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« Vieux norrois » : différence entre les versions

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Le '''vieux norrois''' (ou '''norrois''', '''norois''' ou encore '''vieil islandais''') correspond aux premières attestations écrites d'une [[langue scandinave]] médiévale.
Le '''vieux norrois''' (ou ''''' '''''' ) correspond aux premières attestations écrites [[langue scandinave]] médiévale.


== Définition ==
== Place du vieux norrois dans l'évolution des langues scandinaves ==

[[Image:Old norse, ca 900.PNG|right|250px|thumb|
Il n'existe pas de définition unique de ce qu'est le vieux norrois, et donc, de la littérature norroise.

Dans le sens le plus large, le terme « vieux norrois » désigne la langue du Danemark, de la Norvège et de la Suède ainsi que des colonies scandinaves comme l'[[Histoire de l'Islande|Islande]] pendant l'[[âge des Vikings]] ({{v.}} [[750]]-[[1050]]), le [[haut Moyen Âge]] et le [[Moyen Âge central]] ({{v.}} [[1050]]-[[1350]])<ref name="vsrn-what-is">{{Chapitre |langue= en|auteur institutionnel=[[Viking Society for Northern Research]]|auteur1= Michael Barnes|titre chapitre= Part I - Grammar|titre ouvrage= A new introduction to Old Norse|éditeur= [[University College de Londres]]|année= 2008|isbn= |lire en ligne= http://www.vsnrweb-publications.org.uk/NION-1.pdf|passage= 1.2 - « What is Old Norse ? », {{pp.|1-2}}.}}.</ref>{{,}}<ref name="oxford-dict">{{Lien web |langue= en|titre= Old Norse|url= https://en.oxforddictionaries.com/definition/old_norse|date= |site= {{lien|OxfordDictionaries.com}}|éditeur= [[Oxford University Press]]|consulté le=21 avril 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="mikkelsen-guelpa">{{Ouvrage |auteur1= Olaf Mikkelsen|auteur2= Patrick Guelpa|titre= Le Premier traité grammatical islandais dans l’histoire des théories linguistiques|éditeur= |année= 2018|passage= 1|isbn= |présentation en ligne= http://ctlf.ens-lyon.fr/a_presentation.asp|lire en ligne= http://ctlf.ens-lyon.fr/a_voirarticle.asp?fic=Ptgi.Mikkelsen.Guelpa.pdf}}.</ref>.

À l'opposé, dans le sens le plus restreint, le terme peut ne désigner que le [[vieux norvégien]] du Moyen Âge haut et central<ref name="vsrn-what-is"/>.

Enfin, on peut trouver une définition intermédiaire, qui est utilisée notamment par la [[Viking Society for Northern Research]] et la [[Bibliothèque nationale de France]]. Elle consiste à considérer le terme comme désignant la langue de la Norvège entre environ 750 et 1350 (après quoi le [[norvégien]] évolue considérablement) et la langue de l'Islande entre la [[colonisation de l'Islande|colonisation du pays]] ({{v.}} [[870]]) et la [[Réforme protestante]] ({{v.}} [[1550]], ce qui constitue plus une barrière culturelle que linguistique)<ref name="vsrn-what-is"/>{{,}}<ref name="bnf">{{Lien web |auteur institutionnel= [[Bibliothèque nationale de France]]|titre= Vieux norrois (langue)|url= http://data.bnf.fr/11932143/vieux_norrois__langue_/|date= |consulté le=21 avril 2018}}.</ref>.

Néanmoins, le vieux norrois n'étant pas entièrement uniforme mais s'agissant plutôt d'une collection de dialectes avec de nombreuses affinités, il doit donc être compris comme un terme générique pour désigner le vieil islandais, le [[vieux norvégien]], le [[vieux danois]], le [[vieux suédois]] et le [[vieux gotlandais]], {{incise|mais il est souvent utilisé comme synonyme de vieil islandais, car la majorité des sources viennent d'Islande|fin}}<ref name="univ-austin">{{Lien web |langue= en|auteur1= Todd B. Krause|auteur2= Jonathan Slocum|titre= Old Norse Online - Introduction to Old Norse|url= https://lrc.la.utexas.edu/eieol/norol|date= |site= site officiel de l'[[université du Texas à Austin]]|consulté le=21 avril 2018}}.</ref>. Même pris dans son sens le plus restreint, soit uniquement la langue médiévale norvégienne et islandaise, bien qu'il y eût une unité entre les différents dialectes du monde scandinave occidental durant cette période, le norvégien de 750 n'est pas le même que celui de 1350. De plus, lorsque les colons norvégiens emportèrent leur langue en Islande, elle finit par diverger, par certains aspects, de la langue mère norvégienne<ref name="vsrn-what-is"/>.

== Classification ==

Le vieux norrois appartient au groupe septentrional des [[langues germaniques]], d'où sont issues les [[langues scandinaves]].

== Histoire ==
[[Image:Old norse, ca 900.PNG|right|thumb|
L'extension du vieux norrois et des langues apparentées au début du {{Xe siècle}} :
L'extension du vieux norrois et des langues apparentées au début du {{Xe siècle}} :
{{Légende/Début}}
{{légende |#f00| [[Langues scandinaves occidentales|Dialecte de l'ouest]]}}
{{légende |#f84| [[Langues scandinaves orientales|Dialecte de l'est]]}}
{{ |#| [[Langues scandinaves |Dialecte de l']]}}
{{Légende |#f84| [[Langues scandinaves orientales|Dialecte de l'est]]}}
{{légende |#f0f| Ancien [[gutnisk]]}}
{{légende |#00f| [[Gotique de Crimée]]}}
{{ |#| [[]]}}
{{légende |#ff0| [[Vieil anglais]]}}
{{ |#| [[ ]]}}
{{légende |#0f0| Autres [[langues germaniques]] pour lesquelles le vieux norrois conserve des éléments intelligibles}}]]
{{
|#0f0| Autres [[langues germaniques]] pour lesquelles le vieux norrois conserve des éléments intelligibles}}
{{Légende/Fin}}]]

L'origine du vieux norrois date de l'expansion de l'[[indo-européen commun]], ancêtre des langues [[langues germaniques|germaniques]], [[langues slaves|slaves]], [[langues celtiques|celtiques]], [[langues indo-iraniennes|indo-iraniennes]], [[langues romanes|romanes]] et [[langues grecques|grecques]]<ref name="univ-austin"/>. Avec les migrations, le commerce avec d'autres civilisations, et le contact avec des langues non-indo-européennes. Au fil des siècles naît ainsi le [[proto-germanique]] ou germanique commun<ref name="univ-austin"/>.

