NOTES 757
spéciale aux années de guerre sous un aspect comique. Or un des aspects de la vie guerrière était comique. Un homme qui veut éviter la mort par des moyens nécessairement puérils est toujours drôle, de même que l'homme qui a pour mission de le conduire à la mort à l'aide de « boniments » superficiels. C'est la lutte du potache contre le pion avec à l'horizon les flammes rouges de la bataille. Mais du dépôt à la bataille il y a rupture d'atmosphère et, pour cette raison, en passant de l'un à l'autre la personnalité de l'homme change.
Tout ceci ne contribue pas à faire de Loin de la Rijflettc un livre soumis à des disciplines littéraires comme il est bon d'en découvrir pour permettre à la critique de s'exercer.
Mais si l'on tient compte que Jean Galtier Boissière a écrit ces souvenirs avec plaisir, et qu'il possède au plus haut point l'art d'interpréter une figure, une chambrée, un restaurant, où il ne craint pas de présenter des gens célèbres avec une vigueur assez agressive, on conviendra qu'il y a dans Loin de la Rifflette, les éléments nécessaires pour remonter au moins jusqu'à Juve- nal.
Mais, mon cher Jean, pour avoir risqué votre peau, vous avez
compris le sens de la farce et vous avez écrit — peut-être en
perdant la plus belle rose de votre chapeau, c'est-à-dire le plaisir
délicat de regretter un jour votre jeunesse militaire — un
ouvrage profondément comique, profondément émouvant...
l'envers de cette belle médaille qu'il nous est difficile de regarder
sans rougir. pierre mac orlan
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LES ÉGAREMENTS SENTIMENTAUX de Resîif de La Bretoîine, avec des illustrations de Joseph Hémard (Grès).
Dans sa courte mais substantielle étude sur Dostoïevsky et l'Insondable, parue ici même, M. Jacques Rivière dit que l'écri- vain russe est peut-être le premier qui ait résolument envisagé l'absurdité de nos sentiments ; qu'il accuserait volontiers le désordre qu'il trouve dans ses modèles, et qu'enfin nous le comprenons mal, parce que, placés en face de la complexité d'une âme, nous cherchons d'instinct à l'organiser. C'est en effet le souci le plus ordinaire des romanciers, que la recherche de
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