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La Nonne sanglante

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La Nonne sanglante
Description de cette image, également commentée ci-après
Frontispice de la partition, publiée en 1855.
Genre Opéra
Nbre d'actes 5
Musique Charles Gounod
Livret Eugène Scribe
Casimir Delavigne
Langue
originale
français
Sources
littéraires
Légende médiévale allemande
Durée (approx.) 2h30
Dates de
composition
de 1852 à 1854
Création
salle Le Peletier, Paris

Personnages

  • Le comte Ludorf
  • Rodolphe, son fils
  • le baron Moldaw
  • Pierre l'Ermite
  • Agnès
  • Arthur, serviteur de Rodolphe
  • la nonne sanglante

La Nonne sanglante est un opéra en cinq actes de Charles Gounod sur un livret de Eugène Scribe et Casimir Delavigne, créé à Paris à la salle Le Peletier le . Le récit s'inspire d'une légende médiévale allemande, notamment repris dans un roman de Matthew Gregory Lewis, Le Moine, en 1796.

L’adaptation à l’opéra du thème de La Nonne sanglante a été envisagée par plusieurs compositeurs, dont Giuseppe Verdi et Hector Berlioz[1], qui abandonne le projet ébauché entre 1841 et 1847[2]. Eugène Scribe sollicite plusieurs compositeurs ensuite avant de convaincre Charles Gounod, qui n'avait jusqu'alors composé qu'un seul opéra en 1851 : Sapho[1]. Le compositeur se met au travail en 1852 et la partition est achevée à l'été 1853[3]. L'ouvrage est initialement programmé pour décembre 1853 au Théâtre impérial de l'Opéra mais est reporté[3].

La Nonne sanglante est créé à la salle Le Peletier le . Onze représentations ont lieu entre octobre et [1], qui n'ont cependant pas la faveur ni du public ni de la critique, en particulier le livet, jugé plus faible que les textes précédents d'Eugène Scribe[4]. L'Opéra de Paris traverse alors une période de crise et l'accueil mitigé que reçoit l'œuvre contribue au limogeage de son directeur Nestor Roqueplan, qui est remplacé par son adversaire, François-Louis Crosnier[1]. Celui-ci fait immédiatement cesser les représentations de La Nonne sanglante, estimant que « pareilles ordures » ne seraient plus tolérées[5].

L'opéra est représenté en 2008 à Theater Osnabrück (en)[6], en 2018 à l'Opéra Comique de Paris, dirigé par Laurence Equilbey et mis en scène par David Bobée[7] et en 2023 à l'Opéra de Saint-Étienne, mis en scène par Julien Ostini et dirigé par Paul-Emmanuel Thomas[1].

Description

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La Nonne sanglante est un opéra en cinq actes en français d'une durée deux heures et demi. La partition fait une place importante aux chœurs et un ballet est présent à l'acte IV pour le mariage de Rodolphe et Agnès[4]. Les airs dans la partition sont réservés principalement au héros et son page, mais aucun des deux personnages féminins n'en a[4].

L’argument de La Nonne sanglante provient d’une légende allemande du Moyen Âge. Le livret s’inspire librement des versions qu’en ont données Matthew Gregory Lewis dans Le Moine (1796) et Charles Nodier ou Eugène Scribe au XIXe siècle.

Au XIe siècle en Bohême, un conflit héréditaire oppose les familles Moldaw et Luddorf. L'union étant nécessaire dans la perspective d'un départ aux croisades, l'ermite Pierre obtient des deux seigneurs qu'ils s’allient par le mariage de leurs enfants : Théobald de Luddorf épousera Agnès de Moldaw. Les seigneurs et leurs suites entrent célébrer le projet dans le château de Moldaw. Or Agnès et Rodolphe, le cadet des Luddorf, s'aiment. Ils profiteront de l'apparition rituelle du fantôme de la Nonne sanglante, pour s'enfuir. Rodolphe tenant tête à son père, il est chassé du château.

Au cœur de la nuit, tandis que son page Arthur prépare sa fuite, Rodolphe guette Agnès. À la femme voilée qui descend l’escalier, il jure une fidélité éternelle avant de l’emmener dans le château abandonné de ses ancêtres. Or à leur arrivée, les ruines se raniment, un riche banquet apparaît, les fantômes des aïeux prennent place à table : la femme voilée n’est autre que la Nonne sanglante qui entend à présent épouser Rodolphe.

