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Nosferatu le vampire

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Nosferatu le vampire
Description de l'image Film Nosferatu (van F, SFA008003709.jpg.
Titre original Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
Réalisation Friedrich Wilhelm Murnau
Scénario Henrik Galeen
d'après Bram Stoker
Acteurs principaux
Sociétés de production Prana Film Berlin GmbH
Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre Horreur, fantastique
Durée 94 minutes
Sortie 1922

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens en version originale) est un film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, adapté du roman Dracula, bien qu'il ne fût pas autorisé par les détenteurs des droits d’auteur[1].

Pour cette raison, certains noms et détails ont été changés par rapport au roman. Le comte Dracula devient ainsi le comte Orlock. Le film fit l'objet d'un procès intenté par la veuve de l'écrivain, qui aboutit en 1925 à un jugement exigeant la destruction de toutes les copies illicites. Jugement qui ne fut pas appliqué ; plusieurs copies circulèrent dès les années 1930 aux États-Unis et en France[2]. C'est un des premiers films d'horreur, genre dont Murnau est un des pionniers, et un des grands chefs-d'œuvre du cinéma expressionniste allemand.

En 1838, dans la ville fictive de Wisborg, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlock, qui désire avoir une résidence dans la ville. Après un périple sur une terre d'ombres, le jeune homme est accueilli au sein d’un sinistre château par le comte. Durant la transaction, Orlock aperçoit une miniature d’Ellen, qui le fascine et décide d’acquérir le bâtiment — proche de la maison du couple — qui lui est proposé. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Alors Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant dans son sillage une épidémie de peste. Ellen, bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, laissera le comte faire d’elle sa victime et sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste.

Fiche technique

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Nosferatu le vampire

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution

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Le château d'Orava où a été tourné le film.

Albin Grau est à l'origine du film[8]. Pendant la Première Guerre mondiale, un paysan serbe lui aurait confié une histoire de vampire. En 1921, il fonde avec Enrico Dieckmann, la maison de production Prana Film Berlin GmbH. Les coproducteurs sont tous les deux férus d'occultisme. Ils souhaitent spécialiser leurs productions sur des thèmes liés au fantastique. Nosferatu sera le premier film produit.

Mais réaliser un film en s'inspirant du Dracula de Bram Stoker se heurte aux faibles moyens de Prana Film qui ne s'acquitte pas des droits d'auteur (ce qui conduira Prana Film à la faillite). Albin Grau demande à Henrik Galeen, scénariste du Golem (1920) de rédiger le scénario en modifiant les noms et l'histoire[9]. Albin Grau est aussi graphiste, c'est en réalisant l'affiche de La Marche dans la nuit qu'il rencontre Friedrich Wilhelm Murnau et lui propose la réalisation du film.

Le scénario de Henrik Galeen, adapté du Dracula de Bram Stoker paru en 1897, prend plusieurs libertés par rapport à cette œuvre. Tout d'abord, il y a un changement de lieu puisque l'action se passe dans la ville imaginaire de Wisborg au lieu de Londres. La ville fictive de Wisborg est largement inspirée des villes de Wismar et de Lübeck où les scènes ont été tournées. Les noms des personnages ont été aussi modifiés par rapport au roman : Jonathan Harker devient Thomas Hutter, Mina Murray devient Ellen, Dracula devient le comte Orlock, Renfield devient Knock[10]. Ces modifications ont été motivées par le faible budget dont disposait le film et qui lui interdisait le versement de droits d’auteur. Ensuite, le vampire se présente à Hutter sous la forme d’un loup-garou (ici représenté sous la forme d’une hyène brune), s’inspirant ainsi de L’Invité de Dracula, premier chapitre retiré du roman original et publié sous forme d’une nouvelle quelques années plus tard. Enfin, la lumière du jour peut tuer le vampire (alors que dans le roman, Dracula se promène à Londres, en pleine journée). Néanmoins, la trame narrative est respectée.

