Desquamation (géomorphologie)
La desquamation (du latin desquamare, de de-, « séparé de », et squama, « écaille ») est la traduction physique, visible, d'un certain nombre de processus de météorisation de la roche, qui se manifeste par le détachement de lamelles ou écailles superficielles (dites « pelures d'oignons ») pouvant se recouper tangentiellement. Suivant la terminologie anglo-saxonne, le terme desquamation est utilisé lorsque les lamelles ont de l'ordre du centimètre d'épaisseur. Au-delà, les géologues utilisent plutôt le terme exfoliation[1].
À petite échelle, la desquamation résulte de processus tels que l'haloclastie, thermoclastie, voire la cryoclastie. À plus grande échelle, en réponse à la décompression du massif rocheux, l'altération progresse depuis le réseau orthogonal de joints de fracture en attaquant la roche sur toute sa surface et en pénétrant progressivement à l'intérieur de celle-ci : les diaclases perpendiculaires à la surface d'affleurement et surtout les joints de décompression horizontaux à rayon de courbure bien supérieur à celui des écailles de desquamation, débitent les blocs de roches en énormes dalles épaisses[2], ce qui peut conduire à la formation de chaos et de tors[3].
Génie géologique
[modifier | modifier le code]Ce processus est pris en compte en génie géologique, lors d'études de risques géologiques sur les chutes de pierres , la stabilité des pentes (en) et le glissement de terrain[4]. Des essais mécaniques permettent ainsi d'analyser la nature et le comportement des joints d'exfoliation sous l'effet de forts gradients de pression (cas des fondations de barrages, de ponts, de centrales nucléaires)[5].
Galerie
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Desquamation d'une surface rocheuse basaltique, sommet du Slaettaratindur, Féroé.
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L'exfoliation donne à certaines boules granitiques l'allure d'un oignon qui pèle.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Desquamation » (voir la liste des auteurs).
- Alain Godard, Pays et paysages du granite: introduction à une géographie des domaines granitiques, Presses universitaires de France, , p. 32.
- Ces discontinuités horizontales ou subhorizontales sont des joints ou fractures de décompression principalement attribuées à la relaxation des contraintes à la suite de la remontée du pluton par isostasie). Cette relaxation élastique de la pression lithostatique permet aux contraintes résiduelles de s'exprimer sous forme de micro-fractures, puis de diaclases perpendiculaires à la compression subie en profondeur. Cf (en) Terry Engelder, Stress Regimes in the Lithosphere, Princeton University Press, (lire en ligne), p. 282-295.
- Alain Godard, Pays et paysages du granite: introduction à une géographie des domaines granitiques, Presses universitaires de France, , p. 90-104.
- (en) Steve Hencher, Practical Engineering Geology, CRC Press, (lire en ligne), p. 80-83.
- (en) Barry Voight, Rockslides and Avalanches: Engineering sites, Elsevier, , p. 61.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Dov Bahat, Ken Grossenbacher, Kenzi Karasaki, « Mechanism of exfoliation joint formation in granitic rocks, Yosemite National Park », Journal of Structural Geology, vol. 21, no 1, , p. 85-96 (DOI 10.1016/S0191-8141(98)00069-8)
- (en) Brian D. Collins & Greg M. Stock i, « Rockfall triggering by cyclic thermal stressing of exfoliation fractures », Nature Geoscience, vol. 9, no 1, , p. 395–400 (DOI 10.1038/ngeo2686)