Chéreau (entreprise)
Chéreau | |
Création | 1950 |
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Fondateurs | Jean Chéreau |
Slogan | - La marque du véhicule frigorifique - Innovation drives you forward |
Siège social | 52, boulevard du Luxembourg, 50307 Avranches Cedex (Manche) France |
Direction | - Damien Destremau, président depuis 2017- Benoît Courteille, directeur Recherche et Développement- Nicolas Lehéricey, directeur de la qualité, de la sécurité et de l’environnement et responsable de la démarche RSE- Christophe Danton, directeur marketing et communication- Frédéric Thiblet, directeur des ressources humaines |
Actionnaires | Amundi |
Activité | Constructions mécaniques |
Produits | Construction de camions et de semi-remorques frigorifiques |
Effectif | 931 en 2017 |
Site web | Site officiel de Chéreau SAS |
Chiffre d'affaires | 212,3 millions d'€uros (2019) |
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Les établissements Chéreau sont une entreprise française établie à Avranches, au Val-Saint-Père et à Ducey-Les Chéris dans la Manche en Normandie. Ils sont spécialisés dans la fabrication de camions frigorifiques.
Histoire
[modifier | modifier le code]Fondation de l'entreprise
[modifier | modifier le code]Les frères André et Jean Chéreau sont issus d'une famille de carrossiers établie à Rouen. Ensemble, ils créent la carrosserie Chéreau Frères à Avranches. Ils construisent des véhicules publicitaires sur mesure[1], des véhicules pour forains ainsi que des véhicules d'habitation et remorques pour les grands cirques (Bouglione, Amar, Pinder). La société des frères Chéreau fabrique également des manèges.
En 1945, André Chéreau s'installe à Angers, accompagné de son épouse Madeleine. Il privilégie alors la construction de matériels et manèges forains. Il laisse ainsi son frère Jean à Avranches[2]. Celui-ci crée avec sa femme Simone les établissements Jean Chéreau en 1950[1]. Cette nouvelle société fabrique des fourgons et des caisses pour camions[3] tout en continuant de créer des véhicules publicitaires extravagants.
La première usine au Val-Saint-Père, près d'Avranches, a une surface de 650 m2[1]. En 1954, Chéreau reçoit le Grand Prix d'honneur du concours de la publicité qui roule et la Coupe de l'Union routière de France pour un camion à semi-remorque réalisé en 1953 pour les Vins du Postillon[4]. Cet ensemble est composé du camion tracteur Berliet TLB 19 surmonté de deux chevaux en tôle, et d'une base de remorque Fruehauf transformée en salle de bistrot aux allures de Malle-poste hippomobile. En 1972, cet ensemble est racheté par le cirque Pinder pour être transformé en un bar-crêperie. Il subit alors quelques modifications, notamment l'emplacement des phares qui n'étaient pas conformes pour une circulation itinérante en convoi.
En 1955, l'entreprise reçoit le trophée de la Fédération française de la publicité pour ses camions qui ne passent pas inaperçus[5].
Les débuts du transport frigorifique
[modifier | modifier le code]En 1952, le ministère de l'Agriculture adopte une nouvelle réglementation sur le transport des denrées alimentaires. Jean Chéreau y voit un potentiel de développement pour son entreprise. En 1953, les premiers camions carrossés isothermes Chéreau sortent des usines d'Avranches[1]. En 1955, Chéreau se lance dans la carrosserie frigorifique, qui deviendra sa spécialité[1].
À la fin des années 1960, Chéreau produit son premier châssis de semi-remorque. En 1976, l'entreprise change de statut est devient une société anonyme pour devenir les Établissements Jean Chéreau SA. Chéreau commence alors à exporter sa production et ouvre en 1981 une nouvelle usine à Ducey. Ce site s'agrandit à plusieurs reprises au cours des années 1990. En 2000, Chéreau dispose ainsi de 60 000 m2 de bâtiments industriels[1].