Interprétations

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Max Schreck dans le rôle d'Orlock dans une scène du film.

Le rôle du vampire est interprété par Max Schreck, il s'agit alors de son neuvième film après deux ans de carrière cinématographique. Acteur de théâtre issu de la troupe de Max Reinhardt, il tournera à nouveau pour Murnau en 1924 dans les Finances du grand-duc. Acteur à la morphologie particulière, de grande taille et anguleux, il joue de ce physique en adoptant des gestes raides et lents qui accentuent le caractère horrifique du vampire[11]. Il apparaît d'abord sous l'apparence du cocher qui conduit le héros du film au château du comte[12]. L'interprétation du comédien fut tellement marquante qu'elle fut à l'origine d'une légende colportée par l'auteur Ado Kyrou qui faisait de Schreck, dont le nom signifie « peur » en allemand, un authentique vampire[12].

Décors et costumes

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Le coproducteur Albin Grau, à l'origine du projet de film, est aussi décorateur, en réalisant les costumes, les décors, les dessins et le matériel promotionnel, il apporte beaucoup à l'aspect et à l'esprit du film[13]. Pour l'allure du personnage Nosferatu, il s'inspire des tableaux de Hugo Steiner-Prag, illustrateur du roman de Gustav Meyrink Le Golem[9].

Passionné d'occultisme, il imprégna le film de références mystiques et hermétiques. Le souci du détail et de la véracité, allié à ses connaissances occultes le conduit à soigner la lettre de Nosferatu que l'on voit en gros plan seulement quelques secondes[14].

La maison de Hutter à Lübeck.

Le tournage débute en et la plupart des scènes se déroulant dans la ville de Wisborg sont tournées dans les villes de Wismar et de Lübeck. On peut y voir notamment la place du marché de Wismar avec la Wasserkunst et des monuments comme l'église Heiligen-Geist-Kirche ainsi que la Wassertor. C'est au grenier à sel de Lübeck (Salzspeicher), abandonné à l'époque, que furent tournées les scènes où l'on voit la maison achetée par le comte Orlock à Wisborg. D'autres scènes ont été tournées à Lauenburg, Rostock et Sylt.

L'équipe de tournage se déplacera ensuite en Slovaquie, dans les Carpates pour filmer les scènes censées se dérouler en Transylvanie. Le château d'Orava va servir de décor pour le château du comte Orlock. Des lieux situés à proximité du château serviront pour le tournage comme la ville de Dolný Kubín où Hutter fait une halte lors de son voyage, la rivière Váh, où a été tourné le voyage en radeau avec les cercueils. Les Hautes Tatras serviront aussi de décor représentant la Transylvanie[15].


Murnau a recouru à des effets spéciaux, tels le stop-motion (comme lorsque Nosferatu sort du bateau) ou l'utilisation de l’image en négatif (lors du trajet de la calèche, quand Hutter se rend au château du comte). Le film est originellement teinté. Le jaune est employé pour signifier le jour et la lumière artificielle ; le vert/bleu, la nuit ; et le rose pour le lever ou le coucher du soleil[16]. Le film ayant été entièrement tourné de jour, ces couleurs donnent un repère visuel qui complète les indices contextuels (présence de bougies ou de lampes allumées ; indications dans les intertitres).

La partition de Hans Erdmann étant réputée perdue dans son état d'origine, elle est reconstituée par le musicologue berlinois Berndt Heller et interprétée par un orchestre de chambre pour la première fois le au festival de Berlin à l'occasion de la présentation de la copie restaurée sous la supervision de Enno Patalas. La version originale pour orchestre symphonique a, quant à elle, été jouée en au Gasteig de Munich par l'Orchestre symphonique de Munich sous la direction de Heller, en accompagnement d'une nouvelle version teintée[17].

C'est cette partition, complétée des dernières découvertes de la musicologue Gillian B. Anderson à la bibliothèque du Congrès en 1994[18] et interprétée par l'Orchestre symphonique de la radio de Sarrebruck, toujours sous la direction de Berndt Heller, qui accompagne la version restaurée de 2005.

