Discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 au Vélodrome d'Hiver
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Discours prononcé lors des commémorations de la Rafle du Vel'd'Hiv' |
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Le discours de Jacques Chirac du est un discours prononcé par Jacques Chirac, alors récemment élu président de la République française, au cours de la cérémonie commémorant le 53e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver ayant eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale. C'est par ce discours qu'est reconnue, pour la première fois, la responsabilité de la France dans la déportation vers les camps de la mort des Juifs de France au cours de l'occupation du pays par les nazis. Les autorités françaises vichystes avaient en effet collaboré avec les occupants, en procédant à des arrestations et à des rafles de Juifs afin de les leur livrer.
Contexte
[modifier | modifier le code]Le , Jacques Chirac, élu président de la République française deux mois plus tôt, participe à la cérémonie de commémoration du 53e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, devant le monument inauguré l'année précédente par son prédécesseur, François Mitterrand, à l'emplacement du Vélodrome d'Hiver, démoli en .
Il y prononce un discours dans lequel il rompt avec la doctrine gaulliste, suivie avant lui par tous les présidents de la Quatrième République et de la Cinquième République. Ceux-ci rejetaient une telle reconnaissance au motif que le régime de Vichy, sous la direction duquel ces exactions ont été menées, n'était pas l'autorité politique légitime de la France (cette autorité étant incarnée par le général de Gaulle, chef de la France libre[1]). Jacques Chirac déclare dans son discours : « La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable ».
Réactions
[modifier | modifier le code]Des barons du gaullisme, tels que l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, Pierre Juillet, ou encore Pierre Lefranc, et des gaullistes déclarés, comme Philippe Séguin[2], font part, après l'allocution présidentielle, de leur courroux[3]. Cependant, une partie de la presse félicite le président Chirac pour cette décision[4],[5]. La communauté juive de France est également très satisfaite (Serge Klarsfeld, qui avait invité Chirac à prononcer ce discours, dira plus tard que celui-ci est « ce qui restera du septennat de Jacques Chirac »[3]). Simone Veil, elle-même rescapée d'Auschwitz, rend hommage à Jacques Chirac au sujet de ce discours, dans son autobiographie Une vie parue en [6].
François Mitterrand se montre en privé critique à l'égard du discours, considérant que Chirac confondait dans son texte la France, l'État français et le régime de Vichy. Il aurait déclaré : « La phrase de Chirac est ambiguë. Il dit d'abord “l'État français est responsable”. L'État français est le nom donné au régime qui a aboli la République. Ensuite, il ajoute “la France”... C'est là que je ne suis pas d'accord ! Vichy était une dictature molle, la France était occupée. Non, la République n'a pas à présenter d'excuses »[7].
Rédaction
[modifier | modifier le code]Le discours a été rédigé par Christine Albanel, qui était à l'époque une des plumes de Chirac[8],[9]. Elle a néanmoins indiqué que la partie consacrée à l'engagement de la France avait été remaniée au dernier moment par Chirac à son insu juste avant son prononcé.`[réf. nécessaire]
Hommage
[modifier | modifier le code]Le , le Conseil de Paris vote le renommage de la majeure partie du quai Branly (de la portion située devant le musée du Quai Branly jusqu'à la place des Martyrs-Juifs-du-Vélodrome-d'Hiver, située non loin de l'ancien vélodrome et baptisée ainsi en ) « quai Jacques-Chirac », en hommage à l'ancien président de la République française, notamment pour avoir prononcé ce discours[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Denis Jeambar, « Le devoir d'Histoire », L'Express, (version du sur Internet Archive).
- Laurent Bensaid, « Vel d'hiv – Où était la France ? », La Cliothèque, sur clio-cr.clionautes.org,
- Éric Zemmour, L'Homme qui ne s'aimait pas, Paris, Balland, , 246 p. (ISBN 2-7158-1408-9), p. 185–186.
- Voir, par exemple, Christine Ockrent, « Les mots pour le dire », L'Express, (version du sur Internet Archive).
- Blandine Kriegel, « Vichy, la République et la France », Le Monde, . « [...] si, hier, il fallait décider que Vichy ce n'était pas la France, il faut avoir le courage de reconnaître aujourd'hui le rôle de Vichy dans l'État. »
- Simone Veil, Une vie, Paris, Stock, , 397 p. (ISBN 978-2-234-05817-0) ; rééd. Le Livre de poche (no 31393), , 343 p. (ISBN 978-2-253-12776-5), p. 269.
- Solenn de Royer, Le Dernier Secret, Paris, Bernard Grasset, , 413 p. (ISBN 978-2-246-82149-6), p. 374.
- Natalie Levisalles, « Le masque de la plume », Libération, (version du sur Internet Archive).
- Matthieu Belliard (intervieweur) et Christine Albanel (interviewée), « Christine Albanel, plume de Jacques Chirac : "Le discours du Vel' d'Hiv, historique au-delà même … », sur YouTube, Europe 1, (consulté le ).
- Lucie Oriol et AFP, « La majeure partie du quai Branly rebaptisée quai Jacques-Chirac », sur Le HuffPost, (consulté le ).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Annette Wieviorka, « Analyse du discours de Jacques Chirac du », L'Histoire, (lire en ligne).
- Thomas Hochmann, « "Discours du Vélodrome d'Hiver" prononcé par M. Jacques Chirac, Président de la République, le . Observations », dans Wanda Mastor (dir.), Julie Benetti (dir.), Pierre Égéa (dir.) et Xavier Magnon (dir.) (préf. Robert Badinter), Les grands discours de la culture juridique, Paris, Dalloz, coll. « Grands discours », , XX-908 p. (ISBN 978-2-247-13945-3 et 978-2-247-17367-9, HAL hal-01796161), p. 638–647 [lire en ligne].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Shoah
- Mémoire de la Shoah
- Collaboration en France
- Collaboration policière sous le régime de Vichy
- Europe sous domination nazie
- Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale
- Vélodrome d'Hiver
- Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France (dite « mission Mattéoli »)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Bruno Masure et Nathalie Saint-Cricq, « Jacques Chirac : hommage au Vél' d'hiv », extrait du Journal de 20 heures de France 2 du , L'INA éclaire l'actu, sur ina.fr, Institut national de l'audiovisuel. Commentaires tirés de cette archive :
- « Discours de Jacques Chirac sur la responsabilité de Vichy dans la déportation, », fiche-média no 01248, Jalons pour l'histoire du temps présent, sur ina.fr (version du sur Internet Archive).
- « Rafle du «Vél' d'Hiv» : Jacques Chirac reconnaît «les fautes du passé» », L'INA éclaire l'actu, sur ina.fr, .
- « Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcée lors des cérémonies commémorant la grande rafle des et (Paris) », transcription du discours, sur elysee.fr, (version du sur Internet Archive).