Arès Borghèse
Arès Borghèse | |
Statue de l'Arès Borghèse | |
Type | Statue en ronde bosse |
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Dimensions | Hauteur : 220 cm ; Largeur : 85 cm ; Profondeur : 76 cm |
Poids | 710 kg |
Inventaire | MR 65 ; N 819 ; Ma 866 |
Matériau | marbre |
Période | -100 / 50 (1er quart du Ier s. av. J.-C. ; 2e quart du Ier s. ap. J.-C.) |
Culture | Copie romaine d'un original grec |
Lieu de découverte | Rome |
Conservation | Louvre |
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L’Arès Borghèse est une statue en marbre, copie romaine d'un original grec perdu, représentant un jeune homme nu et casqué, probablement le dieu Arès. Le type est généralement attribué au sculpteur grec Alcamène. Provenant de la collection Borghèse, d'où son nom, elle a été achetée par Napoléon Ier au prince Camille Borghèse en 1807 et appartient désormais aux collections du musée du Louvre.
Histoire et restaurations
[modifier | modifier le code]L'Arès Borghèse a été acheté par Napoléon Ier à Camille Borghèse en 1807 pour être exposé au musée du Louvre, appelé alors « Musée Napoléon ».
La statue actuelle est incomplète et plusieurs parties ont été recollés (jambes, bras droit, pied droit, pubis ainsi que le haut du support ont été recollés)[1]. Le cimier et l'épée manquent. Une grande partie de la plinthe manquante a été complétée en marbre et plâtre[1].
Elle est exposée dans la salle 344 de l'aile Sully, consacrée à l'art grec classique et hellénistique, sur le podium 3.
Description
[modifier | modifier le code]La statue, plus grande que nature (2,11 mètres), représente un jeune homme nu, debout, portant un casque et un anneau à la cheville gauche. Il tenait probablement un bouclier et une lance de la main gauche et une épée dans la main droite[2]. La statue reprend le contrapposto introduit par Polyclète, mais avec une variante[3] : la jambe gauche sert d'appui, étayée contre un tronc de palmier, tandis que la jambe libre, au lieu d'être fléchie vers l'arrière comme chez Polyclète, est tendue à l'avant. La pose préfigure celle du Discophore de Naucydès[2],[3]. La tête est légèrement penchée vers l'avant, dans une pose mélancolique[3].
La statue est généralement identifiée comme représentant le dieu Arès, bien qu'il n'existe aucune certitude à cet égard. Pour Furtwängler, l'anneau fait référence à l'épisode homérique où Arès et Aphrodite sont surpris et emprisonnés par Héphaïstos[5],[3]. L'interprétation a été critiquée[3]. On a également suggéré que l'anneau symbolisait la paix retenant le dieu de la guerre[6].
« L'aède, après quelques accords, commença un beau chant sur les amours d'Arès et d'Aphrodite couronnée. Ils s'unirent d'abord secrètement chez Héphaïstos ; Arès l'avait gâtée, et c'est ainsi qu'il outragea la couche d'Héphaïstos. Mais ce dieu en fut informé par Hélios (Soleil), qui les avait surpris en pleine étreinte. Dès qu'Héphaïstos eut entendu ce récit douloureux, il courut dans sa forge […] et y forgea d'épais et solides liens pour prendre les amants. »
— Homère, Odyssée, VIII, 266-366
Le casque, dont le cimier est perdu, est orné d'un lévrier et de griffons sur les côtés du timbre et de deux lévriers courant sur le frontal. Cette iconographie, relativement inhabituelle, est celle d'un casque de parade de cavalerie romaine[7].
On a également proposé de voir dans la statue le portrait de Pâris par Euphranor que mentionne Pline l'Ancien[8],[9] : l'anneau serait simplement un bijou porté par le prince troyen efféminé ; l'hypothèse est minoritaire[10].
Attribution de la statue
[modifier | modifier le code]Depuis Wilhelm Furtwängler[11], la statue est généralement rapprochée d'un passage de Pausanias, dans sa Description de la Grèce (IIe siècle) : « près de l'effigie de Démosthène, il y a un sanctuaire d'Arès, où se trouvent deux statues, l'une d'Aphrodite, l'autre d'Arès, réalisée par Alcamène ; celle d'Athéna est l'œuvre d'un Parien, nommé Locros[12]. »
Cette attribution traditionnelle de l'original, en bronze[13], soulève la remarque formulée par K.J. Hartswick, concernant la copie en marbre : la forme du casque n'apparaît pas avant le IIe siècle av. J.-C.[14] La statue actuelle remonterait au déplacement du culte d'Arès sur l'agora d'Athènes en 2 apr. J.-C. et serait la statue cultuelle du culte de Gaius César, petit-fils d'Auguste, « comme nouvel Arès ». On a objecté que l'identification de la statue à Arès n'était pas certaine et que rien ne rattachait l'original de l'Arès Borghèse à Athènes[15]. La datation basse a néanmoins été suivie par plusieurs autres auteurs[16].
Le culte et les représentations du dieu Arès ne sont pas nombreux dans l'Antiquité grecque. On le retrouve surtout dans des scènes collectives[17].