En dehors de la partition de Hans Erdmann, d'autres compositeurs ont proposé une musique originale au film de Murnau :

En 1929, à l'occasion d’une ressortie parisienne du film, invisible depuis 1922, les surréalistes s’y rendent en « grande cérémonie ». Georges Sadoul déclare :

« Pendant quelques semaines, nous nous sommes répété, comme une expression pure de la beauté convulsive, ce sous-titre français : Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre[25]. »

Cette courte phrase est due au traducteur inconnu de la version française, le carton original allemand signifiant moins poétiquement : « Dès qu'Hutter eut franchi le pont, ses craintes, qu'il m'avait confiées, ne tardèrent pas à se matérialiser[26]. ». Ce carton, « le plus célèbre du cinéma mondial[27] », a inspiré de nombreux commentaires[28], notamment sur sa portée prophétique et comme parabole sur le cinéma.

Nosferatu est, selon Jacques Lourcelles,

« l'un des cinq ou six films essentiels de l’histoire du cinéma, et sans doute le film muet capital. […] Film aux multiples aspects, Nosferatu est avant tout un poème métaphysique dans lequel les forces de la mort ont vocation – une vocation inexorable – d’attirer à elles, d’aspirer, d’absorber les forces de vie[29]. »

L’expressionnisme allemand

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Nosferatu est un film typique de l’expressionnisme allemand avec ses nombreuses scènes mémorables comme l’ombre de Nosferatu aperçu sur le mur dans les marches[30]. L’expressionnisme allemand est caractérisé par « la distorsion des objets et des corps, l’expression du visage comme un dérangement, un désordre. »[30] Par exemple, cette distorsion peut être observée dans les yeux grands ouvert d’Ellen, les visages des paysans dans l’auberge où Hutter réside avant d’arriver au château du comte Orlock ainsi que le physique de Nosferatu. Ce physique est unique et facilement reconnaissable avec ses oreilles pointues, ses dents de rat, ses gros sourcils, son long nez et son corps squelettique aux épaules courbées.[31] « De même dans les films expressionnistes, le jeu des acteurs est caractérisé par des gestes abrupts, des rictus du visage, des mouvements décomposés des mains et des doigts recroquevillés.»[30] Le rictus du visage peut être notamment observé chez le personnage de Renfield avec ses nombreuses expressions faciales lorsqu’il lit le message envoyé par le comte Orlock.

La confusion et l’ambiguïté sont deux effets recherchés chez les spectateurs de ce film. Il y a le combat des différents narrateurs de l’histoire qui, chacun, change la direction du déroulement de l’histoire, ce qui a comme résultat de créer de la confusion[32]. Les nombreux «jump-cuts», notamment lors du trajet que Hutter effectue pour se rendre au château ou les sauts d’un personnage à un autre, sont parfois trop compliqués à suivre. Un élément contradictoire de l’histoire est la perception d’Ellen envers Nosferatu. Cette dernière «semble avoir besoin et refuser la sexualité/Nosferatu»[33]. La fin aussi peut être perçue comme ambiguë puisque certains vont l’interpréter avec une vue du courant romantique ou de l’expressionisme. Celle provenant du romantisme voit le sacrifice héroïque d’Ellen, fin typique de ce courant, et la fin de l’existence d’Ellen et d’Orlock[32]. Cependant, ceux ayant une vision expressionniste remarquent l’effondrement du château et se questionnent sur sa signification : «est-ce que la destruction du château signifie la fin de la peste pour Wisburg ou est-ce que la ruine symbolise plutôt la destruction de leur [Hutter et Ellen] mariage?»[32]

L’ombre et les contrastes sont d’autres éléments de mise en scène cruciaux de Nosferatu. L’ombrage de Nosferatu dans les marches est un exemple de ce concept, qui insinue «une force qui peut passer par-dessus et envelopper les objets et les personnes, mais qui ne peut pas être touchée.»[32] Il est aussi possible d’apercevoir un contraste dans les couleurs (noir et blanc) utilisées notamment lors du premier contact entre le comte Orlock et Hutter[34]. Orlock est habillé en noir avec un visage très pâle, tandis que Hutter est habillé en blanc avec un foulard et un collet noir. Un autre contraste, de personnalité cette fois-ci, survient entre Ellen, qui est sceptique et pessimiste, et Hutter, qui est naïf et très optimiste.

