Niki de Saint Phalle
Apparence
Niki de Saint Phalle, pseudonyme de Catherine Marie-Agnès de Saint-Phalle, née à Neuilly-sur-Seine (département de la Seine) le 29 octobre 1930 et morte à La Jolla (comté de San Diego, Californie, États-Unis) le 21 mai 2002, est une plasticienne, peintre, graveuse, sculptrice et réalisatrice de films franco-américaine.
Citations
[modifier]Mon secret
[modifier]Cet ouvrage, entièrement manuscrit, publié initialement en 1994, est paru uniquement en français[1]. Non paginé, les numéros de pages ci-dessous sont donnés à titre indicatif sur la base des 32 pages de texte du manuscrit publié.
Il existe dans le cœur humain un désir de tout détruire. Détruire c’est affirmer qu’on existe envers et contre tout.
- Mon secret, Niki de Saint Phalle, éd. La différence, 1994 (2010) (ISBN 978-2-7291-1903-4), p. 7/32
Je ne dis rien du viol à personne. Mon silence était une stratégie de survie.
- Mon secret, Niki de Saint Phalle, éd. La différence, 1994 (2010) (ISBN 978-2-7291-1903-4), p. 22/32
Ce viol me rendit à jamais solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent.
- Mon secret, Niki de Saint Phalle, éd. La différence, 1994 (2010) (ISBN 978-2-7291-1903-4), p. 27-28/32
Le viol n’est pas essentiellement /seulement/ un acte sexuel, c’est un crime contre l’esprit.
- Ce passage peut aussi se lire ainsi : « Le viol n'est pas essentiellement un acte sexuel, c'est un crime seulement contre l'esprit. »
- Mon secret, Niki de Saint Phalle, éd. La différence, 1994 (2010) (ISBN 978-2-7291-1903-4), p. 30/32
J’appris à assumer et survivre avec mon secret. Cette solitude forcée créa en moi l’espace nécessaire pour écrire mes premiers poèmes et pour développer ma vie intérieure, ce qui plus tard, ferait de moi une artiste.
- Mon secret, Niki de Saint Phalle, éd. La différence, 1994 (2010) (ISBN 978-2-7291-1903-4), p. 31-32/32
Traces : une autobiographie
[modifier]L’ecriture a permis à mes yeux intérieurs de s’ouvrir. Grâce à elle aussi, j’ai pu prendre de la distance, pardonner, et poursuivre ma route.
- Traces : une autobiographie, Niki de Saint Phalle, éd. Acatos, 1999 (ISBN 2-940033-50-1), p. rabat de couverture
- Citation choisie pour le 7 novembre 2022.
J’ai vidé ma tête comme un vieux sac à main. […] Cerveau, je te plonge dans la machine à laver.
- Traces : une autobiographie, Niki de Saint Phalle, éd. Acatos, 1999 (ISBN 2-940033-50-1), p. 11
J’ai décidé très tôt d’être une héroïne. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d'Arc ? Un Napoléon en jupons ? Qu’importe ce que je serais ! Tout ce que je voulais était que ce fût difficile, grand, excitant.
- Traces : une autobiographie, Niki de Saint Phalle, éd. Acatos, 1999 (ISBN 2-940033-50-1), p. 16
Très vite, j’ai compris que les hommes avaient le pouvoir, et le pouvoir, je le voulais. Oui, je leur volerais leur feu, je n’accepterais pas les frontières que Maman voulait m’imposer du seul fait que j’étais une femme. Je les franchirais et pénétrerais dans le monde des hommes, qui me semblait plus aventureux, plus mystérieux, plus excitant.
- Traces : une autobiographie, Niki de Saint Phalle, éd. Acatos, 1999 (ISBN 2-940033-50-1), p. 90
Je suis si heureuse d’avoir pu renouer avec tant de souvenirs lointains. Je ne peux pas prendre une gomme et effacer là d’où je viens, mon éducation, ma famille, tout cela fait partie de moi, que je l’admette ou non.
- Traces : une autobiographie, Niki de Saint Phalle, éd. Acatos, 1999 (ISBN 2-940033-50-1), p. 127
Harry et moi
[modifier]Correspondance
[modifier]Autres citations
[modifier]Je voulais que le monde extérieur aussi devienne mien. Je compris très tôt que les HOMMES AVAIENT LE POUVOIR ET CE POUVOIR JE LE VOULAIS. OUI, JE LEUR VOLERAIS LE FEU. Je n'accepterais pas les limites que ma mère tentait d'impose à ma vie parce que j'étais une femme. NON. Je franchirais ces limites pour atteindre le monde des hommes qui me semblait aventureux, mystérieux, excitant. Ma nature optimiste m'y aida.
- « Lettres », Niki de Saint Phalle, dans Niki de Saint Phalle, Pontus Hultén, éd. Paris-musées, 1992 (ISBN 2-87900-094-7), p. 148
C'est autour de 1959 que tu me parlas d'Yves Klein, de Marcel Duchamp et de Daniel Spoerri. […] A la même époque il y eut une énorme exposition d'art américain à Paris. Pour la première fois je voyais des Jackson Pollock, des de Kooning, etc… J'étais complètement bouleversée. Mes peintures soudain me semblaient bien petites. J'allais avoir ma première grande crise artistique. Je la résoudrais comme je le ferais toujours à l'avenir :
par la métamorphose.