Le proto-germanique va lui-même se scinder en trois groupes entre la fin de l'ère pré-chrétienne et le début de l'[[ère chrétienne]]<ref name="univ-austin"/> :
* le groupe des [[langues germaniques occidentales]], d'où sont issus le [[vieil anglais]], le [[vieux frison]], le [[vieil haut allemand]] et le [[vieux saxon]]<ref name="univ-austin"/> ;
* le groupe des [[langues germaniques orientales]], seulement attesté par le [[gotique]], aujourd'hui éteint<ref name="univ-austin"/> ;
* le groupe des [[langues scandinaves|langues germaniques septentrionales]] ou langues scandinaves<ref name="univ-austin"/>.

En vérité cette vision en trois branches est simpliste, et le vieux norrois possède des similitudes avec le groupe occidental que n'a pas le gotique, et des similitudes avec le gotique que n'a pas le groupe occidental<ref name="univ-austin"/>.


On distingue traditionnellement trois périodes dans l'évolution des langues scandinaves :
On distingue traditionnellement trois périodes dans l'évolution des langues scandinaves :
* avant le {{VIIe siècle}}, le stade de l'ancien scandinave, ou [[proto-norrois]] qui ne comprenait pas encore de variantes dialectales significatives ;
* avant le {{}}, le stade de l'ancien scandinave, ou [[proto-norrois]] qui ne comprenait pas encore de variantes dialectales significatives ;
* entre le {{VIIe siècle}} et le {{XVe siècle}}, celui du vieux scandinave, qui se différenciait en deux dialectes très similaires :
* entre {{}}, celui du vieux scandinave, qui se différenciait en deux dialectes très similaires :
** le dialecte du ''[[Langues scandinaves orientales|scandinave oriental]]'', parlé au [[Danemark]], dans le [[Duché de Schleswig|Schleswig]] (aujourd'hui [[allemand]]) et dans ses établissements d'outremer : le [[Danelaw]] en [[Angleterre]] et une petite partie de la [[Normandie]]. Il était parlé également en [[Suède]] et dans les établissements [[varègues]] de [[Russie]]. Il s'est progressivement scindé, à partir du {{s-|XII|e}}, en {{lien|fr=vieux suédois|trad=Old Swedish|lang=en}} et {{lien|fr=vieux danois|trad=Gammeldansk|lang=da}} (on ajoute souvent à ces deux dialectes une troisième branche, le [[gutnisk|vieux gutnisk]] parlé sur l'île de [[Gotland]]) ;
** le dialecte du ''[[Langues scandinaves orientales|scandinave oriental]]'', parlé au [[Danemark]], dans le [[Duché de Schleswig|Schleswig]] (aujourd'hui [[allemand]]) et dans ses établissements d'outremer : le [[Danelaw]] en [[Angleterre]] et une petite partie de la [[Normandie]]. Il était parlé également en [[Suède]] et dans les établissements [[varègues]] de [[Russie]]. Il s'est progressivement scindé, à partir du {{s-|XII}}, en vieux suédois et {{lien|fr=vieux danois|trad=Gammeldansk|lang=da}} (on ajoute souvent à ces deux dialectes une troisième branche, le [[gutnisk|vieux gutnisk]] parlé sur l'île de [[Gotland]]) ;
** le dialecte du ''[[Langues scandinaves occidentales|scandinave occidental]]'', qui est le seul à être désigné usuellement sous le nom de (vieux) norrois, parlé en [[Norvège]] et dans ses anciennes colonies d'outremer : [[Islande]], [[îles Féroé]], îles [[Shetland]], îles [[Orcades]], [[île de Man]], certaines parties de l'[[Écosse]] (notamment insulaires), de la Normandie (voir influence du vieux norrois et du vieux danois sur le [[normand]] et la [[toponymie normande]]), du [[Groenland]], ainsi que dans les quelques comptoirs Vikings d'[[Irlande (île)|Irlande]].
** le dialecte du ''[[Langues scandinaves occidentales|scandinave occidental]]'', qui est le seul à être désigné usuellement sous le nom de (vieux) norrois, parlé en [[Norvège]] et dans ses anciennes colonies d'outremer : [[Islande]], [[îles Féroé]], îles [[Shetland]], îles [[Orcades]], [[île de Man]], certaines parties de l'[[Écosse]] (notamment insulaires), de la Normandie (voir influence du vieux norrois et du vieux danois sur le [[normand]] et la [[toponymie normande]]), du [[Groenland]], ainsi que dans les quelques comptoirs Vikings d'[[Irlande (île)|Irlande]].
*** Les descendants actuels du scandinave occidental sont l'[[islandais]], le [[féroïen|féringien]] (des îles Féroé) et le [[norvégien]] ; des trois, c'est ce dernier qui a changé le plus radicalement, en partie à cause de l'influence du [[danois]] et du [[suédois]], mais surtout du fait de l'orientation donnée par l'évolution linguistique générale de la [[Scandinavie]].
*** Les descendants actuels du scandinave occidental sont l'[[islandais]], le [[féroïen]] (des îles Féroé) et le [[norvégien]] ; des trois, c'est ce dernier qui a changé le plus radicalement, en partie à cause de l'influence du [[danois]] et du [[suédois]], mais surtout du fait de l'orientation donnée par l'évolution linguistique générale de la [[Scandinavie]].
* à partir du {{XVe siècle}}, enfin, on entre dans l'ère des langues scandinaves modernes : principalement le [[norvégien]], le [[danois]], le [[suédois]] et l'[[islandais]].
* à partir du {{}}, enfin, on entre dans l'ère des langues scandinaves modernes : principalement le [[norvégien]], le [[danois]], le [[suédois]] et l'[[islandais]].