Bien que son rattachement à l’expressionnisme allemand soit contesté, Nosferatu le vampire est généralement considéré comme appartenant à ce courant qui « met en scène le mal, qui prend le mal pour objet »[35]. Mais le mal ne se réduit pas seulement au vampire ; il est partout. Ce qui fait dire à Eric Dufour que : « dans Nosferatu, le mal, c’est le château, c’est le bateau, ce sont les rats qui envahissent la ville et la peste qui se répand »[35].

D’après Emmanuel Siety : «[le] vampirisme, tout en s'incarnant dans la figure de Nosferatu, appartient de plein droit à la nature »[36].

L'étranger

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Dans De Caligari à Hitler, Siegfried Kracauer se questionne sur la place de la psychologie nationale de l’entre-deux-guerres sur la cinématographie allemande. Il déclare ainsi que dans un contexte marqué par la défaite de 1918 et d'instabilité institutionnelle, il est révélateur que l’imagination allemande produise tant de tyrans “assoiffés de sang” comme Caligari, Mabuse ou Nosferatu[37].

Marie Mulvey Roberts, s’interroge sur le rapprochement qui peut être fait entre le personnage de Nosferatu et la représentation des juifs véhiculée par l’antisémitisme en Allemagne dans les années 1920. Les juifs étaient dépeints « comme des suceurs de sang porteurs de maladies allant de la peste à la syphilis ». Sur le plan physionomique également, la professeur de littérature anglaise fait le rapprochement : le nez crochu, typique des caricatures antisémites, mais aussi les qualificatifs associés aux rongeurs attribués à Orlock (doigts griffus, dents pointues…). Selon elle, la rencontre entre le vampire et Ellen incarnerait la hantise des relations interraciales[38].

Le désir sexuel

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Dans Nosferatu les avis divergent pourtant sur la symbolique cachée derrière la relation entre Ellen et le comte. Si certains voient dans la morsure une métaphore du viol, d’autres considèrent au contraire qu’Ellen désire également le comte avec qui elle entretient un lien télépathique. Pour Stéphane du Mesnildot, « Il [le vampire] va forcer la société victorienne, il va s’emparer des femmes, il va se faire désirer par ces femmes qui vont lui ouvrir leurs fenêtres la nuit »[39]. Robin Wood observe que de nombre des films du cinéaste relatent l'irruption au sein d'un couple hétérosexuel du mal, matérialisé par le méchant qui incarne pourtant la dimension érotique. Murnau était homosexuel[40], ce qui fait dire à Robin Wood : « Aussi belle que soit l'image idéalisée du mariage, on ne peut échapper au sentiment qu'en reléguant la Femme de la Ville (et avant elle Nosferatu) à la nuit et aux marais, Murnau avilissait ses propres énergies sexuelles, qui étaient écrasées sous le fardeau de l'idéologie sexuelle dominante.»[41]

Dans Dracula de Stoker, Mina, qui est l’équivalent d’Ellen dans Nosferatu, n’a pas un grand rôle dans la fin et agit plutôt en tant que victime[42]. Murnau a changé cette fin en accordant un plus grand rôle à Ellen, qui devient «le seul personnage capable d’intégrer les parties du conscient et de l’inconscient du Soi.»[42] De plus, elle est le seul personnage à savoir tout sur le vampire grâce au livre et aux images de ses rêves, ce qui lui permet de prendre la décision de se sacrifier pour le bien de la société.[42] « Cette fin, cependant, est problématique pour plusieurs critiques puisque Mina [Ellen] ne semble pas bénéficier de la destruction du vampire.»[42] Également, les éléments positifs de son sacrifice sont annulés puisqu’elle ne s'est pas fait séduire par Nosferatu, ce qui peut signifier qu’elle a été violée, et que nous ne savons pas si son sacrifice a bel et bien sauvé la communauté[42].