- « Lettres », Niki de Saint Phalle, dans Niki de Saint Phalle, Pontus Hultén, éd. Paris-musées, 1992 (ISBN 2-87900-094-7), p. 151
La fumée dégagée évoquait la guerre. La peinture était la victime. Qui était la peinture ? Papa ? Tous les hommes ? Petits hommes ? Grands hommes ? Gros hommes ? Les hommes ? Mon frère
John ? Ou bien la peinture était-elle MOI ? Me tirais-je dessus selon un RITUEL qui me permettait de mourir de ma propre main et de me faire renaître ? En tirant sur moi, je tirais sur la société et ses INJUSTICES. En tirant sur ma propre violence, je tirais sur la VIOLENCE du temps. Pendant les deux années passées aux TIRS je ne fus pas malade une seule fois. Quelle thérapie ce fut pour moi !
- Lettre à Pontus[2].
- « Lettres », Niki de Saint Phalle, dans Niki de Saint Phalle, Pontus Hultén, éd. Paris-musées, 1992 (ISBN 2-87900-094-7), p. 161
Le Tir se situe avant le Mouvement de libération des femmes. C’était très scandaleux – mais on en parlait – de voir une jolie jeune femme tirant avec un fusil et râlant contre les hommes dans ses interviews. Si j’avais été moche, on aurait dit que j’avais un complexe et on m’aurait oubliée.
- Lettre à Pontus[2].
- « Lettres », Niki de Saint Phalle, dans Niki de Saint Phalle, Pontus Hultén, éd. Paris-musées, 1992 (ISBN 2-87900-094-7), p. 164
En 1961, j’ai tiré sur des tableaux parce que tirer me permettait d’exprimer l’agressivité que je ressentais. Un assassinat sans victime. J’ai tiré parce que j’aimais voir le tableau saigner et mourir. J’ai tiré pour parvenir à cet instant magique, à cette extase. C’était un moment de vérité, je tremblais de passion lorsque je tirais sur mes tableaux.
- Lettre à Pontus, publiée dans Hultén 1992.
- Niki de Saint Phalle, Gilbert Perlein, éd. G. Naef, 2002 (ISBN 2-8313-0376-1), chap. L’aventure d’une donation, p. 17 (lire en ligne)
Pour moi, mes sculptures représentent le monde de la femme amplifié, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir.
- Interview de Adam Saulnier, 16 mars 1967, ORTF https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i10337774/. Voir Jalons pour l’histoire du temps présent (https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001533)
- « Une œuvre qui franchit les limites », dans Niki de Saint Phalle, 1930-2002, Camille Morineau (dir.), éd. Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2014 (ISBN 978-2-7118-6151-4), p. 30
Je suis devenue artiste parce qu’il n’y avait pas d’alternative pour moi. […] J’ai embrassé l’art comme ma délivrance et comme une nécessité.
- « De Niki Mathews à Niki de Saint Phalle », Ulrich Krempel, dans Niki de Saint Phalle, 1930-2002, Camille Morineau (dir.), éd. Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2014 (ISBN 978-2-7118-6151-4), p. 42
J’ai commencé à peindre chez les fous, à l’âge de vingt-deux ans, atteinte de dépression nerveuse. J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie.
- « De Niki Mathews à Niki de Saint Phalle », Ulrich Krempel, dans Niki de Saint Phalle, 1930-2002, Camille Morineau (dir.), éd. Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2014 (ISBN 978-2-7118-6151-4), p. 43
Notes et références
[modifier]- ↑ Francblin 2013, chap. Retour en Amérique (1994-2002). Le passé revisité, p. 383 et 385 : « Le livre, publié début 1994, est paru uniquement en français » ; « Mon secret, entièrement manuscrit, tient du journal intime. Il ne comporte à l’intérieur aucune couleur ni illustration, et en couverture figure le dessin d’une tête de mort ».
- ↑ 2,0 2,1 2,2 et 2,3 « Au premier regard ce sont des lettres, mais elles n'ont jamais été envoyées. Niki de Saint Phalle s'y adresse à un correspondant imaginaire. Ces lettres sont des histoires dans lesquelles l'artiste décrit à un ami ou à une une amie un chapitre de sa vie où apparait celui ou celle à qui elle écrit » (Uta Grosenick dans Hultén 1992, « Les lettres de Niki de Saint Phalle. Une introduction », p. 144).
Voir aussi
[modifier]- [Hultén 1992] Pontus Hultén, Niki de Saint Phalle (exposition, Bonn, Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, 19 juin-1er novembre 1992 ; Glasgow, McLellan Galleries, 22 janvier-4 avril 1993 ; Paris, Musée d'Art moderne de Paris, juin-septembre 1993), Paris-musées, (ISBN 2-87900-094-7)
- [Perlein 2002] (en+fr) Gilbert Perlein (dir.), Niki de Saint Phalle (exposition, Musée d'Art moderne et d'Art contemporain de Nice), G. Naef, (ISBN 2-8313-0376-1, lire en ligne)
- [Francblin 2013] Catherine Francblin, Niki de Saint Phalle : la révolte à l'œuvre, Hazan, (ISBN 978-2-7541-0497-5)
- [Morineau 2014] Camille Morineau (dir.), Niki de Saint Phalle : 1930-2002 (exposition, Paris, Grand Palais; Bilbao, Musée Guggenheim), Réunion des musées nationaux-Grand Palais, (ISBN 978-2-7118-6151-4)