Patrick Née
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Marie-Claire Dumas (d) |
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Patrick Née, né le à Tours, est un essayiste, critique de poésie et professeur émérite des universités.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né à Tours en [1], agrégé de lettres modernes en 1978, docteur en 1986 avec une thèse sur Le Sens de la continuité dans l’œuvre de René Char, Patrick Née a enseigné comme maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, puis à partir de 2000 comme professeur à l’université de Poitiers[2], où il a dirigé l’équipe « Histoire et poétique des genres ». Il est actuellement professeur émérite des universités[3].
Œuvre
[modifier | modifier le code]Ses travaux portent essentiellement sur la poésie des XIXe, XXe et XXIe siècles.
Une part importante de son activité a été consacrée à l’œuvre de René Char, depuis la thèse jusqu’à la publication partielle dont celle-ci a fait l’objet lors du centenaire de sa naissance en 2007, René Char, une poétique du Retour[4], ou la codirection de plusieurs collectifs dont le Dictionnaire René Char en 2015[5]. Il a aussi publié sur André Breton (Lire Nadja), Philippe Jaccottet[6] (A la lumière d'Ici) et Lorand Gaspar[7] (Une poétique du vivant).
C’est cependant à l’œuvre d’Yves Bonnefoy qu’est allé l’essentiel de ses recherches. Sept essais lui ont été consacrés, depuis Poétique du lieu dans l’œuvre d’Yves Bonnefoy ou Moïse sauvé[8] en 1999 aux Presses Universitaires de France[9], jusqu’à l’étude de 2015 sur Du mouvement et de l’immobilité de Douve – en passant par le double essai situé au cœur de son travail interprétatif, Yves Bonnefoy penseur de l’image ou les Travaux de Zeuxis chez Gallimard[10] et Zeuxis auto-analyste. Inconscient et création chez Yves Bonnefoy, tous deux parus en 2006. Il s'agit, dans l'essai Gallimard, de rendre compte d'une « économie imaginale où se déploie une dialectique de la mimésis par laquelle il est possible d'échapper à la double illusion héritée de la querelle byzantine : le conflit véritable n'est pas entre iconophilie et iconoclastie, bien plutôt il oppose représentation et présence dans l'image elle-même[11]. »; la pensée du poète se trouve confrontée à plusieurs des grands domaines du savoir (théologie, iconologie, mythographie, psychanalyse) comme le souligne François Trémolières dans l'Encycopedia Universalis[12]. Quant aux interprétations du Zeuxis auto-analyste, elles se voient complétées par les Pensées sur la scène primitive, dont le fondateur de la textanalyse Jean Bellemin-Noël souligne la "compétence en psychanalyse"[13], et Patrick Kéchichian la "pertinence"[14] dans l'étude du rapport critique à l'auto-analyse pratiquée par le poète dans ses Deux scènes et notes conjointes de 2009. S’y ajoutent trente-cinq articles et quatre collectifs (dont les actes de l’important colloque de Cerisy-la-Salle de [15], Yves Bonnefoy, poésie, savoirs et recherche[16], et le no 150 de la revue Littérature consacré à sa Traduction et critique poétique en 2008[17]). Il est enfin coéditeur des Œuvres poétiques d’Yves Bonnefoy, à paraître chez Gallimard dans la « Bibliothèque de la Pléiade ».
Parmi ses autres articles[18], plusieurs[19] portent sur le romantisme (ainsi Balzac, Nerval, Gautier, Baudelaire[20],[21],[22],[23]) et le post-romantisme (Mallarmé, Rimbaud[24],[25]), le surréalisme et alentours (entre autres, Apollinaire, Aragon, Breton[26],[27],[28]), le récit poétique, la poésie contemporaine et l’ultra-contemporain (en particulier Esther Tellermann[29], François Lallier et Michèle Finck[30].
Préoccupé par la question de l’Ailleurs, il lui « assigne un sens spécifique » depuis le romantisme, celui du « passage décisif de l’ailleurs prospectif […] à un ailleurs régressif, rétrospectif » ; loin de ce qui « pourrait relever de l'Ailleurs comme exotique », il y saisit « l'expérience intérieure, existentielle » d'un « double rapport à l'intensité du monde, à savoir la saisie immédiate d'un ici […] qu'approfondit la pensée désirante d'un là-bas »[31]. Cela lui a fait réunir plusieurs de ses études sur les XIXe et XXe siècles dans L’Ailleurs en question en 2009, et publier la même année L’Ailleurs depuis le romantisme[32], colloque qu’il avait codirigé à Cerisy l’année précédente[33]. Ces deux ouvrages « visent à conférer à une notion […] trop souvent associée aux évanescences du rêve […] une consistance épistémologique, ainsi qu’une valeur heuristique de premier plan » ; il s'agit d'une « réflexion qui apparaît dès aujourd'hui comme une contribution de premier plan à une histoire des imaginaires littéraires »[34].