De l’antisémitisme

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Dracula de Stoker est reconnu pour être antisémite, alors ce n’est pas surprenant que Nosferatu a aussi de ces traits[43]. Il est possible de retrouver plusieurs traits physiques stéréotypés des Juifs chez le comte Orlock, avec « des yeux globuleux, une démarche problématique, et un long nez courbé »[34]. De plus, il est possible de voir l’étoile de David et des écritures en hébreu dans la lettre que lit Knock au début du film[34]. Lors du déplacement en bateau du comte Orlock, on voit ce dernier parmi des cercueils remplis de terre, ce qui peut être lié à une critique souvent faite aux Juifs étant qu’ils veulent garder leurs racines[34]. Également, il apporte avec lui la peste, une épidémie dont les Juifs sont parfois blâmés[34]. Cet antisémitisme semble non intentionnel, pour la raison que la personne ayant écrit le manuscrit de Nosferatu, Henrik Galeen, était Juif, de même que certains acteurs[43]. Cependant, un film comme Nosferatu, avec la signification xénophobe qui est liée au vampire, ne peut qu’aider à renforcer les pensées et stéréotypes préexistants d’une population encore fragile dû à la fin de la guerre précédente[34].

Procès pour plagiat

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Directement adapté du Dracula de Bram Stoker[44], les libertés apportées au scénario ne parvinrent cependant pas à empêcher le procès intenté par Florence Stoker, la veuve de l'auteur, contre Prana Film (entre 1922 et 1925). En , les copies et les négatifs sont détruits. En , alors que la British Film Society demande à Florence Stoker de patronner un festival de cinéma à Londres, celle-ci apprend avec stupeur que Nosferatu fait partie des films programmés. Elle engage par conséquent un nouveau procès destiné à défendre ses droits sur l'œuvre de son défunt mari.

En 1928, Universal Pictures acquiert les droits du roman Dracula et les adaptations cinématographiques. Sur demande de Florence Stoker, la copie est expédiée aux États-Unis par la British Film Society pour y être détruite (1929)[45].

En 1937, après la mort de Florence Stoker, apparaissent des copies cachées (Allemagne, États-Unis, Angleterre). On assiste en 1960 puis en 1972 à une diffusion en salles de ces copies cachées. En 1984, l'œuvre intégrale est restaurée[46],[47].

Restauration

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La version originale teintée de 1 967 m a subi de nombreuses coupes et dégradations dès les années qui ont suivi sa sortie, en raison notamment de la substitution par chaque distributeur des intertitres allemands par des cartons dans la langue de leur pays. Le film a ainsi été principalement exploité dans une version noir et blanc d'environ 1 562 m[48].

Une première restauration a été entreprise en 1981 à l'initiative du Filmmuseum München sous la supervision d'Enno Patalas, à partir de copies partielles noir et blanc, notamment la seconde version française (sortie à Paris le ) détenue par la Cinémathèque suisse et une version sonore non autorisée par Murnau, agrémentée de scènes supplémentaires par le producteur Waldemar Roger (de) et sortie le à Vienne sous le titre Die Zwölfte Stunde (« La Douzième Heure »), conservée par la Cinémathèque française[48]. Les intertitres ont été reconstitués d'après une copie de la Staatliches Filmarchiv (de) de RDA. Cette version de 1 733 m (env. 80 min) a été présentée le à la Cinémathèque française[49].

