Le grand troche, sorite/13
LA CHAINE DE MONSTRES
FRAPPEZ AUX PORTES !
S’il y avait encore des portes on les laisserait ouvertes.
Ils se suivent & se ressemblent
couverts de feuilles mortes
cimentées de purin séché
les yeux retournés
la langue serrée entre Les dents.
Ils se sauvent & se rassurent
sexes de cadenas
poitrines de gravats
dans la vallée de Josaphat
pour la gnose des latrines & des gésines.
Le cœur bat encore
ses tapis aux balcons
sur l’obituaire du trottoir.
Aux frontières de la République Podagre
sordent les poteaux où l’on exécute les ordres.
Tous lieux y sont d’aisance
& toutes bottes de céleri
— même pas de bottes de sept lieues !
Des insectes sectaires
y fabriquent du mâchefer & des certificats en celluloïd.
La grande chaîne s’étale sur le ventre du monde
— depuis l’Autodidacte polaire
l’as de cœur atteint d’éléphantiasis
le sergent de Cro-Magnon qui pisse du pétrole
— jusqu’aux chasses d’eaux
pompes funèbres aux accents triomphaux
qui me niagarachent dans l’égoût des couleurs.
Tirez la chaîne. — C’est l’Heure
l’heure incessante de la monte des monstres
l’heure DERRIERE
où dans sa crispation puerpérale
l’interminable pizzicato de la virole anale
pousse l’émeraude de pourpre
venin de l’avenir.
Mais l’horloge coupe les douze cous de la nuit
& dans le Musée incendié chantent le Marin & son fanal
L’Enchanteur fait paraître un Nouveau Monde
de trois secondes
où sonnent les beaux meurtres & les violences exquises
Le dernier monstre marin habite un pont de drap bleu-roi
— Était-ce moi ?