Il a enfin récemment orchestré deux collectifs sur le genre de l’essai – insuffisamment problématisé en France et en Europe –, genre qu’il n’a jamais cessé d’interroger chez les poètes qu’il a étudiés : Le Quatrième Genre : l’Essai en 2017[35], et Naissance de la critique littéraire et de la critique d’art dans l’essai en 2019.
Ouvrages
[modifier | modifier le code]- Lire Nadja d’André Breton, Paris, Bordas-Dunod, coll. « Lire », 1993, 182 p. (ISBN 978-2-100-01623-5)
- Poétique du lieu dans l’œuvre d’Yves Bonnefoy ou Moïse sauvé, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Littératures modernes », 1999, 309 p. (ISBN 978-2-130-49861-2)
- Rhétorique profonde d’Yves Bonnefoy, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2004, 183 p. (ISBN 2-7056-6485-8)
- Yves Bonnefoy, Paris, ADPF/Ministère des Affaires étrangères, 2005, 127 p. (ISBN 978-2-914-93559-3)
- Zeuxis auto-analyste. Inconscient et création chez Yves Bonnefoy, Bruxelles, La Lettre volée éd., 2006, 287 p. (ISBN 2-87317-289-4)
- Yves Bonnefoy penseur de l’image, ou les Travaux de Zeuxis, Paris, Gallimard, 2006, 433 p. (ISBN 2-07-077283-7)
- René Char, une poétique du Retour, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2007, 319 p. (ISBN 978-2-7056-6676-7)
- Philippe Jaccottet. À la lumière d’Ici, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2008, 419 p. (ISBN 978-2-7056-6762-7)
- L’Ailleurs en question. Essais sur la Littérature française des XIXe et XXe siècles, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2009, 303 p. (ISBN 978-2-7056-6877-8)
- Pensées sur la « scène primitive ». Yves Bonnefoy lecteur de Jarry et Lely, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2009, 119 p. (ISBN 978-2-705-66941-6)
- Bonnefoy. Du mouvement et de l’immobilité de Douve (avec Marie-Annick Gervais-Zaninger), Neuilly-sur-Seine, Atlande, 2015, 324 p. (ISBN 978-2-35030-341-3)
- Lorand Gaspar. Une poétique du vivant, Paris, Hermann, coll. « Savoir Lettres », 2020, 430 p. (ISBN 979-1-0370-0334-8)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Née (lire en ligne)
- « Patrick Nee - Nominations au Journal officiel de la République française », sur jorfsearch.steinertriples.ch (consulté le )
- « B2 – Histoire et poétique des genres – FoReLLIS », sur forellis.labo.univ-poitiers.fr (consulté le )
- Olivier Belin, « Char. Le temps du Retour », Acta Fabula, vol. 9, no 7, Essais critiques, , « Le livre de P. Née, grâce à la problématique du retour et de l'origine, nous plonge au cœur du dialogue entre la poésie de Char et la philosophie […]. Si les noms d'Héraclite et de Nietzsche sont privilégiés […], Heidegger y occupe une place de choix. » (lire en ligne)
- Michel Aulas, « Entailles et signes : le Dictionnaire René Char », Acta Fabula, vol. 16, no 6, Notes de lecture,, (lire en ligne)
- Didier Laroque, « Sur Philippe Jaccottet. À la lumière d'hiver (2008) », Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2011/1, t. 136, « En interrogeant les influences philosophiques de Jaccottet, celles de Platon et de Plotin notamment, P. Née s'efforce de comprendre là où il importe le plus à l'esthétique de comprendre […]. L'“Ici […] n'a plus besoin d'Ailleurs pour satisfaire la quête de divin sur terre”. »
- Anne Gourio, « Dans le tissage du vivant. Poésie et pensée chez Lorand Gaspar (sur l'essai de Patrick Née, Lorand Gaspar. Une poétique du vivant, Hermann, 2020) », Acta Fabula, mis en ligne le 21 septembre 2020 (lire en ligne)
- Aude Préta de Beaufort, « compte rendu sur Poétique du lieu […] ou Moïse sauvé », L'Information littéraire, janvier 2001, vol. 53, § 132-139 (lire en ligne)
- Patrick Née, « BnF Gallica »
- Daniel Lançon, « Sur Yves Bonnefoy penseur de l'image, Gallimard, 2006 », Europe no 935, , p. 378-380
- Yvon Inizan, « Compte-rendu « Patrick Née, Yves Bonnefoy penseur de l'image » », Le Nouveau Recueil no 83, , p. 188-189.
