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Manoir de Saint-Yon

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Manoir de Saint-Yon
L'ancienne école normale d'instituteurs et la chapelle en 2008.
Présentation
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Le manoir de Saint-Yon, dans le quartier Saint-Clément[1] de Rouen, fut la maison-mère des Frères des Écoles chrétiennes de 1714 à la Révolution française, et la raison de leur appellation de Frères Saint-Yon ou Frères yontains.

Appelé initialement manoir de Hauteville, il prend le nom de Saint-Yon quand Eustache de Saint-Yon, maître à la chambre des comptes de Normandie, en devient propriétaire en 1604[2], peu après le poète Philippe Desportes.

C'est en 1705 que Jean-Baptiste de La Salle fut appelé à Rouen par le Bureau des pauvres valides de cette ville. Il loue alors, puis acquiert de la marquise de Louvois, nièce du ministre de Louis XIV, le manoir de Saint-Yon, vaste propriété[3] datant du début XVIIe siècle où il fixe le siège central de son Institut naissant : il y transporte son noviciat et y ouvre un pensionnat d'un genre tout nouveau avec l'appui de Mgr Colbert, archevêque de Rouen et de Nicolas Camus de Pontcarré, Premier Président au Parlement de Normandie. Il y vécut de 1705 à 1709 et de 1715 à sa mort, en 1719[4].

L'école professionnelle que Jean-Baptiste de La Salle ouvrit à Saint-Yon acquit un tel développement que les travaux de sculpture, de serrurerie et de menuiserie nécessités par l'aménagement de cette vaste institution furent exécutés dans ses propres ateliers. Une partie considérable des jardins servit à des études horticoles ; une autre fut réservée à la botanique. On y établit encore des cours de tricotage et de tissage.

De son côté, le pensionnat répondait à un besoin social, les progrès naissants de l'industrie et du commerce exigeant qu'on donnât aux mathématiques et aux sciences une place plus considérable dans les études. Tout y était enseigné, que ce soit le commerce, la finance, le militaire, l'architecture ou les matières plus traditionnelles, sauf le latin[5].

Les Frères y construisirent une chapelle dédiée au Saint Enfant-Jésus entre 1728 et 1734[6], où sera inhumé leur fondateur mort en 1719[7], ornée de deux statues de saint Joseph et saint Yon sculptées par Marin-Nicolas Jadoulle entre 1763 et 1766 (détruites à la Révolution). De cette chapelle, subsiste la façade classique, l'intérieur de l'édifice a été divisé en deux par une dalle de béton. En 1991, l'édifice (crypte) est inscrit au titre des monuments historiques[8].

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la maison d’éducation servit également de prison et d'asile d’aliénés[9].

Après le départ des Frères[10] sous la Révolution, Saint-Yon servit successivement de prison révolutionnaire[11], d'hôpital, de caserne et de dépôt de mendicité (1812)[12].

Reconverti en asile d'aliénés par le conseil général de Seine-Inférieure, une nouvelle aile fut construite de 1822 à 1830 par Grégoire et Jouannin à cet effet[13]. De 1825 à 1848, l’asile Saint-Yon, l’un des premiers asiles pour aliénés de France, innova dans la production de statistiques sociales et morales : ces travaux statistiques reçurent un réel écho aussi bien auprès des cercles médicaux et intellectuels rouennais que des administrations locales et nationales[14],[15],[16]. Le médecin en chef Achille-Louis Foville est remplacé par Maximien Parchappe en 1834. À la suite de la construction en 1849 d'un asile d'aliénés pour les hommes au hameau de Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen, l'asile est ensuite réservé exclusivement aux femmes. En 1856, Bénédict Augustin Morel (1809-1873) est nommé médecin-chef de l'asile. Ce sont les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny qui s'occupent des soins. Le , Jean Louis Rousselin (1823-1902) succède au docteur Morel. Il transfère les services et devient le directeur du nouveau Saint-Yon le .

En 1881, une École normale d’instituteurs, œuvre de l'architecte Lucien Lefort, y est construite[17]. Charles Angrand et Pierre Mac Orlan y furent étudiants.

Durant la Première Guerre mondiale, l'Union des femmes de France y crée l'hôpital auxiliaire no 103 pour y soigner les soldats blessés sur le front[18].

Le monument aux morts de l'école normale primaire devant la façade est dû au statuaire Alphonse Guilloux et à l'architecte Victorien Lelong. Le président de la République Alexandre Millerand s'y rend pour déposer une gerbe le .

En 1963, l'École normale déménage à Mont-Saint-Aignan. Dans les années 1970, s'y trouvait le collège Alexis-Carrel puis le collège Jean-Lecanuet. L'ancienne chapelle abrite de 2005 à 2011 la Cité des métiers de Haute-Normandie.

Dans les années 2000, le manoir est acquis et restauré par le Conseil régional Haute-Normandie. Une grande voûte translucide en ETFE est installée à l'emplacement de l'ancienne cour couverte d'une verrière[2]. L'ensemble des bâtiments accueille depuis 2012 le Pôle régional des Savoirs sous le nom d'Atrium. Son accès se fait par le no 115 boulevard de l'Europe.

