Lettres d'Hippocrate
Lettres d'Hippocrate, également intitulées Lettres d'Hippocrate aux Abéritains, est l'œuvre du Pseudo-Hippocrate, un imposteur anonyme. Ces Lettres forment un recueil d'épîtres rédigées pendant la période romaine antique, faussement attribuées à Hippocrate de Cos.
De forme romanesque en cela qu'elles relèvent de la pure fiction, Yves Hersant va jusqu'à reprocher à l'auteur son emploi pompeux d'archaïsmes, et rejoint en cela la prudence et les doutes de Joseph Scaliger ou encore Émile Littré, entre autres spécialistes[1].
Résumé
[modifier | modifier le code]La Boulè[2] et le peuple d'Abdère écrivent au médecin Hippocrate afin de guérir leur philosophe Démocrite de la folie qui semble s'être emparée de lui.
Réalités historiques
[modifier | modifier le code]Il semble que seuls les prénoms mentionnés soient des gens qui ont marqué l'histoire : Cratevas, Hippocrate, Philopœmen, Damagète[3] ; aucun de ces homonymes n'est cité avec authenticité, et il ne s'agit à aucun moment d'un personnage qui a marqué l'histoire. De nombreuses allusions au Problème XXX de Aristote[4], aux dialogues de Platon, et aux commentaires de Proclus[5] et aux écrits de Démocrite se retrouvent dans les lettres. Proclus considère l'ouvrage « comme rassemblant les éléments d'une enquête relative aux gens que l'on a cru morts et qui ont ressuscité »[5].
Notes
[modifier | modifier le code]- M. Hersant soutient toutefois qu'il faut lire l'ouvrage comme un des textes fondateurs de la réflexion occidentale sur l'ambiguïté de la folie.
- équivalent du Sénat romain
- en grec ancien Δαμάγητος, poète du IIIe siècle av. J.-C.
- Cf. Aristote, Problème, XXX, I (partiellement en ligne ; éd. en grec et trad. latine). Cet ouvrage, partiellement rédigé par Aristote, a été élaboré par l'École péripatéticienne puis compilé au Moyen Âge.
- Commentaires sur la République, Livre II, 113, 6
Éditions
[modifier | modifier le code]- Une traduction de 1632, illustrée, établie et traduite par Jacques Bompaire
- Christoph Martin Wieland, Histoire des Abdéritains, 1774
- Yves Hersant Sur le Rire et la Folie, Rivages, 1989, qui ne reprend que les lettres de X à XVII, et dans laquelle manquent la lettre XXI, qui traite de l'elléborisme en montrant Hippocrate comme un spécialiste de l'utilisation de la plante. Il y manque également la lettre qui traite de la manie : le terme manìa (μανία) doit y être entendu en tant que folie au sens général à chaque occurrence.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Wesley D. Smith, Hippocrates. Pseudepigraphic Writings. Lettres – Embassy – Speech from Altar-Decree, Leiden, Brill, , 131 p. (lire en ligne)
- Arnaud Zucker, Le Philogélôs, Éditions Mille et une nuits, 2010, p. 88 et 92.
- Laurent Ayache, « Le cas de Démocrite : du diagnostic médical à l’évaluation philosophique », in R. Wittern et P. Pellegrin (eds) Hippokratische Medizin und antike Philosophie, Zürich-New-York, 1996.