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Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/107

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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

comme auditeur seulement, vu qu’il avait passé la limite d’âge, et pendant tout le temps que je l’y gardai, je reçus régulièrement chaque année, au jour de l’an, une superbe paire de souliers à cordons tout neufs, aussi gros que possible, d’une solidité à toute épreuve, d’apparence inusables, mais toujours trop petits.

Quand j’eus enseigné au jeune Théotime le solfège bien à fond, quelques éléments d’harmonie et même de contrepoint, je le présentai à mon savant et illustre collègue César Franck, qui tenait alors la classe d’orgue, et qui l’autorisa à la suivre, toujours en qualité d’auditeur ; il y assista pendant deux ans, très assidu et attentif.

Pendant ce temps, le père Veteau, qui n’était pas machiavélique à moitié, travaillait de son côté. Son amour paternel lui suggérant des combinaisons aussi naïves que peu délicates, avant chaque office, il déplaçait sournoisement quelques tuyaux de l’orgue, tantôt les uns, tantôt les autres, mettant un mi à la place d’un , un sol à la place d’un si… de telle façon que l’organiste semblait jouer outrageusement faux ; c’était une atroce cacophonie qui faisait bondir prêtres et ouailles, les enfants de chœur et la loueuse de chaise, et dont seul le malheureux titulaire de l’orgue ne s’apercevait pas, car il était sourd comme un pot, fait heureusement fort rare chez les organistes.

Une première fois, le curé le crut malade, et ne dit rien ; une deuxième, il le prit à part pour le prier de mieux soigner son jeu ; une troisième, il se fâcha très fort. Sur l’avis du conseil de fabrique, on fit venir, à plusieurs reprises, un accordeur d’orgues, puis le facteur lui-même ; mais lors de leurs visites,