Cancer bronchique non à petites cellules
Les cancers bronchiques non à petites cellules sont un type de cancers du poumon, généralement traité par chirurgie (lobectomie pulmonaire ou pneumonectomie) ou radiothérapie et chimiothérapie. Les cancers non à petites cellules sont regroupés parce que leur pronostic et leur traitement sont semblables. L'acronyme CBNPC est utilisé dans le langage médical. Ils représentent environ 85 % des cas de cancers du poumon[1].
Typologies
[modifier | modifier le code]On en distingue plusieurs sous-types :
- Le carcinome épidermoïde pulmonaire ;
- L'adénocarcinome pulmonaire, parmi lesquels on distingue les sous-types papillaire, solide, acinaire et bronchioloalvéolaire ;
- Le carcinome pulmonaire à grandes cellules, hétérogène.
Carcinome épidermoïde | 42 | 33 |
Adénocarcinome (tous types) | 39 | 35 |
Carcinome bronchioloalvéolaire | 4 | 10 |
Carcinoïde | 7 | 16 |
Autres | 8 | 6 |
Sous-type histologique | Fumeurs | Jamais-fumeurs |
Fréquence des carcinomes non à petites cellules (%) | ||
Carcinomes non à petites cellules : fumeurs et jamais-fumeurs[2]. |
Survie après traitement
[modifier | modifier le code]La survie après traitement est variable. Une étude récente (2017), basée sur l'analyse d'échantillons de Cancer bronchique non à petites cellules provenant de 100 patients atteints de ce cancer en phase précoce, a montré une fréquente hétérogénéité génomique intratumorale (induite par une l'instabilité chromosomique, traduite par des mutations et des anomalies du nombre de copies de gènes)[3]. Elle a conclu qu'une hétérogénéité intratumorale plus élevée aggravait le risque de récidive ou de décès, constat en faveur de la valeur potentielle de l'instabilité chromosomique comme prédicteur pour le pronostic[3].
Traitement
[modifier | modifier le code]Les formes limitées doivent être traitées par une chirurgie (lobectomie pulmonaire), avec, cependant, un risque de récidive de près d'un tiers sur deux ans[4]. Ce risque peut être diminué par une chimiothérapie post-opératoire (adjuvante) par cisplatine[5] et préopératoire (néoadjuvante) par nivolumab[6].
Le crizotinib approuvé en 2011 est un inhibiteur de la kinase du lymphome anaplasique de première génération ciblant plusieurs tyrosine kinases, notamment la kinase du lymphome anaplasique, le récepteur du facteur de croissance des hépatocytes et la kinase proto-oncogène ROS1[7]. Deux essais randomisés de phase III ont établi la supériorité du crizotinib sur la chimiothérapie chez les patients atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules avancé avec réarrangement du gène ALK, et il constitue désormais le traitement médicamenteux standard pour le cancer bronchique non à petites cellules ALK-positif métastatique[8],[9]. Malheureusement, la plupart des patients développent mutations résistantes au crizotinib dans les 12 mois, en particulier les mutations L1196M et G1269A du gène ALK, pouvant entraîner une rechute[10]. L'apparition de métastase cérébrale est le site de rechute le plus fréquent chez les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules traités par crizotinib, probablement en raison de sa faible perméabilité à la barrière hémato-encéphalique[11].
Le lorlatinib (un inhibiteur d'ALK de 3e génération) permet d'améliorer notablement le traitement avec 60 % des patients sans évolution de la maladie à cinq ans[12],[13].
Traitement expérimental
[modifier | modifier le code]Le traitement pharmaceutique par inhibition des protéine-kinases dépendantes des cyclines (CDK) à base de seliciclib (ou roscovitine ou CYC202) permet d'empêcher préférentiellement le développement plusieurs cibles enzymatiques, notamment CDK2, CDK7 et CDK9, qui modifient la phase ou l'état de croissance dans le cycle cellulaire des cellules. Il fait l'objet de recherches pour le traitement du cancer bronchique non à petites cellules, de la maladie de Cushing, de la leucémie, du Sida, de la maladie de Parkinson, de l'infection à herpès simplex, de la mucoviscidose inflammatoires chroniques. En 2011, 16 études cliniques ont démontré une activité anti-tumorale du médicament et un taux de survie accru sur un panel de 388 malades du cancer du poumon en traitement[14].
