Réfugiés afghans
Les réfugiés afghans forment l'un des plus importants groupes de réfugiés à l'échelle internationale[1]. Le nombre de réfugiés afghans immigrant dans les pays industrialisés a baissé de 80 % entre 2001 et 2004, passant de 54 000 en 2001, année de la chute du régime des talibans due à l'intervention militaire américaine, puis à celle de la Force internationale d'assistance et de sécurité, à moins de 9 000 en 2004[1].
Les réfugiés afghans jusqu'à 2001[2]
[modifier | modifier le code]L'instauration du régime communiste (1978), l'intervention soviétique (1979-1988), puis la guerre civile (1989-2001) et la guerre d'Afghanistan (1996-2001) ont provoqué l'exil de millions d'Afghans (nonobstant les déplacés internes), parfois pris en charge par le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), et quelquefois cantonnés dans une situation d'illégalité. Ainsi, dans les années 1990, plus de 6 millions d'Afghans s'étaient exilés, principalement vers l'Iran et surtout le Pakistan. Début 2001, 2,5 millions d'entre eux se trouvaient dans ces deux pays, répartis dans plusieurs centaines de camps de réfugiés, dont certains construits en dur [3].
Les réfugiés depuis 2001
[modifier | modifier le code]En 2002, plus de deux millions d'Afghans avaient regagné leur pays à la suite de la chute des talibans, représentant le plus grand rapatriement de réfugiés depuis les années 1970 [4].
En 2009, les réfugiés afghans sont dans leur ultra-majorité répartis en Asie centrale : 1,9 million demeurent au Pakistan[5], 935 000 en Iran (en [6]; contre environ deux millions en 2000[7]), d'autres sont en Turquie, etc. En septembre 2008, 250 000 d'entre eux avaient regagné l'Afghanistan, parfois avec l'aide financière du HCR, retours « motivés, selon le HCR, du moins en partie par l’augmentation du coût de la vie dans les pays d’asile. » [5] En revanche, de à , plus de 3 600 Afghans s'étaient exilés au Tadjikistan selon le HCR [8].
12 600 demandes d'asile ont été faites par des Afghans, en 2008, dans des États de l'UE (soit 5 % des demandes totales), avec des taux de réussite variant entre 3 % (Lettonie) et 20 % (Danemark) selon les États [9].
En juillet 2005, à la suite d'une réunion à Évian-les-Bains des ministres de l'Intérieur du G5 (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), un charter a expulsé vers l'Afghanistan 40 déboutés du droit d'asile, mesure qui avait fortement été critiquée par un certain nombre d'associations (Gisti, Anafé, LDH, MRAP, ATMF [10], Amnesty International, Cimade [11], etc[10].), de partis politiques (PCF, Verts, LCR [11]) ainsi que par le commissaire européen aux droits de l'homme, Alvaro Gil-Robles, qui écrivait dans un rapport « sur le respect effectif des droits de l'homme en France » : « Une telle mesure avait pourtant été fortement critiquée par la Commission Nationale de Déontologie et de Sécurité et jugée contraire au droit français par le Conseil d'État. » [12].
Le ministre Éric Besson ordonne en la fermeture du camp improvisé de Calais, sept ans après la fermeture de Sangatte par le ministre de l'Intérieur Sarkozy, qui abritait de nombreux exilés afghans[13].
A partir de juillet 2016, Les autorités pakistanaises, qui n'ont pas signé la convention relative au statut des réfugiés, ont mené une campagne caractérisée par des abus et des menaces afin de forcer, en date de février 2017, près de 600 000 Afghans à quitter le pays depuis selon Human Rights Watch. Parmi les rapatriés figurent 365 000 personnes qui avaient été enregistrées en tant que réfugiés, ce qui signifie qu’il s’agit du rapatriement forcé le plus massif observé dans le monde au cours des dernières années[14].
En décembre 2020, le nombre de réfugiés afghans est estimé à 1,4 million au Pakistan et 780 000 en Iran[15].
Les réfugiés depuis 2021
[modifier | modifier le code]À la suite de la reprise du pouvoir par les Talibans, lors de l'évacuation d'Afghanistan en 2021, plus de 122 000 personnes dont une immense majorité d'afghans sont évacués par un pont aérien international[16]. 600 000 personnes se seraient réfugiées au Pakistan entre août 2021 et 2023[17].
Selon un rapport HRW de mars 2023, environ 2 400 à 2 700 ressortissants afghans ont été arbitrairement détenus par les autorités des ÉAU dans la «Emirates Humanitarian City». Les Émirats arabes unis doivent libérer de toute urgence les personnes détenues arbitrairement et donner accès à des processus équitables et efficaces pour déterminer leur statut et leurs besoins de protection[18],[19].
