Trouble de la personnalité histrionique
Traitement | Psychothérapie |
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Spécialité | Psychiatrie et psychologie clinique |
CIM-10 | F60.4 |
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CIM-9 | 301.50 |
MedlinePlus | 001531 |
MeSH | D006677 |
Le trouble de la personnalité histrionique (TPH ; anciennement hystérique) est défini par l'Association américaine de psychiatrie (AAP) comme un trouble de la personnalité caractérisé par un niveau émotionnel et de besoin d'attention exagérés[1]. Le patient est en quête d'attention de la part d'autrui, essaie de se mettre en valeur, de séduire, ou simplement d'attirer le regard ou la compassion.
Ce trouble semble atteindre majoritairement les femmes et toucher de 1,3 % à 3 % de la population[2]. Quelques études suggèrent qu'il affecte également les deux sexes et que la prédominance féminine mesurée ailleurs résulte de biais statistiques, que les traits associés soient jugés plus fréquents ou au contraire moins normaux chez les femmes[3].
Les personnes touchées semblent avoir généralement une intelligence assez singulière, avec une corrélation entre cette instabilité psychologique, ce comportement théâtral, "hystérique" ou d'"histrion", menteur, prétentieux, hypersensible et échafaudant en vaine protection une binarité entre excès de confiance et paranoïa, et un fonctionnement cognitif élevé, subtil, imaginatif, aisément créatif, inventif, dispersé, distrait, influençable par l'extérieur mais à même s'il est régulé de montrer justement des talents non fictifs d'expression d'un regard individuel original sur le monde[4].
Critères
[modifier | modifier le code]DSM-V
[modifier | modifier le code]Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie (AAP), le trouble de la personnalité histrionique (Défini dans le Groupe B) est un mode généralisé de réponse émotionnelle excessive en quête d'attention, représenté par au moins cinq des manifestations suivantes [5]:
- le sujet est mal à l'aise dans des situations où il n'est pas le centre de l'attention d'autrui ;
- l'interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction inadapté ou d'attitude provocante ;
- son expression émotionnelle est superficielle et instable ;
- le sujet utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l'attention (habillement, poids, taille, en positif ou en négatif, peut relever de manifestations très différentes et avec ou sans aspect extravagant ou séducteur érotique) ;
- la manière de parler est trop subjective et pauvre en détails ;
- il y a une dramatisation (théâtralisme, exagération du pathos) et une exagération de l'expression émotionnelle ;
- le sujet fait preuve de suggestibilité : il est facilement influencé par les autres ou par les circonstances, dépendant et opportuniste, profitant d'autrui il peut aussi être assez dominateur ou au contraire soumis et confiant vis-à-vis des autres qui causeraient ses problèmes ou des figures sociales et morales d'autorité, dont les soignants, qui seraient à la hauteur de sa personne ou au-delà parce qu'ils pourraient les résoudre, le sujet, qui souffre d'indécision et d'une motivation troublée, attend qu'autrui résolve ses problèmes, ou encore prenne en réalité les décisions d'agir, les initiatives, ou les responsabilités corollaires de ce pouvoir, et accepte alors de se soumettre à des exigences contrastant apparemment avec sa vanité, il a soif de nouveauté et l'ennui aisé, il est foncièrement et toujours insatisfait par sa logique compétitive et la permanence de son état tout en étant motivé par la recherche de satisfactions, de récompenses souvent immédiates, matérielles ou morales et correspondant à un regard social semblant valider jusqu'à son existence comme par le but le plus décisif pour le faire agir et change souvent de projets, d'emplois comme de rapports avec autrui en les abandonnant ou bâclant et en passant de l'enthousiasme à la critique dont la binarité caractérise sa psychologie, souvent son dynamisme éventuel est trompeur et sans sérieux, repose en cas de succès sur une séduction artificielle et fragile, il est actif ou hyperactif et dispersé, aussi orgueilleux et méprisant que dépendant d'autrui pour se sentir exister, il peut avoir l'impression d'un vide intérieur ou de ne plus être du tout dès que les autres ne se focalisent pas sur ce qu'il est, fait ou dit, il exige souvent un monopole naturel en cassant la réciprocité s'agissant de l'expansion par la parole, ou se ferme par le mutisme ou le chantage affectif[réf. nécessaire]
- en lien avec quoi le sujet a tendance à considérer que ses relations sont plus intimes qu'elles ne le sont en réalité, avec ou sans dimension amicale, amoureuse ou sexuelle, et cherche à créer cette proximité, ou cette illusion, sans la rendre vraie, avec des inconnus, des soignants, des collègues de tous ordres...