Rodolphe a trouvé refuge chez des paysans mais reste hanté, chaque soir à minuit, par la Nonne sanglante qui réclame son dû. Le page Arthur vient lui annoncer que son frère aîné est mort au combat. Rodolphe pourrait maintenant épouser Agnès, n’était le serment qui le lie au fantôme. Or la malédiction de la Nonne ne sera levée qu’à la mort du meurtrier dont elle fut la victime. Il s’engage à le tuer lorsqu’elle le lui désignera.

Sur le point d’épouser Agnès, en pleine fête nuptiale, Rodolphe voit paraître la Nonne sanglante, invisible aux yeux des autres. Elle lui désigne son propre père, le comte de Luddorf. Epouvanté, Rodolphe quitte la cérémonie, ce qui ranime l’animosité des Moldaw à l’égard des Luddorf : le mariage est suspendu, la vieille querelle renaît.

Près de la tombe de la Nonne sanglante, le comte de Luddorf bourrelé de remords est prêt à payer de ses crimes pour sauver son fils. Il surprend un projet de guet-apens des Moldaw à l’égard de Rodolphe, puis entend la confession de Rodolphe à Agnès : maudit par la Nonne, incapable de tuer son père, il veut s’exiler à jamais. Emu, le père se jette dans le piège tendu à son fils. Frappé à mort, il meurt sur la tombe de la Nonne qui implore pour elle et pour lui la clémence de Dieu, et délivre enfin Rodolphe de ses vœux.

Quatre maquettes de costumes pour La Nonne sanglante de Charles Gounod par Paul Lormier. 1. Villageois bohémien
Rôle Tessiture Distribution lors de la première, le
(Chef d'orchestre: - )
Le comte Ludorf basse Jean-Baptiste Merly
Le baron Moldaw basse Jacques-Alfred Guignot
L'ermite Pierre basse Jean Depassio
Rodolphe, fils de Ludorf ténor Louis Gueymard
Agnès, fille de Moldaw soprano Anne Poinsot
La nonne sanglante mezzo-soprano Palmyre Wertheimber
Arthur, serviteur de Rodolphe soprano Marie-Dussy
Vassaux, soldats, invités au mariage, paysans, chevaliers, fantômes

Instrumentation

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Discographie sélective

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  • CPO Osnabrücker Symphonieorchester Direction Hermann Bäumer-Marco Vassali-Genadius Bergorulko-Yoonki Baek-Natalia Atmanchuk-Iris Marie Kotzian-Frank Färber-Eva Schneidereit. 2008[6].

Références

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  1. a b c d et e Charles Arden, « La Nonne sanglante sauvée à Saint-Etienne, maison des secondes chances », sur Ôlyrix, (consulté le )
  2. « J’écris une grande partition en quatre actes sur un livret de Scribe intitulé La Nonne sanglante. Il s’agit de l’épisode du Moine de Lewis, que vous connaissez ; je crois que cette fois, on ne me plaindra pas du défaut d’intérêt de la pièce… » Berlioz, Lettre du 3 octobre 1841 Hervé Lussiez, « Berlioz. Les opéras avortés », sur ForumOpéra.com (consulté le )
  3. a et b « Nonne sanglante, La (Scribe & Delavigne / Gounod) », sur Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française (consulté le )
  4. a b et c « Charles Gounod, La Nonne sanglante », sur Ôlyrix (consulté le )
  5. Andrew Gann, 'Théophile Gautier, Charles Gounod, and the massacre of La Nonne sanglante, Journal of Musicological Research 13, no. 1-2 (1993), 49-66. Voir aussi Anne Williams article La Nonne sanglante : Stephen Huebner, The Operas of Charles Gounod (Clarendon Press, Oxford 1990)
  6. a et b Patrice Imbaud, « La résurrection éclatante de La Nonne sanglante à l’Opéra-Comique », sur ResMusica, (consulté le )
  7. Damien Dutilleul, « La Nonne sanglante sort de l’oubli au Comique », sur Ôlyrix, (consulté le )
  8. Didier van Moere, « La Nonne sanglante, Gounod », sur L'Avant-scène opéra, (consulté le )

Liens externes

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