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Philippe de Toulouse

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Philippe de Toulouse
Titre
Duchesse consort d'Aquitaine

(24 ans)
Prédécesseur Ermengarde d'Anjou
Successeur Aénor de Châtellerault
Biographie
Dynastie Maison de Toulouse
Date de naissance vers 1073
Date de décès
Lieu de décès Abbaye de Fontevraud
Père Guillaume IV de Toulouse
Mère Emma de Mortain
Conjoint Guillaume IX d'Aquitaine
Enfants Guillaume X
Raymond de Poitiers
Agnès de Poitiers

Philippe (ou Philippie[1], ou Mathilde[2], ou Philippia[3],[1], ou Philippa[4] de Toulouse), en occitan Filipà de Tolosa[5], naît vers 1073[6] et meurt en 1118[7]. Jeune veuve de Sanche-Ramire d'Aragon[8], elle épouse en 1094 le duc d'Aquitaine, Guillaume IX le Troubadour[9]. Elle est la fille de Guillaume IV[10], comte de Toulouse et d’Emma de Mortain.

En 1093 ou 1094, quand le comte de Toulouse meurt au cours d’un pèlerinage en Terre Sainte, son frère Raymond de Saint-Gilles, qui s'intitule lui-même comte de Toulouse dès 1088, évince sa nièce Philippa de la succession. Rien ne justifie pourtant cette prise de pouvoir peu claire. Une prétendue « loi salique toulousaine », excluant les filles de la succession, ne repose que sur une charte qui ne concerne que Moissac (et non l'ensemble du comté). Datée de 1063, cette charte comporte de plus des passages Interpolés[11]. Selon Alfred Richard, le principe de loi salique ne s'appliquant pas en Languedoc[12], Philippie est virtuellement l'héritière du comté de Toulouse, Raymond de Saint Gilles n'en est que le gestionnaire et non l'héritier légitime[8].

Jeune veuve de Sanche-Ramire d'Aragon, qui vient de mourir le 6 juillet 1094 au siège d'Huesca[8], elle épouse peu après Guillaume IX (v. 1070-1126[12],[4]), duc d’Aquitaine, de Gascogne et comte de Poitiers. C'est une union politique. Guillaume d'Aquitaine entend bien faire valoir les droits de Philippa et ajouter à son duché le prospère comté de Toulouse, que le comte de Toulouse a simplement confié à son frère Raymond avant de partir mourir en Terre Sainte[13]. De ce mariage naissent :

En 1098, Raymond de Saint-Gilles, avant de partir en Terre sainte, ose remettre à son fils, Bertrand de Toulouse, non seulement ses terres de Provence mais aussi Toulouse[16], spoliant ainsi Philippa. Guillaume d'Aquitaine, furieux, mobilise une armée et s'empare de Toulouse, qu'il revendique au nom de sa femme[17]. Mais Raymond a peut-être négocié son départ moyennant finance[18]. Un an plus tard, Philippa met au monde son premier fils, le futur Guillaume X d'Aquitaine, à Toulouse[17]. Lorsque Guillaume décide de partir à son tour pour Jérusalem, en 1101, il vend Toulouse (ou la met en gage en viager[19]) à Bertrand[17],[20]. Cependant, dès 1108, Toulouse ne semble plus être sous l'autorité de ce dernier[21]. En 1113, Guillaume s'empare pacifiquement du Toulousain et du Quercy, qu'il remet à Philippa avant de rentrer à Poitiers[7]. Les principaux seigneurs viennent prêter serment d'allégeance à la nouvelle comtesse[22].

