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Diaspora espagnole en France

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La diaspora espagnole en France se compose d'Espagnols et de leurs descendants vivant en France. Des centaines de milliers d'Espagnols migrent en France au cours du XXe siècle, pour des raisons économiques et politiques, notamment après la guerre d'Espagne.

L'immigration espagnole commence de façon notable à la fin du XIXe siècle et concerne surtout des régions françaises proches de l'Espagne, le Sud-Ouest et le Midi, où les Espagnols travaillent dans l'agriculture et l'industrie. D'autres, bien moins nombreux, s'installent dans des centres urbains. Leur nombre augmente fortement durant la Première Guerre mondiale : de 106 000 Espagnols en 1911, on passe à 255 000 en 1921. Certains travaillent dans des usines d'armement et repartent le conflit terminé, lors duquel Madrid resta neutre, mais la hausse des prix outre-Pyrénées conduit des travailleurs à repartir en France et à s'y installer avec leur famille[1].

Leur nombre continue d'augmenter dans les années 1920, au point qu'il s'agit de la troisième nationalité étrangère présente en France. La majorité des 322 000 Espagnols (1926) est toujours installée dans le sud du pays et originaire de régions frontalières. Beaucoup sont travailleurs agricoles journaliers, certains économisant suffisamment pour devenir propriétaires. D'autres sont dans l'industrie, dans le Sud-Est ou la région parisienne (plaine Saint-Denis, quartier de la Petite Espagne), occupant plutôt des métiers non qualifiés[1].

Des restrictions à l'immigration suivent la crise de 1929, tandis que la proclamation de la Seconde République espagnole pousse de nombreux immigrés à revenir dans leur pays d'origine. De 352 000 Espagnols en 1931, la France en compte 254 000 en 1936. Ceux qui restent choisissent une installation pérenne en demandant leur naturalisation, tandis que le nombre de mariages transnationaux est élevé. La guerre d'Espagne et la Seconde Guerre mondiale participent à distendre les liens avec leur pays d'origine, notamment lors de la catastrophe de la Retirada et la déportation de nombreux résistants dans les camps nazis[2]. Certains connaissent néanmoins après-guerre une ascension professionnelle, tant pour les hommes dans l'industrie que pour les femmes dans le secteur tertiaire[1].

Après 1945, si l'immigration politique continue (opposants au régime franquiste), celle économique explose, notamment à partir de la création de l'Institut espagnol d’émigration (IEE) en 1956 par Franco. En 1968, il y a 607 000 Espagnols en France, ce qui en fait la première origine nationale immigrée[3]. Aidés par des réseaux migratoires revivifiés, ils s'installent d'abord dans les mêmes territoires que durant l'entre-deux-guerres, occupant des métiers peu qualifiés et se logeant dans des conditions au départ souvent précaires. À partir du milieu des années 1970, l'accès aux logements sociaux leur est facilité et certains, dans le secteur du bâtiment, réussissent à se construire une maison. Un dixième de l'immigration est officielle, organisée entre l'IEE et des entreprises, et concerne surtout des immigrés de l'ouest ou du sud de l'Espagne, sans lien avec les réseaux d'immigration préexistants[1].

Dans la France des Trente Glorieuses où les besoins des usines en main d'œuvre sont nombreux, les lieux d'installation évoluent progressivement, passant du sud à la région parisienne ou à d'autres villes industrielles pour les hommes, tandis que de nombreuses femmes seules viennent travailler comme domestiques[3], surtout à Paris et à Neuilly-sur-Seine. Celles qui sont en couple gardent toutefois l'idée de retourner dans leur pays d'origine. Disposant de meilleurs revenus que la génération précédente, les Espagnols de France peuvent cette fois-ci revenir dans leur pays à la pause estivale, y achetant parfois une maison. Ces départs sont favorisés par la chute de la dictature en 1977 et, en France, par la crise économique et l'instauration de l'aide au retour. D'autres choisissent de vieillir en France[1].