Le vieux norrois est de loin la variété la mieux attestée d'ancien scandinave ; le norrois « classique » est le langage dans lequel ont été rédigées les sagas islandaises des {{s2-|XII|e|XIII|e}}, et les <nowiki></nowiki>''[[Eddas]]'', dont l'Edda en prose de ''[[Snorri Sturlusson]]'' décrivant avec une neutralité étonnante de la part d'un clerc la [[mythologie nordique|mythologie viking]].
Le vieux norrois est de loin la variété la mieux attestée d'ancien scandinave ; le norrois « classique » est le langage dans lequel ont été rédigées les sagas islandaises des {{s2-|XII|XIII}} et les ''[[Eddas]]'', dont l'Edda en prose de ''[[Snorri Sturlusson]]'' décrivant avec une neutralité étonnante de la part d'un clerc.


== Répartition géographique ==
== Système phonologique du vieux norrois ==

=== Diffusion ===
Le vieux norrois a influencé de nombreuses langues : le [[russe]], l'[[anglais]], le [[normand]] et le [[français]] via le normand. Les langues qui en sont aujourd'hui les plus proches sont l'[[islandais]], qui en conserve un fonds très important, le [[féroïen]] et dans une moindre mesure les langues scandinaves.

En France, seule la [[toponymie normande]] est caractérisée par la présence d'appellatifs toponymiques issus du vieux norrois (''búð / bóð'' > ''-beuf'' « baraque, village », ''topt / toft'' > ''-tot'' « établissement », ''bekkr'' > ''-bec'', ''Bec-'' « ruisseau », ''lundr > -lon(de)'' « bois, bosquet », ''lunda'' > [[La Londe|londe]] « bois, bosquet », ''Þorp'' > ''Torp(s)'', ''-tour(p)'' « hameau », ''Þveit'' > ''-tuit, {{page h'|Thuit}}-'' « [[essart]] », etc.). Ceci est dû à l'installation de colons danois, norvégiens et anglo-scandinaves au [[Moyen Âge]] qui se poursuit sur quelques générations après la création d'une principauté normande (en 911). En revanche, le vocabulaire d’origine norroise du normand, le plus souvent relatif au monde maritime, s'est en partie diffusé en français.

== Alphabet et phonologie ==
=== Les graphies et leur valeur phonétique ===
=== Les graphies et leur valeur phonétique ===
{{article détaillé|Écriture du vieux norrois}}
L'ancien scandinave est attesté sous deux formes graphiques :
L'ancien scandinave est attesté sous deux formes graphiques :
* en [[Rune|écriture runique]], aussi appelée « ''futhark'' » ;

* en [[Rune|écriture runique]], aussi appelée ''futhark''
* en alphabet latin, qui fut introduit en même temps que le christianisme peu après l'an [[1000]].
* en alphabet latin, qui fut introduit en même temps que le christianisme peu après l'an [[1000]].


Dans l'alphabet latin, il a été nécessaire d'ajouter certains signes pour représenter tous les sons de l'ancien scandinave. Voici un tableau des '''voyelles''' de l'ancien scandinave telles qu'elles étaient représentées dans l'alphabet latin :
Dans l'alphabet latin, il a été nécessaire d'ajouter certains signes pour représenter tous les sons de l'ancien scandinave. Voici un tableau des voyelles de l'ancien scandinave telles qu'elles étaient représentées dans l'alphabet latin :


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Les symboles ''ǫ'', ''ę'' (ne sont plus utilisés et n'apparaissent donc pas dans le tableau) et ''[[ø]]'' (à l'origine une ligature par superposition de ''o'' et ''e'') datent du {{XIIe siècle}}. Ils ont été proposés pour l'orthographe du vieil islandais par l'auteur du ''Premier traité de grammaire''. ''[[Æ]]'' est emprunté au [[vieil anglais]]. Le vieux norrois connaissait en outre trois [[diphtongue]]s : ''æi'', ''ǫu'' et ''æy''. Ces diphtongues étaient transcrites par des [[digramme]]s dans les manuscrits.
Les symboles ''ǫ'', ''ę'' (ne sont plus utilisés et n'apparaissent donc pas dans le tableau) et ''[[ø]]'' (à l'origine une ligature par superposition de ''o'' et ''e'') datent du {{}}. Ils ont été proposés pour l'orthographe du vieil islandais par l'auteur du ''Premier traité de grammaire''. ''[[Æ]]'' est emprunté au [[vieil anglais]]. Le vieux norrois connaissait en outre trois [[diphtongue]]s : ''æi'', ''ǫu'' et ''æy''. Ces diphtongues étaient transcrites par des [[digramme]]s dans les manuscrits.


Pour les consonnes, on emprunta les [[graphème]]s ''[[þ]]'' (''th'' dur, comme dans ''fai{{Souligner|th}}'' en anglais, souvent translittéré ''th'') et ''[[eth (lettre)|ð]]'' (''th'' doux, comme dans le ''the'' anglais ; souvent translittéré ''dh'') au [[vieil anglais]] ; le signe ''y'' transcrivant la voyelle labiale d'avant fermée fut aussi emprunté au vieil anglais.
Pour les consonnes, on emprunta les [[graphème]]s ''[[þ]]'' (''th'' dur, comme dans ''fai{{Souligner|th}}'' en anglais, souvent translittéré ''th'') et ''[[eth (lettre)|ð]]'' (''th'' doux, comme dans le ''the'' anglais ; souvent translittéré ''dh'') au [[vieil anglais]] ; le signe ''y'' transcrivant la voyelle labiale d'avant fermée fut aussi emprunté au vieil anglais.


