Camp du Lizo
Camp du Lizo | |||||
Plan du site dressé par Le Rouzic en 1933. | |||||
Localisation | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Morbihan | ||||
Commune | Carnac | ||||
Protection | Classé MH (1929) | ||||
Coordonnées | 47° 37′ 30″ nord, 3° 02′ 10″ ouest | ||||
Altitude | 30 m | ||||
Superficie | 3 ha | ||||
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
Géolocalisation sur la carte : France
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Histoire | |||||
Époque | Néolithique final / Âge du cuivre | ||||
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Le camp du Lizo est un site préhistorique situé à Carnac dans le département français du Morbihan. Le site comprend différentes structures : des talus de défense, des fonds de cabane, des fours, des structures d'habitat, des tertres funéraires et une tombe à couloir. Le site n'ayant jamais été complètement fouillé, son architecture générale demeure encore assez méconnue.
Les fouilles archéologiques du site ont livré un matériel lithique et surtout céramique très abondant et diversifié, maintes fois mentionné dans la littérature spécialisée. L'ensemble du mobilier archéologique découvert indique que le site a été occupé du Néolithique final jusqu'à l'Âge du cuivre.
Historique
[modifier | modifier le code]Le site est connu depuis le milieu du XIXe siècle et a été maintes fois exploré. En 1866, A. et G. de Closmadeuc explorent le dolmen situé au centre du camp mais aucun rapport de cette exploration n'ait connu, alors même qu'il existe un matériel archéologique correspondant[1]. En 1908, Paul Banéat en dresse un croquis sommaire[2]. De 1922 à 1926, Le Rouzic fouille la tombe à couloir et les talus[3]. Le Rouzic poursuit la fouille du site et le restaure durant plusieurs campagnes après son classement au titre des monuments historiques par arrêté du 25 juin 1929[4].
En 1982, le site bénéficie d'une intervention de sauvetage à la suite d'un défrichement entrepris par les propriétaires du site qui révèlent de nouvelles structures. Le site a fait l'objet de nouveaux relevés en 2019-2020 et 2022 par l'Université de Nantes[1].
Description
[modifier | modifier le code]Le site correspond à un promontoire granitique naturel, situé à 30 m d'altitude, dominant sur son côté oriental la vallée de la rivière de Crac’h. Pour autant, le site n'est pas un éperon barré au sens strict : la plaine à l'ouest et au sud-ouest grimpe en pente douce vers le promontoire sur plus de 200 m de longueur, ce qui offre une grande visibilité, et en l'absence de retranchements artificiels, le promontoire demeure accessible sur trois côtés. Il s'étend sur environ 3 ha (200 m de long sur 150 m de large) mais on ne dispose d'aucun plan complet de l'ensemble[1].
Fortifications
[modifier | modifier le code]Le système de fortification demeure difficilement compréhensible car il est masqué par une végétation basse et très dense. Le plan dressé par Le Rouzic correspond à une enceinte quadrangulaire fermée, avec des angles arrondis et une façade curviligne au nord. Les relevés plus récents (GPS, tachéomètre et Lidar) tendent à dessiner une enceinte curviligne en forme de « C », ouverte à l'Est[1]. Les éléments de fortification encore visibles correspondent à un talus bâti sur les trois côtés nord, ouest et sud du promontoire. Ce talus est doublé, côté extérieur, mais uniquement sur les façades nord et ouest par un second talus, moins large et moins élevé, situé à 3 à 4 m de distance côté nord et moins de 4 m côté sud. Les deux talus sont séparés par un fossé creusé dans l'arène granitique constituant le substrat rocheux local[1].
L'enceinte interne mesure 180 m sur 100 m, elle est délimitée sur trois côtés par deux talus séparés par un fossé creusé dans l'arène granitique mais les limites du camp proprement dit restent encore imprécises : les limites sud-est du camp demeurant encore inconnues, on ne sait pas si le camp était totalement clos et dans l'affirmative où se trouvait l'entrée[1].
Dolmen et ciste funéraire
[modifier | modifier le code]Le dolmen est du type dolmen à couloir. Il ouvre au sud-est par un couloir fortement coudé. Il est enserré dans un tumulus de forme ovalaire (20 m de long d'est en ouest, sur 16 m de large du nord au sud et 1,40 m de hauteur) constitué d'un cairn recouvert par une couche de terre. Le dolmen est délimité par huit orthostates (cinq côté nord, deux côté sud, un côté ouest) et divers fragments de dalles. La chambre mesure 4,50 m de long sur 2,10 m de large. Elle est précédée d'un couloir de 3,50 m de long sur 1,60 m de large en moyenne. Le sol était recouvert de deux couches de dallage superposées constituées de pierres plates séparées par une couche de terre brûlée mélangée de charbons de bois. La première couche de dallage reposait elle-même sur une couche de terre jaune rapportée qui avait subi un feu violent. À proximité du dolmen, Le Rouzic découvrit un fragment de dalle[Note 1] comportant une série de gravures (petits écussons, crosse) et plusieurs cupules[3].
À la base du tumulus, à environ 7 m de l'entrée du dolmen, Le Rouzic a découvert une ciste constituée de huit pierres plates dressées sur chant, délimitant une chambre funéraire de 1 m de long sur 0,50 m de large en moyenne et 0,40 m de profondeur. L'un des dalles au nord comporte trois cupules au sommet[3].