Références
[modifier | modifier le code]- « Référence Cancer Bronchique Non à Petites Cellules », sur oncologik.fr (consulté le )
- (en) A. Bryant et R.J. Cerfolio, « Differences in epidemiology, histology, and survival between cigarette smokers and never-smokers who develop non-small cell lung cancer », Chest, vol. 132, no 1, , p. 1 (PMID 17573517, DOI 10.1378/chest.07-0442, lire en ligne)
- Jamal-Hanjani M & al. (2017), Tracking the Evolution of Non–Small-Cell Lung Cancer ; New England Journal of Medicine (article en libre accès)
- Taylor MD, Nagji AS, Bhamidipati CM et al. Tumor recurrence after complete resection for non-small cell lung cancer, Ann Thorac Surg, 2012;93:1813-1820
- Pignon JP, Tribodet H, Scagliotti GV et al. Lung adjuvant cisplatin evaluation: a pooled analysis by the LACE Collaborative Group, J Clin Oncol, 2008;26:3552-3559
- Forde PM, Spicer J, Lu S et al. Neoadjuvant nivolumab plus chemotherapy in resectable lung cancer, N Engl J Med, 2022;386:1973-1985
- (en) J. Jean Cui, Michelle Tran-Dubé, Hong Shen et Mitchell Nambu, « Structure Based Drug Design of Crizotinib (PF-02341066), a Potent and Selective Dual Inhibitor of Mesenchymal–Epithelial Transition Factor (c-MET) Kinase and Anaplastic Lymphoma Kinase (ALK) », Journal of Medicinal Chemistry, vol. 54, no 18, , p. 6342–6363 (ISSN 0022-2623 et 1520-4804, DOI 10.1021/jm2007613, lire en ligne, consulté le )
- (en) Alice T. Shaw, Dong-Wan Kim, Kazuhiko Nakagawa et Takashi Seto, « Crizotinib versus Chemotherapy in Advanced ALK -Positive Lung Cancer », New England Journal of Medicine, vol. 368, no 25, , p. 2385–2394 (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, DOI 10.1056/NEJMoa1214886, lire en ligne, consulté le )
- (en) Benjamin J. Solomon, Tony Mok, Dong-Wan Kim et Yi-Long Wu, « First-Line Crizotinib versus Chemotherapy in ALK -Positive Lung Cancer », New England Journal of Medicine, vol. 371, no 23, , p. 2167–2177 (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, DOI 10.1056/NEJMoa1408440, lire en ligne, consulté le )
- (en) Takaaki Sasaki, Jussi Koivunen, Atsuko Ogino et Masahiko Yanagita, « A Novel ALK Secondary Mutation and EGFR Signaling Cause Resistance to ALK Kinase Inhibitors », Cancer Research, vol. 71, no 18, , p. 6051–6060 (ISSN 0008-5472 et 1538-7445, PMID 21791641, PMCID PMC3278914, DOI 10.1158/0008-5472.CAN-11-1340, lire en ligne, consulté le )
- (en) Daniel B. Costa, Alice T. Shaw, Sai-Hong I. Ou et Benjamin J. Solomon, « Clinical Experience With Crizotinib in Patients With Advanced ALK -Rearranged Non–Small-Cell Lung Cancer and Brain Metastases », Journal of Clinical Oncology, vol. 33, no 17, , p. 1881–1888 (ISSN 0732-183X et 1527-7755, PMID 25624436, PMCID PMC4451171, DOI 10.1200/JCO.2014.59.0539, lire en ligne, consulté le )
- TD, « Cancer du poumon : un vaste essai clinique démontre l'efficacité d'un médicament produit par Pfizer », sur tf1info.fr, (consulté le ).
- (en) Megan Hollasch, « Lorlatinib yields longest reported pfs in advanced alk+ nsclc », sur onclive.com, (consulté le ).
- (en) « A novel, orally available, CDK (cyclin‐dependent kinase) inhibitor with efficacy in lung cancer & development potential in breast cancer sub‐groups » [PDF], sur cyclacel.com, (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Cancer bronchique non à petites cellules - Référentiel national de RCP », sur Institut National du Cancer, (consulté le ).
- Ressources relatives à la santé :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :