Compagnie des mines de Montrelais
La compagnie des mines de Montrelais est une société minière qui exploite la concession de Montrelais-Mouzeil dont le gisement, qui appartient au bassin houiller de Basse Loire, est mentionné pour la première fois en 1650.
L'exploitation industrielle a lieu entre 1754 et 1921, puis est relancée de façon plus artisanale entre 1940 et 1949. La mauvaise qualité du charbon et les infiltrations d'eau empêchent une réelle rentabilité. La concession de Montrelais-Mouzeil a produit plus de 1,7 million de tonnes de houille, ce qui en fait la plus importante du bassin.
Plusieurs vestiges subsistent au début du XXIe siècle ; deux sites principaux sont préservés et mis en valeur : les mines de la Gautellerie et de La Guibretière.
Situation
[modifier | modifier le code]Le gisement exploité est au cœur du bassin houiller de Basse Loire à la limite de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. C'est la concession la plus étendue du bassin minier.
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2. Puits de la Gautellerie ;
3. Puits de la Tranchée ;
4. Puits des Malécots.
Géologie
[modifier | modifier le code]Le charbon du bassin houiller de Basse Loire appartient à l'âge Namurien (daté entre -325 et -315 millions d'années), exploité par 11 concessions et l'extrémité est appartient au Stéphanien (daté entre -307 et -299 millions d'années), exploité par une seule et unique concession, celle de Doué-la-Fontaine[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Située en Loire-Atlantique, la Compagnie des mines de Montrelais fut l'une des premières mines de charbon françaises dont les premières mentions remontent à 1650[2], et la deuxième à utiliser, en 1757, la machine à feu de Thomas Newcomen, ses propriétaires ayant envisagé cette possibilité dès 1752[3].
Au moment où la région nantaise participe à l'histoire des indiennes de coton en Europe et au développement de la construction navale, le nouveau code minier imposé par le roi en 1744, qui simplifie les procédures liées aux nombreux conflits d'intérêts, permet le lancement dans les décennies qui suivent de l'exploitation du charbon à Montrelais, à cinq kilomètres d'Ingrandes, sur la Loire[4].
La concession de Montrelais est accordée le . La concession de Mouzeil est mentionné en 1746 mais elle est initialement réunie avec celles de Languin et des Touches, elle dveient indépendante en 1791. La concession unifiée de Montrelais-Mouzeil est accordée le , les limites sont réduites par rapport à 1791 mais elle reste la plus grande concession du bassin houiller de Basse Loire avec 98,75 km2[2].
Dans la partie nord de la commune de Montrelais se trouvent des gisements houillers importants. On extrait de la houille aux Berthaudières, à 4,5 km au nord-nord-ouest, jusqu'à environ 300 mètres de profondeur. L'ancienne résidence de l'un des directeurs de la mine de Montrelais est toujours visible au lieu-dit La Grande-Mine, où se trouvait aussi une chapelle dédiée à Sainte Barbe, patronne des mineurs.
L'ingénieur Christophe Mathieu, venu de la Compagnie des mines d'Anzin et passé par la compagnie des Mines de Basse-Bretagne, installe la machine à feu, cette dernière compagnie l'ayant revendue à Montrelais. En 1747, le nouveau contrôleur général des finances, Machault, qui venait de l'intendance de Valenciennes, le charge d'aller monter une pompe à feu à la compagnie des Mines de Basse-Bretagne, où elle est abandonnée car consommant trop de charbon[o 1].
Fonctionnant au charbon, elle donna toute satisfaction. L'ingénieur des ponts et chaussées de Tours, chargé de l'inspecter six mois plus tard, note que le puits principal descend à 426 pieds de profondeur, soit 140 mètres, alors qu'on s'était jusque-là plus ou moins contenté de grappiller dans les veines superficielles. L'inspecteur général des Manufactures Gabriel Jars passa sur le site et rédigea un rapport, constatant que l'exploitation est profonde de 115 mètres[5].
Le principal actionnaire était Antoine Ricouart d'Hérouville (1713-1782), marquis d'Hérouville, colonel du régiment de Hainaut, où il entreprit aussi l'assèchement des Moëres en Flandre, puis lieutenant général de l'armée du roi, le grade le plus important après celui de maréchal de France.
Parmi les autres actionnaires, le chevalier Nicolas Robert d'Arcy, banquier jacobite parisien, responsable des assurances de Paris et spécialiste de la commission aux corsaires, ou le duc de Chaulnes, Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly. Les seigneurs de la région demandèrent à percevoir un impôt traditionnel d'un douzième du charbon extrait[6].
Les premiers techniciens venaient pour la plupart de Charleroi[7]. L'entreprise devient rentable en 1780 avec 205 000 livres de recettes pour 145 000 de dépenses, soit une rentabilité de 28 %[8]. Elle utilise 200 chevaux pour le transport du charbon jusqu'au port d'Ingrandes et les registres paroissiaux font état de plusieurs dizaines de morts par accident dans les trois décennies précédant 1789. Dans la décennie 1760, l'effectif dépasse 300 personnes puis atteint 600 à 700 dans les années 1780[9].
En 1794, les mines sont le théâtre d'une Chouannerie.
En 1817 est créée une société anonyme, « formée par les concessionnaires-associés pour l'exploitation des mines de houille de Montrelais ».
La concession est réduite le [2].
