Paulin d'York
Paulin d'York | |
Statue de Paulin à la cathédrale de Rochester | |
SaintÉvêque d'York (625-633) Évêque de Rochester (633-644) | |
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Décès | Rochester (Kent) |
Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît |
Vénéré par | Église catholique Église orthodoxe Église d'Angleterre |
Fête | 10 octobre |
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Paulin ou Paulinus (mort le ) est un missionnaire romain et le premier évêque d'York[N 1].
Membre de la mission envoyée par le pape Grégoire Ier pour convertir les Anglo-Saxons, Paulin débarque en Angleterre en 604. Après quelques années passées dans le Kent, il est sacré évêque, probablement en 625, et accompagne la princesse Æthelburg de Kent en Northumbrie, où elle épouse le roi Edwin. Paulin réussit à convertir Edwin et un certain nombre de ses sujets au christianisme et construit plusieurs églises en Northumbrie. Après là mort d'Edwin en 633, il fuit la région avec Æthelburg et retourne dans le Kent, où il occupe jusqu'à sa mort le poste d'évêque de Rochester.
Paulin est vénéré comme saint par les catholiques et les anglicans. Il est fêté le 10 octobre.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines
[modifier | modifier le code]Paulin est un moine romain, probablement d'origine italienne, envoyé au royaume de Kent par le pape Grégoire le Grand en 601. Il arrive en Angleterre en 604, avec le second groupe de missionnaires chargé de convertir les Anglo-Saxons au christianisme[1].
Paulin reste dans le Kent jusqu'en 625, sans que l'on sache bien ce qu'il y fait[1]. Il est sacré évêque par l'archevêque de Cantorbéry Juste le [2], et accompagne la princesse Æthelburg, sœur du roi Eadbald de Kent, en Northumbrie. Æthelburg doit épouser le souverain païen de ce royaume, Edwin, mais l'une des conditions du mariage est qu'elle puisse rester chrétienne et pratiquer librement son culte. D'après Bède le Vénérable, qui écrit au début du VIIIe siècle, Paulin doit célébrer l'office pour la nouvelle reine de Northumbrie, mais il souhaite également convertir ses sujets au christianisme[1].
La chronologie de Bède pose cependant quelques problèmes. En effet, certaines des lettres papales adressées à Edwin qui nous sont parvenues, l'exhortant à se convertir, laissent supposer qu'Eadbald ne s'était lui-même converti que peu avant au christianisme, ce qui contredit Bède. Selon les historiens David Peter Kirby et Henry Mayr-Harting[3], Paulin (encore simple prêtre) et Æthelburg seraient partis pour la Northumbrie avant 624, et Paulin serait retourné par la suite au Kent pour y être sacré. Un autre historien, Peter Hunter Blair, estime quant à lui que le mariage a eu lieu avant 625, mais qu'Æthelburg n'a rejoint son mari qu'en 625[4]. Si les propositions de Kirby se confirment, la date de consécration de Paulin doit être repoussée d'un an, soit le [5].
Bède décrit Paulin comme « un homme de grande taille, un peu courbé, aux cheveux noirs et au visage fin, avec un nez fin et crochu, d'allure à la fois vénérable et imposante[6] ». Cette description lui vient probablement de Jacques le Diacre, un proche de Paulin encore en vie à l'époque de Bède[7].
Évêque d'York
[modifier | modifier le code]Selon Bède le Vénérable, lorsque Paulin annonce au roi Edwin que la naissance de sa fille Eanflæd, le jour de Pâques 626, est une réponse divine à ses prières, celui-ci promet de se convertir au christianisme et d'autoriser le baptême de sa fille s'il parvient à vaincre le royaume du Wessex, dont le souverain vient de commanditer une tentative d'assassinat à son encontre. Bien que victorieux, Edwin ne respecte pas sa promesse, et ce sont les révélations de Paulin sur un rêve qu'Edwin aurait fait durant sa jeunesse, à la cour du roi Rædwald d'Est-Anglie, qui finissent par le décider. Selon Bède, dans ce rêve, un étranger aurait prophétisé que le pouvoir reviendrait à Edwin dès lors qu'une personne lui poserait une main sur la tête. Alors que Paulin expliquait le rêve à Edwin, il aurait posé sa main sur la tête du roi, constituant la preuve dont il avait besoin. Selon une hagiographie du pape Grégoire le Grand datant de la fin du VIIe siècle, Paulin serait même l'étranger de cette vision[1] ; si cette affirmation est exacte, Paulin aurait donc séjourné quelque temps à la cour de Rædwald[8], un élément absent des récits de Bède[1].
