Ville de Paris (1764)
Ville-de-Paris | |
Le Ville-de-Paris en 1764 à Rochefort. (Image retouchée pendant la Révolution : bâtiment avec drapeau tricolore) | |
Type | Navire de ligne |
---|---|
Histoire | |
A servi dans | Marine royale française |
Quille posée | 1757 |
Lancement | 1764 |
Statut | coulé en |
Équipage | |
Équipage | 1 000 hommes[1] |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 54 m |
Maître-bau | 14,6 m |
Tirant d'eau | 6,7 m |
Propulsion | Voile |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 90 puis 104 canons |
Pavillon | France |
Port d'attache | Brest |
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Le Ville-de-Paris est un navire de guerre français, en service de 1764 à 1782. C'est un navire de ligne de premier rang, portant 90 puis 104 canons sur trois-ponts. Il est lancé dans la période de sursaut patriotique qui suit les défaites de la guerre de Sept Ans[2]. C'est aussi l'un des rares trois-ponts construits sous le règne de Louis XV, époque où pour des raisons financières les arsenaux français lancent essentiellement des deux-ponts de 64 à 80 canons. Il est activement engagé dans la guerre d'indépendance américaine. Capturé par les Britanniques à la bataille des Saintes, il coule en 1782 lors d'une tempête.
Construction
[modifier | modifier le code]Construit à Rochefort de 1757 à 1764 d'après les plans de l'ingénieur François-Guillaume Clairain des Lauriers (anobli en remerciement après le lancement), la coque porte d'abord le nom d’Impétueux avant d'être rebaptisée Ville-de-Paris en l'honneur de la municipalité de Paris qui a largement participé au financement de la construction (faute d'argent, le duc de Choiseul, ministre de la Marine, a fait appel aux dons des provinces et des grandes villes[2]).
Le vaisseau est d'abord armé avec 90 canons :
- 30 canons de 36 livres dans la première batterie ;
- 32 canons de 24 livres dans la deuxième batterie ;
- 28 canons de 12 livres dans la troisième batterie.
Poids total d'une bordée : 1 092 livres de boulets de fonte.
S'y rajoutent en 1779 14 canons de 8 livres sur les gaillards, ce qui porte sa puissance à 104 canons et sa bordée à 1 148 livre (unité de masse).
La carrière du vaisseau
[modifier | modifier le code]Ce vaisseau sert pendant la guerre d'Amérique, d'abord lors de la bataille d'Ouessant en 1778 au sein de l'escadre commandée par le comte d'Orvilliers. Le Ville-de-Paris porte lors de cette bataille la marque du chef d'escadre Guichen.
Selon d’Orvilliers, commandant en chef des Français, « a été le vaisseau de l’armée navale qui a essuyé le plus de feu et qui en a le plus rendu ». En 1779, il participe à la campagne franco-espagnole infructueuse dans la Manche.
Il sert ensuite de vaisseau-amiral au comte de Grasse lors de sa campagne en Amérique, notamment à la Chesapeake en 1781 et à celle de Saint-Kitts () ; ils sont tous deux pris aux Saintes le par la flotte britannique commandée par l'amiral Rodney, après avoir épuisé le stock de boulets à bord (la légende veut que Grasse ait fait tirer les derniers coups de canon avec son argenterie en guise de projectiles)[3].
Lors du retour en Angleterre de l'escadre britannique commandée par Graves en , une tempête coule le Ville-de-Paris (ainsi que les vaisseaux de 74 Glorieux, HMS Ramillies et HMS Centaur), lui évitant ainsi d'être intégré à la Royal Navy. Le Ville de Paris fait partie des vingt vaisseaux de ligne perdus par la Marine royale lors de la guerre d’indépendance américaine[4].
Galerie
[modifier | modifier le code]-
En 1781-1782, le Ville-de-Paris est le navire amiral de l'escadre du comte de Grasse pendant la guerre d'indépendance américaine. -
Une peinture américaine contemporaine représentant le Ville-de-Paris à la bataille de la baie de Chesapeake en 1781. -
Le Ville-de-Paris au combat contre le HMS Barfleur lors de la bataille des Saintes qui voit la capture du vaisseau amiral et de Grasse. -
Le Ville-de-Paris sombre à l'automne 1782 dans une tempête alors qu'il est en cours de transfert vers l'Angleterre.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C'est ainsi qu'un 100 canons emporte 1 000 hommes d'équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
- Meyer et Acerra 1994, p. 115.
- ↑ Pierre Bruno Jean de La Monneraye, Souvenirs de 1760 à 1791, p. 187, librairie Honoré Champion, Paris, 1998 (ISBN 978-2-7453-0079-9) (lire en ligne)
- ↑ De 1778 à 1783, dix vaisseaux pris au combat, six vaisseaux détruits ou naufragés, quatre vaisseaux incendiés. Troude 1867, p. 244.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Patrick Villiers, La Marine de Louis XVI française au XVIIIe siècle, Nice, ANCRE, , 480 p. (ISBN 979-10-96873-57-9), notice Ville de Paris page 156-168.
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
- Olivier Chaline, La mer et la France : Quand les Bourbons voulaient dominer les océans, Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l’histoire », , 560 p. (ISBN 978-2-08-133327-7)
- Olivier Chaline (dir.), Philippe Bonichon (dir.) et Charles-Philippe de Vergennes (dir.), Les marines de la Guerre d’Indépendance américaine (1763 – 1783) : L’opérationnel naval, t. 2, Paris, PUPS, , 457 p. (ISBN 979-10-231-0585-8)
- Dominique Droin, L'histoire de Rochefort, Tome 1, La Rochelle, 2006, 449 p.
- Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
- Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 2, Paris, Challamel aîné, , 469 p. (lire en ligne)
- Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur,
- Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, éditions Honoré Champion, (lire en ligne)
- Elie Catherine Fréron, L'année littéraire année M DCC LXIV, tome 7, p. 144, chez Ch. J. Panckoucke libraire, Paris Amsterdam, 1764 (lire en ligne)
- Estampe Vue du Vaisseau, la Ville de Paris lancé au port de Rochefort le , chez Mondhare, Paris (voir)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Lien externe
[modifier | modifier le code]- (fr) Nicolas Mioque, « La Ville de Paris (1764 – 1782) », sur troisponts.wordpress.com.
- Les vaisseaux à trois-ponts français du XVIIIe siècle, , rédigé par Nicolas Mioque sur son blog Trois-Ponts.
Personnalités liées au navire
[modifier | modifier le code]- Augustin-Joseph Carosin, chirurgien-major à son bord lors de sa capture.