Imagination

capacité innée et processus d'inventer un champ personnel

L'imagination est la capacité innée et le processus d'inventer un champ personnel partiel ou complet à travers l'esprit à partir d'éléments dérivés de perceptions sensorielles de l'existence commune.

Les représentations imaginaires oscillent précisément entre ces deux pôles : des représentations « Sadiennes » avec accumulation de détails d'une violence à peine supportable alternant régulièrement avec des bouffées de la tendresse la plus ineffable qui révèle l'objet de mon amour dans toute sa pureté et dans toute sa souveraineté. Evidemment cette succession de représentations constitue un rythme qui va se précipitant jusqu'à une synthèse finale.
Ce rythme, tout comme la forme de cette synthèse même, échappent à mon contrôle. Il m'est possible de stimuler les représentations mais ni de les provoquer, ni de les éviter, ni même de les inhiber.
[...] Seules les forces vives de l'imagination constituent la sauvegarde de mon amour.
Elles orchestrent à elles seules cette généreuse synthèse. Se succédant régulièrement — imbriquées l'une dans l'autre — mouvement de l'amour.

  • Réponse de Jacques Abeille à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ?
  • « Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques », Jacques Abeille, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 84


Je ne comprends pas pourquoi les poètes s’indignent aujourd’hui contre la vulgarité de l’époque présente et se plaignent d’être nés trop tard ou trop tôt. J’ai la conviction que tout homme d’intelligence, aujourd’hui comme toujours, a le pouvoir de se créer dans la vie sa belle fable.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 14


La manière dont on imagine est souvent plus instructive que ce qu'on imagine.
  • La Psychanalyse du feu (1938), Gaston Bachelard, éd. Gallimard, coll. « NRF idées », 1949, chap. 3 (« Psychanalyse et préhistoire »), p. 54


L'imagination n'est pas, comme le suggère l'étymologie, la faculté de former des images de la réalité ; elle est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité. Elle est une faculté de surhumanité.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie VII, chap. Introduction: Imagination et matière, p. 25


Comme le dit Salvador Dalí, la « montre molle » est chair, elle est « fromage ». Ces déformations sont souvent mal comprises parce qu'elles sont vues statiquement. Certains critiques stabilisés les prennent aisément pour des insanies. Ils n'en vivent pas la force onirique profonde, ils ne participent pas à l'imagination de riche viscosité qui donne parfois à un clin d'œil le bénéfice d'une divine lenteur.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie IV, chap. IV Les eaux composées, p. 123


Par l'imagination nous abandonnons le cours ordinaire des choses. Percevoir et imaginer sont aussi antithétiques que présence et absence. Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie I, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 8


Parce que le poète nous découvre une nuance fugitive, nous apprenons à imaginer toute nuance comme un changement. Seule l'imagination peut voir les nuances, elle les saisit au passage d'une couleur à une autre.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 9


Un être privé de la fonction de l'irréel est un névrosé aussi bien que l'être privé de la fonction du réel. On peut dire qu'un trouble de la fonction de l'irréel retentit sur la fonction du réel. Si la fonction d'ouverture, qui est proprement la fonction de l'imagination, se fait mal, la perception elle-même reste obtuse. On devra trouver une filiation régulière du réel à l'imaginaire.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie III, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 13


De notre point de vue très particulier, l'habitude est l'exacte antithèse de l'imagination créatrice. L'image habituelle arrête les forces imaginantes. L'image apprise dans les livres, surveillée et critiquée par les professeurs, bloque l'imagination.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie IV, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 18


Imaginer, c'est hausser le réel d'un ton.


N'imagine pas qui veut ! Il ne s'agit pas d'imaginer n'importe quoi. La révolution euphorique se trouve au contraire devant cette tâche difficile qu'est l'unité d'imagination. Pour gagner cette unité d'imagination, pour avoir le schème dynamique directeur du bonheur, il faut donc revenir à l'un des grands principes de l'imagination matérielle. Ce n'est pas là une condition suffisante du bonheur, mais c'est une condition nécessaire. L'on ne peut être heureux avec une imagination divisée. La sublimation — tâche positive de l'imagination — ne peut être occasionnelle, hétéroclite, scintillante. Un principe de calme doit venir auréoler toutes les passions, même les passions de la force.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie VI, chap. IV. « Les travaux de Robert Desoille », p. 146


« Connaître » les constellations, les nommer comme dans les livres, projeter sur le ciel une carte scolaire du ciel, c'est brutaliser nos forces imaginaires, c'est nous enlever le bienfait de l'onirisme étoilé. Sans le poids de ces mots qui « soulagent la mémoire », — la mémoire des mots, cette grande paresseuse qui refuse de rêver, — chaque nuit nouvelle serait pour nous une rêverie nouvelle, une cosmogonie renouvelée. Le conscient mal fait, le conscient tout fait est aussi nocif pour l'âme rêvante que l'inconscient amorphe ou déformé. Le psychisme doit trouver l'équilibre entre l'imaginé et le connu. Cet équilibre ne se satisfait pas de vaines substitutions où, subitement, les forces imaginantes se voient associées à des schémas arbitraires. L'imagination est une force première. Elle doit naître dans la solitude de l'être imaginant.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie I, chap. VII. « Les Constellations », p. 228


L'imagination a besoin d'un allongement, d'un ralenti. Et en particulier, plus que tout autre, l'imagination de la matière nocturne a besoin de lenteur.
  • L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VII. « Les Constellations », p. 233


Il faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez.


