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Circoncision

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Modèle:Sexologie verticale Du latin circumcisio (découper autour), la circoncision consiste en l'ablation totale ou partielle du prépuce, qui laisse le gland du pénis à découvert. Elle est pratiquée depuis la préhistoire. On estime qu'elle concerne aujourd'hui entre un quart et un cinquième de la population masculine mondiale. Elle est essentiellement pratiquée pour des motifs culturels et religieux, mais aussi thérapeutiques et prophylactiques :

  • Dans le judaïsme, la circoncision au huitième jour du nouveau-né mâle, en présence de dix hommes adultes (miniane) est un rite fondateur, la Brit milah
  • Dans l'islam, elle est pratiquée sur les nouveaux-nés et enfants mâles âgés de sept jours à environ treize ans et est appelée touhour (purification).
  • La circoncision se pratique aussi dans certaines communautés chrétiennes comme les coptes (en Egypte), aux Philippines ou en Afrique.
  • Aux États-Unis principalement, la circoncision est utilisée à des fins d’hygiène préventive ; elle concerne encore plus de 50% des nouveaux-nés.
  • Enfin, médicalement, la circoncision est le principal traitement du phimosis, affection de l'adulte qui est encore souvent confondue avec la non rétractabilité physiologique du prépuce de l'enfant.

La circoncision suscite chez certaines personnes des objections d'ordre moral. Elles dénoncent une atteinte à l'intégrité du corps ainsi que le fait qu'elle soit pratiquée sur des enfants dont le consentement éclairé ne peut être donné. Principalement aux États-Unis, des groupes opposés à sa pratique sur les mineurs militent pour qu'elle soit reconnue comme une mutilation sexuelle.

Fonctions du prépuce

Lorsque le pénis intact est à l’état de flaccidité, les principales zones érogènes que constituent le gland et la face interne du prépuce sont protégées[réf. nécessaire] des frottements et du dessèchement, ce qui évite leur stimulation [réf. nécessaire]en dehors des activités sexuelles, préserve leur sensibilité[réf. nécessaire] et les maintient dans leur état naturel de muqueuses[réf. nécessaire]. La circoncision provoque une kératinisation de l’épithélium du gland.

Lorsque le pénis est en état d’érection, le prépuce déplié fournit une réserve de peau pour s'accommoder de l’allongement[réf. nécessaire] du sexe masculin. Le prépuce est un manchon mobile qui joue un rôle de facilitation[réf. nécessaire] des mouvements de va-et-vient liés à l’activité sexuelle.

Le prépuce possède aussi un réseau de terminaisons nerveuses[réf. nécessaire] : bande striée de l'anneau préputial, muqueuse interne du prépuce.

L'analogue anatomique (ayant une même origine embryonnaire) du prépuce chez la femme est le capuchon du clitoris.

Pratique rituelle

Historiquement

La pratique de la circoncision remonte aux premières traces laissées par l'Homme. Des représentation de cette opération chirurgicale ont été retrouvées sur des dessins rupestres datant du Néolithique, ainsi que sur des hiéroglyphes de tombeaux égyptiens[1].

Scène de circoncision gravée dans le mur interne du temple de Khonspekhrod, à Mut, Louxor. Aménophis III , XVIIIe dynastie, vers 1360 av. J. C.
Fichier:Egypt circ.jpg

La circoncision est mentionnée au Ve siècle av. J.-C. par Hérodote, qui l’évoque dans le second livre de ses Histoires et en attribue la paternité aux Égyptiens. Cette paternité est confirmée par de nombreux vestiges archéologiques, le plus ancien étant une gravure du tombeau d’Ankhmahor (6ème dynastie, entre -2300 et -2200), à Saqqarah, qui représente une circoncision pratiquée avec un silex sur un homme debout.

Hérodote explique la circoncision par une prescription hygiénique. On a dit aussi qu'elle accroissait la vigueur sexuelle et la jouissance du mâle. Inversement, le philosophe Philon d'Alexandrie voyait dans la circoncision une renonciation symbolique aux péchés de la chair. Une autre interprétation religieuse fait de ce rite une forme édulcorée de sacrifice : plutôt que d’offrir son corps entier à la divinité qui lui a donné la vie, l’homme lui fait présent d’une petite partie de sa chair.

