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Victoria Rochtchyna

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Victoria Rochtchyna
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 27 ans)
Russie
Nationalité
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Victoria Volodymyrivna Rochtchyna (ou Viktoriia Roshchina, en ukrainien : Вікторія Володимирівна Рощина[1]) née le à Zaporijjia et morte le , est une journaliste ukrainienne qui a rendu compte de l'invasion russe de l'Ukraine et du siège de Marioupol. Elle disparaît en août 2023 et son décès est confirmé en octobre 2024 à la suite d'une grève de la faim, alors qu'elle est détenue en Russie.

Victoria Rochtchyna reçoit le prix Courage in Journalism 2022 de la Fondation internationale des femmes dans les médias.

Jeunesse et famille

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Victoria Rochtchyna naît le à Zaporijjia, dans le Sud de l'Ukraine[2],[3]. Elle a une sœur[4].

Victoria Rochtchyna a travaillé comme journaliste indépendante pour Ukrainska Pravda, Radio Free Europe[5], et Hromadske[6]. Elle a écrit au sujet de la vie dans les zones occupées par la Russie en Ukraine, en particulier la Crimée, et sur le siège de Marioupol[3]. Elle est arrêtée par l'armée russe à Vasilivka en mars 2022, mais réussit à s'échapper après s'être cachée dans un sous-sol pendant la nuit[4].

Début mars 2022, sa voiture est visée par des tirs de chars russes[4],[7]. Elle réussit à s'échapper avec son chauffeur, mais son ordinateur et son appareil photo sont volés[7]. Le 11 mars, Rochtchyna est détenue à Berdiansk par le Service fédéral de sécurité russe pendant dix jours[8],[4]. Pour pouvoir être libérée, elle est forcée d'enregistrer une vidéo dans laquelle elle affirme que les forces russes lui ont sauvé la vie[9]. Elle écrit un article sur son temps en captivité pour Hromadske[4]. La même année, elle a reçoit le prix du courage dans le journalisme décerné par l'International Women's Media Foundation (IWMF)[5],[10]. Elle refuse d'assister à la cérémonie de remise des prix, afin de pouvoir se concentrer sur son travail de reportage[11].

Disparition et décès

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En juillet 2023, Victoria Rochtchyna se rend dans l'est de l'Ukraine occupée par la Russie, probablement pour rendre compte de la crise de la centrale nucléaire de Zaporizhia et de la destruction du barrage de Kakhovka[12]. Pour entrer sur le territoire, elle prévoit de passer par la Pologne et la Russie. Elle dit à sa famille le qu'elle a passé les contrôles aux frontières[8]; c'est la dernière fois qu'ils ont de ses nouvelles[5]. Ils signalent sa disparition le 12 août et déposent officiellement un rapport le 21 septembre[13]. Sa disparition est rendue publique le par sa famille, à travers des reportages dans The Daily Beast et Ukrainska Pravda[8]. Selon Anna Nemtsova, auteure de l'article du Daily Beast et amie de Victoria Rochtchyna, elle a publié cet article « pour faire des ravages » et dans l'espoir que si Rochtchyna était encore en vie, ses ravisseurs « arrêteraient de la torturer »[8].

Vers le , son père Volodymyr Mikhaïlovytch (en ukrainien : Володимир Михайлович) reçoit une lettre datée du du gouvernement russe, confirmant qu'ils détiennent Rochtchyna[5],[12],[14],[15].

L'IWMF qualifie sa détention d'« injuste »[11] et l'Union européenne la qualifie d'« illégale » et « arbitraire »[10]. Svetlana Gannouchkina, militante des droits de l'homme, annonce qu'elle a écrit à Tatiana Moskalkova, alors commissaire aux droits de l'homme en Russie, pour lui demander des nouvelles de Victoria Rochtchyna[4]. Sevgil Musayeva, sa rédactrice en chef à Ukrainska Pravda, et le Syndicat national des journalistes d'Ukraine demandent sa libération immédiate[11].

Petro Iatsenko, du quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre, annonce son décès le [16]. Dans une lettre adressée à sa famille, les responsables russes déclarent qu'elle est décédée le [17]. La cause de son décès reste inconnue[17],[18] mais serait probablement liée à la grève de la faim qu'elle menait. Selon l'agence de presse russe Mediazona, elle était en cours de transfert à Moscou au moment de son décès. Elle aurait été transférée de la prison de Taganrog à celle de Lefortovo[19], ce que confirment les services de renseignements de la défense ukrainienne, qui précisent que Victoria Rochtchyna était inscrite sur une liste d'échange de prisonniers et était détenue dans la ville russe de Taganrog[3],[16]. L'ONG ukrainienne Media Initiative for Human Rights déclare également qu'elle a été détenue dans la colonie pénitentiaire numéro 77 à Berdiansk avant son transfert vers le centre de détention provisoire numéro 2 à Taganrog. Les deux centres sont accusés de torturer des prisonniers[20],[21].