L'imagination n'est rien d'autre que le sujet transporté dans les choses.
  • La Terre et les Rêveries du repos (1946), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 3


L'imagination […] trouve plus de réalité à ce qui se cache qu'à ce qui se montre.
  • La Terre et les Rêveries du repos (1946), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 25


L'imagination créatrice a de tout autres fonctions que celles de l'imagination reproductrice. À elle appartient cette fonction de ['irréel qui est psychiquement aussi utile que la fonction du réel si souvent évoquée par les psychologues pour caractériser l'adaptation d'un esprit à une réalité estampillée par les valeurs sociales.
  • La Terre et les Rêveries de la volonté, Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 3


L'imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. Elle est positivement apparentée avec l'infini.
Sans elle, toutes les facultés, si solides ou si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas, tandis que la faiblesse de quelques facultés secondaires, excitées par une imagination vigoureuse, est un malheur secondaire. Aucune ne peut se passer d'elle, et elle peut suppléer quelques-unes. Souvent ce que celles-ci cherchent et ne trouvent qu'après les essais successifs de plusieurs méthodes non adaptées à la nature des choses, fièrement et simplement elle le devine. Enfin elle joue un rôle puissant même dans la morale ; car, permettez-moi d'aller jusque-là, qu'est-ce que la vertu sans imagination ?


Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination.


il est arrivé en botanique ce qui est arrivé en chimie, c’est qu’en cherchant la pierre philosophale que l’on n’a pas trouvée, on a trouvé une infinité de choses utiles ; et de même en voulant faire une méthode générale et parfaite en botanique, on a plus étudié et mieux connu les plantes et leurs usages : tant il est vrai qu’il faut un but imaginaire aux hommes pour les soutenir dans leurs travaux, et que s’ils étaient persuadés qu’ils ne feront que ce qu’en effet ils peuvent faire, ils ne feraient rien du tout.


L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer.
  • Fureur et mystère, René Char, éd. Gallimard, 1962, p. 153


L'imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incréé.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 65


Lénine, plus et mieux que jamais, nous apparaît incontestable, lorsqu’il déclare :
« Si l’homme était privé de sa faculté de rêver, s’il ne pouvait parfois courir en avant et contempler par l’imagination l’œuvre complète qui commence à se former sous ses mains, comment pourrait-il entreprendre et mener à leur fin lointaine la vastitude épuisante de ses travaux ? Rêvons, mais à la condition de croire sérieusement en notre rêve, d’examiner attentivement la vie réelle, de confronter nos observations avec notre rêve, de réaliser scrupuleusement notre fantaisie. Il faut rêver. Et cette sorte de rêve est malheureusement trop rare dans notre mouvement par le fait de ceux-là mêmes qui s’enorgueillissent le plus de leur bon sens et de leur exacte approximation des choses concrètes. »

  • « Note en marge du jeu de la vérité », René Crevel, Documents 34, nº 20, Avril 1934, p. 23


Christophe Donner

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Et c'est ça qu'on va essayer de développer au cours des années d'enseignement : l'imagination. Avec ce qu'on sait maintenant de l'imagination, je résume : une tendance paresseuse à produire et à reproduire toujours les mêmes images idéales, les mêmes inévitables clichés


Il est vrai que la nuit, quand je pouvais prendre sur moi de fermer mes volets aux rayons tentateurs de la lune ; quand je pouvais détourner mes regards de ce ciel tout scintillant d'étoiles ; quand je pouvais m'isoler avec ma propre pensée, je ressaisissais quelque empire sur moi-même. Mais, comme un miroir, mon esprit avait conservé un reflet de ses préoccupations de la journée, et, comme je l'ai dit, ce n'étaient plus des créatures humaines avec leurs passions terrestres qui m'apparaissaient, c'étaient de beaux anges qui, à l'ordre de Dieu, traversaient d'un coup d'aile ces espaces infinis ; c'étaient des démons proscrits et railleurs, qui, assis sur quelque roche nue, menaçaient la terre ; c'était enfin une œuvre comme La Divine Comédie, comme le Paradis perdu ou comme Faust, qui demandait à éclore, et non plus une composition comme Angèle ou comme Antony.
Malheureusement je n'étais ni Dante, ni Milton, ni Goethe.


A côté de l'existence commune l'homme de lettres s'extériorise par imagination, des deux vies la seconde est préférable à la première.
Le rêve surpasse la réalité.