L’interprétation la plus fréquente, dans les civilisations où la circoncision a lieu à la préadolescence, considère la circoncision comme un rite initiatique permettant à l’enfant de devenir adulte.

Une autre interprétation doit être trouvée dans les civilisations voulant que l’opération ait lieu immédiatement après la naissance. La Bible a-t-elle simplement cherché là un moyen de perpétuer un rite païen antérieur ? Plus fondamentalement, l'histoire d'Abraham, de Sarah et d'Isaac, ou Ismaël pour les musulmans, fonde la filiation légitime, reconnue par la société dès la naissance, et indépendante des liens biologiques et conjugaux, qui sont problématiques.

Le rite de la circoncision, à l'instar des interdictions alimentaires et des prescriptions vestimentaires ont pu être des moyens de marquer les communautés religieuses par des signes distinctifs ostensibles[2].

Religions

Judaïsme

La religion juive pratique la circoncision le huitième jour de la naissance, sauf avis médical contraire. C’est au père qu’il incombe de préparer la cérémonie, qui doit se dérouler tôt le matin. La circoncision s’appelle en hébreu milah (coupure), mais l’expression complète est Brith milah, Brit signifiant Alliance. En effet, cette circoncision rappelle l’alliance promise par Dieu à Abraham et après lui à tout le peuple d'Israël. L’Ancien Testament fait d’Abraham et de sa famille les premiers circoncis ; lorsque Dieu apparaît à Abraham, il lui indique ainsi les termes de son alliance avec le peuple juif (Genèse, XVII:10-12) :

« Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, et ta postérité après toi : que tous vos mâles soient circoncis.
Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous.
Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération.»

Alors âgé de 99 ans, Abraham se circoncit, impose l’opération à son premier fils Ismaël qui a 13 ans, ainsi qu’à tous les hommes et enfants mâles de sa maison. Il répète ensuite l’opération sur le petit Isaac, âgé de 8 jours. Ces différences d'ages entre les deux enfants d'Abraham lors de la circoncision expliquent les différences observées aujourd'hui entre les traditions musulmanes et juives.

Quand la Judée fut soumise aux successeurs d'Alexandre le Grand, la circoncision fut contestée par les Juifs hellénisés. La querelle tourna à l'affrontement quand le roi Antiochos IV Épiphane voulut soumettre la population à une hellénisation forcée impliquant :

  • l’éphébie (préparation militaire supposant la gymnastique nu à la palestre).
  • l’abandon de la circoncision dont les Grecs faisaient honte aux juifs ; on créa donc une opération de restauration du prépuce ; elle était d'autant plus difficile que le seul antiseptique et antidouleur connu était la feuille de saule qui favorise l'hémorragie.
  • l’adoption de la langue grecque au détriment de l’araméen

Cette tentative provoqua la guerre des Macchabées et l'avènement de la dynastie hellénisée des Hasmonéens.

Aux États-Unis, pays où la circoncision est extrêmement courante y compris hors de toute connotation religieuse, un mouvement minoritaire de juifs opposés à la circoncision (Jews against circumcision) préconise l'abandon de cette pratique; En fait, la circoncision est une des coutumes les plus vivaces du peuple juif, bien devant le respect du Chabbat ou de la nourriture cachère, ce que décrit Spinoza lorsqu'il écrit : "Le signe de la circoncision me paraît d'une telle conséquence que je le crois capable d'être à lui tout seul le principe de la conservation du peuple juif " (Traité théologico-politique, 1670)

Circoncision de Jésus, cathédrale de Chartres

Saint Paul est réputé (doctrinalement) être à l’origine de l’abandon de la circoncision, contre l’avis des judéo-chrétiens. L'Église catholique romaine n'a jamais nié la Circoncision de Jésus, célébrée chaque année le 1er janvier, date du début de l'an 1 (alors que Jésus-Christ est symboliquement né un 25 décembre), et ce, jusqu'en 1970. Le Saint-Prépuce fut même une relique vénérée.

Dans le Nouveau Testament, un seul des quatre évangélistes évoque de façon claire la circoncision du Christ. Il s’agit de Luc (II:21) :

« Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception. »

En revanche, dans les Épîtres de Saint Paul, la circoncision n’apparaît pas nécessaire ; seule est nécessaire la "circoncision du cœur" (Romains 2, 28-29, adapté de Deutéronome 10, 16-17 et 30, 6). ou encore :

« La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien; ce qui compte, c’est de garder les commandements de Dieu. » (Corinthiens, VII:19).. Le débat se trouva alors clos dans la forme de judaïsme adaptée aux païens qu'est le christianisme.

La Circoncision est encore pratiquée par les Églises coptes d’Égypte et d’Éthiopie. À titre d’anecdote, on ajoutera qu’en Angleterre la reine Victoria, estimant que la famille royale descendait de David, fit circoncire ses enfants, notamment le futur roi Édouard VII. La coutume s’est perpétuée par la suite, mais la princesse Diana a refusé que ses deux garçons soient circoncis.

Un pays à majorité catholique, les Philippines, présente un taux de circoncision assez proche de 100 %, il semble que cette pratique culturelle remonte à des origines pré-hispaniques et ait été encouragée par la colonisation américaine (1898-1946), ces derniers mettant en avant le côté hygiénique. La méthode traditionnelle employée est plutôt une superincision sans ablation du prépuce qui se rétracte de lui même. Une très forte pression culturelle (stigmatisation des non-circoncis) explique la quasi-universalité de la pratique encore de nos jours. (Les Philippines sont peuplées principalement par des ethnies malaises)

En Polynésie française, un pays d'outre-mer à majorité chrétienne (mais où la répartition des confessions est de type "américain"), la superincision ou supercision est également généralisée dans les tous les milieux à dominante autochtone, pratiquants ou non. Elle y est considérée comme le pilier de l'identité masculine autochtone et l'état de non-circoncision fournit, pour les hommes, les premières insultes contre les éléments allochtones (ce qui revient à la très forte pression culturelle évoquée ci-dessus)…

La circoncision rituelle est très répandue dans toutes les îles du triangle polynésien, de Tahiti à Samoa en passant par les îles Tuvalu, Tonga, Tokelau, Cook, Marquises, Niue, Wallis et Futuna. La circoncision est une coutume ancestrale qui existait déjà avant l'arrivée des missionnaires européens. Elle se perpétue encore comme un rite qui garantit l'appartenance à la communauté polynésienne et de surcroît à l'identité masculine polynésienne. Elle se pratique entre 12 et 16 ans généralement et elle est célébrée par toute la famille comme étant le passage de l'enfance à l'âge adulte. Aujourd'hui, il s'agit d'une opération pratiquée dans les hôpitaux, notamment dans les communautés polynésiennes installées en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, à Hawaii, en Europe et aux États-Unis. Tous les Polynésiens la pratiquent, à l'exception des Maoris de Nouvelle-Zélande, qui ont abandonné ce rite d'initiation ancestral, quelques générations après leur arrivée sur cet archipel situé en dehors de la Polynésie tropicale. Si la plupart des jeunes polynésiens se rendent désormais à l'hôpital pour se faire circoncire (généralement sous anesthésie locale ou générale), il existe encore des pratiques de circoncision "artisanale" dans certaines familles. Le prépuce est coupé avec une lame de rasoir ou encore un morceau de bambou taillé. La cérémonie se fait à l'aube sur une plage, le plus souvent durant les vacances scolaires de décembre à février. Un groupe d'adolescents se font accompagner par leurs oncles maternels et les anciens du village. Après que le maître de circoncision ait procédé à l'opération, les jeunes doivent se rendre immédiatement dans l'eau de mer pour se soigner. Les risques d'hémorragies et d'infections sont limités mais existants. Pendant les deux ou trois semaines qui suivent, ce groupe de jeunes hommes se rendent chaque jour en fin de journée dans la mer pour un bain thérapeutique. La mer est censée soigner la plaie. Ils sont souvent l'objet de plaisanteries de la part des adultes et des jeunes filles qui les croisent en chemin ou sur la plage. Une fois guéris et fêtés dans leurs familles respectives, ces adolescents reçoivent plus de considération et sont admis dans les cercles des jeunes hommes à marier. Ils peuvent, à partir de leur circoncision, avoir leurs premières aventures.