Il est cependant peu probable qu'un événement surnaturel et la force de persuasion de Paulin aient suffi à convertir Edwin. L'attitude de l'aristocratie, convaincue par Paulin, et les lettres du pape Boniface V l'exhortant à se convertir semblent avoir joué un rôle crucial dans la décision du roi[1]. Edwin et nombre de ses suivants sont finalement baptisés à York en 627[9]. Une légende relate le séjour de Paulin avec Edwin et Æthelburg à Yeavering, durant lequel il aurait passé trente-six jours à baptiser les nouveaux convertis[9]. L'activité de Paulin s'étend jusqu'au royaume de Lindsey voisin[10].
Paulin établit son église à York, ville devant accueillir le deuxième évêché métropolitain d'Angleterre selon les projets du pape Grégoire le Grand[9]. Bien que construite en pierre, cette église n'a jamais été retrouvée[1]. Paulin est également à l'origine de la construction de plusieurs églises sur les terres royales[11]. Celle de Lincoln correspond à l'actuelle église Saint-Paul-dans-le-Bail[1].
Hilda, future fondatrice de l'abbaye de Whitby, fait partie des personnes baptisées par Paulin[12], de même qu'Eanflæd, la fille d'Edwin, qui succède à Hilda comme abbesse de Whitby[13]. En tant que seul évêque romain en Angleterre, c'est également Paulin qui sacre archevêque de Cantorbéry un autre membre de la mission grégorienne, Honorius, après la mort de Juste, entre 628 et 631[1].
Évêque de Rochester
[modifier | modifier le code]Le , Edwin est vaincu et tué par les Gallois lors de la bataille de Hatfield Chase[1]. La date exacte de cette bataille reste sujette à caution : dans une lettre datée de juin 634, le pape Honorius Ier écrit à Paulin et à l'archevêque Honorius pour les informer qu'il va leur envoyer un pallium à chacun, mais il ne fait aucune allusion à la mort d'Edwin, neuf mois après la date supposée de la bataille[14]. Pour l'historien David Peter Kirby, cet élément tend à prouver que la bataille s'est en réalité déroulée en 634[15].
La défaite et la mort d'Edwin entraînent la division de son royaume. Sa veuve Æthelburg décide de retourner au Kent en emmenant avec elle son fils et sa fille, ainsi que l'un des petits-fils d'Edwin[1]. Paulin l'accompagne, mais laisse derrière lui son diacre, Jacques, qui tente dès lors de poursuivre l'évangélisation de la région, bien que les successeurs d'Edwin aient choisi de retourner au paganisme[1],[16]. Pour plus de sécurité, les deux garçons sont envoyés sur le continent, à la cour du roi des Francs Dagobert, tandis qu'Æthelburg, sa fille Eanflæd et Paulin restent dans le Kent. Ce dernier se voit offrir l'évêché de Rochester, qu'il dirige jusqu'à sa mort. Le pallium envoyé par le pape ne lui parvient qu'après son départ d'York, et s'avère donc inutile[1].
Mort et vénération
[modifier | modifier le code]Paulin meurt le à Rochester[17],[N 2]. Ithamar lui succède ; il est le premier évêque d'origine anglo-saxonne à accéder à un évêché issu de la mission grégorienne[18]. Paulin est inhumé dans la sacristie de l'église de Rochester[19]. Après sa mort, il est vénéré comme saint, reconnu par l'Église catholique et plus tard par l'Église d'Angleterre qui le fêtent toutes deux le 10 octobre[20],[21]. Ses reliques sont translatées après la construction d'une nouvelle église à Rochester en 1080[1]. Plusieurs sanctuaires lui sont dédiés à Cantorbéry, et au moins cinq églises lui sont consacrées[22]. Cependant, son culte à Rochester ne semble avoir pris son essor qu'après la conquête normande de l'Angleterre[23].
