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Les Fourberies de Scapin

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Les Fourberies de Scapin
Frontispice de la première édition de 1671.
Frontispice de la première édition de 1671.

Auteur Molière
Genre Comédie
Nb. d'actes Trois actes en prose
Lieu de parution Paris
Date de création en français
Lieu de création en français Paris
Compagnie théâtrale Théâtre du Palais Royal
Metteur en scène Molière
Frontispice de l'édition de 1682.

Les Fourberies de Scapin est une comédie de Molière en trois actes (comportant respectivement cinq, huit, et treize scènes) et en prose, créée au théâtre du Palais-Royal à Paris le .

Cette comédie de Molière est fortement empreinte de comédie italienne. À sa création, le spectacle n'obtient pas un grand succès public. Nicolas Boileau lui reproche son côté populaire et Fénelon l'exagération des caractères. Elle est au cours des siècles suivants devenue l'une des pièces les plus jouées du répertoire théâtral français. Son intrigue est en partie inspirée du Phormion de Térence[1].

Genèse

Au moment de la création de la pièce, le théâtre du Palais-Royal était en pleine rénovation. Afin de poursuivre l'activité théâtrale dans cet espace aux dimensions vraisemblablement réduites, Molière écrivit, rapidement semble-t-il, une pièce qui pouvait être montée facilement et qui ne nécessitait qu'un décor sommaire[2]. Bien que reprenant leur intrigue du Phormion de Térence, Les Fourberies de Scapin sont plus proches de l'esprit de la commedia dell'arte que de la « grande comédie » dont l'auteur latin passait pour le modèle, ce que Boileau devait reprocher à la pièce dans son Art poétique en 1674[3].

Création

Les Fourberies de Scapin furent représentées pour la première fois le au théâtre du Palais-Royal, où la pièce n'obtint qu'un succès limité (la recette de la soirée s'éleva à 545 livres, ce qui était une somme assez maigre pour une première.) Les représentations s'espacèrent rapidement et Molière n'interpréta, jusqu'à sa mort en , que dix-huit fois le rôle de Scapin[4].

Reprise par ses anciens compagnons de scène après la mort du dramaturge, la pièce obtint en revanche un immense succès, et fut représentée 197 fois entre 1677 et la mort de Louis XIV en 1715. Elle est par la suite devenue l'une des pièces les plus jouées du répertoire théâtral français[2].

Personnages

Personnages des Fourberies de Scapin
Personnage Lien avec les autres personnages
Scapin (personnage venant de la commedia dell'arte, dont le nom italien est Scappino) Valet de Léandre, fourbe
Silvestre Valet d'Octave
Octave Fils d'Argante et amant de Hyacinte.
Léandre (personnage utilisé dans de nombreuses pièces de Molière notamment le Médecin malgré lui) Fils de Géronte et amant de Zerbinette
Hyacinte Fille de Géronte et amante d'Octave
Zerbinette Une Égyptienne, reconnue fille d'Argante et amante de Léandre
Argante Père d'Octave et de Zerbinette
Géronte Père de Léandre et de Hyacinte
Nérine Nourrice de Hyacinte
Carle Fourbe
Deux porteurs

Résumé

En l’absence de leurs pères partis en voyage, Octave, fils d’Argante, s'est épris de Hyacinte, jeune fille pauvre et de naissance inconnue qu’il vient d’épouser, tandis que Léandre, fils de Géronte, est tombé amoureux d'une « jeune Égyptienne », Zerbinette, de passage dans sa troupe .

Argante, père d'Octave, revient en ville pour le marier. Il ne sait pas que son fils s'est marié pendant son absence. Octave, très inquiet de la réaction paternelle à l’annonce de son union et, de plus, fort à court d’argent, implore l'aide de Scapin, valet de Léandre. Mais cet « habile ouvrier de ressorts et d’intrigues » ne parvient pourtant pas à faire fléchir le vieillard.