Köçeks festoyants
Fête de 14 jours à l'occasion de la circoncision des trois fils du sultan Ahmed III (1720). Miniature tirée du Surname-i Vehbi, Topkapi, Istanbul.

Pratiquée par tous les musulmans, soit plus de 500 millions de personnes, la circoncision n’est pas préconisée par le Coran et semble correspondre à la survivance de rites préislamiques.

Elle est mentionnée dans plusieurs hadiths (appelée khitân). Par exemple, le hadith 4:575 de Abu Huraira « L'envoyé de Dieu a dit, "Abraham se circoncit lui-même à l'âge de 80 ans à l'aide d'une herminette." ». Ailleurs, le prophète de l'islam déclare aux nouveaux convertis « "Débarrassez vous des cheveux longs des païens et soyez circoncis." »[3]

Les oulémas se divisent en deux opinions au sujet de la circoncision : obligation ou forte recommandation. En Iran, elle a lieu le plus souvent le jour même de la naissance. Ailleurs, l’âge où l’enfant est circoncis est très variable, même si le plus souvent sept ans est considéré comme le meilleur âge. L’important est que l’opération ait lieu avant la puberté et les premiers signes d'éveils sexuels.

Les pays asiatiques de tradition bouddhique, confucéenne, shintoïste, etc., ne connaissent pratiquement pas la circoncision en dehors des cas médicaux. Seule la Corée du Sud fait exception à cette règle. Dans ce pays, elle était inconnue avant 1950. C’est l’influence américaine présente à cause de la guerre de Corée qui en assura la promotion arguant de bienfaits médicaux non démontrés, par la suite des campagnes de presse vantant le gain en performance sexuelle, sans doute répandues sur un terreau culturel particulièrement réceptif, relayèrent ces arguments et permirent l'émergence d'une mode socialement valorisante.

Ainsi vers 1970, seulement 5% des conscrits du service militaire étaient circoncis alors qu’en 2000, c’est 80% des conscrits qui l’étaient. Au début effectuée à tous âges, l’opération a tendance maintenant à devenir néo-natale. On se retrouve ainsi dans une situation proche de celle des États-Unis des années 1960.

En Afrique noire, la circoncision est rencontrée. Elle est également pratiquée par plusieurs peuples polynésiens et par certains aborigènes australiens.

Les Lobis forment la seule ethnie du Burkina Faso (Afrique de l'ouest) qui ne pratique pas la circoncision. Indépendamment de la religion, chrétiens, musulmans, animistes et agnostiques des autres ethnies la pratiquent.

Aucun rituel impliquant une modification du corps sans explication rationnelle n'est autorisé dans le sikhisme, en application de l'importante recommandation de "l'acceptation du corps merveilleux donné par la Nature". Par conséquent, aucun Sikh n'est circoncis.

Circoncision médicale

Phimosis

Le phimosis est l'incapacité de rétractation du prépuce derrière le gland. La paraphimosis est l'état où le prépuce est bloqué derrière le gland et ne peut pas revenir à sa position normale à l'état de flaccidité. Ces deux cas sont dus à un anneau prépucial trop petit. Dans ces deux cas, la circoncision est appliquée dans la majorité des cas. Notons qu'il existe des alternatives non chirurgicales au traitement de cette condition.

La non rétractabilité du prépuce et l'adhésion du gland au prépuce sont des conditions fréquemment observées chez l'enfant. L'âge auquel le phimosis devient problématique est sujet à caution et son évaluation est à la discrétion du médecin. Certaines études parlent d'une normalité jusqu'à l'âge de 5 ans, d'autres estiment la limite à 10 ans [4], d'autres encore la placent à l'âge des premières relations sexuelles[5]. De fait, le phimosis physiologique se présente lorsque, lors de l'érection, l'enfant éprouve une douleur à cause de l'étroitesse de son prépuce. Seuls 1% des garçons de 14 ans ne pourraient pas rétracter leur prépuce [6]. À cause de cette variabilité, l'utilisation de la circoncision dans ces cas fait aussi débat. Des phimosis seraient incorrectement diagnostiqués et les circoncisions injustifiées. [7]. Certaines études montrent que cette prévalence serait augmentée par les pratiques de décalottage forcé du prépuce des enfants mises en œuvre par des parents ou des médecins[8].