Consulter aussi ''[[Transcription des langues germaniques]]''.
Transcription des langues germaniques

=== L'accentuation ===
=== L'accentuation ===
Le vieux norrois faisait la différence entre syllabes accentuées et syllabes non accentuées. L'accent portait habituellement sur le [[radical (linguistique)|radical]] des mots, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, sur la première syllabe. Dans les mots composés, le premier élément portait en général l'accent primaire, mais un accent secondaire apparaissait sur le deuxième élément. Dans certains cas, c'était le préfixe qui était porteur de l'accent (et le radical restait alors inaccentué).
Le vieux norrois faisait la différence entre syllabes accentuées et syllabes non accentuées. L'accent portait habituellement sur le [[radical (linguistique)|radical]] des mots, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, sur la première syllabe. Dans les mots composés, le premier élément portait en général l'accent primaire, mais un accent secondaire apparaissait sur le deuxième élément. Dans certains cas, c'était le préfixe qui était porteur de l'accent (et le radical restait alors inaccentué).


== Grammaire ==
== Morphologie du vieux norrois ==
=== Les noms ===
=== Les noms ===
Les noms du norrois se classent selon deux critères :
Les noms du norrois se classent selon deux critères :
# leur suffixe d'origine
# leur suffixe d'origine
# leur genre.
# leur genre.


==== Suffixes forts et suffixes faibles ====
==== Suffixes forts et suffixes faibles ====
Il y avait deux possibilités :
Il y avait deux possibilités :
* le suffixe accentué d'origine se terminait par la voyelle '''a''', '''o''' long, '''i''' ou '''u''' : le nom relevait alors de la ''déclinaison forte'';
* le suffixe accentué d'origine se terminait par la voyelle ''a'', ''o'' , ''i'' ou ''u'' : le nom relevait alors de la déclinaison forte;
* le suffixe accentué d'origine se terminait par la séquence '''an''', '''on''' ou '''in''' : le nom relevait alors de la ''déclinaison faible''. À cette déclinaison appartenaient également quelques noms se terminant en '''nd''' ou en '''r''', ou bien ceux qui ne se terminaient pas par un suffixe accentué.
* le suffixe accentué d'origine se terminait par la séquence ''an'', ''on'' ou ''in'' : le nom relevait alors de la déclinaison faible. À cette déclinaison appartenaient également quelques noms se terminant en ''nd'' ou en ''r'', ou bien ceux qui ne se terminaient pas par un suffixe accentué.


==== Le genre nominal ====
==== Le genre nominal ====
Le vieux norrois comportait trois [[Genre grammatical|genres grammaticaux]] : '''masculin''', '''féminin''', et '''neutre'''. Le genre dépendait généralement du suffixe accentué originel du nom ; en général :
Le vieux norrois comportait trois [[Genre grammatical|genres grammaticaux]] : masculin, féminin, et neutre. Le genre dépendait généralement du suffixe accentué originel du nom ; en général :
* les noms en '''-a''' étaient masculins ou neutres ;
* les noms en ''-a'' étaient masculins ou neutres ;
* les noms en '''-o''' long étaient féminins ;
* les noms en ''-o'' long étaient féminins ;
* les noms en '''-u''', masculins ;
* les noms en ''-u'', masculins ;
* les noms en '''-n''', '''nd''' ou '''r''' étaient soit masculins soit féminins.
* les noms en ''-n'', ''nd'' ou ''r'' étaient soit masculins soit féminins.


==== Le nombre ====
==== Le nombre ====
{{section à sourcer}}
{{section à sourcer}}
À l'origine, il existait trois [[nombre grammatical|nombres grammaticaux]] : le singulier, le pluriel et le duel, comme en [[grec ancien]] ou en [[breton]]. À l'époque classique, toutefois, le duel s'était depuis longtemps fondu avec le pluriel en ce qui concerne les noms, du moins.
À l'origine, il existait trois [[nombre grammatical|nombres grammaticaux]] : le singulier, le pluriel et le duel, comme en [[grec ancien]] ou en [[breton]]. À l'époque classique, toutefois, le duel s'était depuis longtemps fondu avec le pluriel en ce qui concerne les noms, du moins.


==== Les déclinaisons nominales ====
==== Les déclinaisons nominales ====
Les déclinaisons du vieux norrois comprenaient quatre [[Cas grammatical|cas]], les mêmes que ceux que l'on retrouve en [[allemand]] moderne : '''[[nominatif]]''', '''[[accusatif]]''', '''[[génitif]]''' et '''[[datif]]'''.
Les déclinaisons du vieux norrois comprenaient quatre [[Cas grammatical|cas]], les mêmes que ceux que l'on retrouve en [[allemand]] moderne : [[nominatif]], [[accusatif]], [[]] et [[]].


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Les autres formes utilisent :
Les autres formes utilisent :
* les terminaisons en '''''a''''' au masculin et au neutre ;
* les terminaisons en ''a'' au masculin et au neutre ;
* et les terminaisons en '''''ō''''' au féminin.
* et les terminaisons en ''ō'' au féminin.


Cette déclinaison est utilisée lorsque l'adjectif fonctionne comme prédicat ou modifie une phrase nominale indéfinie. Cette déclinaison est aussi appelée « déclinaison forte ».
Cette déclinaison est utilisée lorsque l'adjectif fonctionne comme prédicat ou modifie une phrase nominale indéfinie. Cette déclinaison est aussi appelée « déclinaison forte ».