CIM-10
[modifier | modifier le code]La CIM-10 de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) liste les caractéristiques des troubles de la personnalité histrionique. Ils sont caractérisés par au moins trois des éléments suivants :
- auto-dramatisation, théâtralité, expression exagérée des émotions ;
- suggestibilité, influence facile par autrui ou par les circonstances ;
- affectivité labile et superficielle ;
- recherche continue d'excitation et d'activités dans lesquelles le patient est au centre de l'attention ;
- séduction inappropriée dans l'apparence ou dans le comportement ;
- importance excessive de son apparence physique.
Catégories de Millon
[modifier | modifier le code]Theodore Millon a identifié six sous-types de personnalité histrionique. Toute personne histrionique peut présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes[6] :
- histrionique théâtral - particulièrement dramatique, romantique et en quête d'attention,
- histrionique infantile - y compris les caractéristiques limites (borderline),
- histrionique hyperactif - synthétise la séduction de l'histrionique avec le niveau d'énergie typique de l'hypomanie,
- histrionique apaisant - y compris les caractéristiques dépendantes et compulsives,
- histrionique impétueux - y compris les caractéristiques négativistes (passif-agressif),
- histrionique antisocial - caractéristiques antisociales.
Caractéristiques psychopathologiques
[modifier | modifier le code]Lorsque le patient souffre d’un trouble de personnalité histrionique, il peut tenter d’attirer l’attention par diverses stratégies. La séduction, dramatisation de sa situation et le fait d'essayer d'attendrir son interlocuteur sont des techniques utilisées par les gens ayant ce trouble pour attirer l’attention qu’ils recherchent, le tout parfois de façon dramatique afin de recueillir la compassion de l’entourage. De réels troubles dépressifs caractérisés sont très souvent présents en rapport. Dans quelques cas, le suicide ou la tentative (réelle ou simulée) de celui-ci peuvent être entrepris pour la recherche du regard et du soin plus ou moins positifs et empathiques d'autrui, faisant écho à de réelles souffrances et émotions néfastes aussi intenses qu'instables, et à une prévalence beaucoup plus élevée de ces actes et de l'automutilation qu'en population générale[7]. Le crime, le meurtre par les patients atteints notamment de troubles somatoformes associés (il existe une corrélation) peut, dans des cas rares et extrêmes, être une façon d’attirer l’attention en outrepassant les codes sociaux et moraux jusqu'aux règles et lois fondamentales. L’absence d’intérêt porté sur l’histrionique est vécue comme angoissante par celui-ci. L’égocentrisme est aussi une caractéristique psychopathologique de ce trouble, mais contrairement au narcissisme, qui peut s'y conjuguer (et semble toucher davantage les hommes), l'empathie est possible, tant du moins qu'elle ne nuit pas au fait d'être au centre de l'attention, la sensibilité aux souffrances des autres peut aussi être exacerbée (mais celles que l'on cause ne sont pas autant perçues ou reconnues), les critères de diagnostic différentiel sont l'empathie, le fait d'accepter ou non une façon négative d'attirer l'attention dont la négativité tend à être distanciée ou surmontée et la soumission à des exigences humiliantes le permettant. Les histrioniques veulent de l'admiration mais n'ont pas nécessairement une aussi haute estime d'eux-mêmes et sont très sensibles aux signaux contraires, selon une perception binaire, même si cette importance de l'image de soi concentre aussi orgueil et vanité à la base. Les troubles de la personnalité limite ou dépendante, aussi proches et parfois liés ou mêlés chez les sujets, ainsi qu'à la peur parfois délirante de l'abandon, sont à l'inverse caractérisés par une plus radicale dévalorisation et infériorisation de ses propres capacités, avec toujours une vision très hiérarchique et compétitive à tendance simpliste ou binaire, quel que soit le niveau intellectuel, de son existence et de celle du monde.