Lorsque le phimosis de l'adolescent persiste chez l'adulte, il existe pour le corriger des alternatives à la circoncision, qui ne requièrent pas de supprimer le prépuce. Elles consistent à élargir son ouverture afin de faciliter sa rétraction derrière le gland, au moyen de la chirurgie (plastie du prépuce) ou de manipulations : expansion progressive des tissus formant l'anneau prépucial lorsque soumis à un étirement modéré et prolongé ou répété.

Prévention des maladies infectieuses

Selon une étude franco-sud-africaine exposée le 26 juillet 2005 à la troisième conférence sur les mécanismes de l'infection par le virus du sida, les hommes circoncis auraient une probabilité « jusqu'à 65% » moindre de contracter le virus du SIDA". L'organisation Mondiale de la Santé et ONUSIDA observent une grande prudence sur l'interprétation de cette corrélation [9]; [10], [11], du fait, notamment, de l'incertitude de la prise en considération de l'hygiène des personnes testées.
Plusieurs explications ont été avancées, mais demandent à recevoir des preuves expérimentales (Bertrand Auvert, La Recherche, n°392, décembre 2005, p. 23):

  • le prépuce est riche en cellules dendritiques, qui jouent le rôle de récepteur du VIH
  • après un rapport sexuel contaminant, le VIH persisterait plus longtemps chez les non-circoncis car la zone entre le pénis et le prépuce reste humide
  • chez les circoncis, le gland est kératinisé et épaissi, et pourrait constituer une barrière physique contre le virus.

Certains scientifiques soulignent cependant que des résultats accréditant cette thèses risquent d'entraîner un relâchement des comportements. Selon Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida "En Afrique, les populations où les gens sont circoncis sont celles où le taux de contamination est le plus haut", "ce n'est en aucun cas une protection contre le virus ou un moyen de prévention. Rien ne remplace le préservatif"[12].

Statistiques des cas de cancer

La circoncision pourrait aussi avoir des conséquences bénéfiques en matière de cancer du pénis. Les statistiques révèlent que les hommes circoncis sont moins touchés par ce type de cancer. Néanmoins, en 1998, l'American Cancer Society déclare que si la probabilité pour les hommes circoncis d'êtres touchés par cette forme de cancer était faible c'était avant tout parce que la circoncision était pratiquée par une des catégories de la population les moins à risque [13].
En 2005, une société spécialisée mène une nouvelle étude et réaffirme que les circoncis sont moins touchés et que la circoncision est une méthode de prévention efficace [14]. Cette étude à fait l'objet de critique de la part d'autres spécialistes, qui estiment que d'autres facteurs doivent être pris en compte (population pratiquant et ne pratiquant pas la circoncision auraient un taux de risque différent même si on met de côté la circoncision) [15].

Circoncision néonatale

En Occident, la circoncision néonatale prend de l'ampleur dans l'Angleterre victorienne, à la fin du XIXe siècle. L’idée que le prépuce, en lubrifiant le gland, favorisait la masturbation, était alors redoutée dans les familles. La circoncision devint donc un moyen d’assurer au jeune garçon « une meilleure hygiène physique et mentale »[réf. nécessaire].

Taux internationaux de circoncision

Pays Année Circoncisions néonatales (%)
États-Unis 2001 55,1% [1]
Canada 1996/97 17% [2]
Australie 1995-96 10,6% [3]
Nouvelle-Zélande 1995 0,35%* [4]
Royaume Uni 1998 0,4% [5]
Philippines années 1990 + de 70%* (âge + tardif)
Autres pays d'Europe années 1990 de 0% à 2%
*En Nouvelle-Zélande, la pratique de la circoncision existe, mais hors des hôpitaux
*Philippines, Aucune statistique officielle, mais les avis sont convergents [6]

Cette pratique de la circoncision s’étend très vite aux autres pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis et au Canada anglophone. Mais on y abandonne l’idée très controversée de lutte contre la masturbation au profit de notions hygiéniques : puisque le prépuce ne sert à rien, sinon à favoriser le développement de microbes, d’infections urinaires, et la formation d’un éventuel phimosis, autant le couper dès la naissance. La circoncision est alors présentée comme un acte médical prophylactique.