Dans les phrases nominales définies, on utilise en revanche une « déclinaison faible » :
Dans les phrases nominales définies, on utilise en revanche une « déclinaison faible » :
* terminaison '''''an''''' au masculin et au neutre singulier ;
* terminaison ''an'' au masculin et au neutre singulier ;
* terminaison '''''ōn''''' au féminin singulier ;
* terminaison ''ōn'' au féminin singulier ;
* au pluriel, terminaison '''''um''''' au datif pour tous les genres, et '''''u''''' à tous les autres cas.
* au pluriel, terminaison ''um'' au datif pour tous les genres, et ''u'' à tous les autres cas.
'''Comparatif et superlatif'''


==== Comparatif et superlatif ====
Il existait deux systèmes en norrois :
Il existait deux systèmes en norrois :
* la plupart des adjectifs utilisaient le suffixe '''''-ar''''' pour former le comparatif et '''''-ast''''' pour le superlatif : ''ríkr'' → ''ríkari'' → ''ríkarstr'', « puissant ».
* la plupart des adjectifs utilisaient le suffixe ''-ar'' pour former le comparatif et ''-ast'' pour le superlatif : ''ríkr'' → ''ríkari'' → ''ríkarstr'', « puissant »
* mais un petit groupe d'adjectifs formaient leur comparatif et leur superlatif avec les suffixes « ''-r'' » et « ''-st'' » associés à une [[umlaut|inflexion]] provenant d'un « ''i'' » disparu qui précédait la finale : « ''langr'' » → « ''lengri'' » → « ''lengstr'' », « long ».

* mais un petit groupe d'adjectifs formaient leur comparatif et leur superlatif avec les suffixes '''''-r''''' et '''''-st''''' associés à une [[umlaut|inflexion]] provenant d'un ''i'' disparu qui précédait la finale : ''langr'' → ''lengri'' → ''lengstr'', « long ».


=== Les pronoms personnels ===
=== Les pronoms personnels ===
La série des pronoms est, en norrois, composée de trois systèmes morphologiques distincts :
La série des pronoms est, en norrois, composée de trois systèmes morphologiques distincts :
* les pronoms personnels proprement dits
* les pronoms personnels proprement dits
* les pronoms de la troisième personne
* les pronoms de la troisième personne
* les pronoms démonstratifs de distance et de proximité.
* les pronoms démonstratifs de distance et de proximité.


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==== Les pronoms personnels de la troisième personne ====
==== Les pronoms personnels de la troisième personne ====
Cette série s'organise en distinguant les genres (masculin et féminin) et correspond à une [[radical (linguistique)|racine]] [[langues germaniques|germanique]] caractérisée par un préfixe ''h-''. En vieux norrois, ce système s'utilise uniquement au singulier et seulement pour les genres masculin et féminin. Le '''génitif''' tient lieu de pronoms et d'adjectifs possessifs.
Cette série s'organise en distinguant les genres (masculin et féminin) et correspond à une [[radical (linguistique)|racine]] [[langues germaniques|germanique]] caractérisée par un préfixe ''h-''. En vieux norrois, ce système s'utilise uniquement au singulier et seulement pour les genres masculin et féminin. Le génitif tient lieu de pronoms et d'adjectifs possessifs.


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Cette série se divise en deux groupes :
Cette série se divise en deux groupes :


Les démonstratifs '''de distance''' sont formés sur deux paradigmes, ''sa'' (qui n'est utilisé que pour le nominatif singulier et le féminin), et ''þa'' :
Les démonstratifs de distance sont formés sur deux paradigmes, ''sa'' (qui n'est utilisé que pour le nominatif singulier et le féminin), et ''þa'' :
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|+ Démonstratifs de distance
|+ Démonstratifs de distance
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Les démonstratifs '''de proximité''' étaient à l'origine formés sur la base des démonstratifs de distance, à laquelle on ajoutait les suffixes ''-si'' ou ''-a'', voire les deux comme dans l'ancien scandinave ''þansi''. Ce système n'est cependant jamais attesté de façon consistante; la racine et le suffixe semblent s'être mêlés très tôt pour former un nouveau radical de déclinaison très irrégulière. C'est pourquoi les formes de ce type de pronom démonstratif a beaucoup varié en fonction des lieux et des époques.
Les démonstratifs de proximité étaient à l'origine formés sur la base des démonstratifs de distance, à laquelle on ajoutait les suffixes ''-si'' ou ''-a'', voire les deux comme dans l'ancien scandinave ''þansi''. Ce système n'est cependant jamais attesté de façon consistante; la racine et le suffixe semblent s'être mêlés très tôt pour former un nouveau radical de déclinaison très irrégulière. C'est pourquoi les formes de ce type de pronom démonstratif a beaucoup varié en fonction des lieux et des époques.


=== Les pronoms interrogatifs ===
=== Les pronoms interrogatifs ===

Ces pronoms s'emploient comme en anglais :
Ces pronoms s'emploient comme en anglais :
* Hver ert þú ? = Qui es-tu ?
* Hver ert þú ? Qui es-tu ?
* ''Hvat ?'' (« Quoi ? ») ;

* ''Hvar ?'' (« Où ? ») ;
* Hvat ? Quoi
* Hvar ?
* ?
* ''Hví ?'' (« Pourquoi ? »).

* Hver ? Qui

* Hví ? Pourquoi


=== Les verbes ===
=== Les verbes ===
Comme les autres langues germaniques, le norrois fait la distinction entre verbes forts et verbes faibles.
Comme les autres langues germaniques, le norrois fait la distinction entre verbes forts et verbes faibles.
À l'origine, les '''verbes faibles''' étaient formés d'un simple radical auquel on ajoutait un suffixe accentué ; au passé, on se contentait d'ajouter une terminaison dentale à ce suffixe accentué.
À l'origine, les '''verbes faibles''' étaient formés d'un simple radical auquel on ajoutait un suffixe accentué ; au passé, on se contentait d'ajouter une terminaison dentale à ce suffixe accentué.