Tertres et fonds de cabanes
[modifier | modifier le code]Le Rouzic a mis au jour trois petites tertres à 52 m au nord-nord-est du dolmen. Le plus à l'ouest mesure 4,30 m de long sur 3,50 m de large et 0,55 m de hauteur. Il est constitué d'une couche de terre recouvrant un cairn composé de blocs en granite disposés de manière arc-boutée et surmontés d'une pierre plate (0,35 m de long sur 0,20 m de large) comportant sept cupules (1 grande au centre et 6 plus petites disposées en cercle autour). L'ensemble recouvrait un coffre de forme carrée (0,90 à 1 m de côté) creusé dans le sol sur trois côtés et fermé par une dalle et des petits blocs sur le quatrième côté[3]. Le second tertre est visible à 22 m plus à l'est, il mesure 8 m de diamètre sur 0,80 m de hauteur, Le Rouzic le qualifie de « fond de cabane » car il correspond aux restes d'un foyer délimité par trois pierres. Le troisième tertre (10 m de diamètre sur 0,60 m de hauteur), recouvre un second fond de cabane (8 m de diamètre) délimité par six blocs où Le Rouzic mit au jour trois foyers distincts[3].
Dans la partie nord du camp, Le Rouzic découvrit une autre série de fonds de cabanes d'architecture similaire, au sol fortement damé, des foyers et des fours semi-circulaires. Au milieu du camp, il mit à jour les vestiges de trois structures irrégulières identifiées comme des habitations[3].
Mobilier archéologique
[modifier | modifier le code]Le matériel archéologique recueilli par les membres de la Société polymathique (Closmadeuc, Le Rouzic) est conservé dans les collections du musée de Préhistoire de Carnac[1].
Fouilles et restaurations de Le Rouzic
[modifier | modifier le code]Le Rouzic a décrit de manière très détaillée l'abondant matériel archéologique qu'il a recueilli à l'intérieur et à l'extérieur du camp[3] :
Structure | Céramiques | Objets lithiques | Divers |
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Dolmen (chambre) |
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Dolmen (cairn) |
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Ciste funéraire |
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Tertre n°1 |
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Tertre n°2 |
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Tertre n°3 |
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Fonds de cabane nord |
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Fours |
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Foyers et habitations |
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Talus de défense |
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Extérieur du camp |
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Hormis les quelques outils provenant du Grand-Pressigny, tous les autres outils en silex ont été réalisés avec des rognons de silex d'origine locale provenant de la côte. Les haches polies (diorite, fibrolithe) sont similaires à celles trouvées dans les autres dolmens. La céramique est généralement grossière (sauf dans les habitations), faite à la main avec un dégraissant constitué de quartz, de feldspath ou de mica, et de cuisson inégale. La plupart des vases sont à fond plat et rebord droit. Leurs anses ont été souvent cuites séparément puis incorporées au reste du vase avant une nouvelle cuisson. Les décors sont rudimentaires (sillons, filets, cordons avec quelques ondulations et pointillés). Beaucoup de vases semblent être des poteries destinées à un usage domestique fréquent[3].
Essai d'interprétation
[modifier | modifier le code]Le site a fourni une quantité considérable de tessons de céramiques diverses avec une succession de styles céramiques datés du Néolithique à l'Âge du cuivre[5]. Le site est celui qui a livré le plus grand nombre de céramiques type Kerugou et un grand nombre de vases à bord perforé servant probablement de jarre à provision[6]. La céramique et l'outillage lithique ont été retrouvés répartis de manière homogène, aussi bien dans la couche archéologique que directement sur le sol naturel. La grande quantité de meules et de fragments de molette[Note 2] découverts sur tout le site est assez surprenante au premier abord, mais si l'on prend en compte la découverte en parallèle de fours et l'abondance de la céramique, l'ensemble pourrait indiquer que le camp abritait une importante activité de fabrication de poteries qui a perduré sur une longue période[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Cette dalle est désormais conservée au musée de musée de Préhistoire de Carnac.
- Les meules pourraient avoir servies à broyer de l'argile et non des céréales.
Références
[modifier | modifier le code]- Guyodo et al. 2002.
- A. Guébhard, « Procès-verbal de la séance. », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 5, no 9, , p. 429 (lire en ligne)
- Le Rouzic 1933.
- « Camp de Lizo », notice no PA00091078, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Pollès 1985, p. 221.
- Pollès 1985, p. 224.
- Lecerf 1986.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Noël Guyodo, Audrey Blanchard, Aménaïs Choplin et Kevin Schaeffer, Relevé des architectures en pierre du site d’habitat néolithique du Lizo (Carnac, Morbihan) (Rapport de prospection thématique), , 54 p.
- Yannick Lecerf, « Une nouvelle intervention archéologique au camp du Lizo en Carnac (Morbihan) », Revue archéologique de l'ouest, vol. 3, , p. 47-58 (DOI https://doi.org/10.3406/rao.1986.888, lire en ligne [PDF])
- Zacharie Le Rouzic, « Premières fouilles au camp du Lizo », Revue Archéologique, , p. 189-219
- Renan Pollès, « Les vases à bord perforé du Néolithique Final armoricain », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 82, no 7, , p. 216-224 (DOI https://doi.org/10.3406/bspf.1985.8690, lire en ligne [PDF])