Dans les années 1970, aux États-Unis, près de 80% des nouveaux-nés mâles sont circoncis. Ce chiffre est, depuis, en baisse : 55% en 2001.

Il est extrêmement difficile d’obtenir des chiffres précis sur les incidences de la circoncision en matière de santé publique. Une étude statistique réalisée aux États-Unis[16] menée sur la période 1940-1990 donne les chiffres suivants :

  • nombre total estimé de circoncisions : 65 863 000,
  • nombre total estimé de complications post-opératoires : entre 1 317 260 et 6 586 300,
  • nombre total estimé de décès : entre 131 et 2 744.

Il a été estimé, dans les années 1950, que chaque année, en Grande-Bretagne, environ 15 enfants mouraient à la suite d'une circoncision, ce qui a probablement contribué à la diminution progressive de la pratique routinière dans ce pays.

Entre la probabilité de contracter, au cours de la vie, les affections pour lesquelles la circoncision pouvait apporter un bénéfice préventif, et les inconvénients et risques qu'elle présente, la balance est telle, qu'aucune des principales organisations médicales officielles à travers le monde ne recommande plus, aujourd'hui, l'application routinière de la circoncision néonatale.

Aspects juridiques et éthiques

Selon l'arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence du 23 avril 1990, confirmé par l'arrêt du 30 mai 1991 de la chambre criminelle de la Cour de Cassation, dans les cas autorisés par la loi, le chirurgien qui pratique une intervention chirurgicale dans l'exercice normal de sa profession jouit d'une immunité légale, dans la mesure où son intervention est justifiée par un intérêt thérapeutique. De façon plus générale, les faits sont justifiés lorsqu'ils répondent à certaines pratiques professionnelles rentrées dans l'usage. La circoncision en fait partie, dès lors qu'elle est effectuée selon les conditions chirurgicales réglementaires. L'autorisation doit émaner des deux parents et un seul ne peut accomplir cet acte de disposition.

Ces décisions de la cours de cassation fixent la portée de la loi. En effet, la circoncision pourrait tomber sous le coup de la loi pénale. Selon l'article 222-9 du code pénal: " Les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente sont punies de dix ans d'emprisonnement et de 150000 euros d'amende. ".

Des rapprochement avec l'excision ont pû être fait. D’après Isabelle Corpart Maître de conférences en droit privé à l'Université de Haute Alsace dans son « Étude sur la circoncision du 26/10/2004 » [17]

« En la matière, un parallèle peut être mené avec l'excision, condamnée pénalement pour mutilation ou barbarie (CP, art. 222- 9) ; la même question se pose pour la stérilisation et en particulier la ligature des trompes. En effet, si le droit français reconnaît à chacun le droit de choisir librement sa religion, il n'autorise pas la libre pratique de mutilations sous couvert de conceptions religieuses. Un rapprochement doit être fait entre la circoncision et l'excision car, dans les deux cas, il s'agit d'interventions non justifiées par un intérêt médical et préjudiciable à l'intégrité physique de l'enfant. Dès lors, ces atteintes devraient être jugées contraires à l'article 16-3 du Code civil. Ordonnées en dehors de tout impératif médical, elles devraient être prohibées (pour la ligature des trompes de Fallope, V Cass. avis 6 juillet 1998) ».
« La circoncision sur indication médicale est justifiée par la permission de la loi, comme toute atteinte exceptionnelle au corps humain. Le droit a toutefois à connaître des suites dommageables d'une telle intervention. Quant à la circoncision rituelle, sans être autorisée expressément, elle n'est pas non plus interdite. En principe, elle ne comporte pas de risque pour la santé de l'enfant. Le plus souvent couverte par le secret des familles, elle est révélée au grand jour en cas de désaccord entre les père et mère quant à l'éducation ou la religion de l'enfant, ou encore lorsque l'opération cause exceptionnellement un dommage irréversible à l'intéressé. Les difficultés que pose cette intervention chirurgicale sont tantôt liées à la place de chacun des parents auprès de l'enfant, tantôt à la mise en jeu des responsabilités encourues en cas d'insuccès de l'opération.»

