Cutibacterium acnes
(Propionibacterium acnes)
Domaine | Bacteria |
---|---|
Embranchement | Actinobacteria |
Ordre | Actinomycetales |
Famille | Propionibacteriaceae |
Genre | Cutibacterium |
Cutibacterium acnes — organisme anciennement répertorié sous l’appellation Propionibacterium acnes[1],[2],[3],[4] — est une bactérie — bacilliforme, anaérobique et saprophyte de type Gram positif — liée à l’éclosion de l’acné.
Dénominations
[modifier | modifier le code]Identifiée à l’origine comme Bacillus acnes[5], son appellation est ensuite subrogée par Propionibacterium acnes en vertu de sa capacité à générer de l’acide propionique[6]. En 2016, P. acnes est reclassé taxonomiquement à la suite d’études biochimiques et génomiques. En effet, au regard de sa structure phylogénétique et de son taux de GC, l’espèce cutanée se distinguait des autres catégories précédemment répertoriées sous P. acnes[2],[7]. Dans le cadre d’une nouvelle restructuration, la désignation sous Cutibacterium a finalement été adoptée par rapport à la sphère cutanée[2] en y incluant d’autres cibles précédemment identifiées sous Propionibacterium acnes, Propionibacterium avidum et Propionibacterium granulosum[1]. La caractérisation des phylotypes afférents à C. acnes relève d’un domaine de recherche en constante évolution[3],[8],[9].
Pathogénèse
[modifier | modifier le code]Dermatologie
[modifier | modifier le code]Cutibacterium acnes appartient à une espèce largement commensale et partie intégrante de la flore cutanée présente sur la peau de la plupart des humains adultes en bonne santé[10]. Elle est généralement à peine détectable sur le tissu cutané des préadolescents sains.[réf. nécessaire] Entre autres apports, elle se nourrit principalement des acides gras contenus dans le sébum sécrété par les glandes sébacées des follicules. Elle est également décelable dans l’ensemble du tractus gastro-intestinal[11].
Une étude ayant procédé au séquençage du génome inhérent à cette bactérie a démontré que plusieurs gènes peuvent engendrer des enzymes participant à la dégradation de l’état dermatologique en raison de protéines spécifiques susceptibles de devenir immunogènes par activation du système immunitaire[12]. La bactérie digère les triglycérides présents dans le sébum et produit des acides gras libres qui exhaussent l’inflammation des glandes sébacées qui s’en trouvent ainsi colonisées, notamment durant l’adolescence, lorsque ces glandes se trouvent d’autant plus actives, particulièrement chez les 12-16 ans au cours de la puberté.
Ophtalmologie
[modifier | modifier le code]La présence de Cutibacterium acnes peut contribuer à l’apparition d’une blépharite chronique avec risque consécutif — par exemple à l’occasion d’une chirurgie intraoculaire — d’émergence collatérale d’endophtalmie[13].
Orthopédie
[modifier | modifier le code]Les germes issus de C. acnes — formant des biofilms colonisant diverses surfaces : tissu cutané, système ostéoarticulaire, muqueuses, etc. — peuvent contribuer à la survenue de bactérioses chez l’humain, notamment à l’occasion de pose de prothèse de l’épaule, de la hanche ou des genoux[14].
Rhumatologie
[modifier | modifier le code]Une étude danoise publiée en 2013 par l’European Spine Journal suggère une possible interaction entre nombre de pathologies interdiscales — sciatique, hernie discale, lombalgie chronique, dégénérescence articulaire, oligoarthrite, etc. — et la présence interstitielle de propionibacterium acnes au cœur même des foyers incriminés[15],[16],[17],[18],[19].
Dans le même ordre d’idées, l’International Journal of Spine Surgery — sous l’égide de l’International Society for the Advancement of Spine Surgery — publie en avril 2019 le résultat d’une étude clinique effectuée sur 120 patients victimes de hernie discale : au niveau L4-L5 chez 63 participants et L5-S1 chez 57 autres. Les prélèvements effectués pendant la discectomie révèlent la présence de micro-organismes sensibles à l’antibiothérapie dans 50 % des cas au sein desquels la bactérie désormais nommée cutibacterium acnes apparait massivement dans plus de 35% des échantillons. Le rapport en conclut que la mise en évidence de ce germe serait de facto en mesure de reposer sur une assomption selon laquelle ce dernier pourrait potentiellement constituer l’un des éventuels éléments causaux — voire, a minima, concomitants — susceptibles de participer à la genèse de la pathologie incriminée[20].
Il appert toutefois que l’ensemble des corrélations précitées demeure encore passablement controversé en l’état, voire quelque peu sujet à caution, quand bien même le professeur Thierry Schaeverbeke — rhumatologue spécialiste de la relation entre agents infectieux et système immunitaire au CHU de Bordeaux — arguait déjà en 2013 combien « ce serait une faute scientifique [que de] ne pas chercher à confirmer ou infirmer une telle hypothèse[21]. »
Urologie
[modifier | modifier le code]Cutibacterium acnes est présente dans le microbiome du liquide séminal humain où elle peut induire une prostatite chronique pouvant évoluer en cancer de la prostate[22].
