Tungose
Spécialité | Infectiologie |
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CIM-10 | B88.1 |
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CIM-9 | 134.1 |
DiseasesDB | 29589 |
eMedicine | 231037 |
MeSH | D058285 |
La tungose ou sarcopsyllose est une maladie de la peau parasitaire causée par la puce-chique (Tunga penetrans). Elle est fréquente en milieu tropical et surtout à Madagascar. Le diagnostic est facile et repose sur la mise en évidence de la petite puce sous la peau, sous la forme d'une tuméfaction dermique arrondie et blanchâtre. Il existe des formes profuses avec de nombreuses lésions cutanées et des complications locorégionales. Le traitement de la forme simple consiste à extraire le parasite. Des topiques à base d'ivermectine, de métrifonate, de thiabendazole ou de diméticone peuvent être utilisés.
Épidémiologie
[modifier | modifier le code]Les espèces du genre Tunga ont une taille variant entre 0,8 et 1 mm. Seule la femelle peut parasiter un hôte.
L’épiderme de l’hôte va entièrement recouvrir le corps de la puce-chique, ne laissant s’aboucher à la peau que l'orifice de ponte et l'orifice respiratoire.
La parasite se nourrit en permanence, au niveau des vaisseaux sanguins du derme. Il va progressivement augmenter son volume (par distension de son abdomen) pour atteindre un diamètre de 5 à 7 mm, sous la forme d'une boule blanchâtre.
Au bout de 8 à 10 jours, la période de ponte commence et se prolonge pendant 3 à 4 semaines (la durée de vie de la puce). Les œufs sont expulsés à l’extérieur du corps de l’hôte par l'orifice de ponte. S'ils sont émis dans un sol sableux sous un climat chaud et humide, les œufs vont éclore et libérer une larve (200 à 250 œufs par ponte).
Après deux semaines d'évolution et deux mues, la larve se nymphose en huit jours environ ; du cocon sortira le parasite adulte.
La contamination se fait par la mise en contact du parasite femelle avec l’épiderme de l’hôte (lors de la marche pied nu par exemple). Le parasite femelle va perforer activement l’épiderme pour pénétrer à l’intérieur du derme et reproduire le cycle[1].
Tableau clinique
[modifier | modifier le code]Les femelles gravides s'enfoncent sous la peau des zones exposées (surtout au niveau des pieds) et se métamorphosent en poche d'œufs, qu'elles pondent progressivement à l'intérieur du corps de l'hôte[2]. Elles causent alors un prurit et des douleurs modérées. Les lésions provoquées ont l'apparence de petit nodule blanchâtre de 5 à 10 mm centré par un point noir, correspondant à partie exposée de la puce (pattes, orifices respiratoires et organes reproducteurs)[2],[3]. La tungose atteint électivement le pied, avec une atteinte préférentielle sous-unguéale. La voute plantaire et les régions péri-malléolaires peuvent aussi être touchées[4].
Si la puce n'est pas extraite à temps, elle peut provoquer des infections ou d'autres complications[3] dangereuses, notamment :
- abcès locaux devenant phlegmoneux, compliqués de lymphangite ou de phagédénisme (tendance à s'étendre en surface et en profondeur et à résister aux traitements) et pouvant aboutir à la perte d'orteils ;
- gangrène gazeuse ou tétanos, au pronostic le plus souvent fatal.
Diagnostic
[modifier | modifier le code]Traitement
[modifier | modifier le code]La parasitose elle-même nécessitera l'extraction adroite et prudente et de façon aseptisée des parasites après élargissement de l'orifice cutané à l'aiguille, suivie d'une désinfection soigneuse de la logette. Un pansement de protection sera maintenu jusqu'à cicatrisation.
Dans les formes compliquées, l'ivermectine, le métrifonate ou le thiabendazole peuvent être utilisés[5],[6], ou encore de la vaseline salicylée à 20 % pendant 12-24 h[7].
L'application de topique de diméticones de faible viscosité, nyda, est également efficace[8].
Prophylaxie
[modifier | modifier le code]La prophylaxie repose sur le port de chaussures fermées, de chaussettes et d'une bonne hygiène des pieds.
