Meneur de loups
Les meneurs de loups sont des personnages légendaires, appartenant au folklore, liés à plusieurs régions françaises, et réputés pour leur influence surnaturelle sur ces animaux, voire leur don de métamorphose.
La légende
[modifier | modifier le code]Daniel Bernard relève l'usage des noms meneux de loups, m'neux d'loups et serreux de loups, charmeurs de loups et gardeux de loups[1].
Les meneurs de loups[2],[3], également nommés charmeurs de loups, sont mentionnés en Bretagne, en Auvergne, dans le Bourbonnais, dans le Languedoc, en Catalogne, en Guyenne, dans la Beauce, dans le Berry et dans le Morvan. Ils parlent le langage des loups et sont décrits comme des sorciers, d'anciens loup-garous, des meneurs de bandes de loup-garous ou encore des lycanthropes eux-mêmes. Grâce à un pacte avec le Diable, les sorciers ne subissent pas de métamorphose en loup-garou. Ils charment les loups avec de la musique ou des formules magiques et les cachent pendant les battues. Il est très dangereux de se les mettre à dos car ils peuvent ordonner à la bande de loups qui les accompagne de tuer les troupeaux[4],[5]. Dans le Morvan, le meneur qui s'est transformé en loup-garou convoque son troupeau de loups dans quelque sombre carrefour (lieu traditionnel du surnaturel). Ses farouches protégés, assis en rond autour de lui, le fixant sans bruit, écoutent attentivement ses instructions. Il leur indique les troupeaux de moutons mal gardés, ceux de ses ennemis de préférence[6]. Mais les loups-garous sont aussi maltraités par le Diable, leur maître qui les flagelle pendant leur promenade nocturne, au pied de toutes les croix, au milieu de tous les carrefours[7]. Dans le Bourbonnais, les meneurs de loups ont également un rôle de défense de certains villages face à l'attaque des loups.
Origine
[modifier | modifier le code]Des sources anciennes attestent que, du moins dans le Berry, des montreurs de loups, généralement des hommes hirsutes et sauvages, parcouraient les villages avec des loups apprivoisés en quêtant ou en effrayant la population[8]. On trouve des traces d'intervention de meneur de loups dès 1658 dans la Montagne bourbonnaise. La Montagne bourbonnaise a subi de nombreuses attaques de loup dans l'année 1658. Selon la légende, le village de Châtel-Montagne n'a pas été touché, car il y avait un meneur de loups parmi les habitants[9]. En , le préfet de l'Indre interdit la circulation des montreurs de loups dans son département[8].
Les meneurs de loups dans la fiction
[modifier | modifier le code]Littérature
[modifier | modifier le code]Au XIXe siècle, l'écrivaine française George Sand consacre plusieurs textes aux croyances et aux légendes du Berry, où il est question des meneurs de loups : l'essai Les Visions de la nuit dans les campagnes (1851) puis le recueil Légendes rustiques (1858) dont un chapitre s'intitule Le meneu' de loups.
- Le Meneur de loups (1857) est un roman d'Alexandre Dumas, l'une de ses rares œuvres du genre fantastique[10].
- Le Meneur de loups est une nouvelle de Claude Seignolle parue en 1947 ;
- Un loup est un loup (1995), roman de Michel Folco : le personnage principal, Charlemagne Tricotin, y devient meneur de loups.
- Le sorcier aux loups (1988) est un roman de Paul Thiès.
- La meneuse de bêtes (1er tome des Compagnons au loup) (2012), est un roman jeunesse de Anne Ferrier.
Bande dessinée
[modifier | modifier le code]- La bande dessinée Légende met en scène un meneur de loups appelé le Galoup.
- La bande dessinée policière Les Démons de Roquebrou de Guy Counhaye, parue en 1996, est à propos d'un meneur de loups soupçonné de meurtres.
- La bande dessinée Astérix et Obélix met en scène dans l'un des numéros un meneur de loups.
- La bande dessinée "La Voix des bêtes, la Faim des hommes", publiée chez Dargaud en Mai 2023, propose au lecteur de suivre les aventures d'une meneuse de loups.
Cinéma
[modifier | modifier le code]Dans L'Arbre de Noël, Verdun (interprété par Bourvil) raconte au jeune Pascal (Brook Fuller) la légende du meneur de loups. Plus tard, le garçon se voit offrir un costume de meneur de loups à l'occasion des fêtes de Noël.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bernard 2002, p. 163-164.
- « Meneur », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (sens 1) [consulté le 1er novembre 2016].
- Informations lexicographiques et étymologiques de « meneur » (sens A, 1) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 1er novembre 2016].
- Brasey 2008, p. 383.
- Seignolle 1994, p. 283.
- Edmond Bogros, A travers le Morvand : mœurs, types, scènes et paysages, Château-Chinon, Dudrague-Bordet et Buteau, (lire en ligne), p. 128
- Amélie Bosquet, La Normandie romanesque et merveilleuse, Rouen, J. Techener & A. Le Brument, (lire en ligne), p. 159
- Bernard 2002, p. 164.
- En ligne.
- « Le meneur de loups », sur www.dumaspere.com (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- PÉROT, Francis. Folk-Lore Bourbonnais. Anciens Usages-Sorciers Et Rebouteurs-Meneurs De Loups, Etc. 1908, page 125.
- [Bernard 2002] Daniel Bernard, « Charmeurs et meneurs de loups, d'hier à aujourd'hui », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol. 30, no 1, , p. 163–178 (DOI 10.3406/mar.2002.1768, lire en ligne, consulté le )
- Alexandre Dumas, Le Meneur de Loups (roman), 1857;
- George Sand, Légendes rustiques (nouvelles), 1877;
- Claude Seignolle, Les évangiles du diable selon la croyance populaire, Maisonneuve & Larose, , 902 p. (ISBN 978-2-7068-1119-7, lire en ligne)
- Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Le pré aux clercs, , 432 p. (ISBN 978-2-84228-321-6)