Les efforts missionnaires de Paulin restent difficiles à évaluer. Si l'on suit Bède, sa mission en Northumbrie a été un succès, mais peu d'éléments vont dans ce sens, et il est plus probable que les efforts de Paulin soient restés en majeure partie inefficaces : après la mort d'Edwin, son successeur Osric abjure la nouvelle foi et retourne au paganisme. Néanmoins, Hilda reste chrétienne et devient même l'abbesse de l'influente abbaye de Whitby[1]. Ce n'est que grâce aux missionnaires irlandais invités par le roi Oswald, quelques années plus tard, que la Northumbrie est convertie pour de bon au christianisme[24].
Notes
[modifier | modifier le code]- York ne devient un archevêché qu'en 735.
- Ou 645 si l'on suit les calculs de Kirby 2000, p. 206 (note 2).
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Paulinus of York » (voir la liste des auteurs).
- Costambeys 2004.
- Fryde et al. 1996, p. 224.
- Mayr-Harting 1991, p. 66.
- Kirby 2000, p. 33-34.
- Kirby 2000, p. 206 (note 2).
- Cité dans Blair 1990, p. 95.
- Blair 1990, p. 95-96.
- Yorke 1997, p. 28.
- Lapidge 2014, p. 366.
- Stenton 1971, p. 115-116.
- Yorke 2006, p. 161.
- Blair 1990, p. 147.
- Blair 1990, p. 149.
- (en) Steven A. Schoenig, « Bonds of Wool », America: The American Catholic Weekly, (lire en ligne)
- Kirby 2000, p. 56.
- Stenton 1971, p. 116.
- Fryde et al. 1996, p. 221.
- (en) R. Sharpe, « The Naming of Bishop Ithamar », The English Historical Review, vol. 117, no 473, , p. 889–894 (DOI 10.1093/ehr/117.473.889, lire en ligne)
- Blair 1990, p. 97-98.
- Holford-Strevens et Blackburn 2000, p. 409.
- Walsh 2007, p. 475.
- Farmer 2004, p. 418.
- (en) David Rollason, « The shrines of saints in later Anglo-Saxon England: Distribution and significance », Archaeology Data Services, (lire en ligne)
- Mayr-Harting 1991, p. 68.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Peter Hunter Blair, The World of Bede, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-39819-3).
- (en) Marios Costambeys, « Paulinus [St Paulinus] (d. 644) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
- (en) David Hugh Farmer, Oxford Dictionary of Saints, Oxford, Oxford University Press, , 5e éd., 579 p. (ISBN 978-0-19-860949-0).
- (en) E. B. Fryde, D. E. Greenway, S. Porter et I. Roy, Handbook of British Chronology, Cambridge, Cambridge University Press, , 3e éd. (ISBN 0-521-56350-X).
- (en) Leofranc Holford-Strevens et Bonnie J. Blackburn, The Oxford Book of Days, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 0-19-866260-2).
- (en) David Peter Kirby, The Earliest English Kings, New York, Routledge, (ISBN 0-415-24211-8)
- (en) Michael Lapidge, « Paulinus », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).
- (en) Henry Mayr-Harting, The Coming of Christianity to Anglo-Saxon England, University Park, Pennsylvanie, Pennsylvania State University Press, , 334 p. (ISBN 0-271-00769-9)
- (en) Frank Stenton, Anglo-Saxon England, Oxford, Oxford University Press, , 3e éd., 765 p. (ISBN 978-0-19-280139-5, lire en ligne)
- (en) Michael J. Walsh, A New Dictionary of Saints : East and West, Londres, Burns & Oats, , 646 p. (ISBN 978-0-86012-438-2 et 0-86012-438-X)
- (en) Barbara Yorke, The Conversion of Britain : Religion, Politics and Society in Britain c. 600–800, Londres, Pearson/Longman, , 333 p. (ISBN 0-582-77292-3, lire en ligne)
- (en) Barbara Yorke, Kings and Kingdoms of Early Anglo-Saxon England, New York, Routledge, , 218 p. (ISBN 0-415-16639-X)
Lien externe
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- Ressource relative à la religion :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Paulin sur Prosopography of Anglo-Saxon England