En 2002, Chéreau sort 3 600 véhicules de ses ateliers d'Avranches et de Ducey, pour un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros[3] mais en 2003, l'entreprise commencent à connaître des difficultés. Elle est mise en redressement judiciaire le [3]. En octobre, Jean-Luc Chéreau vend la société familiale à la holding allemande Trailer Holding GmbH, par le biais de la société Kögel[3]. Alain Guermeur est alors nommé président[1]. En 2008, la société produit en moyenne 16,9 camions par jour et emploie jusqu'à 800 personnes au plus fort de l'activité[3]. Malheureusement, l'entreprise subit les conséquences de la crise économique de 2008. En , à la suite d'une baisse des commandes, le personnel est mis en chômage partiel, une semaine sur quatre[6][réf. à confirmer]. En décembre de la même année, les actionnaires vendent l'entreprise, qui emploie encore 610 personnes, à ses principaux cadres dirigeants, Alain Guermeur, qui reste président, Philippe Legendre, Patrick Guiffant et Pierre-Yves Le Bot[7], par le biais de la holding Chéreau Holding SAS, créée en novembre. Le plan social initial prévoit 210 licenciements, puis est ramené à 114[3]. Finalement, 85 salariés quittent la société, dont 77 selon une convention de reclassement[8]. À l'automne 2011, Chéreau emploie 550 personnes et ambitionne de produire 16 véhicules par jour[3]. Par ailleurs, Chéreau dispose de filiales au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne[1].
En 2016, l'entreprise est rachetée par le fonds d'investissement espagnol Miura Private Equity, basé à Barcelone, qui possède déjà le carrossier frigorifique Sor Iberica (300 salariés et 50 M€ de chiffre d'affaires). Ensemble, les deux carrossiers forment The Reefer Group[9], dont le PDG est Damien Destremeau, directeur général de Chéreau.
En , l'entreprise termine son prototype de semi-remorque frigorifique à hydrogène. Le projet nommé Road (Refrigerated Optimized Advanced Design), entamé en 2016, est une première mondiale[10]. L'innovation consiste au fait que l'hydrogène est transformé, via une pile à combustible, en énergie électrique qui sert à alimenter le groupe froid. Jusqu'alors, c'est du gasoil non-routier qui est utilisé. Avec le projet Road, le seul rejet c'est de l'eau. L'autre nouveauté est que c'est du CO2 qui est utilisé pour réfrigérer la semi-remorque Road[11]. Celle-ci est testée de juin à octobre 2019 par les transports Malherbe de Caen[10]. Le projet global revient à environ 5,5 millions d'euros dont 36 % sont financés par l'État et 775 000 € par la région Normandie[10]. En juin 2019, La semi-remorque Road à hydrogène a reçu le prix Green Truck Solution à Munich en Allemagne, qui récompense les véhicules industriels les plus respectueux pour l'environnement[12].
À l'issue de la présentation en première mondiale de sa semi-remorque frigorifique Road à hydrogène au Salon Solutrans en , Chéreau signe un partenariat de trois ans en tant que sponsor officiel d’Energy Observer, le premier bateau hydrogène à naviguer autour du monde[13]. Chéreau et Energy Observer sont membres de l’AFHYPAC, l'Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible, et participent à différents projets de mise en place de la filière. En plus de produire des nouveaux véhicules à hydrogène, Chéreau apporte également son soutien à des projets d’implantation de stations à hydrogène sur le territoire français[13].
Chéreau met en place une structure de production de véhicules à hydrogène via un partenariat technique et des essais en exploitation avec le Groupe Delanchy qui est par ailleurs le partenaire principal d’Energy Observer. La semi-remorque frigorifique Chéreau Hydrogen Power H2 fabrique son froid sans émissions de CO2 ou de particules. La seule émission est de la vapeur d’eau. Son fonctionnement est silencieux avec un mode d’exploitation qui ne change pas les habitudes des clients car la recharge en hydrogène ne prend que dix minutes. En parallèle, Chéreau travaille la frugalité énergétique de ses véhicules avec l’isolation sous-vide VIP qui permet une diminution de 25 % du temps de fonctionnement des groupes frigorifiques. La réduction du poids est aussi un axe de progrès sur lequel avance le constructeur normand[13].
En 2020, l'entreprise est rachetée par des fonds d'investissement français, emmenés par Amundi[14].
En , l'entreprise présente un nouveau prototype de remorque frigorifique tout électrique. En plus de recharges sur une prise électrique en 380 volts, plusieurs batteries sont alimentées par des panneaux solaires sur le toit, et l'essieu récupère l'énergie en roulant, tel un alternateur ou une dynamo[15].
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Un camion porteur avec une caisse Chéreau rigide. Le chassis et la cabine sont ceux du Renault Trucks E-Tech D Wide 100% électrique assemblés à Blainville-sur-Orne.