- François Trémolières, « "Yves Bonnefoy penseur de l'image (P. Née)" », "Universalia 2007", Encyclopedia Universalis, , p. 385 (lire en ligne)
- Jean Bellemin-Noël, « "Un regard nouveau sur la Scène Originaire" », Acta Fabula, vol. 11, n°2, (lire en ligne)
- Patrick Kéchichian, « "Compter-rendu sur Deux scènes et notes conjointes d'Yves Bonnefoy (Galilée, 2009) et sur Pensées sur la "scène primitive" de Patrick Née (Hermann, 2009)" », La Croix,
- « Centre Culturel International de Cerisy, colloque « Yves Bonnefoy, poésie et savoirs » »
- Michela Landi, « compte-rendu sur Yves Bonnefoy, poésie, savoirs et recherche », Rivista di littérature moderne e comparate, vol. LXII nuova serie, Fasc.4,, , p. 476-480.
- Patrick Née, « De la critique poétique selon Yves Bonnefoy », Littérature no 150, , p. 81-120 (lire en ligne)
- « Patrick Née: notice détaillée-Département Lettres »
- Patrick Née, « Cairn.info »
- Patrick Née, « « Le chef-d’œuvre trop connu (Balzac, Frenhofer et nous) » in La Conscience de soi de la poésie (anthologie des colloques de la Fondation Hugot du Collège de France) », Le Genre humain no 47, Éditions du Seuil, , p. 57-76 (lire en ligne)
- Patrick Née, « De quel voile s'enveloppe le Voyage en Orient de Nerval ? », Littérature no 158, , p. 75-91 (lire en ligne)
- Patrick Née, « Baudelaire et l'hystérie en son temps (1800-1860) », RHLF 116e année, no 4, , p. 841-856 (lire en ligne)
- Patrick Née, « Sur la couleur locale: l'exemple de Théophile Gautier », Romantisme no 157, , p. 23-32 (lire en ligne)
- Patrick Née, « Ailleurs et poésie (Mallarmé) », Romantisme no 137, 3e trimestre 2007, p. 125-135 (lire en ligne)
- Patrick Née, « L'Ailleurs maritime chez Rimbaud », Littérature no 147, , p. 3-20 (lire en ligne)
- Patrick Née, « Poésie et récit à la lumière d'Yves Bonnefoy : l'exemple de La Chanson du Mal-Aimé », RHLF 2010 / no 2 (vol. 110), , p. 411-429 (lire en ligne)
- Anthony Dufraisse, « compte-rendu sur « Une correspondance passionnelle : Aragon/Breton » des Cahiers Aragon no 1, Éditions Les Cahiers », La Revue des revues, 2016/2, no 56, p. 133 : (lire en ligne)« […] dans une contribution fouillée, Patrick Née reprend la correspondance entre Breton et Aragon pour formuler une hypothèse assez audacieuse. L'universitaire s'écarte de l'interprétation qui fait volontiers de Breton “une figure paternelle de substitution […]”. Sa démonstration […] aboutit à considérer Breton comme “une instance maternelle archaïque”. Sous “perfusion épistolaire”, comme si cette “correspondance passionnelle” avait quelque chose d'un cordon ombilical […]. »
- Patrick Née, « Le hasard objectif, une allégorèse problématique (André Breton, L'Amour fou) », RHLF 2008 / no 1, , p. 133-157 (lire en ligne)
- Patrick Née, « "Mythe et maniera dans la poétique d'Esther Tellermann" », Place de la Sorbonne, n°11, mai 2021, p.226-234
- Patrick Née, Michèle Finck, Nu(e), n°69, mis en ligne le 16 juin 2019 (lire en ligne)
- Jean-Marie Roulin, « Ailleurs et poésie », Acta Fabula, vol. 11 no 6, « Littératures de voyage », (lire en ligne)
- Philippe Antoine, « compte-rendu sur L'Ailleurs depuis le romantisme (Hermann, 2009) », in Romantisme, no 154, , p. 167 : « Les contributions […] mettent remarquablement en lumière un moment critique important pour la pensée de l'Ailleurs - dont Patrick Née a dressé ailleurs la genèse (L'Ailleurs en question, Hermann, 2009). Le pouvoir heuristique de la notion est indéniable et renouvelle quelques-unes des perspectives tracées par les études sur l'exotisme […]. Les études relatives à la littérature des voyages, notamment, devront désormais tenir compte de la démarche initiée dans ce volume. » (lire en ligne)
- « Centre Culturel International de Cerisy, colloque « L'Ailleurs depuis le romantisme » »
- « « Ailleurs », comptes rendus no 43 »
- Florian Alix, « L'essai comme littérature transitive », Nonfiction.fr, , « L'ouvrage de Patrick Née est appelé à devenir une des références majeures de la critique sur l'essai. » (lire en ligne)