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Arès Borghèse dans sa salle d'exposition au Louvre
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L'Arès Borghèse, dos et fessier
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L'Arès Borghèse en contre-plongée
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Arès Borghèse : buste, détails du casque
Autres statues antiques du type Borghèse
[modifier | modifier le code]Le type statuaire était connu, car on en possède une vingtaine de copies[18], notamment à la Glyptothèque de Munich (inv. 212) ou à la Centrale Montemartini (MC 795). La pose a été réutilisée pour des statues d'empereurs romains, seuls ou avec une statue de Vénus représentant l'impératrice[3]. L'Arès de Leptis Magna est également du type Borghèse : c'est une statue romaine en marbre, exposée au musée archéologique de Tripoli en Libye.
Copies modernes et moulages
[modifier | modifier le code]Il existe plusieurs reproductions modernes de l'Arès Borghèse dans le monde :
- Copie exposée dans les jardins du château de Chantilly, au Vertugadin, le jardin en pente situé à l'arrière du parc : elle datait de 1902 et remplaçait une copie détruite sous la Révolution française[19]. C'est au pied cette statue qu'une scène du film Le Bal des maudits (1958) a été tournée. Volée en décembre 1989, une nouvelle copie est désormais installée sur son socle. Cette dernière a été réalisée à partir d'un scan 3D de la statue du Louvre par Alain Bourson ; l'œuvre a été sculptée par Patrick Laroche dans un bloc de pierre issu des carrières Degan de Saint-Maximin[19]. La statue actuelle pèse 390 kg et son financement a été assuré par les amis du musée Condé[19].
- Copie réalisée par Carlo Freter pour le Hearst Castle, Californie, États-Unis d'Amérique ;
- Copie située au premier étage de la façade ouest de la Cour carrée du Louvre, France.
Il existe plusieurs moulages en plâtre de l'Arès Borghèse dans différentes institutions :
- Musée des Moulages de l'université Paul Valéry, Montpellier, France. Tirage intégral (A 110) de la fin du XIXe siècle par l'atelier du Louvre à Paris, entré dans la collection en 1890 ;
- Museu Nacional de Belas Artes, Rio de Janeiro, Brésil ;
- Glyptothèque de l'université de Séville, Espagne ;
- Reconstitution en plâtre du groupe de Vénus et Mars par Félix Ravaisson.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Arès Borghèse », sur Musée du Louvre, (consulté le )
- Boardman 1985, fig. 223.
- Rolley 1999, p. 148.
- Rolley, 1999, p. 149. Musée du Louvre: création Rome (?) daté -100 / 50. Inv. Ma 866 ; MR 65 ; N 819. Louvre Collection : [1]
- Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 266 et suivants
- Hartswick 1990, p. 238.
- Rolley, 1999, p. 149.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], XXIV, 77.
- C. Robert, « Excurs über den Ares Borghese », 19 Hallisches Winckelmannswprogram, Halle, 1895, p. 21-29.
- Nicole Dacos, « Le Pâris d'Euphranor », BCH (1961) 85, p. 371-399.
- Wilhelm Furtwängler, Meisterwerke, 1893, p. 121, suivant une hypothèse proposée par A. Conze en 1868 (Rolley 1999, p. 148).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 8, 4. Traduction de Marion Muller-Dufeu, La Sculpture grecque. Sources littéraires et épigraphiques, Paris, éditions de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, coll. « Beaux-Arts histoire », (ISBN 2-84056-087-9), no 1003.
- Louvre, Collection : [2].
- Hartswick 1990, p. 240-250.
- Bruneau 1993, p. 402-403.
- Rolley 1999, p. 148, B.S. Ridgway, Fourth-Century Styles in Greek Sculpture, 1997, p. 270, n 18. et Bruneau 1993, p. 402-403.
- Irène Aghion, Claire Barbillon et François Lissarrague, Héros et dieux de l'Antiquité, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art », (1re éd. 1994), 319 p. (ISBN 978-2-0812-0785-1), p. 182-184.
- Hartswick 1990, p. 272-283.
- Hervé Sénamaud, « Chantilly : le mécénat permet la renaissance de la statue d’Arès dans le parc du château », sur Le Parisien, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- LIMC II 1 (1984) p. 479-492 f. s.v. Ares (Ph. Bruneau)
- John Boardman (trad. de l'anglais par Florence Lévy-Paoloni), La Sculpture grecque classique [« Greek Sculpture: The Classical Sculpture »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », 1995 (1re édition 1985), 251 p. (ISBN 978-2-87811-086-9, BNF 35750448), fig. 223
- Philippe Bruneau, « Le rajeunissement de l'Arès Borghèse », Bulletin de correspondance hellénique, nos 117-1, , p. 401-405 (DOI 10.3406/bch.1993.1687, lire en ligne)
- K.J. Hartswick, « The Ares Borghese Reconsidered », Revue archéologique, no 2, , p. 227-283
- Claude Rolley, La Sculpture grecque, vol. II : La période classique, Manuels d'art et d'archéologie antiques, Picard, , 439 p. (ISBN 978-2-7084-0506-6, BNF 37058742), p. 148-149