Travaux
[modifier | modifier le code]Partie ouest
[modifier | modifier le code]La partie ouest s'étend sur 7 km de long pour 1,7 km de large[10].
Deux principales zones sont exploitées dans la partie Ouest concession de Montrelais-Mouzeil : la Transonnières, qui renferme deux veines de houille et la Tardivières qui renferme également deux couches, la veine sud est la plus épaisse (2,40 m) tandis que la veine nord ne dépasse pas un mètre. le puits le plus profond de l'ouest de la concession est le puits Saint-Georges (290 m)[10].
À Teillé, les recherches débutent en 1831 et plusieurs puits sont ouverts à La Guibretière et La Bouillère. Le charbon sert de combustible aux fours à chaux de Copechoux. La mine ferme avant la fin du XIXe siècle. L'activité est relancée entre 1918 et 1921 à la suite de pénuries de charbon dues à la Première Guerre mondiale grâce à un puits d'une centaine de mètres de profondeur équipé d'une machine à vapeur, dont la cheminée en brique subsiste au début du XXIe siècle. L'activité est de nouveau relancée entre 1940 et 1949 pour faire face aux pénuries dues à l'Occupation puis à la Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale[i 1].
Partie est
[modifier | modifier le code]La partie est s'étend sur 13 km de long pour 1,6 km de large, elle abrite trois veines (ou faisceaux) différentes[10].
Le faisceau nord, dont la meilleure couche atteint 1,50 mètre, est exploité à la Grand'Mine, où le puits de Grand Militaire atteint 226 mètres de profondeur et à la Gautellerie dont le puits s'enfonce jusqu'à 240 mètres[10]. L'exploitation du puits de la Gautellerie a réellement démarrée en 1896, en 1909, elle cumule 8 km de galeries. Faute de rentabilité, le puits ferme en 1911[i 2].
Le faisceau sud, connu uniquement sous la forme d'affleurements[10].
Le prolongement du faisceau sud offre les couches les plus épaisses et les plus exploitées (quatre couches cumulant 5 à 8 mètres), les puits les plus importants sont le puits Cécile (300 m) situé à la Peignerie et le puits Neuf (390 m) à la Berthauderies[10].
Production
[modifier | modifier le code]La concession de Montrelais-Mouzeil a produit plus de 1,7 million de tonnes de houille[10], ce qui en fait la plus importante du bassin[11].
Une brève tentative de relance à lieu entre 1918 et 1921, mais arrêté, faute de rentabilité, environ 10 000 tonnes sont extraites en trois ans[10].
Secteur minier | production |
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La Grand'Mine | environ 100 000 t |
La Gautellerie | environ 363 000 t |
La Peignerie | environ 115 000 t |
La Berthauderies | environ 425 000 t |
La Transonnières | inconnue, faible |
La Tardivières | environ 682 000 t |
Total | supérieur à 1 700 000 t |
Vestiges
[modifier | modifier le code]Deux sites miniers sont conservés et mis en valeur au début du XIXe siècle : le puits de la Gautellerie à Loireauxence[i 2],[i 3],[i 4] et de la mine de La Guibretière à Teillé[i 5],[i 1].
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Bâtiment de recette.
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Puits de mine.
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Cheminée.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Références aux ouvrages
[modifier | modifier le code]- Ouvrages en bibliographie
- H. Etienne et J.-C. Limasset 1979, p. 3.
- H. Etienne et J.-C. Limasset 1979, p. 67.
- Daniel 2002, p. 47.
- Daniel 2002, p. 34.
- Daniel 2002, p. 52.
- Daniel 2002, p. 62.
- Daniel 2002, p. 56.
- Daniel 2002, p. 54.
- Daniel 2002, p. 66.
- H. Etienne et J.-C. Limasset 1979, p. 68.
- H. Etienne et J.-C. Limasset 1979, p. 6.
- Autres ouvrages
- L. Thébaut, « Quelques indications sur l'origine de la pompe à feu de Fresnes (1732) », Belgisch Tijdschrift voor Nieuwste Geschiedenis, nos 1-2, (lire en ligne).
Références à internet
[modifier | modifier le code]- « La Route du Charbon », sur Commune de Teillé (consulté le ).
- « La Gautellerie, un village minier en pays d'Ancenis », sur Ouest France, (consulté le ).
- « Patrimoine de La Rouxière », sur Commune de Loireauxence (consulté le ).
- « Chez vous à la mine de charbon de Loireauxence » [vidéo], sur Télénantes, (consulté le ).
- Valentin Biret, « Mines de Teillé. « Nous sommes des passeurs de flambeau » », sur Ouest France, (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Bassin houiller de Basse Loire
- Combat de Montrelais
- Montrelais
- Mouzeil
- Yves Luneau
- Mines de charbon de France
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Didier Daniel (ill. Nathalie Lerouge), La bataille du charbon en pays d'Ancenis : L'histoire des mines nantaises, XVIIIe – XXe siècles, Editions Cheminements, , 185 p. (ISBN 2914474962 et 9782914474962, présentation en ligne). .
- « L'exemple des mines », dans La Bretagne des savants et des ingénieurs, Jean Dhombres (dir.), Rennes, 1991, p. 144-157
- H. Etienne et J.-C. Limasset, Ressources en charbon de la région Pays-de-la-Loire : Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée, Nantes, BRGM, (lire en ligne [PDF]).