En 1114[7], Guillaume le Troubadour rend publique sa liaison avec Amauberge, dite Dangereuse, de l'Isle-Bouchard, épouse d’un de ses vassaux, Aymeric Ier, vicomte de Châtellerault. Philippa qui est demeurée dans son comté, est alors enceinte de son dernier fils, Raymond de Poitiers, qui nait à Toulouse en 1114 ou 1115. Elle trouve peu après refuge au prieuré fontevriste qu'elle a fondé en 1114, à Lespinasse (Haute-Garonne), près de Toulouse. Elle y prend l'habit en compagnie d'une de ses filles, Audéarde, et y meurt le 28 novembre 1117 ou 1118[23],[24],[25]. Guillaume, excommunié par le pape, ne peut pas épouser sa maîtresse pour autant, car celle-ci est toujours mariée. Les droits de Philippe sur le comté de Toulouse ne sont cependant pas oubliés, car sa petite-fille Aliénor, reine de France par son mariage avec Louis VII tente par la suite d'en faire la conquête en 1141. Le second mari d'Aliénor, Henri II Plantagenêt, et leur fils Richard Cœur de Lion tentent également d'annexer le comté de Toulouse.

Bibliographie

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  • Jean-Luc Déjean, Les comtes de Toulouse (1050-1250), Fayard, (réimpr. 1988) [détail des éditions] (ISBN 2-213-02188-0), p. 25-26 et 106-109.
  • Michel Dillange, Guillaume IX d'Aquitaine, La Crèche, Geste éditions, , 189 p. (ISBN 2-84561-059-9).
  • Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, la reine insoumise, Paris, Payot, , 544 p. (ISBN 2-228-89829-5).
  • Jean-Charles Payen, Le prince d'Aquitaine, Essai sur Guillaume IX, son œuvre et son érotique, Paris, Ed. Honoré Champion, coll. « Essais », .
  • Alfred Richard, Histoire des comtes de Poitou, 778-1204, t. 1, Ed. Picard et fils, .


Notes et références

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  1. a et b Richard 1903, note 2, p. 404.
  2. "Il était de mode à partir du Xe siècle de donner de tels surnoms aux jeunes filles". Mathilde était le nom de baptême, Philippia un surnom. (Voir aussi Dangerosa): Christian Settipani, La noblesse du Midi carolingien, études sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IXe au XIe siècle, Oxford, Ed. Linacre College, P&G, , p.274, note 1.
  3. Settipani 2004, p. 274.
  4. a et b Flori 2004.
  5. « Généalogie (occitan) », sur Les voies d'Aliénor (consulté le ).
  6. Richard 1903, p. 404.
  7. a b et c Flori 2004, p. 36.
  8. a b et c Payen 1980, p. 38.
  9. Guillaume IX d’Aquitaine.
  10. Guillaume IV de Toulouse.
  11. Pradalié 2005, p. 13.
  12. a et b Richard 1903, p. 428.
  13. Flori 2004, p. 33.
  14. Charles Cawley sur fmg.ac/projects/MedLands/AQUITAINE.
  15. Jean-Philippe Collet, « Le combat politique des Plantagenêt en Aquitaine: l'exemple des vicomtes de Thouars (1158-1199) », Civilisation médiévale, no 11,‎ , p.142 (lire en ligne).
  16. Payen 1980, p. 40.
  17. a b et c Flori 2004, p. 34.
  18. Dillange 2002, p. 62.
  19. Dillange 2002, p. 67.
  20. Philippe Paquant, « Philippa de Toulouse : un héritage subtilisé par les puissances masculines », Microscoop : Un regard sur les laboratoires en Centre Limousin Poitou-Charentes (CNRS), no 87,‎ , p. 18 (lire en ligne, consulté le ).
  21. Gérard Pradalié, « Les comtes de Toulouse et l’Aquitaine (IXe – XIIe siècles) », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 117, no 249,‎ , p. 5–23 (ISSN 0003-4398, DOI 10.3406/anami.2005.7072, lire en ligne, consulté le ).
  22. Dillange 2002, p. 112.
  23. Ralph V Turner, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Fayard, , 485 p. (ISBN 978-2-213-66286-2), p. 18.
  24. Dillange 2002, p. 116-117.
  25. Jean-Marc Bienvenu, Aliénor d'Aquitaine et Fontevraud, Cahiers de Civilisation Médiévale, 1986, p.15-27, p. 16. sur persee.fr.