  • Paul Féval donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
  • « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », Paul Féval, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 22


Notre imagination n'est qu'un orgue de Barbarie détraqué qui joue toujours autre chose que l'air indiqué, pitoyable orphéon déjanté roulant à rebours.
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 101


Romain Gary

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C'est toujours bon d'avoir quelque chose qu'on peut imaginer. Il est vrai que des fois ça monte trop haut et après on se casse la gueule. Moi j'ai souvent remarqué qu'il y a quelque chose avec la réalité qui n'est pas encore au point.
  • L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979  (ISBN 978-2-07-037797-8), p. 67


Claire Julliard

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Le luxe, pour lui, ne consiste pas à s'acheter des châteaux et des terres « là où il y a de la place » :
« Ca, c'est un luxe de paysan enrichi, un luxe de gagne-petit. Non... Le luxe, ce serait d'acheter les immeubles de tout un côté de l'avenue de l'Opéra et de les raser, puis de les remplacer par un énorme champ de pois de senteur avec, au milieu, une maisonnette extrêmement confortable, mais d'une seule chambre. »
Le luxe selon Boris, c'est « l'imagination au pouvoir », et non l'argent au service du conformisme. Pour cet éternel rêveur, souvent au seuil de la banqueroute, les belles voitures d'antan vont symboliser sa conception de la beauté et du raffinement.

  • La biographe Claire Julliard concernant Boris Vian.
  • Boris Vian (2007), Claire Julliard, éd. Folio, coll. « Biographies », 2007  (ISBN 978-2-07-031963-3), Rouleur de mécaniques, p. 27


Imaginaire, fonction spécifiquement humaine qui permet à l'Homme, contrairement aux autres espèces animales, d'ajouter de l'information, de transformer le monde qui l'entoure. Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d'évitement de l'aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par de drogué, le psychotique, que par le créateur artistique ou scientifique. Imaginaire dont l'antagonisme fonctionnel avec les automatismes et les pulsions, phénomènes inconscients [Cerveau système 1], est sans doute à l'origine du phénomène de conscience.


Chère imagination, ce que j'aime surtout en toi, c'est que tu ne pardonnes pas.


[...] ce n'est pas faute d'imagination mais bien par suite d'une farouche volonté de réalisme chez Balzac, que le malheureux caissier Castanier, devenu tout-puissant, se lasse très vite, trop vite de tout, à l'inverse de son modèle en malédiction, le Melmoth de Maturin. [...] C'est que privés de leur dimension imaginaire, tous les plaisirs tournent court [...]. Quelques jours et trois pages suffisent à ce pauvre bougre pour revenir de toutes les jouissances et de tous les crimes, de tous les temps et de tous les pays. Rien d'étonnant à cela : ce pacte avec le diable, le caissier du dixième arrondissement ne l'a signé que pour se dégager d'énormes dettes, d'emprunts frauduleux, mais jamais, au grand jamais, pour sortir des limites de la condition humaine.
  • Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. « Folio Essais », 1982  (ISBN 2-07-032341-2), partie I, « Melmoth réconcilié » ou le prix d'une entrée dans l'histoire, p. 26


Mais l’ancien monde touche à sa fin ; ses jardins riants se flétrissent, les dieux s’en vont avec leur suite, et la nature reste déserte et sans vie. Le charme de l’existence tombe dans des paroles obscures, comme on voit la fleur s’en aller en poussière ; la croyance est loin, et avec elle, la vive, la puissante imagination.
  • « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 238


L'imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce.

Dans n'importe quelle situation, si on arrête l'imagination combleuse, il y a vide (pauvres en esprit). Dans n'importe quelle situation (mais dans certaines, au prix de quel abaissement !) l'imagination peut combler le vide. C'est ainsi que les êtres moyens peuvent être prisonniers, esclaves, prostituées, et traverser n'importe quelle souffrance sans purification. Continuellement suspendre en soi-même le travail de l'imagination combleuse de vides.

Si on accepte n'importe quel vide, quel coup du sort peut empêcher d'aimer l'univers ? On est assuré que, quoi qu'il arrive, l'univers est plein.
  • La pesanteur et la grâce, L'imagination combleuse, Simone Weil, éd. Pocket, 1993, p. 211


Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953

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L'expérience pratique nous révèle que les rêves ou l'activité imaginative qui se manifestent dans l'inconscient de personnes de caractères fort différents présentent des caractéristiques générales comparables à celles du mythe, chez deux catégories d'individus. D'abord chez ceux dont la vie personnelle ne s'est jamais pleinement dégagée de ses origines inconscientes ou s'est trouvée absorbée dans l'élément collectif surgi des profondeurs de l'inconscient ; ensuite dans les rêves d'un tout autre genre d'individus dont les problèmes personnels ont déjà été éclairés soit par l'expérience de la vie elle-même, soit par l'analyse. Ce caractère général des rêves se trouve ainsi chez des individus dont le développement n'est en rien comparable : d'une part chez ceux qui ne sont pas encore parvenus à une vie individuelle dégagée du domaine collectif des images intérieures, d'autre part chez ceux qui ont complètement assimilé leurs problèmes personnels et qui parviennent à une conception plus large de la vie.
Pour ce qui est des individus qui ne sont pas en mesure de mener une vie personnelle satisfaisante et qui traînent encore dans une sorte de brouillard indistinct, le premier soin de l'analyse sera d'établir ce qui leur manque : un rapport personnel avec le monde.

  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. I. Les mythes et l'esprit moderne, p. 35


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