Sahra Wagenknecht

femme politique allemande

Sahra Wagenknecht [ˌzaːʁaː ˈvaːɡˌknɛçt][1], née le à Iéna, est une femme politique allemande, docteure en sciences économiques et députée au Bundestag. Représentant une tendance de l'aile gauche du parti Die Linke, elle en a été vice-présidente jusqu'en 2015, et a co-présidé son groupe parlementaire de 2015 à 2019.

Sahra Wagenknecht
Illustration.
Sahra Wagenknecht en 2023.
Fonctions
Co-présidente du Groupe Die Linke au Bundestag

(4 ans et 30 jours)
Avec Dietmar Bartsch
Législature 18e et 19e
Prédécesseur Gregor Gysi
Successeur Amira Mohamed Ali
Députée au Bundestag
En fonction depuis le
(15 ans et 19 jours)
Élection 27 septembre 2009
Réélection 22 septembre 2013
24 septembre 2017
26 septembre 2021
Législature 17e, 18e, 19e et 20e
Groupe politique Die Linke (2009-2023)
Non-inscrit (depuis 2023)
Vice-présidente de Die Linke

(5 ans, 4 mois et 28 jours)
Avec Caren Lay, Axel Troost, Jan van Aken
Députée européenne

(4 ans, 11 mois et 23 jours)
Élection 13 juin 2004
Législature 6e
Groupe politique GUE/NGL
Biographie
Date de naissance (55 ans)
Lieu de naissance Iéna (RDA)
Nationalité Est-allemande (1969-1989)
Allemande (depuis 1989)
Parti politique SED (1989)
PDS (1990-2007)
Die Linke (2007-2023)
Aufstehen (depuis 2018)
BSW - Pour la raison et la justice (depuis 2023)
Conjoint Oskar Lafontaine

En octobre 2023, elle quitte Die Linke et fonde une association, l'Alliance Sahra Wagenknecht qui est transformée en un parti politique en janvier 2024.

Biographie

Enfance et études

Sahra Wagenknecht est née le à Iéna, en République démocratique allemande[2] d'une mère distributrice d’œuvres artistiques au nom de l’État, et d'un père iranien qu'elle n'a jamais rencontré. Elle a été élevée dans un premier temps par ses grands-parents, jusqu'en 1976 lorsqu’avec sa mère, elles déménagent à Berlin-Est. Elle adhère ensuite à la Jeunesse libre allemande (FDJ). Elle obtient son diplôme de fin d'études secondaires en 1988 et rejoint le Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED) au début de l'année 1989[3],[4],[5].

De 1990 à 1996, elle étudie la philosophie et la nouvelle littérature allemande à Iéna, Berlin et Groningue[5]. Elle soutient une thèse portant sur l'interprétation de Georg Wilhelm Friedrich Hegel par le jeune Karl Marx. Le texte de la thèse est publié sous forme d'ouvrage en 1997.

Vie personnelle

Sahra Wagenknecht épouse Ralph-Thomas Niemeyer en [6]. Toutefois, le , Oskar Lafontaine admet publiquement que lui et Wagenknecht sont devenus des « amis proches »[7], tous deux ayant quitté leur conjoint respectif[8]. Ils se marient le [9].

Carrière politique

 
En meeting pour Die Linke en 2012.

Après la chute du mur de Berlin et la transformation du SED en Parti du socialisme démocratique (PDS), Sahra Wagenknecht devient membre du comité national du nouveau parti en 1991. Elle rejoint dans le même temps la Plate-forme communiste, un courant du PDS incarnant une forme d'orthodoxie marxiste[4].

Lors des élections fédérales allemandes de 1998, elle se présente comme candidate du PDS dans la circonscription de Dortmund, obtenant 3,25 % des suffrages exprimés. Lors des élections européennes de 2004, elle est élue députée européenne.

Au Parlement européen, elle est membre du comité chargé des affaires économiques et monétaires et de l'assemblée parlementaire Europe/Amérique latine[4],[10].

