Cadière d'Anne de Bretagne
La cadière d'Anne de Bretagne est une pièce de monnaie en or du duché de Bretagne, présentant la reine Anne de Bretagne assise sur un trône, frappée en 1498-1499.
Véritable "chant du cygne"[1] de la production monétaire ducale bretonne, la cadière marque l'apogée artistique du monnayage breton. Frappée avant l'annexion du Duché par le royaume de France, elle en est l'un des derniers types monétaires.
Contextualisation
[modifier | modifier le code]En 1491, lors du mariage d'Anne de Bretagne avec le roi de France Charles VIII, celui-ci ordonne la fonte des monnaies des précédents ducs de Bretagne, celles-ci rappelant que les ducs étaient rois en leur duché[2], afin de marquer son pouvoir.
En 1498-1499, Anne de Bretagne est duchesse de Bretagne et reine de France, veuve du roi Charles VIII. Elle décide de frapper une nouvelle monnaie à Nantes, place du Bouffay[2] — un privilège réservé au roi et aux princes ayant rang de roi[3] — afin de rappeler la souveraineté du duché de Bretagne et confirmer son autorité[4], avant son prochain mariage avec Louis XII, le nouveau roi de France[5].
Le but de cette nouvelle monnaie n'est pas économique mais symbolique. Anne de Bretagne n'en fera d'ailleurs frapper que 10 000 exemplaires[2].
Sa conception est confiée à Jean Bourdichon, peintre du roi[3], qui représente Anne de Bretagne avec les attributs royaux.
Description
[modifier | modifier le code]Il s'agit d'une monnaie en or frappé, d'un poids de 3,50 grammes pour un diamètre de 27 millimètres.
Avers
[modifier | modifier le code]Sur l'avers, la duchesse Anne est représentée en majesté, assise sur un trône, en majesté, reprenant un motif utilisé par de nombreux rois de France. Elle tient un sceptre dans la main droite en symbole d'autorité souveraine, et une épée dans la main gauche qui rappelle qu'elle est chef militaire[2]. Sa tête est ceinte d'une large couronne. Sa robe et son manteau reprennent les armes de Bretagne et de France : hermines et fleurs de lys. La date est placée sous les pieds du sujet.
La grènetis est entourée par la mention ANNA.D.G.FRAN.REGINA.ET.BRITONVM.DVCISSA (« Anne, par la grâce de Dieu, reine des Français et duchesse des Bretons »).
Revers
[modifier | modifier le code]Une croix d'inspiration Renaissance est présente au revers, chargé en cœur d'un N oncial. Elle est ornée à chaque extrémité de deux bourrelets inégaux, surmontés d'une croix fichée entre deux pétales de lis.
La mention SIT ! NOMEN ! DOMINI ! BENEDICTUM ! est présente dans le cercle délié entourant la croix.
Dénomination
[modifier | modifier le code]Le terme de « cadière » fait référence au trône sur lequel est assise la duchesse (du latin cathedra, chaise à dossier ou siège).
On peut rapprocher la représentation de la souveraine des écus d'or dits « à la chaise » émis par les rois de France, notamment Philippe VI ou Jean le Bon, les montrant assis en majesté dans une stalle gothique. Ces monnaies royales accusaient cependant un poids de l'ordre de 4,5 g pour un diamètre de 29 mm.
Exemplaires
[modifier | modifier le code]Il existe deux types de cette cadière. Un modèle très rare dont il n'existe que quelques exemplaires (5 connus en 2015) montrant un sol représenté sous les pieds d'Anne de Bretagne. Un autre modèle portant la date de 1498 sous les pieds d'Anne de Bretagne (15 connus en 2015)[2].
Le musée de Bretagne possède un exemplaire portant la date de 1498 : cette série est dite du « premier type de Nantes ». Cette monnaie est la première monnaie française à porter un millésime[6].
Avec d'autres objets, un autre exemplaire de cette pièce a été volée durant la nuit du vendredi 13 avril au samedi 14 avril 2018[7] au musée départemental Thomas-Dobrée, où elle était exposée dans le cadre d'une exposition intitulée « Voyage dans les collections »[8],[9]. Elle a été retrouvée à Saint-Nazaire le avec l'ensemble du butin[10].
Références
[modifier | modifier le code]- Yves Coativy, « Chapitre X. Apogée et chant du cygne du monnayage breton », dans La monnaie des ducs de Bretagne : De l'an mil à 1499, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 349–379 p. (ISBN 978-2-7535-3187-1, lire en ligne)
- [vidéo] Département Loire-Atlantique, « Les RDV de Grand Patrimoine #3 : la Cadière d'or d'Anne de Bretagne », sur YouTube, (consulté le )
- Pascal Aumasson, Philippe Hamon et Cécile Le Faou, Les Bretons et l'argent, Rennes, Éditions Apogée, , 127 p. (ISBN 978-2-843983-91-7, OCLC 762711079, BNF 42446143).
- Département Loire-Atlantique, « Les RDV de Grand Patrimoine #3 : la Cadière d'or d'Anne de Bretagne », (consulté le )
- Gildas Salaün, « La Cadière d'Anne de Bretagne », Monnaie magazine, , p. 50-55 (ISSN 1626-6145)
- Bretagne est univers, p. 93
- [PDF] « Liste prévisionnelle des œuvres volées », site du musée Dobrée.
- « Voyage dans les collections du Musée Dobrée - Le voyage à Nantes », Le voyage à Nantes, (lire en ligne, consulté le )
- « Nantes : l'écrin du cœur d'Anne de Bretagne volé au musée Dobrée », France Bleu, (lire en ligne, consulté le )
- « Le reliquaire d’Anne de Bretagne retrouvé samedi soir dans la région de Saint-Nazaire », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le )
Biographie
[modifier | modifier le code]- Notice de la cadière du Musée de Bretagne, sur le site du Musée de Bretagne, licence CC0.
- Olivier David, Grégor Marchand, Daniel Pichot, Gauthier Aubert, Yann Lagadec, Luc Capdevila et Jacqueline Sainclivier (préf. Michel Gautier), Bretagne est univers, Éditions Apogée et Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-84398-257-6 et 978-2-7535-0408-0, BNF 41178067), p. 93.