Une copie teintée à l'aide de filtres, dans l'esprit de la version originale, est projetée pour la première fois au festival de Berlin le , accompagnée par la musique d'Erdmann[49],[17].

En 1985, le spécialiste de Murnau Luciano Berriatúa, de la Filmoteca Española, découvre une copie teintée de la première version française dans les archives de la Cinémathèque française. Dégradée et lacunaire, elle sert néanmoins de modèle à une nouvelle copie teintée conforme aux souhaits de Murnau[48]. Cette version de 1 910 m (env. 92 min) est projetée pour la première fois du 1er au à la salle Carl-Orff du Gasteig de Munich, toujours accompagnée par la musique d'Erdmann[49]. Elle est diffusée pour la première fois à la télévision le sur la ZDF à l'occasion du centenaire de la naissance de Friedrich Wilhelm Murnau mais avec une nouvelle partition de Hans Posegga[17].

En 1994, dans le cadre du « projet Lumière » soutenu par la Communauté européenne, la Cineteca de Bologne entreprend un nouveau travail de restauration sous la supervision de Luciano Berriatúa, à partir d'un négatif de la première version teintée de la Cinémathèque française, complété par deux copies nitrates de première génération, d'un négatif de la seconde version et d'un positif de la version de 1930, une copie positive teintée étant finalement tirée selon le procédé mis au point par Noël Desmet de la Cinémathèque royale de Belgique[48]. Cette version, enrichie d'une trentaine de plans sur les 522 (soit plus de 400 m de pellicule)[48], est présentée en 1995 au festival de Cannes, au festival Il Cinema ritrovato de Bologne et au London Film Festival[17],[48].

En 2005, Transit Film, la Fondation Friedrich Wilhelm Murnau et le Filmarchiv des Bundesarchivs financent la numérisation complète du film confiée au laboratoire L'Immagine Ritrovata de Bologne toujours sous la supervision de Luciano Berriatúa. La base principale de cette ultime restauration est la copie nitrate avec intertitres français de 1922 conservée par la Cinémathèque française, complétée par un contretype de 1939 d'une copie tchèque des années 1920 et de la version de 1930 de la Cinémathèque française. La plupart des intertitres et inserts allemands sont issus d'un contretype de 1962 détenu par le Bundesarchiv/Filmarchiv, les manquants ayant été reconstitués par la société berlinoise Trickwilk dans le respect de la typographie originale[17],[50].

Sorties vidéo

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  •  : Image Entertainment (États-Unis), 80 min (18 i/s), musique de Timothy Howard (orgue), intertitres anglais, copie teintée non originale (transfert du laserdic de 1991)
  •  : Elite Entertainment (États-Unis), 64 min (24 i/s), musique de Peter Schirmann, intertitres anglais, copie noir et blanc
  •  : Image Entertainment (États-Unis), 80 min (18 i/s), musiques de Timothy Howard (orgue)/The Silent Orchestra, intertitres anglais, copie teintée non originale (remasterisation du DVD de 1998)
  •  : Eureka Video (Royaume-Uni), 92 min (18 i/s), musique d'Art Zoyd, intertitres anglais, copies sépia + noir et blanc (restauration de 1981)

Restauration de 1995

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  •  : Film sans frontières (France), 92 min (18 i/s), musique de Galeshka Moravioff, intertitres allemands, copie teintée (restauration de 1995) + 60 min (24 i/s), musique de Galeshka Moravioff, intertitres français, copie noir et blanc (version Atlas années 1950)
  •  : British Film Institute (Royaume-Uni), 92 min (18 i/s), musique de James Bernard, intertitres allemands, copie teintée
  •  : Kino Video (États-Unis), 93 min (18 i/s), musiques d'Art Zoyd/Donald Sosin, intertitres anglais, copie teintée

Restauration de 2005

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  •  : MK2 (France), 94 min (18 i/s), musique d'Hans Erdmann, intertitres allemands, copie teintée
  •  : Eureka Entertainment (Royaume-Uni), 93 min (18 i/s), musique d'Hans Erdmann, intertitres allemands, copie teintée
  •  : Kino Video (États-Unis), 93 min (18 i/s), musique d'Hans Erdmann, intertitres allemands/anglais, copie teintée

Sources[51],[49],[52]

Le personnage dans Nosferatu

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Bien qu'inspiré d'un autre personnage, en l'occurrence le comte Dracula du roman Dracula de Bram Stoker, le comte Orlock a marqué les mémoires au point de devenir lui-même une icône du cinéma. C'est ainsi que de nombreux hommages lui ont été rendus, à commencer par le film Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog.