Argante répète à Géronte une nouvelle qu’il tient d’une indiscrétion de Scapin : Léandre a commis une grave erreur. Aussi le jeune homme, fort mal accueilli par son père, tance-t-il vertement le valet pour sa trahison. Mais il quitte bientôt son ressentiment pour le supplier de lui venir en aide : il lui faut payer une rançon pour Zerbinette s’il ne veut pas la voir enlevée par les Égyptiens.

Par de hardis stratagèmes, l’inventif Scapin ne tarde pas à extorquer la somme aux deux vieillards. Mais Scapin entend encore se venger de Géronte qui l’a desservi auprès de Léandre. Aussi lui fait-il croire qu’un prétendu frère de Hyacinte est à sa poursuite, résolu à lui ôter la vie pour le punir de vouloir faire rompre le mariage. Afin de le soustraire à ce danger, Scapin cache sa victime dans un sac, et lui donne de violents coups, tout en feignant de le protéger des spadassins qui sont à sa recherche.

La fourberie de Scapin est éventée, et Géronte lui ferait payer cher sa fourberie, si par une diversion opportune une double reconnaissance ne révélait en Hyacinte la fille de Géronte, et en Zerbinette celle enlevée à Argante. Scapin, qui feint d'être à l'agonie par suite d’un accident, demande et obtient le pardon des vieillards.

Crispin et Scapin
peinture d'Honoré Daumier, XIXe siècle.

Acte I

  • Scène 1 : Octave, qui s'est marié sans le consentement de son père, apprend par Silvestre que ce dernier est de retour et veut le marier à la fille de Géronte.
  • Scène 2 : Octave raconte à Scapin qu'en l'absence de son père, il s'est marié à Hyacinte, et que son ami Léandre, fils de Géronte, est tombé amoureux d'une jeune Égyptienne, Zerbinette.
  • Scène 3 : Hyacinte et Octave implorent Scapin de leur venir en aide. Scapin accepte.
  • Scène 4 : Seul face à Argante, Scapin défend la cause d'Octave. Mais Argante reste déterminé à annuler le mariage.
  • Scène 5 : Scapin expose à Silvestre son plan. Silvestre devra se déguiser en « spadassin ».

Acte II

  • Scène 1 : Géronte apprend d'Argante que son propre fils, Léandre, s'est mal conduit.
  • Scène 2 : Géronte rencontre son fils Léandre qui se défend maladroitement.
  • Scène 3 : Léandre insistant pour qu'il avoue son crime, Scapin avoue trois fourberies, mais se déclare innocent de ce dont on l'accuse.
  • Scène 4 : Carle annonce à Léandre qu'il doit verser une rançon pour ne pas perdre Zerbinette, enlevée par des Égyptiens. Désespéré, Léandre implore alors l'aide de Scapin.
  • Scène 5 : Scapin commence par Argante. Il invente un frère à Hyacinte, spadassin, qui n'accepterait de voir le mariage de sa sœur annulé que si on lui offre deux cents pistoles. Argante refuse.
  • Scène 6 : Arrive le spadassin en personne - Silvestre déguisé. Argante donne les deux cents pistoles.
  • Scène 7 : Scapin s'attaque alors à Géronte. Il lui raconte que son fils vient d'être enlevé par des Turcs, qui ne le restitueront que contre une rançon de cinq cents écus. Géronte finit par céder.
  • Scène 8 : Scapin retrouve Octave et Léandre et leur annonce qu'il a accompli sa mission.