Les '''verbes forts''', au contraire, ne possédaient pas de suffixe accentué ; le changement de temps était marqué par une [[alternance vocalique]] dans le radical.
Les '''verbes forts''', au contraire, ne possédaient pas de suffixe accentué ; le changement de temps était marqué par une [[alternance vocalique]] dans le radical.
En norrois, le système temporel se construit autour d'une seule opposition : passé face à tout ce qui n'est pas passé (en particulier, le présent). On retrouve un système similaire dans les [[langues sémitiques]], qui opposent l'[[aspect accompli/inaccompli|accompli]] à l'[[Aspect accompli/inaccompli|inaccompli]] (voir l'article ''[[Arabe standard moderne]]'').
En norrois, le système temporel se construit autour d'une seule opposition : passé face à tout ce qui n'est pas passé (en particulier, le présent). On retrouve un système similaire dans les [[langues sémitiques]], qui opposent l'[[aspect accompli/inaccompli|accompli]] à l'[[Aspect accompli/inaccompli|inaccompli]] (voir l'article ''[[Arabe standard moderne]]'').


== Syntaxe du vieux norrois ==
== Syntaxe ==
Au présent, la phrase s'organise de la manière suivante : complément-sujet-verbe ([[langue OSV]]).
'''Au présent'''


Exemples :
La phrase s'organise de la manière suivante :
* chez moi je retourne ;
* avec mon cheval en ville tu vas.


== Exemples ==
Complément Sujet Verbe
{{…}}


== Notes et références ==
exemples :
{{Références|taille=30}}
Chez moi je retourne.
Avec mon cheval en ville tu vas.

== Diffusion ==
Le vieux norrois a influencé de nombreuses langues : le [[russe]], l'[[anglais]], le [[normand]] et le [[français]] via le normand. Les langues qui en sont aujourd'hui les plus proches sont l'[[islandais]], qui en conserve un fonds très important, le [[féringien]] et dans une moindre mesure les langues scandinaves.

En France, la [[toponymie normande]] et l'[[anthroponymie]] sont caractérisées par la présence d'appellatifs toponymiques issus du vieux norrois (''both'' > ''-beuf'' « barraque, village », ''topt'' > ''-tot'' « établissement », ''bekkr'' > ''-bec'' « ruisseau », ''lundr > -lon'' « bois, forêt », ''lunda'' > [[La Londe|londe]] « bois, forêt », ''thorp'' > torp(s), tour(p) « hameau », ''thveit'' > ''-tuit, [[Thuit]]-'' « [[essart]] », etc.) et les nombreux noms de personnes qui y sont inclus, ainsi que l'existence de nombreux [[nom de famille|patronymes]], jadis prénoms (Ouf, Ingouf, Toutain, Anquetil, Turquetil, Angot, Anfry, Estur, Doudement, etc.) ; ceci est dû à l'installation de colons danois, norvégiens et anglo-scandinaves au [[Moyen Âge]] qui se poursuit sur plusieurs générations après la création d'une principauté normande (en 911).


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Vieux norrois
(adjectif : vieux-norrois)
Image illustrative de l’article Vieux norrois
Stèle en vieux-norrois (XIIe siècle, Norwegian State Historical Museum)
Période du VIIe au XVe siècle
Langues filles langues scandinaves
Région Scandinavie et régions colonisées (Islande, îles Féroé, Normandie, Groenland)
Typologie flexionnelle, accentuelle, OSV
Classification par famille
Codes de langue
IETF non
ISO 639-2 non
ISO 639-3 non
Étendue Langue individuelle
Type Langue historique
Glottolog oldn1244

Le vieux norrois (ou norrǿnt mál, à l'origine des langues scandinaves actuelles) correspond aux premières attestations écrites de la langue scandinave médiévale (langue germaniques septentrionale).

Définition

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Il n'existe pas de définition unique de ce qu'est le vieux norrois, et donc, de la littérature norroise.

Dans le sens le plus large, le terme « vieux norrois » désigne la langue du Danemark, de la Norvège et de la Suède ainsi que des colonies scandinaves comme l'Islande pendant l'âge des Vikings (v.  750-1050), le haut Moyen Âge et le Moyen Âge central (v.  1050-1350)[1],[2],[3].

À l'opposé, dans le sens le plus restreint, le terme peut ne désigner que le vieux norvégien du Moyen Âge haut et central[1].

Enfin, on peut trouver une définition intermédiaire, qui est utilisée notamment par la Viking Society for Northern Research et la Bibliothèque nationale de France. Elle consiste à considérer le terme comme désignant la langue de la Norvège entre environ 750 et 1350 (après quoi le norvégien évolue considérablement) et la langue de l'Islande entre la colonisation du pays (v.  870) et la Réforme protestante (v.  1550, ce qui constitue plus une barrière culturelle que linguistique)[1],[4].

Néanmoins, le vieux norrois n'étant pas entièrement uniforme mais s'agissant plutôt d'une collection de dialectes avec de nombreuses affinités, il doit donc être compris comme un terme générique pour désigner le vieil islandais, le vieux norvégien, le vieux danois, le vieux suédois et le vieux gotlandais, — mais il est souvent utilisé comme synonyme de vieil islandais, car la majorité des sources viennent d'Islande[5]. Même pris dans son sens le plus restreint, soit uniquement la langue médiévale norvégienne et islandaise, bien qu'il y eût une unité entre les différents dialectes du monde scandinave occidental durant cette période, le norvégien de 750 n'est pas le même que celui de 1350. De plus, lorsque les colons norvégiens emportèrent leur langue en Islande, elle finit par diverger, par certains aspects, de la langue mère norvégienne[1].

Classification

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Le vieux norrois appartient au groupe septentrional des langues germaniques, d'où sont issues les langues scandinaves.

L'extension du vieux norrois et des langues apparentées au début du Xe siècle :

L'origine du vieux norrois date de l'expansion de l'indo-européen commun, ancêtre des langues germaniques, slaves, celtiques, indo-iraniennes, romanes et grecques[5]. Avec les migrations, le commerce avec d'autres civilisations, et le contact avec des langues non-indo-européennes. Au fil des siècles naît ainsi le proto-germanique ou germanique commun[5].

Le proto-germanique va lui-même se scinder en trois groupes entre la fin de l'ère pré-chrétienne et le début de l'ère chrétienne[5] :

En vérité cette vision en trois branches est simpliste, et le vieux norrois possède des similitudes avec le groupe occidental que n'a pas le gotique, et des similitudes avec le gotique que n'a pas le groupe occidental[5].