La Suède, par une loi entrée en vigueur le 1er octobre 2001, autorise la circoncision avec les restrictions suivantes :

Un garçon de moins de deux mois peut être circoncis par un non médecin, pourvu qu'il ait obtenu une autorisation du Service de Santé. - Aucun enfant ne pourra être circoncis sans une analgésie délivrée par un médecin ou une infirmière en exercice.

Il est à noter que cette loi a été adoptée par le Parlement avec une majorité de 249 voix pour, 20 abstentions, et en l'absence de 70 députés. Aucune voix ne s'est élevée contre le projet, et 10 députés auraient souhaité une loi plus restrictive.

La communauté juive de Stockholm désapprouve [18].

Le problème du consentement

Certains hommes circoncis au cours de leur enfance ont pu reprocher à leurs parents de leur avoir fait subir une opération non souhaitée et souvent ressentie comme une mutilation. Ces reproches, révélateurs d'une souffrance auparavant presque toujours « intériorisée », sont de plus en plus étalés au grand jour et aux États-Unis, des circoncis n’hésitent plus à porter plainte contre le chirurgien qui a pratiqué l’opération ou contre leurs propres parents.

Conséquences psychologiques de la circoncision

Ces conséquences s'évaluent différemment selon l'âge auquel est effectuée la circoncision (il est difficile d'étudier les cas de circoncision sur des nourrissons) et a des effets différents selon les âges. Il faut aussi distinguer le traumatisme que peut occasionner l'opération elle-même, du mal-être que peut entraîner l'état d'être circoncis.

Certains psychanalystes, comme Sigmund Freud, estiment que la circoncision pourrait avoir des conséquences graves sur l'état psychologique de certains individus. Surtout si l'opération a lieu lorsque l'enfant a atteint la période œdipienne ou phallique (pendant laquelle apparaît le complexe de castration). Le psychologue Otto Fenichel estimait, pour sa part, que, au-delà des répercussions que la circoncision peut avoir sur la libido, elle faciliterait le développement des tendances homosexuelles[réf. nécessaire]. Selon eux, l'atteinte réelle sur le pénis lors de la phase œdipienne perturberait l'identification sexuelle (par validation du complexe de castration que représente la circoncision dans l'esprit du garçon).

Une étude reportée par Gocke Cansever dans le British Journal Of Medical Psychology en décembre 1965 semble valider ces thèses. Cette étude[19], effectuée sur douze garçons turcs âgés de 4 à 7 ans de milieux sociaux différents, a consisté en l'application de mêmes tests (dont le test de Rorschach, des questionnaires, un test de dessin...) avant et après leur circoncision. Ces tests ont révélé chez les garçons une perte d'estime de soi, des tendances régressives, une appréhension différente du danger, l'augmentation de sentiments agressifs envers eux mêmes et la figure de la mère, ainsi que des problèmes d'identification sexuelle pour cinq d'entre eux.

Il est à noter que selon S. Freud la circoncision était pour les peuples anciens l'evolution directe et plus humaine de la castration chez tout ces peuples. En effet le "Père primitif" protègeait son "harem" par la castration des "fils" qui ne quittaient pas la "horde primitive".

Mouvement pour l'intégrité génitale

Le mouvement pour l'intégrité génitale, parfois désigné par le terme "intactiviste", qui se développe surtout aux États-Unis, considère que puisque l'ablation du prépuce induit une perte de fonctions sexuelles, elle nuit au bien-être de l'homme et il fait valoir que la circoncision génère une souffrance physique et morale réelles chez certaines personnes. Il estime donc que le prépuce n'est pas « un bout de peau superflu » dans l'anatomie masculine et que la circoncision constitue une mutilation de tissus sexuels sains et fonctionnels, une véritable violation du droit à l’intégrité corporelle, lorsqu’elle est pratiquée sur des êtres humains non adultes, correctement informés et consentants.