Ce site est accessible par la station de métro : Europe.

Notes et références

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  1. Le manoir se situait entre la rue Saint-Julien, la rue des Murs-Saint-Yon et le boulevard de l'Europe.
  2. a et b Région Haute-Normandie, Bienvenue au Pôle régional des Savoirs, Rouen, , 24 p. (lire en ligne), p.3
  3. Le manoir était doté d'une chapelle, dédiée à saint Yon, et d'un domaine de neuf hectares constitué de prés, de terres labourables, d'un verger, et d'un bois.
  4. Plaque commémorative de 1951 dans le jardin de Saint-Yon.
  5. Afin de mieux attacher ses disciples à leur vocation d'instituteurs, Jean-Baptiste de La Salle avait écarté résolument les Frères du sacerdoce en leur interdisant l'étude du latin, et cette règle fut strictement observée jusqu'en 1923 dans toutes les écoles de l'Institut
  6. Jean Benoît Désiré Cochet, Répertoire archéologique du département de la Seine-inférieure, Paris, Imprimerie nationale, , p. 388.
  7. Entre 1719 et 1734, Jean-Baptiste de La Salle est inhumé dans l'église Saint-Sever, chapelle Sainte-Suzanne
  8. Notice no PA00101115.
  9. Charles de Robillard de Beaurepaire, « Notice sur les maisons de force de la Généralité de Rouen avant 1790 », dans Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen pendant l'année 1858-1859, Rouen, Alfred Péron, 1859, p. 297-316.
  10. Les frères obtinrent un délai de trois mois et demi, le temps de renvoyer les pensionnaires, ils quittèrent définitivement Saint-Yon le .
  11. Louis Lézurier de La Martel y fut emprisonné.
  12. Théodore Licquet et Édouard Frère, Rouen ; son histoire, ses monuments et ses environs. Guide nécessaire aux voyageurs pour bien connaître cette capitale de la Normandie, Rouen, Le Brument, 1857, p. 97-100.
  13. Notice no IA00021940, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  14. Frédéric Carbonel, « L’asile pour aliénés de Rouen. Un laboratoire de statistiques morales de la Restauration à 1848 », in Histoire et Mesure, vol. XX, 2005.
  15. Lucien Deboutteville, Notice statistique sur l'Asile départemental des aliénés établi à Rouen pendant les dix premières années de son existence, 11 juillet 1825 à fin décembre 1834, N. Périaux, 1835
  16. Lucien Deboutteville, Notice statistique sur l'Asile des aliénés de la Seine-Inférieure (maison de Saint-Yon de Rouen), pour la période comprise entre le 11 juillet 1825 et le 31 déc. 1843, A. Péron, 1845.
  17. Armelle Sentilhes, « Éléments d’architecture scolaire en Haute-Normandie », dans Bulletin des Amis des monuments rouennais, octobre 1995-septembre 1996.
  18. Itinéraires de Normandie, no 11, septembre 2008, p. 59-60, 74

Bibliographie

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  • Charles Farcy, Le Manoir de Saint-Yon au faubourg Saint-Sever de Rouen, Rouen, Henri Defontaine, 1936
  • Georges Rigault, Histoire générale de l’institut des Frères des Écoles Chrétiennes, Paris, Plon, 1937
  • Charles A. de Robillard de Beaurepaire, La Maison de force de Saint-Yon et le Parlement de Normandie, Rouen, Imprimerie Lainé, 1946
  • Auguste Gogeard, « Les transformations de Saint-Yon à travers les siècles », dans Églises, hôtels, vieilles maisons de Rouen, Rouen, Société des amis des monuments rouennais, , 518 p. (OCLC 758618632), p. 293-304
  • François Lemoine et Jacques Tanguy, Rouen aux 100 clochers : Dictionnaire des églises et chapelles de Rouen (avant 1789), Rouen, PTC, , 200 p. (ISBN 2-906258-84-9, OCLC 496646300, lire en ligne), p. 141-142
  • Lucien de Boutteville et Jean-Baptiste Parchappe, Notice statistique sur l'asile des aliénés de la Seine-Inférieure, Maison de Saint-Yon de Rouen, Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie.
  • Bulletin du Conseil de quartier Saint-Clément Jardin des Plantes, [lire en ligne]
  • Jean Mourot, À l'école des hussards noirs : Mémoires d'un élève-maître 1951-1955, Books on Demand, (ISBN 978-2-8106-1831-6)
  • Jérôme Decoux, Claire Étienne, Marie-Noëlle Médaille, Michelle Moyne et Emmanuelle Real, De l'école normale au Pôle régional des savoirs : Haute-Normandie, Rouen, Connaissance du Patrimoine, , 100 p. (ISBN 978-2-9536957-5-5)
  • Nicétas Périaux, Dictionnaire indicateur et historique des rues et places de Rouen : revue de ses monuments et de ses établissements publics (reprod. en fac-sim. de l'éd. A. Le Brument, 1870), Brionne, Impr. le Portulan, (réimpr. 1876), XXXI-693 p., 21 cm (OCLC 800255, lire en ligne), p. 564-565

Articles connexes

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Liens externes

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  • Ressource relative à l'architectureVoir et modifier les données sur Wikidata :