NOTES
��LA POÉSIE
M. FRANCIS JAMMES AU TOMBEAU DE LA FONTAINE K
M. Francis Jaiiimes n'aime guère La Fontaine. Il ressemble en cela à Lamartine. Toutefois, les raisons de M. Jammes sont d'un ordre qu'il serait piquant de faire paraître : il s'agit d'une ancienne querelle théologique. La Fontaine, qui rima la Capti- vité de Saint-Malo pour complaire aux Messieurs de Port-Royal; était demeuré, parmi les égarements du siècle, janséniste à sa manière. C'est-à-dire qu'il semble toujours considérer le mal comme une chose fatale, les vices comme inhérents à la nature humaine, et qu'il tient les passions pour charmes à quoi force nous est de céder et dont on ne saurait guérir autrui ni soi- même. En dépit des préfaces où l'auteur plaide la cause de l'apologue moral, la morale des fables est empirique et réaliste, nettement dénuée d' « idéal ». La Fontaine ne nous offre d'autre remède qu'une lanterne pour voir clair en son propre cœur et dans celui du prochain. Je ne sais s'il est un bon éducateur du parfait citoyen, mais je le crois parfait pour un futur monarque.
Aussi La Fontaine déplaît-il, et doit-il déplaire à quiconque fait de la réforme morale individuelle la condition d'une réfor- me des institutions politiques ; à quiconque prête une oreille complaisante aux cris des membres révoltés contre l'estomac au nom de la Justice, et généralement à tous astrologues « qui bâillent aux chimères » et autres « souffleurs » de baudruches idéalistes.
I. Le Tombeau de Jean de la Fontaine, suivi de Poèmes mesures, pa« Francis Jammes (Mercure de France).
�� �