Jean-François Moulin
Jean-François Moulin[1], né à Caen, le et mort à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) le , est un général de la Révolution française et directeur français. Il est ensuite baron d’Empire en 1809.
Jean-François Moulin | |
Moulin, en costume de directeur de la République. | |
Fonctions | |
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Directeur de la République | |
– (4 mois et 20 jours) |
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Gouvernement | Gouvernement du Directoire |
Biographie | |
Titre complet | Baron de l’Empire Officier de la Légion d'honneur |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Caen |
Origine | France |
Date de décès | (à 57 ans) |
Lieu de décès | Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) |
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Biographie
modifierFils d’un épicier, Jean-François Moulin fit de bonnes études au collège des Jésuites de Caen avant de s’engager en 1768, dans l’armée où il ne sert que sept mois, au régiment de Bretagne. En 1770 il entre comme géographe aux Ponts et Chaussées et est employé sur les côtes de Saint-Malo à Calais. Après avoir été employé dans les généralités de Normandie et de Picardie, il devient ingénieur à l’intendance de Paris.
Son emploi ayant été supprimé dès les premiers jours de la Révolution, Moulin prend le parti des armes. Volontaire dans la Garde nationale parisienne, bataillon de Sainte-Opportune le , il devient sergent-major puis lieutenant. En il est nommé adjudant à l'état-major des trois bataillons de volontaires de Paris. Il passe adjudant-major au bataillon de Sainte-Opportune et devient adjudant-général de la garde parisienne le .
Il est adjudant-général chef de bataillon surnuméraire à l'armée des Côtes de Brest le . Dans les départements de l’Ouest, il seconde les efforts des généraux Duhoux et Menou pour repousser les attaques de l’armée vendéenne contre Saumur le . Son jeune frère, Jean-Baptiste Moulin, qui se bat également contre eux, préfère se suicider le plutôt que de tomber entre les mains des troupes vendéennes. Après la prise de Saumur par les troupes royalistes, il assure la retraite des bagages, et à la tête d’une quarantaine d’hommes seulement, arrête pendant près de six heures les Vendéens qui poursuivent l’armée républicaine fuyant dans le plus grand désordre. Le suivant il ne se distingue pas moins à Vihiers, où les Vendéens ont l’avantage mais le , il prend une brillante revanche au combat de Doué livré par Rossignol, et fait éprouver des pertes considérables aux royalistes. Ce succès lui fait obtenir le grade de général de brigade le et le commandement des Ponts-de-Cé, d’où il passe peu après à celui de Saumur que menacent encore les Vendéens. Il fait alors élever à Saint-Florent-sur-Loire des fortifications dont il trace lui-même les plans.
Le il est nommé général de division et participe à la bataille du Mans où il fait prisonniers 1 200 Vendéens. Moulin ayant libéré peu de temps après ces hommes que le sort des armes a mis entre ses mains, il n’en faut pas tant pour provoquer le courroux du proconsul de Nantes Carrier, qui écrit à la fin de la virée de Galerne :
« Il n’y a que très peu de brigands qui aient pu passer la Loire. Il n’en eût pas échappé un seul sans les ordres du général Moulin qui s’est avisé de donner des passeports pour les autoriser à rentrer chez eux. Je viens faire partir l’ordre d’arrêter ce général vraiment coupable[2]. »
Le il est nommé général en chef de l’armée des côtes de Brest en remplacement du général Rossignol, mais Carrier le fait arrêter au milieu de son camp et conduire dans les prisons de cette ville. Le général ne doit sa mise en liberté en 1794 qu’aux réclamations de son corps d’armée et à l’intervention des représentants Bourbotte et Francastel. Le comité de salut public le renomme peu après général en chef. Le il est appelé au commandement de l’armée des Alpes qu'il rejoint le . Après avoir hiverné dans ces montagnes, il bat les troupes piémontaises au Col du Mont, au Montgenèvre et au village de Malchaussée, au pied du Mont Cenis, mais une maladie le contraint à revenir à Paris.
Moulin est ensuite nommé, pour raisons de santé, gouverneur de Lyon le , puis en 1796, de Strasbourg, où il garantit les places de l’Alsace que les Autrichiens menacent de leurs attaques. Il se porte le sur Kehl contre le général Franz Petrasch, et parvient à ressaisir quelques postes déjà enlevés par l’ennemi. Le Directoire le rappelle à Paris et lui confie le , le commandement en chef des troupes françaises en République batave.
Cependant, avant son départ pour ce pays, Moulin est nommé commandant de la 17e division militaire, alors stationnée dans la capitale. Ce poste est pénible, sous un gouvernement qui, dépourvu d’ascendant pour dominer les partis, y suppléait par des coups d’État et des mesures de réaction. Le , il succède comme général en chef de l’armée d’Angleterre à Kilmaine et combat les Chouans, puis les paysans belges insurgés, à la tête de son armée.
Tous ces services lui ouvrent les portes du Luxembourg après la journée du 30 prairial, qui exclut du Directoire les Directeurs conservateurs Treilhard, Merlin de Douai et La Révellière-Lépaux. Le il est nommé Directeur en remplacement de La Révellière-Lépeaux. Peu propre à ces fonctions, étranger à l’esprit de coterie, dédaigné par Sieyès, négligé par Barras, le général républicain suit la ligne de conduite de son collègue Gohier. Lorsque Bonaparte revient d’Égypte, Moulin l’engage à aller reprendre le commandement de l’armée d’Italie pour en faire peut-être l’instrument militaire du gouvernement, mais déjà celui-ci a confié à Sieyès les projets du coup d’État qu’il veut opérer, et Sieyès est entré dans ses vues.
Le 18 brumaire, Moulin et Gohier, privés de tout moyen d’exécution, tombent isolés par la défection et la force. Tous deux s’élèvent avec chaleur contre les mesures qui ont été prises, ne contestent pas au Conseil des Anciens le droit d’ordonner la translation du corps législatif à Saint-Cloud mais démontrent que son décret viole la constitution dans ses dispositions relatives à la force publique.
Bonaparte les engage vainement à se joindre à lui ou à donner leur démission. Gohier et Moulin refusent énergiquement. Moulin, qui a proposé de s’emparer de Bonaparte et de le faire fusiller, rentre au palais directorial et rédige une adresse aux deux conseils, réclamant le concert, invoquant le courage des représentants pour le maintien de la constitution jurée, et promettant de se rendre le lendemain à Saint-Cloud. Mais dans l’intervalle, Bonaparte le place, avec Gohier, au palais du Luxembourg sous une surveillance plus active que celle qu’il a déjà prescrite.
Moreau lui-même annonce à Moulin l’ordre qu’il a reçu de le garder à vue dans ses appartements. « Et c’est vous général, lui répondit-il, qui faites les fonctions d’un gendarme », lui répond le Directeur. En même temps, il lui fait signe de passer dans son antichambre. Moulin parvient cependant le surlendemain à se soustraire à la surveillance de Moreau et à s’échapper. C'est le dernier acte de sa vie politique. Après avoir vécu quelque temps à la campagne, il reprend du service sous l’Empire et devient en 1807 commandant de la place d’Elbing, et, peu après, passe au même titre à Anvers, Mayence, Mézières et Augsbourg. Il est fait officier de la Légion d'honneur le . Il est créé baron de l’Empire le .
Sa santé l’ayant obligé à revenir en France en , il meurt peu après.
« Moulin, général de division, n’avait pas fait la guerre ; il sortait des Gardes-Françaises, et avait reçu son avancement dans l’armée de l’intérieur. C’était un homme patriote, chaud et droit. »
— Napoléon Ier
Hommages
modifier- L'ancienne route de Bayeux de Caen fut rebaptisée rue Général Moulin [3], aujourd'hui rue du Général Moulin[4].
- Une rue porte son nom à Pierrefitte-sur-Seine, où il est inhumé au cimetière communal.
Notes et références
modifier- Également épelé « Moulins ».
- Fernand Guériff, La bataille de Savenay dans la Révolution, éditions Jean-Marie Pierre.
- Les 50.000 adresses du Calvados et Annuaire Administratif Réunis, Caen, 1964, p. 423.
- Site officiel de la Ville de Caen.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Edgar Bourloton, 1889-1891, tome 4 (de Mortemart à Mousnier-Buisson), p. 446-447.
- Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 36, Paris, Firmin-Didot, 1861, p. 775.
- « Cote LH/1950/45 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Vicomte Révérend, Armorial du Premier Empire, tome 3, Honoré Champion, libraire, Paris, , p. 294.
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative aux beaux-arts :