Remakes et influences

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Notes et références

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  1. (en) « Nosferatu le vampire », sur IMDb.
  2. Jean Pierre Piton, « L'éternel retour de Dracula », L'Écran Fantastique no 130 janvier 1993 p. 21.
  3. (en) « Company Credits », sur IMDb.
  4. À la vitesse originale de 18-20 images par seconde. Certaines versions en 24 i/s, comme la copie française en noir et blanc des années 1950 éditée par Films sans frontières en 1999, n'excèdent pas les 60 min.
  5. (en) « Release dates », sur IMDb.
  6. Le Matin, 27 octobre 1922, p. 4, col. 3, sur Gallica
  7. « En voulez-vous de l'épouvante ? » La Presse, 29 octobre 1922, p. 1, sur Gallica
  8. Michel Bouvier et Jean-Louis Leutrat, Nosferatu, Paris, Les Cahiers du cinéma, Gallimard, .
  9. a et b « Fiche du ciné club de Caen sur le film », sur cineclubdecaen.com (consulté le ).
  10. La version française reprend la plupart des noms du roman de Stoker, Orlock redevient Dracula… Mais Wisborg devient Brème et non Londres. « Fiche de la Cinémathèque de Caen ».
  11. Palma et Vezyroglou 2020, p. 140.
  12. a et b Palma et Vezyroglou 2020, p. 143.
  13. « Biographie de la Cinémathèque française ».
  14. Sylvain Exertier, « La lettre oubliée de Nosferatu », Positif, no 228,‎ , p. 47 à 51.
  15. (en) Martin Votruba, « Nosferatu (1922), Slovak Locations. » Slovak Studies Program, University of Pittsburgh.
  16. « Le cycle des couleurs dans Nosferatu ».
  17. a b c d et e (de) Jens Geutebrück, Grabstein für Max Schreck : Nosferatu.
  18. Nosferatu, eine Symphonie des Grauens sur cinemusic.de.
  19. (de) Clemens Ruthner, « Vampirische Schattenspiele: F.W. Murnaus Nosferatu » in Stefan Keppler et Michael Will, Der Vampirfilm: Klassiker des Genres in Einzelinterpretationen, Könighausen & Neumann, Würzburg, 2006, p. 29-54.
  20. Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (BO) sur le site du label discographique Hi-Hat Records
  21. Utilisée pour l'édition DVD Films sans frontières sortie en 1999. Cf. Site officiel de Galeshka Moravioff.
  22. « Nosferatu en création française » sur classiquenews.com, 3 février 2008.
  23. Entretien avec James Bernard, Soundtrack Magazine no 58, 1996.
  24. (de) « NOSFERATU by Christopher Young – Die Europäische FilmPhilharmonie » (consulté le )
  25. Agnès Angliviel de la Beaumelle, Yves Tanguy, catalogue de l'exposition du Musée national d'art moderne au Centre Georges-Pompidou, du 17 juin au 27 septembre 1982, éd. du C. G. P., Paris, 1982, p. 196.
  26. « Photogrammes français-allemands, site de la cinémathèque de Caen » (consulté le ).
  27. « Commentaires de Jean-Max Méjean sur l'exposition « Le cinéma expressionniste allemand. Splendeurs d'une collection » », sur Cinémathèque française, 2006-2007 (consulté le ).
  28. Manon Montier, « L'ange du bizarre au Musée d'Orsay », sur Theoria, (consulté le ).
  29. Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, Éditions Robert Laffont, , ?.
  30. a b et c Marie-Bénédicte Vincent, « L'univers du cinéma expressionniste allemand », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 94,‎ , p. 256–259 (ISSN 0294-1759, lire en ligne, consulté le )
  31. « Nosferatu: The monster who still terrifies, 100 years on », sur www.bbc.com (consulté le )
  32. a b c et d (en) Lokke Heiss, « Nosferatu and Its Relationship to German Expressionist Film », dans The Palgrave Handbook of the Vampire, Springer International Publishing, , 1–20 p. (ISBN 978-3-030-82301-6, DOI 10.1007/978-3-030-82301-6_100-2#doi, lire en ligne)
  33. Janet Bergstrom, « Sexuality at a Loss: The Films of F.W. Murnau », Poetics Today, vol. 6, nos 1/2,‎ , p. 185–203 (ISSN 0333-5372, DOI 10.2307/1772129, lire en ligne, consulté le )
  34. a b c d e et f (en) Hogan, Patrick Colm., « Narrative Universals, Nationalism, and Sacrificial Terror: From Nosferatu to Nazism », Film Studies, vol. 8,‎ , p. 93-105 (lire en ligne Accès limité)
  35. a et b Éric Dufour dans Le mal dans le cinéma allemand (2014),Chapitre 1. Le cinéma expressionniste (l’Allemagne de Weimar 1)
  36. Emmanuel Siety, «Quel “isme” pour Murnau?», in Jacques Aumont et Bernard Benoliel (dir.), Le cinéma expressionniste. De Caligari à Tim Burton, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 111.
  37. Siegfried Kracauer, «Les petites vendeuses vont au cinéma» [1929], in L'Ornement de la masse, Essais sur la modernité weimarienne, La Découverte, 2008.
  38. Marie Mulvey-Roberts, « Nazis, Jews and Nosferatu » p. 129–178 in Dangerous bodies: Historicising the gothic corporeal chapitre 4, 2016 Manchester University Press
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Bibliographie