Le 3 octobre 2023, les autorités pakistanaises donne comme date butoir aux migrants en situation irrégulière - dans l’immense majorité des Afghans - pour quitter d’eux-mêmes le pays, sans quoi ils seraient expulsés, le . Au 15 décembre, environ 60 000 Afghans ont quitté le Pakistan au[20].
Le 26 octobre 2023, le gouvernement du Pakistan annonce l'ouverture de 49 centres de rétention[21] pour 1,7 million d'Afghans qui sont en situation irrégulière. A partir du , ils seront expulsables et n'ont le droit d'emporter avec eux qu'un nombre limité d'effets personnels et une somme maximum équivalant à 178 dollars américains. Ils doivent laisser leur bétail derrière eux. A cette date, environ 1,3 million d'Afghans ont le statut de réfugiés et 880 000 autres ont les papiers nécessaires pour demeurer au Pakistan, selon les Nations unies[22]. Plus de 165 000 ont quitté le Pakistan avant la date de l'ultimatum[23]. Mi-décembre 2023, quelque 15 000 Afghans traversent la frontière chaque jour et on estime que 450 000 d'entre eux sont déjà partis[24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Haut Commissariat aux réfugiés, Returnee Information for Afghan Refugees, 2004 (accès octobre 2009).
- À ce sujet, on consultera utilement un dossier spécial des Nouvelles d'Afghanistan (n°35/36, décembre 1987, 40 p.), ainsi que les nombreux articles consacrés aux problèmes des réfugiés dans cette revue trimestrielle éditée par AFRANE
- (fr) Philippe Philippe Rekacewicz, « Les réfugiés dans le monde », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
- (fr) « Les réfugiés afghans », La Documentation française (consulté le ).
- Appel Global 2009 du HCR, p. 77 et 79.
- (fr) Dina Faramarzi, « Reconstruire une nouvelle vie: les réfugiés afghans en Iran apprennent à subvenir à leurs besoins », sur unhcr.fr, UNHRC, (consulté le ).
- (fr) « Le nombre d'Afghans revenus d'Iran atteindrait un million », sur unhcr.fr, UNHRC, (consulté le ).
- Isabel Gorst, Afghans fleeing Taliban are flooding Tajikistan, Washington Post, 17 décembre 2009
- Eurostat, Demandes d'asile dans l’UE en 2008; Environ 20 000 demandeurs d’asile enregistrés chaque mois dans l’UE27, communiqué de presse du 8 mai 2009
- Gisti, La démagogie des charters. Un renvoi imminent d’exilés Afghans vers Kaboul ?, 24 juillet 2005 (liste des signataires)
- Dominique Simonnot, Tollé contre l'expulsion prochaine vers l'Afghanistan de déboutés du droit d'asile., Libération, 25 juillet 2005
- Rapport de M. Alvaro Gil-Robles, Commissaire aux droits de l'homme, sur le respect effectif des droits de l'homme en France, 15 février 2006 (§262)
- Sophie Caillat, « Si on ferme la « jungle », il faut rouvrir Sangatte », sur Rue89, nouvelobs.com, .
- « Pakistan : Expulsions massives de réfugiés afghans », sur Human Rights Watch, .
- (en) UNHCR - Afghanistan situation
- Gaouette, Jennifer Hansler, Barbara Starr et Oren Liebermann, « The last US military planes have left Afghanistan, marking the end of the United States' longest war », sur CNN, (consulté le ).
- Margot Davier (envoyée spéciale à Karachi), « Au Pakistan, des centaines de milliers d’Afghans dans la crainte d’une expulsion », La Croix, (lire en ligne , consulté le ).
- (en) « UAE: Arbitrarily Detained Afghans Stuck in Limbo », sur Human Rights Watch (consulté le ).
- (en) « Thousands of Afghan refugees detained by UAE authorities », sur The Cradle (consulté le ).
- « Au Pakistan, des milliers d’Afghans dans la crainte d’une expulsion », sur Organisation des Nations Unies, (consulté le ).
- https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/02/le-pakistan-expulse-des-milliers-de-refugies-je-retourne-en-afghanistan-ou-je-n-ai-personne-seul-dieu-pourra-m-aider_6197836_3210.html
- AFP, « "Repartir les mains vides": le retour forcé du Pakistan d'1,7 million d'Afghans », sur Le Point, (consulté le ).
- https://www.lefigaro.fr/flash-actu/plus-de-165-000-migrants-afghans-ont-quitte-le-pakistan-pour-rentrer-dans-leur-pays-en-octobre-20231102
- https://www.cfr.org/in-brief/why-pakistan-deporting-afghan-migrants?
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Chronologie d'une crise (avec nombre de réfugiés afghans depuis 1980) sur le site du Haut commissariat des réfugiés
- Tina Gehrig et Alessandro Monsutti, Territoires, flux et représentations de l’exil afghan : le cas des Hazaras et des Kaboulis, A Contrario, vol. 1 2003/1