À Paris, parmi les lieux importants de l'histoire de la diaspora figurent l'église du Cœur-Immaculé-de-Marie (16e arrondissement), siège de la Mission catholique fréquentée par les migrants économiques, la rue des Vignoles (20e arrondissement) et la librairie d'Antonio Soriano au 72 rue de Seine (6e arrondissement), où se rencontrent exilés politiques et culturels républicains, ainsi que l'Institut d'études hispaniques de la Sorbonne, 31 rue Gay-Lussac (même arrondissement) et l'Ateneo ibéro-americano de Paris, qui siège au Musée social (7e arrondissement)[4]. L'ambassade espagnole est elle située 22 avenue Marceau (16e arrondissement).

Dans la culture populaire

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Cinéma et télévision
Littérature
  • Maria Arondo, Moi, la bonne, Stock, Paris, 1975.
  • François-Marie Banier, Les Femmes du métro Pompe, Gallimard, 2006.

Références

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  1. a b c d et e Natacha Lillo, « L’immigration espagnole en France au XXe siècle », sur histoire-immigration.fr (consulté le ).
  2. (es) « Españoles deportados y fallecidos en campos de concentración nazis », sur www.mpr.gob.es
  3. a et b Bruno Tur, « Vie de couple et stratégies professionnelles des Espagnoles à Paris », Hommes et Migrations, n°1262, juillet-août 2006, p. 31-38.
  4. Andrée Bachoud et Genevieve Dreyfus-Armand, « Des Espagnols aussi divers que nombreux, Paris 1945-1975 », in Antoine Marès et Pierre Milza : Le Paris des étrangers depuis 1945, Paris, éditions de la Sorbonne, 1995, p. 55-76.

Bibliographie

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Ouvrages
  • Andrée Bachoud et Genevieve Dreyfus-Armand, « Des Espagnols aussi divers que nombreux, Paris 1945-1975 », in Antoine Marès et Pierre Milza : Le Paris des étrangers depuis 1945, Paris, éditions de la Sorbonne, 1995, p. 55-76.
  • Guy HermetLes Espagnols en France. Immigration et culture, Paris, Éditions ouvrières, 1967.
  • (es) Karl Kohut, Escribir en Paris, Francfort, Barcelone, Verlag Klaus Dieter Vervuert et Hogar del Libro, 1983.
  • Georges Mauco, Les étrangers en France. Leur rôle dans l’activité économique, Paris, Armand Colin, 1932.
  • Jaime Muñoz Anatol, La familia española en Francia, Madrid, Consejo superior de Investigaciones científicas, 1972.
  • (es) Laura Oso Casas, Españolas en París. Estrategias de ahorro y de consumo en las migraciones internacionales, Barcelone, éd. Bellaterra, 2004.
  • (es) Javier Rubio, La emigración española a Francia, Barcelone, Ariel, 1974.
  • (es) Javier Rubio, La emigración de la guerra civil de 1936-1939. Historia del éxodo que se produce con el fin de la IIe República española, Madrid, éd. San Martin, 3 vol., 1977.
  • (es) Antonio Soriano, Exodos. Historia oral del exilio republicano en Francia, 1939-1945, Barcelone, éd. Crítica, 1989, 252 p.
  • Isabelle Taboada-Leonetti, en collaboration avec Michelle Guillon, Les immigrés des beaux quartiers. La communauté espagnole dans le XVIe, Paris, CIEMI-L'Harmattan, 1987 (présentation).
Articles de recherche
  • Alicia Alted Vigil, « La Cruz Roja republicana española en Francia, 1945-1986 », Historia contemporánea, 1991, n° 6, pp. 223-249.
  • (es) José Babiano, « Emigración, identidad y vida asociativa : los españoles en la Francia de los años sesenta », Hispania, vol. LXI1/2, n° 211, mai-août 2002.
  • Geneviève Dreyfus-Armand, « De la sauvegarde de l’identité à l’ouverture : les cultures de l’exil espagnol en France, 1939-1975 », communication au colloque Elites intelectuales y cultura de masas en la formación de la identidad europea, Madrid, 11-13 juin 1992. 
  • Hector Gutierez, « Les femmes espagnoles émigrées en France », in Population n° 39, 1984.
  • Bruno Tur, « Vie de couple et stratégies professionnelles des Espagnoles à Paris », Hommes et Migrations, n°1262, juillet-août 2006, p. 31-38.
Mémoires et thèses

Articles connexes

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Liens externes

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