Dans le cadre de la fusion du PDS et de la WASG dans Die Linke, Wagenknecht envisage de se porter candidate au poste de coprésidente du nouveau parti. Toutefois, plusieurs leaders importants comme Lothar Bisky et Gregor Gysi l'en empêcheront, suspectant de sa part une trop grande complaisance à l'égard de l'ancien régime de la RDA. Balayée par la controverse, elle renonce à briguer le poste. Elle décroche un mandat direct (au scrutin majoritaire) de députée lors des élections fédérales allemandes de 2009 dans l'État de Rhénanie-du-Nord-Westphalie[11]. Au Bundestag, elle devient porte-parole de Die Linke pour les questions économiques. Le , elle est élue vice-présidente du parti avec 75,3 % des voix du congrès.

Au printemps 2018, elle annonce travailler sur un nouveau mouvement politique, sur les modèles français et espagnols de La France insoumise et de Podemos[12]. Celui-ci est créé le , sous le nom d'Aufstehen (le plus souvent traduit par « Debout »[13],[14], plus rarement par « Se lever »[15])[15].

En février 2023, elle organise, avec Alice Schwarzer, une manifestation s'opposant à la livraison d'armes à l'Ukraine et demandant des pourparlers de paix avec la Russie, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie[16].

En octobre 2023, Sahra Wagenknecht quitte Die Linke et fonde une association, l'Alliance Sahra Wagenknecht, en vue de créer un parti politique en janvier 2024[17],[18],[19]. Le nouveau parti se donne notamment pour but de créer un mouvement de gauche anti-immigration afin de couper l'herbe sous le pied de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) lors des élections dans trois régions de l'est de l'Allemagne en septembre 2024[20].

Elle attire l'attention des médias grâce aux succès de son parti aux élections européennes de 2024, avec 6,2 % de voix au niveau national[21] ; ainsi qu'aux élections régionales en Thuringe, en Saxe et en Brandebourg en septembre 2024, dominant la gauche allemande dans les trois Länder où cette élection a eu lieu[22].

Positions politiques

 
Sahra Wagenknecht en mars 2018.

Wagenknecht est une figure de l'aile gauche de Die Linke. Elle affirme que le parti devrait adopter une ligne plus radicale et anticapitaliste, qui la distinguerait clairement des Verts et du SPD. Elle a publiquement critiqué les gouvernements de coalition formés par Die Linke avec les sociaux-démocrates dans les Länder de l'est, en particulier dans le Land de Berlin, qui a opéré des coupes dans les dépenses sociales et a privatisé plusieurs services[23]. Au sein de Die Linke, elle a longtemps été membre de la Plate-forme communiste (Die kommunistische Plattform), mais a depuis rejoint une autre tendance plus importante, la Gauche anticapitaliste.

Elle a fréquemment apporté un fort soutien aux gouvernements de gauche en Amérique latine, comme celui d'Hugo Chávez[24]. Au Parlement européen, elle fait partie d'une délégation chargée d'entretenir des relations avec le Mercosur[10]. Elle est par ailleurs opposée aux ventes d'armes à des pays en guerre, comme l'Arabie saoudite et la Turquie[25].

Elle condamne également les positions du parti de gauche envers le wokisme, idéologie qu'elle rejette[26],[22] et qu'elle considère comme n'étant pas de « gauche »[27].

Sur la question de l'immigration, elle s'oppose à une ouverture totale des frontières en , estimant que l’immigration de travailleurs étrangers augmente la concurrence sur le marché du travail et tire les salaires vers le bas. En revanche, elle défend le droit d’asile et s’est opposée à son durcissement[25]. Sa volonté de réduire le nombre de réfugiés que doit accueillir l'Allemagne sur son territoire a parfois dérangé à gauche[28].

Sur la stratégie de lutte contre la pandémie de Covid-19, Sahra Wagenknecht s'oppose à la vaccination obligatoire et déclare ne pas être vaccinée elle-même[29].

Elle est à l'origine d'une manifestation appelant à un « soulèvement pour la paix » se déroulant le 25 février 2023, à Berlin, dans le contexte de la guerre en Ukraine[30].

Au cinéma

Elle apparaît dans le film War Machine (2017), où son personnage est interprété par Tilda Swinton.