Histoire
[modifier | modifier le code]La tungose était endémique dans l'Amérique précolombienne depuis plusieurs siècles lorsque Tunga penetrans a été découverte aux Antilles[9]. Les premiers cas documentés ont été relatés en 1526 par Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés, qui décrit l'affection cutanée et ses symptômes chez des membres de l'équipage de la Santa María de Christophe Colomb, après son naufrage sur les côtes d'Haïti[10]. Le long des routes maritimes et à la faveur des expéditions ultérieures, la puce-chique s'est répandue à travers le monde, en particulier dans le reste de l'Amérique latine et en Afrique. Sa propagation dans l'ensemble de l'Afrique s'est effectuée du XVIIe au XIXe siècle, notamment en 1872 quand des marins du Thomas Mitchell, en provenance du Brésil, l'ont introduite en Angola en y déchargeant illégalement du sable de lest[11],[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ANOFEL (Association française des enseignants de parasitologie et mycologie), Parasitoses et mycoses des régions tempérées et tropicales (3e édition), Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, , 472 p. (ISBN 978-2-294-72371-1), page 268 section épidémiologie.
- (en) Muehlstaedt M. « Images in clinical medicine: Periungual Tungiasis » N Engl J Med. 2008;359(24):e30.
- P. Couppie, « Tungose », Maladies, sur therapeutique-dermatologique.org, (consulté le ).
- « Myiases et Tungoses », sur campus.cerimes.fr (consulté le ).
- (en) Heukelbach J, Eisele M, Jackson A, Feldmeier H, « Topical treatment of tungiasis: a randomized, controlled trial », Ann Trop Med Parasitol, vol. 97, no 7, , p. 743-9. (PMID 14613633, DOI 10.1590/S0074-02762004000800015, lire en ligne [PDF]) .
- Pierre Aubry, « Tungose ou puce-chique - Actualités 2002 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur medecinetropicale.free.fr, (consulté le ).
- Loïc EPELBOIN, Philippe ABBOUD, Karim ABDELMOUMEN, Frédégonde ABOUT, Antoine ADENIS, Théo BLAISE, Romain BLAIZOT, Timothée BONIFAY, Morgane BOURNE-WATRIN, Mathilde BOUTROU, Gabriel CARLES, Pierre-Yves CARLIER, Jean-François CAROD, Luisiane CARVALHO, Pierre COUPPIÈ, Bertrand DE TOFFOL, François DELON, Magalie DEMAR, Justin DESTOOP, Maylis DOUINE, Jean-Pierre DROZ, Narcisse ELENGA, Antoine ENFISSI, Yves-Kénol FRANCK, Alexis FREMERY, Mélanie GAILLET, Hatem KALLEL, Arsène Amadouhé KPANGON, Anne LAVERGNE, Paul LE TURNIER, Lucas MAISONOBE, Céline MICHAUD, Rémi MUTRICY, Mathieu NACHER, Richard NALDJINAN-KODBAYE, Margot OBERLIS, Guillaume ODONNE, Lindsay OSEI, Jean PUJO, Sébastien RABIER, Brigitte ROMAN-LAVERDURE, Cyril ROUSSEAU, Dominique ROUSSET, Nadia SABBAH, Vincent SAINTE-ROSE, Roxane SCHAUB, Karamba SYLLA, Marc-Alexandre TAREAU, Victor TERTRE, Camille THOREY, Véronique VIALETTE, Gaëlle WALTER, Magaly Magaly, Félix DJOSSOU et Nicolas VIGNIER, « Panorama des pathologies infectieuses et non infectieuses de Guyane en 2022 », Revue Médecine Tropicale et Santé Internationale (MTSI), vol. 3, no 1, (DOI 10.48327/mtsi.v3i1.2023.308, lire en ligne)
- (en) Thielecke M, Nordin P, Ngomi N, Feldmeier H, « Treatment of Tungiasis with dimeticone: a proof-of-principle study in rural Kenya », PLoS Negl Trop Dis, vol. 8, no 7, , e3058. (PMID 25079375, PMCID PMC4117482, DOI 10.1371/journal.pntd.0003058, lire en ligne [html]) .
- (en) V. Maco, M. Tantaleán et E. Gotuzzo, « Evidence of tungiasis in pre-Hispanic America », Emerging Infectious Diseases, vol. 17, no 5, , p. 855–862 (PMID 21529395, PMCID 3321756, DOI 10.3201/eid1705.100542).
- (en) G.L. Darmstadt et J.S. Francis, « Tungiasis in a young child adopted from South America », Pediatr. Infect. Dis. J., vol. 19, no 5, , p. 485–487 (PMID 10819355, DOI 10.1097/00006454-200005000-00024).
- (en) J. Joseph, J. Bazile, J. Mutter, S. Shin, A. Ruddle, L. Ivers, E. Lyon et P. Farmer, « Tungiasis in rural Haiti: a community-based response », Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 100, no 10, , p. 970–974 (DOI 10.1016/j.trstmh.2005.11.006).
- (en) R. Hoeppli, « Early references to the occurrence of Tunga penetrans in tropical Africa », Acta Trop., vol. 20, , p. 142–152.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Lien externe
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