On distingue traditionnellement trois périodes dans l'évolution des langues scandinaves :

Le vieux norrois est de loin la variété la mieux attestée d'ancien scandinave ; le norrois « classique » est le langage dans lequel ont été rédigées les sagas islandaises des XIIe et XIIIe siècles et les Eddas, dont l'Edda en prose de Snorri Sturlusson, décrivant la mythologie viking avec une neutralité étonnante de la part d'un clerc.

Répartition géographique

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Le vieux norrois a influencé de nombreuses langues : le russe, l'anglais, le normand et le français via le normand. Les langues qui en sont aujourd'hui les plus proches sont l'islandais, qui en conserve un fonds très important, le féroïen et dans une moindre mesure les langues scandinaves.

En France, seule la toponymie normande est caractérisée par la présence d'appellatifs toponymiques issus du vieux norrois (búð / bóð > -beuf « baraque, village », topt / toft > -tot « établissement », bekkr > -bec, Bec- « ruisseau », lundr > -lon(de) « bois, bosquet », lunda > londe « bois, bosquet », Þorp > Torp(s), -tour(p) « hameau », Þveit > -tuit, Thuit- « essart », etc.). Ceci est dû à l'installation de colons danois, norvégiens et anglo-scandinaves au Moyen Âge qui se poursuit sur quelques générations après la création d'une principauté normande (en 911). En revanche, le vocabulaire d’origine norroise du normand, le plus souvent relatif au monde maritime, s'est en partie diffusé en français.

Alphabet et phonologie

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Les graphies et leur valeur phonétique

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L'ancien scandinave est attesté sous deux formes graphiques :

  • en écriture runique, aussi appelée « futhark » ;
  • en alphabet latin, qui fut introduit en même temps que le christianisme peu après l'an 1000.

Dans l'alphabet latin, il a été nécessaire d'ajouter certains signes pour représenter tous les sons de l'ancien scandinave. Voici un tableau des voyelles de l'ancien scandinave telles qu'elles étaient représentées dans l'alphabet latin :

Voyelles fermées Valeur
i [i]
í [iː]
y [y]
ý [yː]
u [u]
ú [uː]
Voyelles ouvertes Valeur
e [ɛ]
é [eː]
ø [ø]
œ [œː]
o [ɔ]
ó [oː]
æ [ɛː]
a [a]
á [aː], [ɑː]
ǫ [ɒ]

Les symboles ǫ, ę (ne sont plus utilisés et n'apparaissent donc pas dans le tableau) et ø (à l'origine une ligature par superposition de o et e) datent du XIIe siècle. Ils ont été proposés pour l'orthographe du vieil islandais par l'auteur du Premier traité de grammaire. Æ est emprunté au vieil anglais. Le vieux norrois connaissait en outre trois diphtongues : æi, ǫu et æy. Ces diphtongues étaient transcrites par des digrammes dans les manuscrits.

Pour les consonnes, on emprunta les graphèmes þ (th dur, comme dans faith en anglais, souvent translittéré th) et ð (th doux, comme dans le the anglais ; souvent translittéré dh) au vieil anglais ; le signe y transcrivant la voyelle labiale d'avant fermée fut aussi emprunté au vieil anglais.

L'accentuation

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Le vieux norrois faisait la différence entre syllabes accentuées et syllabes non accentuées. L'accent portait habituellement sur le radical des mots, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, sur la première syllabe. Dans les mots composés, le premier élément portait en général l'accent primaire, mais un accent secondaire apparaissait sur le deuxième élément. Dans certains cas, c'était le préfixe qui était porteur de l'accent (et le radical restait alors inaccentué).

Les noms du norrois se classent selon deux critères :

  1. leur suffixe d'origine ;
  2. leur genre.

Suffixes forts et suffixes faibles

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Il y avait deux possibilités :

  • le suffixe accentué d'origine se terminait par la voyelle « a », « o long », « i » ou « u » : le nom relevait alors de la déclinaison forte ;
  • le suffixe accentué d'origine se terminait par la séquence « an », « on » ou « in » : le nom relevait alors de la déclinaison faible. À cette déclinaison appartenaient également quelques noms se terminant en « nd » ou en « r », ou bien ceux qui ne se terminaient pas par un suffixe accentué.

Le genre nominal

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Le vieux norrois comportait trois genres grammaticaux : masculin, féminin, et neutre. Le genre dépendait généralement du suffixe accentué originel du nom ; en général :

  • les noms en « -a » étaient masculins ou neutres ;
  • les noms en « -o » long étaient féminins ;
  • les noms en « -u », masculins ;
  • les noms en « -n », « nd » ou « r » étaient soit masculins soit féminins.

À l'origine, il existait trois nombres grammaticaux : le singulier, le pluriel et le duel, comme en grec ancien ou en breton. À l'époque classique, toutefois, le duel s'était depuis longtemps fondu avec le pluriel en ce qui concerne les noms, du moins.

Les déclinaisons nominales

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Les déclinaisons du vieux norrois comprenaient quatre cas, les mêmes que ceux que l'on retrouve en allemand moderne : nominatif, accusatif, datif et génitif.

Exemple de déclinaison forte
cas singulier pluriel
nominatif armaz > armr armōr > armar
accusatif arma > arm armanz > arma
datif armē > armi armumz > ǫrmum
génitif armas > arms armō > arma

(Précédés d'un point, les formes reconstituées ; à leur suite, les formes attestées en norrois classique).

Exemple de déclinaison faible
cas singulier pluriel
nominatif granni grannar
accusatif granna granna
datif granna grǫnnum
génitif granna granna

Les adjectifs

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À l'origine, les adjectifs étaient déclinés comme les noms ; cependant, déjà en proto-germanique, on adopta certaines formes pronominales qui donnèrent naissance à une déclinaison adjectivale particulière, mixte des déclinaisons nominale et pronominale.