Références

  1. Prononciation en haut allemand (allemand standard) retranscrite selon la méthode de l'alphabet phonétique international (API).
  2. « Sahra Wagenknecht », sur la base de données des députés au Parlement européen.
  3. (de) « Wagenknecht, Sahra », sur www.rbb-online.de, (consulté le ).
  4. a b et c (de) « Kurzbiographie », sur sahra-wagenknecht.de (consulté le ).
  5. a et b Pascale Hugues, « Sahra Wagenknecht. Age tendre et langue de bois », sur Libération, (consulté le ).
  6. (de) « Betrugsverdacht - Ermittlungen gegen Sahra Wagenknechts Ehemann », sur Der Spiegel, .
  7. (de) « FAZ zur Wagenknecht/Lafontaine », sur faz.net, .
  8. (de) « Beziehung mit Wagenknecht: Lafo in Love », sur Der Spiegel, .
  9. (de) « Geheime Hochzeit: Oskar Lafontaine und Sahra Wagenknecht haben geheiratet », sur faz.net, (ISSN 0174-4909, consulté le ).
  10. a et b « Sahra Wagenknecht », sur la base de données des députés au Parlement européen.
  11. (de) « Bundestagswahl », sur dielinke-nrw.de, .
  12. « L'Allemande Sahra Wagenknecht dévoile les contours de son futur mouvement, inspiré des Insoumis », sur Mediapart, (consulté le ).
  13. « L'égérie de l'extrême gauche allemande «debout» contre les migrants », sur Le Figaro, (consulté le ).
  14. « Un mouvement politique de gauche radicale et antimigrants lancé ce mardi en Allemagne », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  15. a et b Amélie Poinssot, « L’Allemande Sahra Wagenknecht lance un nouveau mouvement, inspiré des Insoumis », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Ukraine: 10.000 manifestants à Berlin pour une négociation avec Moscou »  , sur Le Point, .
  17. (de) Timo Lehmann, « Sahra Wagenknecht wird eigene Partei gründen », Der Spiegel,‎ (ISSN 2195-1349, lire en ligne, consulté le ).
  18. « En Allemagne, Sahra Wagenknecht quitte Die Linke pour créer un parti populiste de gauche », sur Libération, (consulté le ).
  19. Maxime Poul, « Antivax, anti-migrants, pro-Poutine… qui est Sahra Wagenknecht qui lance son parti populiste en Allemagne », sur Le Parisien, .
  20. Nathalie Steiwer, Allemagne : un mouvement de gauche anti-immigration veut supplanter l'extrême droite, lesechos.fr, 23 octobre 2023.
  21. (de) Sahra Wagenknecht: Von der Außenseiterin zur linken Ikone und Parteigründerin, mdr.de, 13 juin 2024.
  22. a et b Jean-Marc Gonin, Pourfendeuse du wokisme et pro-russe : Sahra Wagenknecht, nouvelle star de la gauche allemande, lefigaro.fr, 11 septembre 2024.
  23. (de) « Nicht mitkungeln, sondern kämpfen », sur sahra-wagenknecht.de, .
  24. (de) « Kuba und Lateinamerika agieren selbstbewusster als früher », sur sahra-wagenknecht.de, .
  25. a et b « Que dit exactement Sahra Wagenknecht sur l'immigration? », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. (en) Meet Germany’s anti-woke, anti-lockdown left-winger, spiked-online.com, 16 janvier 2024
  27. (de) Wolfgang Schütz, Woke oder Wagenknecht? Was es heute bedeutet, links zu sein, augsburger-allgemeine.de, 17 septembre 2023
  28. (de) AFP et Reuters, « Sahra Wagenknecht mit Torte beworfen », Die Zeit,‎ (lire en ligne).
  29. (de) Karina Krawczyk, « Warum Sich Sahra Wangenknecht nicht impfen lässt », WAZ,‎ (lire en ligne)
  30. Jacques Pezet, « Qui sont les Allemands qui ont retiré le drapeau ukrainien d’un char installé devant l’ambassade de Russie à Berlin ? », sur Libération (consulté le ).

Voir aussi

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Liens externes