Blâmant, en Belgique comme en France, le gouvernement de rendre l’étude du français obligatoire, il s’exprime sans détour. « On voit, dit-il, à quel prix le parti prétendu libéral, en ce moment aux affaires, a obtenu ce grand résultat d’amener à l’usage du français un quinzième de la population flamande, quand on pense que deux millions et demi d’habitans sont obligés de s’adresser à la justice dans une langue qui leur est étrangère, et ne comprennent pas les débats d’où leur sort dépend, que les employés du gouvernement agissent d’après des règlemens inintelligibles au peuple, et qu’ils ne sont pas obligés (que souvent même ils sont hors d’état) d’employer la langue du pays, le flamand, dans leurs rapports avec la population, que le terme « flamand » est jeté comme une insulte à la tête des soldats, parce qu’ils ne comprennent pas assez vite les instructions données en français. » Et M. Bœckh cite avec joie les paroles par lesquelles les coryphées du parti flamand ont, en pleine chambre des représentans, jeté au gouvernement belge la menace d’une insurrection flamande.
Si l’on tire une ligne d’Aix-la-Chapelle à Tourcoing, et que de Tourcoing on la continue jusqu’à Gravelines en la faisant passer par Courtray, Hazebrouck et un peu au-dessus de Saint-Omer, on a, au nord de cette ligne, les districts belges et français de langue flamande. Bruxelles se trouve par sa position géographique dans le territoire flamand, et contient du reste, comme on sait, un très fort élément flamand. Aussi M. Bœckh trouve-t-il que les Flamands sont opprimés par la domination française dans la capitale de la Belgique. En somme, c’est la moitié du territoire belge, renfermant plus des trois cinquièmes de la population avec les villes les plus importantes, Bruxelles, Anvers, Malines, Gand, Bruges, que le pangermanisme réclame. Il y ajoute du même droit, c’est-à-dire parce que le flamand y est encore en usage, une partie de nos départemens du Nord et du Pas-de-Calais, à savoir l’arrondissement de Dunkerque, la plus forte part des arrondissemens d’Hazebrouck et de Saint-Omer, ainsi qu’une partie de celui de Boulogne.
Si à l’ouest les Allemands veulent regagner le terrain qu’ils nous avaient cédé, ils entendent bien garder en même temps à l’est celui qu’ils ont conquis sur les Slaves, et même l’augmenter. Contre nous, ils invoquent le droit historique, contre les Slaves le droit de possession et le fait accompli. La célèbre formule du Drang nach Osten (élan vers l’est) résume l’envahissement progressif des pays slaves par les Allemands, envahissement que réalise tantôt la conquête, tantôt la colonisation aux apparences pacifiques. M. Bœckh peint à merveille un des traits les plus frappans du caractère germanique lorsqu’il dit : « L’Allemand ne peut rien changer à sa nature, il