Acte III

  • Scène 1 : Zerbinette et Hyacinte discutent sur la condition des femmes, mais Scapin se sépare du groupe pour aller goûter le plaisir de sa vengeance.
  • Scène 2 : Scapin suggère à Géronte d'échapper à la fureur du spadassin en se cachant dans un sac. Le valet roue de coups son maître, mais, celui-ci découvrant la traîtrise, il doit s'enfuir.
  • Scène 3 : Zerbinette raconte à Géronte, dont elle ignore l'identité, comment Scapin lui a volé son argent.
  • Scène 4 : Silvestre révèle à Zerbinette l'identité de l'homme à qui elle vient de parler.
  • Scène 5 : Un peu après Géronte, Argante exprime son intention de se venger des fourberies dont il a été victime.
  • Scène 6 : Argante et Géronte réaffirment leur ressentiment. Aux tourments de Géronte s'ajoute la crainte que sa fille n'ait péri dans un naufrage.
  • Scène 7 : Nérine, la nourrice de Hyacinte, explique à Géronte que, sous la pression des événements, elle vient de marier la jeune fille à… Octave !
  • Scène 8 : Silvestre informe Scapin des derniers développements de la situation et le met en garde.
  • Scène 9 : Géronte se réjouit de retrouver sa fille.
  • Scène 10 : Argante explique à Octave que la fille de Géronte qu'on voulait lui faire épouser n'est autre que Hyacinte. Mais Géronte continue de s'opposer au mariage de Léandre avec Zerbinette.
  • Scène 11 : Argante reconnaît en Zerbinette sa propre fille grâce à un bracelet qu'elle porte depuis son enfance et qui lui vient de ses parents.
  • Scène 12 : Carle annonce que Scapin vient d'être victime d'un accident mortel.
  • Scène 13 : C'est en fait une nouvelle fourberie qui permet au valet d'amener Géronte et Argante à lui pardonner ses mauvais tours.

Postérité

De cette œuvre, une réplique est passée non seulement à la postérité mais aussi dans le langage populaire : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » (la galère turque où Léandre est retenu prisonnier). Cette scène n'est pas d'ailleurs directement de Molière, mais de Cyrano de Bergerac, qui la fit apparaître dans sa pièce Le Pédant joué, écrite en 1654[5].

Nicolas Boileau, dans L'Art poétique, rejette l’esthétique de cette pièce par ces vers également célèbres : « Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, /Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope ». Il en condamne la teneur farcesque, opposée à la conception mesurée qu'il défend de la comédie, et reproche à Molière d'avoir voulu complaire à un public populaire[6].

Adaptations à l'écran

Mises en scène notables

Notes et références

  1. Page consacrée à Phormion et à son influence sur la comédie de Molière sur le site Molière21.
  2. a et b Gabriel Conesa, « Notice des Fourberies de Scapin », in Georges Forestier (dir.), Théâtre complet de Molière. Tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010, p. 1 467.
  3. Gabriel Conesa, « Notice des Fourberies de Scapin », in Georges Forestier (dir.), Théâtre complet de Molière. Tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010, p. 1 468.
  4. Gabriel Conesa, « Notice des Fourberies de Scapin », in Georges Forestier (dir.), Théâtre complet de Molière. Tome II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010, p. 1 466-1 467.
  5. Sylvie Requemora-Gros, « Que diable allait-il faire dans cette galère? De Cyrano à Molière », dans Hervé Bargy (dir.), Cyrano de Bergerac, Cyrano de Sannois, Turnhout, Brepols Publishers, coll. « Les styles du savoir » (no 6), , 304 p. (ISBN 978-2-503-52384-2, DOI 10.1484/M.STSA-EB.4.00015, lire en ligne), p. 219-233.
  6. Marine Souchier, « Du « vrai Trismégiste du Théâtre » à « l’auteur du Misanthrope » : La classicisation de Molière par l’immédiate postérité (1674-1725) », dans Claude Bourqui, Georges Forestier, Bénédicte Louvat, Lise Michel et Agathe Sanjuan (dir.), Retours sur Molière, Paris, Hermann, , 396 p. (ISBN 979-10-370-2174-8, DOI 10.3917/herm.bourq.2022.01.0221, lire en ligne), p. 221-234.
  7. « Les fourberies de Scapin - Spectacle - 1968 », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  8. https://www.erudit.org/fr/revues/jeu/1992-n65-jeu1070254/29689ac.pdf

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