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L'Œil de Carafa

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L'Œil de Carafa
Auteur Luther Blissett
Pays Italie
Genre Roman historique
Version originale
Langue Italien
Titre Q
Éditeur Einaudi
Lieu de parution Turin
Date de parution Mars 1999
ISBN 88-06-15572-5
Version française
Traducteur Nathalie Bauer
Éditeur Éditions du Seuil
Lieu de parution Paris
Date de parution
Nombre de pages 743
ISBN 2-020-40066-9

L'Œil de Carafa (titre original : Q) est un roman de Luther Blissett, publié pour la 1re fois en Italie au mois de mars 1999 par la maison d'édition Einaudi et traduit dans une dizaine de langues[1].

Il paraît en France le , aux Éditions du Seuil, traduit de l'italien par Nathalie Bauer.

Derrière le pseudonyme de Luther Blissett se cachent le quatuor d'écrivains, Roberto Bui, Giovanni Cattabriga, Federico Guglielmi et Luca Di Meo, aujourd'hui membres du collectif Wu Ming après la dissolution du Luther Blissett Project en 1999.

Comme les autres livres de Luther Blissett, L'Œil de Carafa bénéficie du copyleft et est publié avec la mention suivante : « La reproduction, intégrale ou partielle, de l'œuvre et sa diffusion par voie électronique sont autorisées à l'usage des lecteurs et à des fins non commerciales tant que les informations relatives au copyright, à l’éditeur et la provenance de l’œuvre sont clairement reconnues. » [2].

Le livre narre le voyage effectué par un capitaine, anabaptiste radical, à travers l'Europe, dans la première moitié du XVIe siècle, au cours duquel il prend part aux divers mouvements et soulèvements consécutifs à la réforme protestante. L'intrigue couvre une période de 30 ans, où le protagoniste, qui change souvent d'identité, participe à la guerre des Paysans allemands aux côtés de Thomas Müntzer, à la rébellion de Münster, pour ensuite trouver refuge à Anvers et enfin à Venise. Le protagoniste se trouve impliqué dans une lutte sans merci contre l'énigmatique Q[3], un espion zélé au service du cardinal Giovanni Pietro Carafa, le contrôleur général de l'Inquisition, jalonnée de conjurations, trahisons, massacres. Sans s'être affrontés directement auparavant, les deux hommes se retrouvent à Venise pour l'épilogue de cette sanguinaire chevauchée.

Interprétations

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En Europe, plusieurs critiques perçoivent L'Œil de Carafa comme un manifeste politique[4] et soutiennent que le roman est une allégorie de la société européenne après le déclin des mouvements de protestation des années 1960 et 1970. Comme au XVIe siècle où la Contre-Réforme a réprimé tout courant théologique alternatif ou mouvement social et la Paix d'Augsbourg a consacré la division du continent entre pouvoirs catholiques et protestants, les vingt dernières années du XXe siècle ont été marquées par une résurgence vindicative des thèses conservatrices et la mondialisation économique du FMI a semblé écraser toute résistance.

Cette interprétation trouve également son origine dans une phrase des auteurs, qui décrivent L'Œil de Carafa comme un manuel des techniques de survie.

Cependant, c'est une des nombreuses interprétations émises au lendemain de la publication du livre. Selon d'autres lecteurs et critiques[5], L'Œil de Carafa est une autobiographie légèrement déguisée de Luther Blissett, fantôme collectif et subversif, changeant d'identité. En réalité, le protagoniste n'a pas de nom (il faut rappeler que les auteurs se sont rebaptisés ultérieurement Wu Ming, dont l'un des sens en chinois, selon la prononciation de la 1re syllabe, signifie anonyme)[6], est impliqué dans les soulèvements, incite les personnes à la rébellion, organise des arnaques et des actes malveillants.

Deux romanciers, le britannique Stewart Home et l'américain David Liss ont qualifié le livre d'anti-roman, avec cependant des analyses différentes. Alors que Stewart Home met l'accent sur les références sociales, politiques et subculturelles incluses dans l'intrigue[7], David Liss rejette le livre comme inutile et auto-référentiel[8].

D'autres lecteurs ont exprimé une opinion différente sur L'Œil de Carafa le qualifiant, indépendamment du radicalisme, du postmodernisme et des allégories, de roman d'aventures, de cape et d'épée dans la pure veine salgarienne et d'autres auteurs populaires de feuilletons[9].

Personnages et évènements

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Possible influence sur QAnon

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Wu Ming 1, ancien membre de Luther Blissett, émet la théorie que QAnon aurait possiblement commencé comme un canular faisant référence à L'Œil de Carafa et aux canulars de Luther Blissett[10].

Article connexe

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Notes et références

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  1. Allemand : Munich : Piper, 2003 (ISBN 3-492-23990-0)
    Anglais : Londres : Heinemann, 2003 (ISBN 0-434-01000-6)
    Danois : Højbjerg : Hovedland, 2001 (ISBN 87-7739-554-9)
    Espagnol : Barcelone : Debolsillo, 2003 (ISBN 84-9759-358-8)
    Grec : Travlos, 2001, (ISBN 9-607-99035-8)
    Néerlandais : Amsterdam : Wereldbibliotheek, 2001 (ISBN 90-2841-877-6)
    Polonais : Varsovie : Albatros Andrzej Kuryłowicz, 2005 (ISBN 83-7359-269-5)
    Portugais (Brésilien): São Paulo : Conrad, 2002 (ISBN 85-87193-56-2)
    Russe : Moscou : Machaon, 2006 (ISBN 5-18-001036-5)
    Tchèque : Prague :Dokořán, 2006 (ISBN 80-7363-072-9)
  2. Le copyleft expliqué aux enfants, sur le site wumingfoundation.com
  3. Initiale de Qohelet, livre du Ketouvim
  4. (de) Dieses Buch ist eine Waffe, de Marina Collaci, sur le site wumingfoundation.com
  5. (de) Wer Blissett sagt, sagt so gut wie nichts, de Rupert Ascher, sur le site wumingfoundation.com
  6. Wu Ming: Aucun pays n’est à l’abri de devenir un peu l’Italie, de Hubert Artus, sur rue89, nouvelobs.com, 29 avril 2008.
  7. (en) The Return of Proletarian Post-Modernism Part II, de Stewart Home, sur le site wumingfoundation.com
  8. (en) Among the Believers, de David Liss, sur le site washingtonpost.com
  9. (it) Romanzieri usa e getta, de Giuseppe Conte, sur le site wumingfoundation.com
  10. « Et si le mouvement complotiste américain QAnon était une fanfiction ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )