Temple (corrida)
Dans le monde de la tauromachie, temple (de templar : calmer, modérer)[1] désigne pour le matador l'action de synchroniser les mouvements de muleta ou de cape avec le rythme du taureau. Le mot est traduit de plusieurs manières selon les glossaires : équivalent musical du verbe accorder (on « temple » une guitare)[2], tempérer, adoucir[3].
Historique
[modifier | modifier le code]Ce toreo a fait objet d'une controverse entre aficionados toristas et aficionados toreristas dès l'époque où « Manolete » a repris en le perfectionnant le toreo de Juan Belmonte et de « El Gallo ». À l'origine, le temple est une invention de Juan Belmonte « qui le considérait comme l'expression la plus haute dans la maîtrise consommée de la technique et confessait avoir pleuré devant la beauté de certaines passes de El Gallo[1] ». Réalisé avec grâce, le temple est le sommet émotionnel du travail des « toreros artistes » dont les toreristas admirent l'intensité esthétique, mais auxquels les toristas reprochent leur irrégularité[4]. C'est le cas notamment de « Manzanares » que Jacque Durand a surnommé le « torero de soie »[5].Les deux camps se sont mis d'accord sur l'importance du temple lorsque des toreros puissants comme César Rincón « Joselito » ou « El Juli » se sont montrés capables d'affronter des taureaux durs avec grâce.
Description
[modifier | modifier le code]Par le temple, avec des gestes d'une certaine lenteur, le matador est capable d'imposer au taureau un rythme régulier, en le laissant respirer de manière à le fatiguer le moins possible. Les passes bien templées évitent que les cornes de l'animal ne touchent l'étoffe, elles ralentissent le déplacement horizontal de l'animal[6]. Le temple est la faculté d'estimer la vitesse de la charge, d'enregistrer son temps, d'exécuter la parade en accord avec l'animal et de dessiner des passes[1]. Templar est le second temps de la réalisation d'une passe de la lidia[2], il correspond au mandar (envoyer) des trois temps : citar (en français : « citer »), manière dont le torero déclenche la charge du taureau le taureau ; mandar (« envoyer »), exécution de la passe elle-même ; rematar (« achever »), mouvement, coup de poignet de la muleta qui replace le taureau pour la passe suivante[7].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Paul Casanova et Pierre Dupuy, Dictionnaire tauromachique, Marseille, Jeanne Laffitte, , 180 p. (ISBN 2-86276-043-9)
- Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Bouquins Laffont, , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
- Auguste Lafront, Encyclopédie de la corrida, Paris, Prisma,
- Claude Popelin et Yves Harté, La Tauromachie, Paris, Seuil, 1970 et 1994 (ISBN 978-2-02-021433-9 et 2-02-021433-4)
- Véronique Flanet et Pierre Veilletet, Le Peuple du toro, Paris, Hermé, , 190 p. (ISBN 2-86665-034-4)
- Jacques Durand, Humbles et Phénomènes, Lagrasse,, Éditions Verdier, , 153 p. (ISBN 2-86432-184-X)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bérard 2003, p. 891
- Popelin et Harté 1970 et 1994, p. 281
- Casanova et Dupuy 1981, p. 161
- Bérard 2003, p. 292
- Durand 1995, p. 149
- Casanova et Dupuy 1981, p. 162
- Bérard 2003, p. 171