Palier N4
Type | |
---|---|
Génération |
II |
Utilisation |
Production d'électricité |
Statut |
Opérationnel |
Propriétaire | |
Opérateur | |
Nombre de réacteurs |
4 |
Concepteur |
Framatome et EDF |
Constructeur |
EDF |
Début des travaux |
Chooz-B1 : janvier 1984 Chooz-B2 : décembre 1985 Civaux-1 : octobre 1988 Civaux-2 : avril 1991 |
Mise en service |
Chooz-B1 : mai 2000 Chooz-B2 : septembre 2000 Civaux-1 : janvier 2002 Civaux-2 : avril 2002 |
Combustible | |
---|---|
Caloporteur | |
Modérateur | |
Neutrons |
thermiques |
Puissance thermique |
4 270 MW |
Puissance électrique |
1 500 MW |
Localisation |
---|
Le palier N4 correspond à un modèle de réacteur nucléaire à eau légère français de 2e génération, développé par Framatome et EDF. Il fait partie de la filière des réacteurs à eau pressurisée (REP).
Sa puissance thermique est de 4 270 MWth et sa puissance électrique nette de 1 500 MWe. C'est le modèle de réacteur nucléaire le plus puissant au monde de 2000 à 2018, jusqu'à la mise en service du premier EPR de la centrale nucléaire de Taishan (d'une puissance de 1 660 MWe).
Depuis , quatre réacteurs N4 sont en service commercial en France pour une puissance cumulée d'environ 5 990 MWe, soit 9% de la puissance totale du parc nucléaire français.
Historique
[modifier | modifier le code]Le palier N4, pour « nouveau 4 boucles » constitue le troisième et dernier palier du parc de réacteur nucléaire français de deuxième génération. Ce palier concrétise la francisation de ces réacteurs, dont plus aucun composant ne dépend de la licence américaine Westinghouse (à la différence des réacteurs des paliers précédents CP0, CPY et P4/P'4)[1].
Le développement de ce palier est plus lent que prévu dû à des difficultés rencontrées dans le développement du contrôle-commande entièrement numérique, ainsi que par le contexte de ralentissement globale du programme nucléaire français[2]. Avec seulement quatre réacteurs construits, il fait suite aux 20 réacteurs de 1 300 MWe du palier P4/P'4, et aux 34 réacteurs de 900 MWe des paliers CP0 et CPY[3].
La Déclaration d'Utilité Publique (DUP) du palier N4 est obtenue en 1979 et l'avant projet est initié en 1982. La Demande d'Autorisation de Création (DAC) du premier réacteur N4 (Chooz-B1) déposée en 1980 est obtenue en ; celui de Chooz-B2 , et ceux de Civaux-1 et 2 en [2].
Comme pour les 58 autres réacteurs nucléaires français de deuxième génération, la chaudière nucléaire est fournie par Framatome et la salle des machines, comprenant le groupe turbo-alternateur, par Alsthom (depuis renommé Alstom)[4].
Amélioration comparativement aux réacteurs de 900 et 1 300 MWe
[modifier | modifier le code]Le palier N4 se différencie des paliers précédents par des améliorations substantielles des performances des générateurs de vapeur et des pompes du circuit primaire, ainsi que par la généralisation de technologies numériques pour le pilotage des réacteurs[1].
L'enceinte de confinement est similaire à celle des REP 1 300 MW avec une double paroi étanche : une interne en béton précontraint et une externe en béton armé[1],[5].
Comme les autres réacteurs nucléaires français, le combustible est fait d'uranium enrichi entre 3 et 5%. Les réacteurs du palier N4 ne sont pas autorisés à utiliser du combustible MOX[6],[7].
Caractéristiques techniques
[modifier | modifier le code]Le cœur du réacteur comporte 205 assemblages combustibles abritant chacun 264 crayons de pastille d'uranium pour un poids total de 110 t. Le combustible est du dioxyde d'uranium (UO2) faiblement enrichi de 3 à 5%. La cuve a une épaisseur de 230 mm, pour une hauteur de 13,65 m et un diamètre de 4,65 m.
Le circuit primaire possède quatre boucles permettant la circulation d'eau légère dans le cœur du réacteur, maintenue à l'état liquide par une pression à 155 bar. Les quatre générateurs de vapeur transmettent la chaleur du circuit primaire au circuit secondaire, et produisent une vapeur à 268,8 °C et 71 bar de pression. La puissance thermique délivré par la chaudière nucléaire est de 4 270 MWth, la puissance électrique brute en sortie d'alternateur est de 1 560 MWe, et la puissance électrique nette est de 1 500 MWe, ce qui confère un rendement d'environ 35 %.
Avant la mise en service de la centrale EPR de Flamanville 3, les centrales du palier N4 étaient les seules en France à avoir un contrôle commande complètement numérique (fourni par Atos WorldGrid), et une salle de commande modernisée[8].