Chiffre d'affaires
[modifier | modifier le code]Son chiffre d'affaires est de 212,3 millions d'euros en 2019 (222,7 M€ en 2018, 197,1 M€ en 2017, 200 M€ en 2016, 172 M€ en 2015[16], 157,3 M€ en 2014, 145,6 M€ en 2013, 154,1 M€ en 2012, 126,4 M€ en 2011, 98,4 M€ en 2010).
En 2020, Chéreau a produit plus de 3 400 véhicules, dont 43 % pour l'exportation. L'entreprise avranchinaise occupe 51,06 % de parts de marché en France et 15,2 % en Europe. Elle a investi 5 M€ dans l’outil de production, ainsi que 2,6 M€ de R&D fondamentale et de sur-mesure pour ses clients.
78 % de sa production est représentée par les semi-remorques, 19 % par les camions autoporteurs et 3 % par les remorques et les caisses rail-route[17].
Effectif
[modifier | modifier le code]1952 | 1962 | 1966 | 1971 | 1977 | 1983 | 1990 | 1996 | 1998 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2017 |
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12 | 60 | 175 | 190 | 251 | 300 | 415 | 532 | 622 | 669 | 610 | 525 | 550 | 682 | 701 | 731 | 823 | 931 |
Récompenses
[modifier | modifier le code]Lors de trois éditions du Salon Solutrans, qui a lieu tous les deux ans à Lyon-Eurexpo, Chéreau a reçu des récompenses pour ses innovations[18]. Le Salon Solutrans est le grand rendez-vous français des professionnels du transport. Il est la propriété de la Fédération Française de Carrosserie et est accrédité par l'Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles. Solutrans fait ainsi partie du cercle très fermé des manifestations reconnues dans plus de 35 pays dans le monde[19].
Médaille d'or du prix de l'innovation 2013
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Médaille d'or du prix de l'innovation 2015
Médaille d'argent du prix de l'innovation 2017
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Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Historique de la société Chéreau », sur chereau.com (consulté le ).
- « D'Avranches à Angers, de la carrosserie aux métiers forains », sur metiersforain.canalblog.com, (consulté le ).
- Éric Bléas, « Chéreau : 114 licenciements et un nouveau propriétaire », Ouest-France, .
- « La malle-poste des Vins du Postillon », sur servimg.com (consulté le ).
- « Les années 50 dans la Manche », Ouest-France, hors-série, nc, p. 27.
- « AFP[Quoi ?] », AFP, .
- Matthieu Toussaint, « Chéreau croit en l’avenir », sur lamanchelibre.fr, (consulté le ).
- « Que sont devenus les licenciés de l’entreprise Chéreau ? », La Manche Libre, décembre 2010, .
- Mauricette Guittard, « Chéreau racheté par l'investisseur espagnol Miura », Ouest-France, .
- Marie-Axelle Richard, « Le camion à hydrogène, pari de Chéreau », Ouest-France, .
- Lucie Thuillet, France Bleu Cotentin, « Chéreau, le fabricant de semi-remorques frigorifiques du sud-Manche, croit en la filière hydrogène », sur francebleu.fr, (consulté le ).
- Thierry Valoi, « Ducey. Manche: la première semi-remorque frigorifique à hydrogène du monde », sur tendanceouest.com, (consulté le ).
- « Chéreau et Energy Observer, acteurs engagés de la filière hydrogène, annoncent la signature d’un partenariat @DelanchyGroup @energy_observer », sur tvlocale.fr, (consulté le ).
- Lucie Thuillet, « Le carrossier Chéreau a de nouveaux actionnaires et un carnet de commandes rempli », France Bleu Cotentin, 3 juin 2021, .
- « Après l'hydrogène, Chéreau fabrique une remorque tout électrique à Ducey et Avranches », La Gazette de la Manche, .
- « Chéreau aborde l'année 2017 avec confiance », Ouest-France, .
- « Présentation de l'entreprise Chéreau », sur chereau.com (consulté le ).
- « Manche : un nouveau prix de l'innovation pour Chéreau », sur lamanchelibre.fr, (consulté le ).
- « Fédération Française de Carrosserie Industries et Services », sur ffc-carrosserie.org (consulté le ).
- « Economie. Chéreau Next, innovation mondiale », sur lamanchelibre.fr, (consulté le ).
- « MultiDeck-C 2.0. », sur chereau.com (consulté le ).