Une co-détenue déclare l'avoir vue encore en vie début septembre 2024, mais qu'elle avait alors « juste la peau sur les os »[19].

L’ouverture d’une enquête sur sa détention et sa mort est demandée par Reporters sans frontières, l’IWMF[22], l’Union européenne[10] et le Comité pour la protection des journalistes[18]. Le 11 octobre, le gouvernement ukrainien annonce qu’il considère sa disparition comme un meurtre et un crime de guerre[20].

Publications

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  • (uk) Victoria Roshchyna, « Тиждень у полоні окупантів. Як я вибралася з рук ФСБ, «кадирівців» і дагестанців », Hromadske,‎ (lire en ligne)

Références

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  1. (uk) « Журналістка Вікторія Рощина померла в російському полоні – Координаційний штаб », Radio Free Europe/Radio Liberty,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. «Полон вбиває»: НСЖУ про смерть української журналістки Вікторії Рощиної - Ukrainian National Union of Journalists
  3. a b et c (en) « Ukrainian journalist dies in Russian detention, officials say », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e et f (en) Anna Nemtsova, « ‘Courage Award’-Winning Ukraine Reporter Goes Missing », The Daily Beast,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a b c et d (en-GB) Agence France-Presse in Kyiv, « Ukrainian reporter died in Russian detention, Kyiv says », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  6. International Women's Media Foundation [@theiwmf] (2024-02-24). "Two Years On: Remembering Victoria Roshchyna" – via Instagram.
  7. a et b (en) Carmela Caruso, « Fears Grow for Ukrainian Journalist Missing Almost 3 Months », Voice of America, (consulté le )
  8. a b c et d (en) Bryan Pietsch, « Ukrainian journalist missing in Russian-occupied territory », The Washington Post,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  9. (en) « Ukrainian journalist released from Russian captivity », The Kyiv Independent, (consulté le )
  10. a b et c (en) « Statement by the Spokesperson on the death of Ukrainian journalist in Russian captivity », sur European External Action Service, Brussels, (consulté le )
  11. a b et c (en) Liam Scott, « As Russia confirms it jailed missing Ukrainian journalist, calls mount for her release », Voice of America, (consulté le )
  12. a et b (ru) « Минобороны РФ впервые признало, что держит в плену украинскую журналистку Викторию Рощину. Она пропала почти год назад » [« For the first time, the Ministry of Defense of the Russian Federation admitted that it was holding Ukrainian journalist Victoria Roshchina in captivity. She disappeared almost a year ago »], «Медуза» (meduza.io),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  13. (en) « Ukraine: RSF concerned about the disappearance of a freelance journalist heading for the occupied territories », Reporters Without Borders, (consulté le )
  14. (uk) « Уперше росія визнала, що тримає у полоні відому українську журналістку Вікторію Рощину », Національна спілка журналістів України (НСЖУ) (nsju.org),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  15. (uk) « Список журналістів, які загинули від початку повномасштабної російської агресії (оновлено) », Національна спілка журналістів України (НСЖУ) (nsju.org),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  16. a et b (en) Nate Ostiller, « Kyiv confirms death of Ukrainian journalist Viktoria Roshchyna held in Russian captivity », The Kyiv Independent, (consulté le )
  17. a et b (en) « Ukrainian journalist Victoria Roshchyna has died in a Russian jail: RSF demands an investigation into the circumstances of her death », Reporters Without Borders, (consulté le )
  18. a et b (en) Constant Méheut, « Ukrainian Journalist Has Died in Russian Captivity, Ukraine Says », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. a et b Stéphane Siohan, « La journaliste ukrainienne Viktoriia Roshchina morte à 27 ans dans les geôles russes », Libération, (consulté le )
  20. a et b (en) Martin Fornusek, « Journalist Roshchyna, who died in Russian captivity, held in 'one of the most brutal detention centers,' NGO says », The Kyiv Independent (consulté le )
  21. (ru) « В российском плену умерла украинская журналистка Виктория Рощина Год назад ее похитили на оккупированной РФ территории Украины — и должны были вернуть домой в результате обмена », «Медуза» (meduza.io),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  22. (en) Cunningham, « Investigation demanded after Ukrainian journalist dies in Russian captivity », UPI (consulté le )