Ils envoyèrent une proposition de loi afin d'interdire la circoncision des mineurs auprès du Congrès des États-Unis qui ne reçut l'aval d'aucun sénateur, mais leur lobbying a contribué à la suppression du remboursement des circoncisions néonatales dans certains États, notamment sur la côte ouest, ainsi qu'au Canada. Selon les défenseurs de l'intégrité génitale, la circoncision ne serait justifiable médicalement que s'il n'existait pas de solutions alternatives, moins invasives et si la vie du patient était en jeu, comme n'importe quelle autre amputation[20].

Plusieurs associations et sites proposent aux hommes circoncis (adultes) mécontents de cet état, de restaurer leur prépuce par des techniques manuelles ou faisant intervenir des dispositifs divers. Les méthodes non-chirurgicales suivent un principe d'expansion des tissus par traction constante (mais légère) de la peau de la verge permettant à terme (de 2 à 3 ans) de créer assez de tissu cellulaire pour recréer un prépuce. Depuis quelques années, des techniques chirurgicales de reconstruction se développant aux États-Unis proposent également de rétablir, autant que faire se peut, l'aspect naturel du pénis et les fonctions originelles du prépuce.

Bibliographie

  • Stéphane Zagdanski, De l'antisémitisme, "Climats", Flammarion, 2006 : "La circoncision", p. 127-138.
  • Sattouf, Riad. Ma circoncision, Bréal, 2004, collection Bréal Jeunesse. ISBN 2-7495-0259-4. Livre illustré, destiné à la jeunesse (mais pas aux enfants trop jeunes a priori) qui fit scandale à sa sortie et qui raconte la cruauté et l'absurdité de la circoncision telles que l'a vécue l'auteur dans le contexte socio-politique de la Syrie des années 1980.
  • Dominique Aubier, Réponse à Hitler. La Mission Juive, éd. Qorban. ISBN 84-300-0839-X. Explication initiatique de la circoncision, du rituel, du sens des gestes.
  • Malek Chebel. Histoire de la circoncision, Perrin.
  • Sami Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision. Le complot du silence, éd. L'Harmattan, 2003, ISBN 2747541797. Cet ouvrage, hostile à la circoncision, présente le débat religieux, médical, social et juridique chez les juifs, les chrétiens et les musulmans autour de la circoncision masculine et féminine.

Notes

  1. Wrana, P. (1939). "Historical review: Circumcision". Archives of Pediatrics 56: 385–392, cité par : Zoske, Joseph (Winter 1998). "Male Circumcision: A Gender Perspective". Journal of Men’s Studies 6 (2): 189–208.
  2. cela est délicat en ce qui concerne la verge, si ce n'est de supposer que les gens soient nus
  3. Chapitre 3, 4e partie "Al-amr bi al-Ma‘ruf", in "Islam" de John A. Williams, 1962
  4. http://www.cirp.org/library/anatomy/deibert
  5. http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=697
  6. http://www.brazjurol.com.br/july_august_2005/Marques_ing_370_374.htm
  7. http://aappolicy.aappublications.org/cgi/content/full/pediatrics;103/3/686
  8. http://www.infocirc.org/naouri1.htm
  9. Paul Benkimoun, « La circoncision pourrait réduire le risque d'infection par le VIH », Le Monde, édition du 5 septembre 2005
  10. « Randomized, Controlled Intervention Trial of Male Circumcision for Reduction of HIV Infection Risk: The ANRS 1265 Trial »
  11. Auvert, Taljaard, Lagarde, Sobngwi-Tambekou, Sitta, Puren, PLoS Medicine, Volume 2, Issue 11, novembre 2005)
  12. Metro, 15 décembre 2006
  13. http://www.cancer.org/docroot/nws/content/nws_1_1x_misleading_information.asp
  14. http://www.cancer.org/docroot/CRI/content/CRI_2_4_2X_What_are_the_risk_factors_for_penile_cancer_35.asp?sitearea=
  15. http://www.cancer.org/docroot/CRI/content/CRI_2_4_2X_Can_penile_cancer_be_prevented_35.asp
  16. Statistiques présentées par un site militant pour l'abolition de la circoncision
  17. http://www.droit.univ-paris5.fr/cddm/modules.php?name=News&file=article&sid=59
  18. http://aharon.club.fr/Sw-bmpage2.htm
  19. http://www.cirp.org/library/psych/cansever/
  20. http://studentsforgenitalintegrity.org/whatisgi.html

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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