Mathilde Carly de Svazzema
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Mathilde Élise Angèle Carly de Svazzema, née le à Orléans, est une épistolière et aventurière française. Elle entretient notamment une relation platonique et à distance avec Gustave Courbet.
Biographie
[modifier | modifier le code]Née à Orléans le 21 octobre 1839[1], Mathilde Élise Angèle Carly de Svazzema est la fille de Marie Fillion et de Montaigne Carly de Svazzema (1793-1849), militaire, chevalier de la Légion d'honneur, devenu employé supérieur des contributions indirectes à Orléans, puis muté à Valognes, directeur des contributions indirectes de la Vienne[2]. Elle a deux frères et trois sœurs. Son frère aîné, Oscar-Charles-Henri, officier de marine[3], obtient la légion d'honneur en 1855, il démissionne de la marine en 1860 et décède en 1869 à La Havane (Cuba). Une de ses sœurs, Léonide Élisabeth Pauline, est l'épouse de Charles Le Blanc (1817-1865), puis de Pierre Antoine Lutz mort en Nouvelle Calédonie, et enfin, en 1878, de l'architecte Léon de Sanges[4].
Mathilde se marie à Paris en 1859 avec le négociant parisien William Gronninge[5]. Elle ne semble plus vivre avec lui en 1872[réf. nécessaire] (elle est dite « épouse Gronninge » lors de son procès quinze ans plus tard).
Mathilde se dit l'amie de Gambetta et de Dumas fils[6].
Correspondante avec Gustave Courbet
[modifier | modifier le code]De novembre 1872 à mai 1873, elle entretient avec Gustave Courbet, une relation épistolaire amoureuse et érotique[7]. Les deux amants virtuels ne se sont jamais rencontrés. Le peintre de L'Origine du monde emploie des mots et des images très crues auxquelles Mathilde répond sans pudeur, pour lui plaire. Elle est chargée de vendre un tableau à Paris mais ne paye jamais l'artiste [8].
Courbet, acculé de dettes et poursuivi pour la chute de la colonne Vendôme, s'est réfugié à Ornans. Désireuse de le rencontrer et conviée à lui rendre ses lettres en vue d'une publication, elle vient à Besançon. Mathilde souhaite être payée pour cette édition et a gardé dix lettres de Courbet. Son assistant, Cherubino Patà, poursuit Mathilde pour récupérer les lettres compromettantes. Fin juillet, alors que Courbet s'est enfui en Suisse, Mathilde, considérée comme une « rouleuse d'homme » est arrêtée et emprisonnée 27 jours à Besançon [9].
Elle écrit encore quelques lettres à l'artiste en 1874 et 1875. Une partie de cette correspondance est exposée et révélée au moment de l'exposition « André Masson, les yeux les plus secrets » qui s'est tenue au musée Courbet à Ornans en 1991, exposition durant laquelle est présentée pour la première fois au public européen L'Origine du monde avec son cache par André Masson[10]. Le catalogue de cette exposition reproduit les lettres de Mathilde détenues dans les collections de l'Institut Gustave Courbet [11]dans une séquence appelée le roman de Mathilde. Les autres lettres disparaissent. Fin 2023, 25 lettres de Courbet et 90 lettres de Mathilde sont découvertes à la bibliothèque municipale de Besançon, elles y ont été déposées vers 1905[12]. Elles pouvaient être inventoriées, mais n'étaient pas communicables, elles ont été oubliées[13].
Autres affaires
[modifier | modifier le code]Mathilde est arrêtée à Paris pour proxénétisme et commerce illégal d'objets d'art en 1875 et 1877[14].
Le 3 mai 1886, à Troyes, elle passe en jugement devant la cour d'assises de l'Aube, aux côtés d'un complice nommé Corlieu, pour faux et usage de faux dans le cadre d'une escroquerie : elle est acquittée. Le photographe Gustave Lancelot est une de ses victimes[15],[16].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives départementales du Loiret Acte de naissance no 1160 dressé le 22/10/1839, vue 431 / 568
- « Acte de décès de Montaigne Carly, 1849 » , sur Archives de la Vienne (consulté le )
- France Ministère de la marine et des colonies Auteur du texte, « État général de la marine », sur Gallica, (consulté le )
- Acte de mariage no 6, 5 janvier 1878, Paris 8e, Archives de Paris.
- « Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire », sur Gallica, (consulté le )
- Martin Saussard, « Gustave Courbet : des lettres cachées, un intrigant trésor révélé », sur Doubs : toute l'info locale - Hebdo25, (consulté le )
- « Des lettres érotiques inédites du peintre Gustave Courbet retrouvées par hasard à la bibliothèque de Besançon - France Bleu », sur ici par France Bleu et France 3, (consulté le )
- « De torrides lettres érotiques de Gustave Courbet », sur Beaux-Arts Magazine (consulté le )
- « Arrestation à Besançon 25 juillet 1873 • Le Bien Public » (consulté le )
- sur le site de l'Institut Courbet
- André Masson chez Courbet, Les yeux les plus secrets, catalogue d'exposition, Musée Gustave Courbet à Ornans sous la direction de Jean-Jacques Fernier, du 8 juin au 6 octobre 1991
- « Des lettres érotiques de Gustave Courbet refont surface dans un grenier de Besançon • macommune.info », sur www.macommune.info (consulté le )
- Des lettres inédites, dans l'Est Républicain
- « Gazette des tribunaux : journal de jurisprudence et des débats judiciaires », sur Gallica, (consulté le )
- L'Écho, Bar sur Aube, 9 mai 1886, p. 3.
- Action libérale populaire (France) Auteur du texte, « Le Petit Champenois : journal républicain quotidien de Reims, de la Marne, de la Haute-Marne et de l'Aisne », sur Gallica, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles Léger, Courbet et ses amis, Mercure de France, 1928.
- « Le roman de Mathilde, correspondance avec Courbet en 1873 », in: Les Yeux les plus secrets : André Masson chez Gustave Courbet, catalogue d'exposition, Ornans, 1991.
- Courbet en privé. Correspondance de Gustave Courbet dans les collections de l'Institut Gustave Courbet, préface de Petra Ten Dopesschate Chu, Association des amis de Courbet et du Musée, 2019, (ISBN 9782847511666).