Juliana Morell
Naissance |
Barcelone, Monarchie espagnole |
---|---|
Décès |
(à 59 ans) Avignon, États pontificaux |
Profession | |
Formation |
Juliana Morell ( – ) était une religieuse de l'ordre dominicain et la première femme à recevoir un diplôme de doctorat en droit.
Biographie
[modifier | modifier le code]Juliana Morella est née à Barcelone et perdit sa mère très jeune ; elle reçut sa première éducation par les sœurs dominicaines à Barcelone. À l'âge de quatre ans, elle commença à étudier le latin, le grec et l'hébreu à domicile avec des enseignants compétents. Alors qu'elle n'a pas encore sept ans, elle écrivit une lettre en latin à son père, qui était loin.
Accusé d'avoir participé à un meurtre, le père s'enfuit à Lyon avec sa fille, alors âgée de huit ans. À Lyon Juliana poursuivit ses études, en consacrant neuf heures par jour à la rhétorique, la dialectique, l'éthique et la musique. À l'âge de douze ans, elle défendit en public ses thèses summa cum laude sur l'éthique et la dialectique. Ensuite, elle se mit à la physique, la métaphysique et au droit canonique et civil. Son père, qui s'était entre-temps installé à Avignon, voulait que sa fille obtînt un doctorat en droit. Cela fut fait en 1608, quand elle a publiquement soutenu sa thèse au palais des papes du vice-légat, devant un auditoire distingué, parmi lequel se trouvait la princesse de Condé.
Juliana Morell fut la première femme à obtenir un diplôme universitaire[1]. La première femme à obtenir un doctorat dans l'ère moderne a été Stefania Wolicka, de l'Université de Zurich en 1875[2].
Indifférente à la richesse et à une offre avantageuse de mariage, elle entra au cours de la même année au couvent de Sainte-Praxède à Avignon. En 1609, elle reçut l'habit de l'ordre, et le prononça ses vœux. À trois reprises, elle a été nommée prieure. Ses deux dernières années, elle souffrit beaucoup physiquement et l'agonie qui mena à sa mort durant cinq jours.
Dans un poème élogieux Lope de Vega parle d'elle « comme la quatrième des Grâces et la dixième Muse » et dit « qu'elle était un ange qui a publiquement enseigné toutes les sciences depuis les chaires d'enseignement et dans les écoles ».
Œuvres
[modifier | modifier le code]Elle a laissé un certain nombre de textes religieux :
- une traduction de la "Vita Spiritualis" de Vincent Ferrier, avec commentaires et notes sur les différents chapitres (Lyon, 1617; Paris, 1619) ;
- Les "Exercices spirituels" sur l'éternité (1637) ;
- Traduction française de la Règle de Saint Augustin, avec l'ajout de diverses explications et observations pour les besoins de l'instruction (Avignon, 1680) ;
- L'histoire de la réforme du couvent de Saint Praxedis, avec les vies de quelques sœurs pieuses, dans le manuscrit ;
- Des poèmes en latin et en français, certains imprimés et certains à l'état de manuscrit.
Références
[modifier | modifier le code]- Paul F. Grendler, Schools, Seminaries, and Catechetical Instruction, in Catholicism in Early Modern History 1500-1700: A Guide to Research, Center for Information Research, , p. 328
- Agata Schwartz, Shifting Voices: Feminist Thought and Women's Writing in Fin-de-siècle Austria and Hungary, McGill-Queen's Press - MQUP, , 248 p. (ISBN 9780773532861)
- Source
- Cet article reprend le texte d'une publication maintenant dans le domaine public : Herbermann, Charles, ed. (1913). "Juliana Morell". Encyclopédie Catholique. New York: Robert Appleton.
Cette source cite :
- Quétif-Échard, Script. Ord. Praed. II (1721), 845 ss.;
- Baronius, Apologeticus, V, 326;
- Nicolas Antonio, Bibliotheca hispana, II, (1672), 344-5.