Ce trouble provoque aussi une vision altérée du monde causée par l'égocentrisme. L’érotisation de certains comportements sans connotations sexuelles à l’origine peut être une caractéristique des personnes affectées[7]. Les gens en souffrant analysent et perçoivent certains comportements normaux de façon érotique. Les patients souffrant de troubles histrioniques ont souvent des tendances dépressives dues aux déceptions relationnelles vécues, ils ont une basse estime d'eux-mêmes et ils sombrent souvent dans la dépendance à de la drogue et de l’alcool pour surpasser cet inconfort dû aux illusions qu’ils se créent[7]. Les patients atteints de ce trouble veulent souvent renvoyer avec succès d'ailleurs une image confiante d'eux-mêmes aux autres, une confiance qu'ils n'ont pas nécessairement[8]. Ils peuvent sembler charmants ou charismatiques dès le premier contact mais aussi ennuyer, lasser ou décevoir voire énerver parce que les problèmes d'autrui, surtout ceux qu'ils causent en cherchant à attirer l'attention, ne semblent pas les préoccuper.
La labilité émotionnelle est aussi centrale : les changements d'humeur sont fréquents, les affects ou les émotions sont intenses tout en restant superficiels. Les sujets histrioniques entretiennent une certaine dépendance vis-à-vis d'autrui, leurs relations sentimentales se caractérisent par le besoin de séduction, tout en évitant les relations affectives authentiques. Les changements d'humeur fréquents et la labilité émotionnelle amènent à de véritables crises de nerfs.
L'intolérance aux frustrations et l'hyperactivité émotionnelle sont alors sources de souffrance menant régulièrement à des décompensations dépressives. C'est souvent à ce moment qu'ont lieu les consultations. Celles-ci sont également vécues sur un mode séducteur et théâtral[style à revoir]. Le thérapeute est souvent pris en témoin de la détresse de l'histrionique.
Traitements et étiologie
[modifier | modifier le code]L'histrionique souffre généralement d'un manque d'introspection, d'un besoin de valorisation narcissique de la part d'autrui, d'émotivité excessive et donc d'un manque de rationalisation.
L'objectif thérapeutique principal est donc de rehausser ou d'équilibrer l'image de soi sans la rendre invasive pour soi et les autres, pour le bonheur collectif, tout en apprenant au patient à l'analyser rationnellement ainsi que les situations plutôt qu'intuitivement ou affectivement et de façon trop égoïste, individualiste, hiérarchique et compétitive.
Il existerait un surrisque familial avec un mélange de causes héréditaires et environnementales[9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ (es) Laura Ruiz Mitjana, « Personalidad histriónica: qué es, y sus 14 rasgos característicos », sur laguiafemenina.com,
- ↑ Andrew Skodol, « Trouble de la personnalité histrionique: symptômes, critères diagnostiques du DSM-5 »
- ↑ « Trouble de la personnalité histrionique - Trouble de la personnalité histrionique », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le )
- ↑ « Troubles de la Personnalité - ppt video online télécharger », sur slideplayer.fr (consulté le )
- ↑ DSM-V Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, American Psychiatric Publishing, , « Personality Disorders »
- ↑ Theodore Millon, Personality Disorders in Modern Life, Hoboken, New Jersey, John Wiley & Sons, Inc., (ISBN 0-471-23734-5)
- inconnu, « L'hystérie serait liée à une cause psychologique inconsciente », Le Renouveau (Burundi), (lire en ligne)
- ↑ Yves Dalpé, « Oh la belle femme! », Le Soleil, (lire en ligne)
- ↑ « Les faits en bref:Trouble de la personnalité histrionique », sur Manuels MSD pour le grand public (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Présentation de la personnalité histrionique », sur Psychoweb.fr