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Page:NRF 18.djvu/713

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LE CAMARADE INFIDÈLE 707

sait ; il ne faudra pas la répéter à ta mère, parce qu'elle en serait trop bouleversée...

Mais, toujours sans lâcher la main de son ami, Antoine relève la tête, regarde en arrière et dit avec un sentiment d'horreur qui ne peut laisser place à d'autres impressions :

— J'ai cru qu'elle voulait manger la terre... Et il ajoute aussitôt :

— Si nous nous en allons, il faudra bien qu'elle vienne.

Au bout d'un moment, Clymène se relève et demeure tournée vers la barrière de collines qui clôt l'horizon du côté du nord. Quand Vernois la rejoint et rencontre ses ■yeux, il n'y voit aucune trace de pleurs, mais un regard dur et perplexe. Avec lassitude elle soulève un peu les bras et dit, si bas qu'il l'entend à peine :

— Je n'ai plus rien...

Il se méprend et répond :

— Mon amie, il vous a laissé trois beaux enfants. Mais elle secoue la tête, désigne vaguement l'espace

autour d'elle et murmure plus bas encore :

— Je ne le vois plus. Et très vite elle ajoute :

— Mon oncle ne m'avait pas montré cet endroit... C'était un emplacement plus découvert.

— Non, dit Vernois, c'est bien ici qu'il est tombé.

— Je vous crois, mon ami, je ne doute pas de vous...

Mais au coup d'œil hésitant qu'elle jette alentour, il comprend que l'aspect d'un lieu tant soit peu différent a brouillé les anciens souvenirs et que l'imagination déçue ne sait plus sur quoi se poser. Soudain Clymène se baisse et ramasse précipitamment un objet que dans le creux de sa main elle cherche à dégager de la terre adhérente. Ses doigts se ferment comme sur un talisman.

— Qu'est-ce que vous avez trouvé ?

— Un bouton, dit-elle sans rouvrir la main.

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