Formes spécifiquement pronominales
cas singulier pluriel
masculin féminin neutre masculin féminin neutre
nominatif - - t ir - -
accusatif (a)n a t - - -
datif um ri u - -
génitif - rar - ra ra ra

Les autres formes utilisent :

  • les terminaisons en « a » au masculin et au neutre ;
  • et les terminaisons en « ō » au féminin.

Cette déclinaison est utilisée lorsque l'adjectif fonctionne comme prédicat ou modifie une phrase nominale indéfinie. Cette déclinaison est aussi appelée « déclinaison forte ».

Dans les phrases nominales définies, on utilise en revanche une « déclinaison faible » :

  • terminaison « an » au masculin et au neutre singulier ;
  • terminaison « ōn » au féminin singulier ;
  • au pluriel, terminaison « um » au datif pour tous les genres, et « u » à tous les autres cas.

Comparatif et superlatif

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Il existait deux systèmes en norrois :

  • la plupart des adjectifs utilisaient le suffixe « -ar » pour former le comparatif et « -ast » pour le superlatif : « ríkr » → « ríkari » → « ríkarstr », « puissant » ;
  • mais un petit groupe d'adjectifs formaient leur comparatif et leur superlatif avec les suffixes « -r » et « -st » associés à une inflexion provenant d'un « i » disparu qui précédait la finale : « langr » → « lengri » → « lengstr », « long ».

Les pronoms personnels

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La série des pronoms est, en norrois, composée de trois systèmes morphologiques distincts :

  • les pronoms personnels proprement dits ;
  • les pronoms de la troisième personne ;
  • les pronoms démonstratifs de distance et de proximité.

Les trois séries s'organisent selon des systèmes différents.

Les pronoms personnels proprement dits

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Ils s'organisent en trois nombres (singulier, duel, pluriel) et quatre cas, mais ne font pas de différences entre les genres. Ce sont les pronoms de la première et de la deuxième personne, et les réflexifs de la troisième personne. Parmi les nombres, le duel correspond, comme en grec ancien, aux situations où deux individus (ou deux groupes) sont face à face.

Tableau des pronoms personnels proprement dits
cas singulier duel pluriel
nominatif ek þú - vit it vér ér
accusatif mik þik sik okkr ykkr oss yðr
datif mér þér sér okkr ykkr oss yðr
génitif mín þín sín okkar ykkar vár yðar

Les pronoms personnels de la troisième personne

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Cette série s'organise en distinguant les genres (masculin et féminin) et correspond à une racine germanique caractérisée par un préfixe « h- ». En vieux norrois, ce système s'utilise uniquement au singulier et seulement pour les genres masculin et féminin. Le génitif tient lieu de pronoms et d'adjectifs possessifs.

Déclinaison des pronoms de la troisième personne
cas masculin féminin
nominatif hann hon
accusatif hann hana
datif honum henni
génitif hans hennar

Les pronoms démonstratifs de distance et de proximité

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Cette série se divise en deux groupes :

Les démonstratifs de distance sont formés sur deux paradigmes, « sa » (qui n'est utilisé que pour le nominatif singulier et le féminin), et « þa » :

Démonstratifs de distance
Cas Singulier Pluriel
masculin féminin neutre masculin féminin neutre
nominatif þat þeir þær þau
accusatif þann þá þat þá þær þau
datif þeim þeirra því þeim þeim þeim
génitif þess þeirrar þess þeirra þeirra þeirra

Les démonstratifs de proximité étaient à l'origine formés sur la base des démonstratifs de distance, à laquelle on ajoutait les suffixes « -si » ou « -a », voire les deux comme dans l'ancien scandinave « þansi ». Ce système n'est cependant jamais attesté de façon consistante ; la racine et le suffixe semblent s'être mêlés très tôt pour former un nouveau radical de déclinaison très irrégulière. C'est pourquoi les formes de ce type de pronom démonstratif a beaucoup varié en fonction des lieux et des époques.

Les pronoms interrogatifs

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Ces pronoms s'emploient comme en anglais :

  • Hver ert þú ? (« Qui es-tu ? ») ;
  • Hvat ? (« Quoi ? ») ;
  • Hvar ? (« Où ? ») ;
  • Hver ? (« Qui ? ») ;
  • Hví ? (« Pourquoi ? »).

Comme les autres langues germaniques, le norrois fait la distinction entre verbes forts et verbes faibles. À l'origine, les verbes faibles étaient formés d'un simple radical auquel on ajoutait un suffixe accentué ; au passé, on se contentait d'ajouter une terminaison dentale à ce suffixe accentué.

Les verbes forts, au contraire, ne possédaient pas de suffixe accentué ; le changement de temps était marqué par une alternance vocalique dans le radical. En norrois, le système temporel se construit autour d'une seule opposition : passé face à tout ce qui n'est pas passé (en particulier, le présent). On retrouve un système similaire dans les langues sémitiques, qui opposent l'accompli à l'inaccompli (voir l'article Arabe standard moderne).

Au présent, la phrase s'organise de la manière suivante : complément-sujet-verbe (langue OSV).

Exemples :

  • chez moi je retourne ;
  • avec mon cheval en ville tu vas.

Notes et références

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  1. a b c et d (en) Michael Barnes, Viking Society for Northern Research, « Part I - Grammar », dans A new introduction to Old Norse, University College de Londres, (lire en ligne), p. 1.2 - « What is Old Norse ? », pp. 1-2..
  2. (en) « Old Norse », sur OxfordDictionaries.com (en), Oxford University Press (consulté le ).
  3. Olaf Mikkelsen et Patrick Guelpa, Le Premier traité grammatical islandais dans l’histoire des théories linguistiques, (présentation en ligne, lire en ligne), p. 1.
  4. Bibliothèque nationale de France, « Vieux norrois (langue) » (consulté le ).
  5. a b c d e f g et h (en) Todd B. Krause et Jonathan Slocum, « Old Norse Online - Introduction to Old Norse », sur site officiel de l'université du Texas à Austin (consulté le ).

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Articles connexes

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Liens externes

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