce serait tellement plus agréable, plus tranquille pour eux de voir se dérouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on répond avec fierté, un jeune homme de Bordeaux, bientôt professeur, l'église, la mairie, le ménage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espérances traditionnelles. L'affolement de ma mère quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gâcher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles séduites qu'on n'épouse pas, abandonnées avec un môme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux. Je ne sais pas encore qu'au moment où l'on me pousse à liquider ma liberté, ses parents à lui jouent un scénario tout aussi traditionnel mais inverse, "tu as bien le temps d'avoir un fil à la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus !", bien chouchoutée la liberté des mâles.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Ma mère s'occupait plutôt de l'épicerie, mon père du café. D'un coté la bousculade de midi, le temps minuté, les clientes n'aiment pas attendre, c'est un monde debout, aux volontés multiples, une bouteille de bière, un paquet d'épingles neige, méfiant, à rassurer constamment, vous verrez cette marque-là c'est bien meilleur. Du théâtre, du bagout. Ma mère sortait lessivée, rayonnante, de sa boutique. De l'autre côté, les petits verres pépères, la tranquillité assise, le temps sans horloge, des hommes installés là pour des heures. Inutile de se précipiter, pas besoin de faire l'article ni même la conversation, les clients causent pour deux. Ça tombe bien, mon père est lunatique, c'est ma mère qui le dit.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Organization, the watchword of women everywhere, magazines overflowing with advice, save time, do this, that and the other... but it's really a method of sticking yourself with the most work possible in the least amount of time without pain or suffering because that would bother those around you.”
Annie Ernaux, La femme gelée
“Menstruation, making love, that had to come, but getting married? Everything that I've just experienced seems like all those things that are neither deliberately willed nor firmly rejected, and are therefore bathed in a romantic glow. One of those days, I know, that reveal their significance only with time.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Old equals plain equals lonely.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“So, what are you up to, where are you going on your vacation, that's a cute dress--no one knows what to talk about with an unmarried girl. Whereas a husband, children, an apartment, a washing machine--endless topics of conversation.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“Pero bueno, también hay que estar chiflado para vivir en una casa de tres habitaciones más salón sin amueblar, y nosotros no somos de los que compramos cualquier mierda, la reflexión, el gusto, casi un arte, nos veía purificados de toda fiebre consumidora gracias a nuestra actitud estética.”
Annie Ernaux, A Frozen Woman
“E ancora le stesse domande, così naturali, apparentemente innocue, sempre tutto bene con lui? Hai intenzione di sposarlo? L'avvilimento dei miei genitori di fronte a quella situazione precaria, "è solo che ci piacerebbe sapere dove ti porterà tutto questo". L'amore deve per forza portare da qualche parte. Il loro dispiacere muto, anche. Sarebbe talmente più piacevole e rassicurante, per loro, assistere a una storia già vista, le partecipazioni sul quotidiano locale, le domande a cui rispondere orgogliosi, un giovanotto di Bordeaux, presto sarà professoressa, la chiesa, il municipio, "mettere su casa", i nipotini. Io li privo delle speranze tradizionali.”
Annie Ernaux, La femme gelée
“Riconoscerlo: abbastanza contenta di essere una femmina. Per via di mia madre, certo. Ma anche del bar, tutt'intorno a me, in cui sfila l'universo degli uomini. Quasi tutti bevono troppo, urlano, schiamazzano, si spaccano la schiena, lavori duri, sporchi, in cantiere. Da sobri silenziosi, quasi muti, da sbronzi diventano agitatori, lanciano invettive contro il padrone, le loro conversazioni non hanno coerenza, una follia dolce. I peggiori pestano le mogli, i migliori portano a casa lo stipendio e ottengono, in segno di riconoscenza, la domenica libera per andare a fare i giovanotti al bar o sul campo di calcio. La controparte femminile per me è quella seria: lo vedo con i miei occhi ogni giorno in drogheria, sono le donne a riempire la dispensa, a comprare il filo per rammendare, matite e righello doppio per l'inizio della scuola, senza stravaganze, una scatoletta di polpa di granchio è un acquisto da valutare con cura. Passano in rassegna gli scaffali, scrutano i prodotti, serve altro?, le incalza poi mia madre, ma senza insistere troppo, sono loro che tengono i cordoni della borsa. Alla fine sceglieranno un pacco formato famiglia di biscotti Petit Beurre, ottimo rapporto qualità-prezzo. Un senso di responsabilità, quantomeno in quelle capaci di amministrare la casa. E quella frase, sentita mille volte e che voleva dire mille cose, non gettare i soldi fuori dalla finestra, mandare i bambini in negozio con i vestiti puliti almeno di domenica, ma anche tenere in riga il marito, impedirgli di bersi lo stipendio, di cambiare lavoro per un'alzata d'ingegno. In me si fa largo confusamente la convinzione che quasi tutti i guai delle donne siano causati dagli uomini.”
Annie Ernaux, La femme gelée
“El amor, la libertad. La impresión vibrante de mi vida también es surrealista.”
Annie Ernaux, La mujer helada
“Jeanne,”
Annie Ernaux, La mujer helada
“My whole story as a woman: going down a flight of stairs, and hanging back at each step.”
Annie Ernaux, La femme gelée