Biochimie
[modifier | modifier le code]On a découvert en 2020 qu'un groupe de gènes de Cutibacterium acnes code une molécule, appelée cutomycine, dont la structure ressemble à la berninamycine, un antibiotique sécrété par Streptomyces bernensis. Isolée et purifiée, la cutomycine inhibe le développement de plusieurs espèces de staphylocoques, dont le Staphylocoque doré[23],[24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cutibacterium acnes » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Genus: Cutibacterium », sur Prokaryotic Nomenclature Up-to-Date, DSMZ (consulté le )
- (en) Christian F. P. Scholz et Mogens Kilian, « The natural history of cutaneous propionibacteria, and reclassification of selected species within the genus Propionibacterium to the proposed novel genera Acidipropionibacterium gen. nov., Cutibacterium gen. nov. and Pseudopropionibacterium gen. nov », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 66, no 11, , pp. 4422–4432 (PMID 27488827, DOI 10.1099/ijsem.0.001367, lire en ligne, consulté le )
- (en) B. Dréno, S. Pécastaings, S. Corvec, S. Veraldi, A. Khammari et C. Roques, « Cutibacterium acnes (Propionibacterium acnes) and acne vulgaris: a brief look at the latest updates », Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology, vol. 32, , pp. 5–14 (PMID 29894579, DOI 10.1111/jdv.15043)
- (en) « Genus Cutibacterium », sur LPSN (consulté le )
- (en) T. C. Gilchrist, « A bacteriological and microscopical study of over 300 vesicular and pustular lesions of the skin, with a research upon the etiology of acne vulgaris », Johns Hopkins Hospital Report, vol. 9, , pp. 409–430
- (en) HC Douglas et SE Gunter, « The Taxonomic Position of Corynebacterium acnes. », Journal of Bacteriology, vol. 52, no 1, , pp. 15–23 (PMID 16561149, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Propionibacterium Cutibacterium - late breaking news and a new name », sur Shoulder Arthritis / Rotator Cuff Tears: causes of shoulder pain, (consulté le )
- (en) M.-A. Dagnelie, A. Khammari, B. Dréno et S. Corvec, « Cutibacterium acnes molecular typing: time to standardize the method », Clinical Microbiology and Infection, (PMID 29544912, DOI 10.1016/j.cmi.2018.03.010, lire en ligne, consulté le )
- (en) Valérie A. Zeller, Valérie-Anne Letembet, Vanina A. Meyssonnier, Beate Heym, Jean-Marc Ziza et Simon D. Marmor, « Cutibacterium (Formerly Propionibacterium) avidum : A Rare but Avid Agent of Prosthetic Hip Infection », The Journal of Arthroplasty, vol. 33, no 7, , pp. 2246–2250 (PMID 29544969, DOI 10.1016/j.arth.2018.02.008, lire en ligne, consulté le )
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- Joël Ignasse, « Le mal de dos provoqué par... la bactérie de l’acné », Sciences et Avenir, (lire en ligne)
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- (en) Firooz Salehpour, Javad Aghazadeh, Farhad Mirzaei, Ehsan Ziaeii and Seyed Ahmad Naseri Alavi, « Propionibacterium acnes Infection in Disc Material and Different Antibiotic Susceptibility in Patients With Lumbar Disc Herniation » [« Infection à Propionibacterium acnes dans le noyau du disque intervertébral et sensibilité aux antibiotiques chez des patients présentant une hernie discale lombaire »], International Journal of Spine Surgery, International Society for the Advancement of Spine Surgery, vol. 13, no 2, (DOI 10.14444/6019, résumé, présentation en ligne, lire en ligne [PDF])
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- (en) Angela B Javurek, William G Spollen, Amber M Mann Ali, Sarah A Johnson, Dennis B Lubahn, Nathan J Bivens, Karen H Bromert, Mark R Ellersieck, Scott Givan et Cheryl S Rosenfeld, « Discovery of a Novel Seminal Fluid Microbiome and Influence of Estrogen Receptor Alpha Genetic Status », Scientific Reports, Macmillan Publishers et NPG, vol. 6, , p. 23027 (ISSN 2045-2322, OCLC 732869387, PMID 26971397, PMCID 4789797, DOI 10.1038/SREP23027).
- « Guérilla au fond des follicules », Pour la science, hors-série no 110, , p. 110.
- (en) Jan Claesen, Jennifer B. Spagnolo, Stephany Flores Ramos, Kenji L. Kurita, Allyson L. Byrd et al., « A Cutibacterium acnes antibiotic modulates human skin microbiota composition in hair follicles », Science Translational Medicine (en), vol. 12, no 570, , article no eaay5445 (DOI 10.1126/scitranslmed.aay5445).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- New Scientist news
- Propionibacteria (Kenyon College
- (en) Référence Catalogue of Life : Propionibacterium acnes (Gilchrist, 1900) Douglas & Gunter, 1946 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Propionibacterium acnes (taxons inclus)