Niobé fille de Phoronée
Dans la mythologie grecque, Niobé (en grec ancien Νιόβη / Nióbē) est la fille de Phoronée et la première mortelle qui s'unit avec Zeus selon les légendes argiennes.
Étymologie
[modifier | modifier le code]L'étymologie du nom Νιόβη / Nióbē est incertaine et connait de nombreuses interprétations.
Au début du XXe siècle, Bruno Sauer (de) rapporte plusieurs hypothèses. La première propose une dérivation de la racine indo-européenne « *snu- » (« neiger ») qui signifierait « reine des neiges ». La deuxième se rapproche de « νείη / neíē », « rajeunie ». La troisième serait une hypocoristique des noms « Νεοβαία / Neobaía » ou « Νεοβούλη / Neoboúlē »[1],[2].
Une hypothèse rejetée est d'y voir un nom d'origine pélasge, composé de « *ni- » (« vers le bas ») et de « *ubh- » (« accroupi »), qui signifierait « celle qui est accroupie », en lien avec le mythe de Niobé la fille de Tantale, changée en pierre dans cette position[2]. Cependant, la terminaison en « -βη / -bē » pourrait indiquer une origine non grecque, d'Asie Mineure[2].
Mythe
[modifier | modifier le code]Niobé est un personnage propre aux légendes d'Argos, liées à Phoronée, notamment rapportées par Acousilaos[3], cité par le Pseudo-Apollodore[4]. Elle se distingue ainsi de la Niobé de Thèbes, fille de Tantale et ennemi de Léto[5].
Niobé est, dans la plupart des versions du mythe, la fille de Phoronée[3]. Sa mère est, pour Acousilaos, la nymphe Télédicé (en). Une scholie à l'Oreste d'Euripide lui donne pour mère Péitho[6]. Pausanias cite quant à lui Cerdo (en), qui correspond sans doute à la Cinna (en) mal orthographiée par Hygin[6] dans un passage contenant de nombreuses lacunes[7]. Pour Eusèbe de Césarée, Niobé n'est pas la fille mais la mère de Phoronée avec Inachos[6]. Elle a pour frère Apis (en)[6], qu'Eusèbe désigne comme son fils[6].
Elle est la première mortelle à laquelle s'unit Zeus[3],[4]. Avec lui, elle donne naissance à Argos et Pélasgos, héros fondateurs à Argos[3],[4].
Niobé est peut-être la fille de Phoronée à qui Strabon, qui cite un passage perdu d'Hésiode, attribue cinq filles d'Hécatéros[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Sauer 1902, col. 391.
- (it) Ezio Pellizer et al., « Dizionario Etimologico della Mitologia Greca » [archive du ] [PDF], sur demgol.units.it, p. 261-262.
- Sauer 1902, col. 376.
- Hopman 2004, p. 460.
- ↑ Hopman 2004, p. 460-461.
- Sauer 1902, col. 377.
- ↑ (fr + la) Hygin (trad. Jean-Yves Boriaud), Fables, Paris, Les Belles Lettres, coll. « C.U.F / Série latine », , 230 p. (ISBN 978-2-251-01403-6), p. 109, n. CXLV-1.
- ↑ Sauer 1902, col. 376-377, n. **.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Sources antiques
[modifier | modifier le code]- Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 1, 1).
- Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 11).
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 14).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CXLV).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 21–22).
- Platon, Timée [détail des éditions] [lire en ligne] (22a).
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (X, 3, 19).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Dictionnaires et encyclopédies
[modifier | modifier le code]- (en) Robert E. Bell, Women of Classical Mythology: A Biographical Dictionary, Santa Barbara, ABC-Clio, , 462 p. (ISBN 9781280713897, lire en ligne), « Niobe (1) », p. 324.
- (en) Jennifer R. March, Dictionary of Classical Mythology, Londres, Cassell, , 416 p. (ISBN 0-304-34626-8, lire en ligne), « Niobe (1) », p. 271-272.
- (de) Bruno Sauer, « Niobe und die Niobiden (argivische Sage) », dans Wilhelm Heinrich Roscher, Ausführliches Lexikon der griechischen und römischen Mythologie, vol. III-1, Leipzig, Teubner-Verlag, (lire sur Wikisource), col. 376-378.
Études
[modifier | modifier le code]- Marianne Hopman, « Une déesse en pleurs : Niobé et la sémantique du mot θεός chez Sophocle », Revue des études grecques, vol. 117, , p. 447-467 (lire en ligne, consulté le ).