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  • Louis Audibert, « Dossier. Le pont traversé », Cinématographe, no 23,‎
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  • André Combes, « Un cliché et sa destruction : le Nosferatu de Murnau », Germanica « Marges du fantastique », no 3,‎ , p. 9-29 (ISSN 0984-2632, e-ISSN 2107-0784, lire en ligne)
  • Lotte H. Eisner, « L'énigme des deux Nosferatu », Cahiers du Cinéma, no 79,‎ , p. 22-24
  • Lotte H. Eisner, F. W. Murnau, le Terrain vague, 1964 ; rééd. Ramsay, 1987
  • Thierry Lefebvre, « Les métamorphoses de Nosferatu », 1895. Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, no 29,‎ , p. 61-77 (lire en ligne).
  • (en) Cristina Massaccesi, Nosferatu : A Symphony of Horror, Auteur Publishing, coll. « Devil's Advocates », , 120 p. (ISBN 978-0-9932384-5-1, présentation en ligne)
  • Paola Palma et Dimitri Vezyroglou, Nosferatu le vampire, Neuilly-sur-Seine, Atlande, coll. « Clefs concours, Cinéma », , 200 p. (ISBN 978-2-35030-689-6)
  • (de) Enno Patalas, « Unterwegs zu Nosferatu, Brief an Lotte H. Eisner », Film-Korrespondenz nos 5-6, , p. 20-24
  • (en) Enno Patalas, « On the Way to Nosferatu », Film History, vol. 14, no 1,‎ , p. 25-31 (lire en ligne)
  • (en) David Skal, Hollywood Gothic : The Tangled Web of Dracula from Novel to Stage to Screen, New York, Faber & Faber, , 2e éd. (1re éd. 1990, W. W. Norton), 370 p. (ISBN 0-571-21158-5)

Articles connexes

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Liens externes

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