Section | Indicateur | Réacteur N4 |
---|---|---|
Puissance | Puissance électrique nette | 1 450 MW |
Puissance électrique brute | 1 530 MW | |
Puissance thermique nominale | 4 270 MWth | |
Rendement | 35,7 à 35,9% | |
Enceinte de confinement | Type | double paroi |
Enceinte interne | Béton précontraint | |
Peau d'étanchéité | sans | |
Diamètre intérieur | 43,8 mètres | |
Hauteur intérieure au centre | 57,48 mètres | |
Épaisseur de paroi interne | 1,2 mètre | |
Volume intérieur total | 86 000 m3 | |
Enceinte externe | Béton armé | |
Épaisseur de paroi externe | 0,55 mètre | |
Circuit primaire | Pression de fonctionnement | 15,5 MPa |
Température de l'eau à l'entrée de la cuve | 292,2 °C | |
Température de l'eau à la sortie de la cuve | 329,6 °C | |
Nombre de boucles | 4 | |
Volume du circuit primaire (avec pressuriseur) | 406 m3 | |
Cuve | Diamètre intérieur | 4 486 mm |
Hauteur totale | 13,645 mètres | |
Épaisseur de la paroi à hauteur du cœur | 225 mm | |
Matériau acier | 16MND5 | |
Masse totale à vide | 462 tonnes | |
Générateur de vapeur | Nombre | 4 |
Pression vapeur en sortie de GV à pleine charge | 72,8 bars (abs) | |
Température en sortie de GV | 288 °C | |
Débit de vapeur par GV | 2 164 tonnes/h | |
Surface d'échange | 7 308 m2 | |
Hauteur totale | 21,9 mètres | |
Masse totale (sans eau) | 421 tonnes | |
Cœur | Combustible | Pastilles cylindriques d'UO2 |
Hauteur active des crayons | 4 270 mm | |
Diamètre des pastilles | 8,2 mm | |
Diamètre externe des crayons | 9,5 mm | |
Matériaux de gainage des crayons | Zircaloy | |
Nombre de crayons par assemblage | 264 | |
Nombre d'assemblages de combustible dans le cœur | 205 | |
Puissance linéique moyenne à puissance nominale | 179,6 W/cm | |
Contrôle de la réactivité | Nombre de grappes de contrôle | 73 |
Matériau absorbant | grappes hybrides Ag.In.Cd et B4C | |
Pompe primaire | Débit nominal par pompe | 24 500 m3/h |
Puissance à l'accouplement à chaud | 6 600 kW | |
Hauteur manométrique totale | 106 à 109,2 mètres | |
Groupe turboalternateur | Modèle de turbine | Arabelle |
Nombre de corps haute pression | 1 | |
Nombre de corps basse pression | 3 | |
Vitesse de rotation du groupe turboalternateur | 1 500 tr/min |
Centrales nucléaires françaises pourvues de réacteurs N4
[modifier | modifier le code]Quatre réacteurs du palier N4 ont été construits et sont en service en France : deux à la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne, et deux à la centrale nucléaire de Chooz dans les Ardennes. EDF est l'exploitant de ces deux centrales.
L'achèvement du parc des 58 réacteurs nucléaires français dans les années 1990, entraîne une surcapacité des moyens de production d'électricité en France. Ainsi, à des fins de « lissage » des mises en service des réacteurs dans le temps, celles du palier N4 sont volontairement retardées de 4 ou 5 ans par rapport à la première connexion au réseau de chaque réacteur (le délai normal de mise en service étant de quelques mois)[10].
Nom du réacteur | Puissance | Début de construction | 1re divergence | Raccordement au réseau | Mise en service commercial | Source froide | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nette
(MWe) |
Brute
(MWe) |
Thermique
(MWth) | ||||||
Chooz-B1[11] | 1 500 | 1 560 | 4 270 | Fleuve (Meuse) | ||||
Chooz-B2[12] | 1 500 | 1 560 | 4 270 | |||||
Civaux-1[13] | 1 495 | 1 561 | 4 270 | Rivière (Vienne) | ||||
Civaux-2[14] | 1 495 | 1 561 | 4 270 |
En , Chooz-B2 devient le réacteur nucléaire le plus productif en une année avec 12 512,93 GWh produits, ce qui constitue alors le record mondial[15]. Ce résultat est obtenu grâce à un taux de disponibilité annuel de 96,5 % et un facteur de charge de 95 %[15]. Ce record est battu en 2023 par l'EPR de Taishan-2 qui produit 12 884,1 GWh cette année là[16].
Visites décennales
[modifier | modifier le code]Comme pour les 58 autres réacteurs nucléaires français de deuxième génération, les réacteurs N4 sont conçus pour une durée d’exploitation d'au moins 40 ans. Pour atteindre voire dépasser cette durée de fonctionnement, une réévaluation et un réexamen de sûreté ont lieu tous les dix ans lors des visites décennales (VD). En fonction de l'évolution de la réglementation, des progrès technologiques et du retour d'expérience de l'ensemble des installations nucléaires dans le monde, des modifications sont nécessaires, et sont effectuées pour respecter le niveau de sûreté requis. Une fois terminées, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) peut autoriser une poursuite de l'exploitation pour dix années supplémentaires[17].
1ère visite décennale | 2ème visite décennale | |
---|---|---|
Chooz-B1 | au [18] | au [19] |
Chooz-B2 | au [20] | au [21] |
Civaux-1 | au [22] | au [23] |
Civaux-2 | au [24] | au [25] |
Les deuxièmes visites décennales des deux réacteurs de Civaux sont marquées par le découverte d'un phénomène de « corrosion sous contraintes » au niveau de certains circuits (cf paragraphe suivant), entrainant un fort allongement de ces deux VD.
Sûreté
[modifier | modifier le code]Phénomène de « corrosion sous contraintes » de 2021
[modifier | modifier le code]Fin 2021 est détectée lors de la deuxième visite décennale du réacteur de Civaux-1, la présence de microfissures sur des zones de soudures du circuit d’injection de sécurité, dit circuit RIS, permettant, en cas d'incident sur le circuit primaire, l'injection d'eau borée afin d'éviter la fusion du cœur. Ces microfissures sont dues à un phénomène de corrosion sous contraintes (CSC). Ce phénomène de CSC atteint également le circuit de refroidissement du réacteur à l'arrêt, dit circuit RRA. Les quatre réacteurs du palier N4 sont atteints au niveau de leurs circuits RIS et RRA. De même certains réacteurs du palier P'4 sont atteints, mais uniquement au niveau de leur circuit RIS.
Les quatre réacteurs N4 sont rendus indisponibles durant toute l'année 2022, le temps de l'identification du phénomène et du remplacement de toutes les portions de tuyauterie concernées[26],[27]. Cela participe à l'indisponibilité historique du parc nucléaire français en 2022, dans un contexte de crise énergétique européenne et mondiale.
Le le dernier des quatre réacteurs du palier N4 en réparation, Chooz-B1, est reconnecté au réseau national[28].
Références
[modifier | modifier le code]- « UARGA - Le site de retraités et d'anciens du nucléaire », sur www.uarga.org (consulté le )
- Contrôle, la revue de l'autorité de sûreté nucléaire - n°107, Paris, (ISSN 1254-8146, lire en ligne)
- ↑ EDF Document de référence 2005, page 31, EDF, 18 mai 2006
- ↑ Les réacteurs à eau sous pression, EDP Sciences, (ISBN 978-2-7598-2455-7, DOI 10.1051/978-2-7598-2455-7, lire en ligne)
- « Le contrôle de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires (conclusions du rapporteur) », sur Sénat, (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Centrale nucléaire de Civaux », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Centrale nucléaire de Chooz B », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Gaétan Raoul, LeMagIT, « Sur le campus Iseran (Atos), passé, présent et futur du nucléaire cohabitent » (consulté le )
- ↑ Pierre Coppolani, « La chaudière des réacteurs à eau sous pression », sur books.google.fr (consulté le ) p. 13
- ↑ « La construction de l'EPR de Flamanville », sur www.vie-publique.fr (consulté le )
- ↑ « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
- ↑ « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
- ↑ « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
- ↑ « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
- « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
- ↑ Kevin CHAMPEAU, « Nouveau record : voici le réacteur nucléaire le plus productif de l'histoire de l'humanité », (consulté le )
- ↑ Rappels sur la visite décennale des réacteurs nucléaires en France connaissancedesenergies et AFP, 28 juin 2019
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Visite décennale, maintenance et rechargement en combustible du réacteur n° 1 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour visite décennale du réacteur 1 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour première visite décennale du réacteur n°2 de la centrale », sur annual-report.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour visite décennale du réacteur 2 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour visite décennale du réacteur n° 1 », sur annual-report.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour deuxième visite décennale du réacteur 1 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt pour visite décennale du réacteur n° 2 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ Autorité de sûreté nucléaire, « Arrêt non planifié puis pour deuxième visite décennale du réacteur 2 », sur www.asn.fr (consulté le )
- ↑ « Point actualité unités de production Civaux - 02/2023 », sur EDF,
- ↑ Corrosion sous contrainte, retour sur une année inédite, sfen, 24 janvier 2023
- ↑ « Redémarrage de l’unité n°1 de la centrale de Chooz : les deux réacteurs produisent à pleine puissance ! », sur EDF,